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Des vélos au sol. Une image de la paroisse d'aujourd'hui? L'avenir de la paroisse passe par la nouvelle évangélisation si elle veut reprendre son élan. Les trois conditions essentielles et lignes directrices qui suivent apparaissent des plus à propos dans ce travail de "remise en selle". Nous les reprenons d'un colloque tenu à Rome du 30 janvier au 2 février 2008.


ET LA PAROISSE?
Lors de ce colloque, le Le Vicaire du pape qui s'occupe de la marche concrète du diocèse de Rome, le cardinal Camillo Ruini, jeudi le 21 janvier 2008, a demandé aux paroisses d'être au cœur de la vie missionnaire. Le cardinal Ruini intervenait alors au colloque sur « Paroisses et nouvelle évangélisation. L'apport des mouvements ecclésiaux et nouvelles communautés » organisé à Rome par la Communauté de l'Emmanuel en collaboration avec l'Institut pontifical Redemptor Hominis, du 30 janvier au 1 février.

Le critère-guide de toute la pastorale

Voci un extrair de son allocution. Le cardinal Ruin a insisté sur le caractère missionnare de la communion écclésiale. Celle-ci, a-t-il dit possède une orientation intrinsèque vers la dimension missionnaire et la communication de la foi, lesquelles doivent constituer (toujours, mais à titre spécial dans les circonstances actuelles), le critère-guide de toute la pastorale : celles-ci ne peuvent donc être considérées comme une simple exigence de pastorale parmi tant d'autres, mais comme la question centrale, en un certain sens unique et décisive ».

Trois « lignes directrices »

Le cardinal Ruini propose trois « lignes directrices » qui peuvent aider les paroisses à « assumer concrètement leur rôle missionnaire ».

La première consiste à « former les chrétiens qui fréquentent nos communautés, et en premier lieu les prêtres et les séminaristes, à une foi qui soit vraiment missionnaire, dans les différents cadres de vie et pas seulement dans le milieu paroissial ou ecclésial ».

Le deuxième « chemin à prendre est celui du discernement, de la valorisation et du développement des multiples potentialités missionnaires déjà présentes, même si de façon latente, dans notre pastorale ordinaire où il nous est donné la possibilité de côtoyer un grand nombre de personnes qui appartiennent à l'Eglise de manière faible et précaire, voire même des non-croyants : si nous arrivons, dans un esprit évangélique et missionnaire, à entrer en contact avec tous ces gens, les fruits ne manqueront pas ».

La troisième orientation de fond proposée par le cardinal Ruini est celle de « donner une place centrale à la pastorale des adultes, en accordant une attention particulière aux familles, à leur milieu de travail, à leurs cadres de vie ».

Il demande pour cela que « les rythmes de vie des paroisses soient repensés le plus possible, de manière à ce qu'ils soient réellement accessibles aux adultes qui travaillent, et aux familles : pour cela, plus que l'organisation d'un grand nombre de rencontres, ce qu'il faudrait c'est un style de pastorale ouvert à des relations humaines plus profondes, que l'on cultiverait sans toute cette agitation qui dérive justement du manque de temps ».

« Néanmoins l'accent devant être mis sur la pastorale des adultes et des familles ne doit en rien affaiblir l'engagement pris en faveur des générations plus jeunes, car cela serait une très grave erreur », prévient-il.

Le cardinal Ruini estime que transformer la paroisse en une paroisse missionnaire n'est pas « un défi impossible »: « ce qu'il faut c'est donc "avancer au large", comme nous le demande le pape dans sa lettre encyclique Novo millennio ineunte, avec cette confiance, cette créativité et ce courage qui naissent de la foi dont les grandes potentialités, manifestes ou latentes de nos paroisses, sauront tirer profit dans un souci de communion et de mission ».

Extraits de la nouvelle de l'agence Zenit du 1 février 2008.

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Colloque de Rome du 30 janvier au 1er février 2008 sur la mission et les paroisses

Interview du Père Yves le Saux, responsable des prêtres et des séminaristes de la Communauté de l'Emmanuel, accordée à l'Agence Zenit à quelques jours du colloque organisé à Rome sur « Paroisses et nouvelle évangélisation » par la Communauté de l'Emmanuel en collaboration avec l'Institut Pontifical Redemptor Hominis.

