Le dimanche soir, temps fort spirituel pour les jeunes. Dans plusieurs grandes villes, les « messes des jeunes » se développent. Les paroisses en profitent pour organiser des rencontres après la célébration.


LA MESSE OUI, LE DIMANCHE SOIR
La messe, oui, mais le dimanche soir.
C’est celle que préfèrent les jeunes. Les curés de grandes villes – notamment à Paris – en font le constat : la pratique dominicale des jeunes se passe plutôt entre jeunes et en fin de week-end. Le dimanche matin ? « Ils ont un peu du mal à se lever », sourit le P. Étienne Givelet, jeune prêtre de Saint-Honoré-d’Eylau (16e arrondissement).

« Et puis, c’est la messe de leurs parents, et ils la trouvent un peu trop solennisée… » Le samedi soir ? « Ils veulent prolonger leur après-midi et souvent sortent dans la soirée », poursuit le prêtre. Entre les deux, pas de place pour la messe. Qui, du coup, est repoussée au dimanche soir. Souvent pas très tôt, d’ailleurs.

« Il y a trente-cinq ans, les jeunes venaient plutôt le samedi soir, souligne le P. Bernard Bommelaer, curé de Saint-Germain-des-Prés, à Paris (6e arrondissement). Aujourd’hui, ceux-là continuent de venir le samedi soir. Mais avec trente-cinq ans de plus. » Curé de Saint-Jean-Baptiste-de-Belleville (19e arrondissement), le P. Éric Morin estime que le dimanche soir est « un espace naturel pour les jeunes. De fait, ce sont des messes plus jeunes. Ensuite, on fait ce qu’il faut pour les accueillir. »

Des messes "spécial jeunes"

D’où le nombre de plus en plus élevé de messes « spécial jeunes » qui se sont installées en soirée dans le paysage dominical. Un phénomène qui fut d’abord parisien, puis s’est étendu à de grands pôles universitaires. Ailleurs, on n’observe pas le même phénomène. Ainsi, dans un diocèse comme celui de Meaux (Seine-et-Marne), « nos jeunes sont déjà repartis le dimanche soir à Paris. S’ils vont à la messe à ce moment-là, c’est à Paris », explique le P. Olivier de Vasselot, de la pastorale des jeunes du diocèse.

À Saint-Germain-des-Prés, où la messe du dimanche soir suscite depuis des années une assistance pleine à craquer de jeunes, l’animation est confiée à un groupe de jeunes adultes « qui prennent leur rôle à cœur pour les lectures, la prière universelle », explique le P. Bommelaer : « Ils choisissent un répertoire de chants plus récents, qui correspond à leurs goûts, un style qui leur plaît et, en général, c’est un de nos jeunes prêtres qui célèbre la messe pour que sa parole soit en phase. Les jeunes ne viennent pas seulement pour trouver une bande de copains, mais aussi une liturgie qui leur correspond. »

Une messe « plus tranquille, plutôt jean-baskets-guitare, rien de ronflant, pas d’endimanchement comme le matin », décrit le P. Givelet. « Ce n’est pas une messe au rabais », prévient le P. Bruno Laurent, curé de Saint-Jean-des-Deux-Moulins à Paris (13e arrondissement), « mais cela nous permet de mettre des chants du Frat (NDLR : rassemblement des jeunes collégiens et lycéens d’Île-de-France) qui ne sont pas forcément appréciés par les autres générations, de faire une homélie différente, d’avoir quelque chose de réactif avec l’assemblée et de les mettre à l’aise pour faire des lectures. Ils sont entre eux, c’est plus facile. »

"Ils n'ont pas besoin de s'excuser"
Le P. Givelet estime en outre qu’« ils aiment bien être dans une messe où c’est normal de les voir. Comme ils sont à un âge où ils manquent d’assurance, s’ils vont à la messe avec des copains, ils n’ont pas besoin de s’excuser. »

De telles célébrations permettent également de mieux vivre « un moment qui n’est pas facile à passer » pour les 18-30 ans, qui connaissent « le blues et la solitude du dimanche soir », avance le P. Morin. Entre le week-end qui s’achève et la semaine qui s’annonce, cette eucharistie est une manière de « marquer le rythme en confiant la semaine suivante au Seigneur », note le P. Givelet.