La paroisse aura un avenir à condition qu'elle soit missionnaire déclare le Père le Saux

"Aujourd'hui, dit-il, dans diverses régions du monde, certains s'interrogent sur l'avenir des paroisses. Je pense que la paroisse reste et restera le lieu majeur et privilégié de la vie de l'Eglise. Par nature, la paroisse est le lieu où se rassemble la communauté chrétienne. Elle a pour vocation d'accueillir tous les chrétiens autour de l'Eucharistie, autour du Christ, entre autre à travers le ministère du curé. La paroisse est le lieu où tout chrétien, tout baptisé, quelle que soit sa sensibilité, son charisme propre, va pouvoir vivre et être intégré à la vie ecclésiale. Cela dit, le modèle de la paroisse où le curé est là, au milieu de sa communauté, et disponible à toutes les personnes qui viennent, n'est plus suffisant. Si un curé veut encore avoir des brebis, il doit aller les chercher. Aujourd'hui, la paroisse doit se comprendre comme « territoire missionnaire ». Il me semble que parfois il faudrait adjoindre au terme paroisse, celui de « territoire missionnaire » pour que le prêtre et les chrétiens qui vivent dans un lieu précis puissent entrer dans une dynamique d'annonce de l'Evangile. Autrement dit, la paroisse a-t-elle un avenir ? Oui, à condition qu'elle soit missionnaire."

« Si un curé veut encore avoir des brebis, il doit aller les chercher » continue le Père le Saux. Une formule qui pourrait être adaptée à toute l'Eglise, et notamment en France où 5.000 édifices religieux sont en péril faute de paroissiens... et de prêtres [NDLR et au Québec aussi...pourquoi pas?].

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Voici le programme du colloque



La Communauté de l’Emmanuel, en collaboration avec l’Institut Pontifical Redemptor Hominis, Rome organise le quatrième colloque de Rome sur le thème "Paroisses et nouvelle évangélisation. L’apport des mouvements ecclésiaux et nouvelles communautés".

30, 31 janvier, 1er février 2008


Programme





Mercredi 30 janvier



09h00 : Louange

09h30 : Mot d’accueil de Mgr Dario Viganò, président de l’Institut pontifical Redemptor Hominis

09h40 : « La nature missionnaire de la paroisse » : paroisse et nouvelle évangélisation par Mgr Malcolm Ranjith, secrétaire de la Congrégation pour le culte divin (Rome)

10h10 : questions des participants

10h40 : Breack – pause café

11h00 : Témoignage sur les Cellules paroissiales d’évangélisation (don PiGi Perini, paroisse San Eustorgio, Milan)

11h30 Témoignage : paroisse de l’Emmanuel (Père Francis Manoukian, Communauté de l’Emmanuel) (France)

12h15 : messe



13h00 : Déjeuner



14h30 : Présentation : Histoire missionnaire des paroisses par Thomas Hervouët (agrégé d’histoire, Communauté de l’Emmanuel)

14h45 : Réaction répondant : Prof. Philippe Chenaux (Université de Latran) (Suisse)

15h00 : discussion intervenant – répondant, question public

16h15 : Pause

16h45 : Présentation : Une pastorale missionnaire des sacrements et de la liturgie par Mons. Pietro Sigurani, curé de la paroisse Natività di Nostro Signore Gesù Cristo (Rome)

17h00 : Réaction répondant : père Eric Jacquinet, curé à Vénissieux (Lyon – France) (Communauté de l’Emmanuel)

17h15 : discussion intervenant – répondant ; question public

19h00 : Adoration eucharistique

20h15 : Dîner



Jeudi 31 janvier



09h00 : Louange

09h15 : Présentation : Les normes canoniques de la paroisse, obstacles ou appuis pour la mission par le professeur Libero Gerosa, recteur de la faculté de théologie de Lugano (Suisse)

09h30 : Réaction répondant : Mgr Agostino Montan, professeur à l’université du Latran (Rome)

09h45 : discussion intervenant – répondant ; question public

10h45 : Pausé Café

11h00 : Place de la paroisse dans la mission de l’Église

Cardinal Camillo Ruini, Cardinal vicaire du St Père pour le diocèse de Rome

12h15 : messe



13h00 : Déjeuner



14h30 : « Prêtres et laïcs dans la paroisse » par le cardinal Christoph Schönborn, archevêque de Vienne

15h15 : questions des participants

15h45 : Témoignage 2 : Missions paroissiales (Otto Neubauer, directeur de l’Institut pour l’évangélisation à Vienne, Communauté de l’Emmanuel) (Autriche)

16h15 : Pause

16h30 : Présentation : De la paroisse de chrétienté à la paroisse missionnaire (conversion de tous à la mission : passage d’une conscience de consommateur à une conscience de missionnaire dans la paroisse) par Denis Biju Duval, professeur à Redemptor Hominis, Communauté de l’Emmanuel

16h45 : Réaction répondant : Rev. Nicky Gumbel, Alpha international (Londres)

17h00 : discussion intervenant – répondant ; question public

18h00 : Table ronde avec Don PiGi Perini, Jose Prado Flores, Nicky Gumbel, Yves Le Saux