Marquer le rythme et ne « pas se presser, prendre plus de temps », avance encore le P. Bommelaer. La « messe qui prend son temps », c’est d’ailleurs ainsi que s’intitule celle lancée à la chapelle Saint-Ignace des jésuites à Paris (6e arrondissement), qui est célébrée tous les dimanches soir. Une eucharistie plus longue – une heure et demie –, spécialement destinée aux étudiants et jeunes professionnels qui prennent, au cours de la messe, un temps de prière personnelle à partir des lectures du jour (lectio divina) et un temps de partage en petits groupes.

La première "messe qui prend son temps"

Une formule qui marche et s’exporte désormais dans d’autres grandes villes: Lyon (tous les dimanches), Toulouse (un dimanche par mois l’an dernier, testée sur le samedi cette année), Strasbourg, Brest et Marseille (un dimanche par mois) ou encore Pau, où la première « messe qui prend son temps » aura lieu le 18 novembre. « Chez les jeunes, il y a une forme de disponibilité ce soir-là que l’on ne retrouve pas forcément à d’autres moments, quelque chose qui est de l’ordre de : on a toute la soirée devant soi », explique le jésuite Grégoire Catta.

Il n’est d’ailleurs pas rare qu’à la sortie, une partie de ces jeunes se retrouvent pour un temps de partage. À la paroisse parisienne Saint-Honoré-d’Eylau, la messe se poursuit une fois sur deux par un dîner « pasta », avec discussion autour de thèmes comme : À quoi cela engage d’être chrétien ? Questions bioéthiques, Qu’est-ce que la conscience ? Un groupe similaire, lancé l’an dernier, a été reconduit cette année à Saint-Jean-de-Belleville.

À la paroisse de Saint-Nizier, à Lyon, confiée à la communauté de l’Emmanuel, ce rendez-vous du dimanche soir dévolu aux jeunes permet en outre de leur proposer le sacrement de réconciliation et se poursuit par des soirées salades-pizzas sur des thèmes et des formes différents à chaque fois : conférences, films, présentation des prochaines Journées mondiales de la jeunesse ou même « Pictionary géant ». « On a lancé cette messe il y a trois ans et elle a rapidement fonctionné », rapporte le P. Charles Rochas, l’un des trois prêtres de la paroisse.

"Pro-vocs" comme pro-vocations

Dans le diocèse de Metz, c’est également un dimanche soir par mois que sont proposées des soirées « pro-vocs » – comme pro-vocations – destinées aux jeunes : dans un lieu différent à chaque fois, une eucharistie est animée par les jeunes, avec une homélie sur le thème des différentes vocations, suivie d’un repas organisé par la paroisse. « Pour l’instant, on tourne dans les paroisses, mais on a l’idée de déterminer un lieu unique et central dans Metz, destiné à l’accueil des jeunes », explique Paul Keil, permanent de la pastorale des jeunes du diocèse.

Cette volonté n’aboutit pas toujours. « Nous avons essayé l’an dernier pendant six ou sept mois dans une église du centre d’Orléans, raconte le P. Christophe Châtillon, de la pastorale des jeunes de ce diocèse. Mais nous n’avons pas réussi à sortir les jeunes d’une attitude de consommateurs. On a donc arrêté, et on réfléchit à mettre en place un lieu spécifique. »

À Lille, c’est une église, Saint-Maurice, qui a été entièrement confiée à une équipe de jeunes adultes, avec eucharistie le dimanche à 18 h 30.

Reste que, là où elles se tiennent, ces messes du dimanche soir pour jeunes connaissent un succès croissant. « Les jeunes attirent les jeunes », glisse le P. Bommelaer. Pour ces « pôles jeunes » du dimanche soir, certains curés, dont les assemblées paroissiales sont déjà grisonnantes, se sentent pourtant parfois dépouillés de leurs plus jeunes paroissiens. La génération la plus âgée s’étonne ainsi que l’on incite les jeunes à participer à une messe à part. Mais « mes paroissiens sont plutôt d’accord, estime le P. Bruno Laurent. S’il n’y avait pas cette messe, un grand nombre de jeunes ne viendraient plus du tout ! Et l’assemblée habituelle, qui se demande où sont les jeunes, n’est pas toujours aussi accueillante quand ils sont là… »

Pierre SCHMIDT

extrait du journal LA CROIX, cet article a été publié le 09-11-2007 sur le site www.la-croix.com



Tiré de SME-Infonet http://www.webzinemaker.com/sme/, webzine publié par la Société des prêtres du Séminaire de Québec.

12/11/2007

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