19h00 : Adoration eucharistique

20h15 : Dîner



Vendredi 1 février



09h00 : Louange

09h30 : « Paroisses et mouvements » par le Prof. Guzmán Carriquiry, sous-secrétaire du Conseil Pontifical pour les Laïcs (Rome)

10h10 : questions des participants

10h40 : Pause – pause café

11h00 : Témoignage 1 : don Ezechiele Pasotti, Préfet des Études du séminaire Redemptoris Mater de Rome (Chemin Néocatéchuménal)

11h30 : Témoignage 2 : Mt. Zion Catholic Pastoral Center (Gordon et Martha Krupp) (USA)

12h15 : messe



13h00 : Déjeuner



14h30 : Témoignage 3 : L’école d’évangélisation St André (José Prado Flores, fondateur de KeKaKo) (Mexique)

15h15 : Présentation : Former les prêtres à la mission et à la charité pastorale : Père Yves Le Saux (responsable des ministères ordonnés, Communauté de l’Emmanuel)

15h30 : Réaction répondant : Don Paolo Sottopietra, vicaire général de la Fraternità Sacerdotale dei Missionari di san Carlo Borromeo (Comunio e Liberazione)

15h45 : discussion intervenant – répondant ; question public

16h45 : Conclusion

17h00 : Fin


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02/02/2008

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L'existence de Dieu est une question oubliée dans la philosophie contemporaine. Ne pas la poser va-t-il de soi? L'abandon de cette interrogation marque un appauvrissement et a tout à voir avec une transformation de la notion d'existence. Les réflexions de Jean Grondin, professeur à l'Université de Montréal, auteur spécialiste de la philosophie allemande et de l'histoire de la métaphysique sont des plus stimulantes. Les livres du professeur Grondin sont traduits dans une dizaine de langues.


EXISTENCE DE DIEU: QUESTION?
Il fut un temps où les philosophes n'avaient pas de souci plus pressant que de traiter de l'existence de Dieu. La question a tenu en haleine les plus grands esprits, Aristote, Cicéron, Augustin, Thomas d'Aquin, Descartes, Spinoza, Kant, Hegel et tant d'autres, mais elle est un peu disparue de nos débats philosophiques. Il est permis d'y voir un appauvrissement. Aujourd'hui, on demande aux philosophes de se justifier en montrant que leurs idées permettent d'éclairer tel ou tel problème politique ou social qui agite les manchettes.

Il se pourrait qu'on confonde ici la philosophie avec la science politique ou le journalisme (digne profession, par ailleurs). La philosophie ne peut guère se justifier qu'en étant elle-même, donc en demeurant fidèle à ses interrogations fondamentales.

La question de l'existence de Dieu en fait partie. Ici, le terme le plus difficile, le plus mécontemporain, est sans doute celui de Dieu. Or, par déformation philosophique, je me concentrerai sur le premier, l'existence, qui sera le terme le moins problématique pour le commun des mortels. (C'est pourquoi je n'aborderai pas du tout ici le débat assez malheureux, mais très ancien, sur l'intelligent design.)

Le triomphe du «nominalisme»

C'est que la plupart des esprits, pour peu qu'ils y réfléchissent, s'entendront sans peine sur le sens à donner à la notion d'existence: exister, c'est être plutôt que de n'être pas, c'est-à-dire survenir réellement dans l'espace, existence qui se laisse attester par nos sens. Cette table ou ce journal existent, par exemple, parce qu'ils sont là devant moi, observables, etc. On ne le sait pas toujours, mais c'est là une conception bien particulière, et relativement récente, de l'existence, qu'on peut qualifier de nominaliste. Pour le nominalisme n'existent que des réalités individuelles, matérielles, donc perceptibles dans l'espace et dans le temps.

Ainsi, pour le nominalisme, les tables et les pommes existent mais les licornes ou le père Noël n'existent pas, ce sont des «fictions». Pour lui, les notions universelles n'existent pas non plus, ce ne sont que des noms (d'où l'appellation de «nominalisme»), des inventions servant à désigner un ensemble d'individus possédant telle ou telle caractéristique commune, individuellement perceptible.

C'est là une conception de l'existence si évidente, qui détermine de façon si puissante notre pensée, que nous oublions tous qu'il s'agit d'une conception bien particulière de l'existence, celle qui accorde la priorité exclusive de l'être à l'existence individuelle et contingente.

Il est au moins une autre conception de l'être qui est plus ancienne et contre laquelle la conception nominaliste s'est patiemment élaborée. Au vu de la conception moderne et nominaliste, c'est une conception qui paraîtra bizarre au possible, a fortiori à notre époque. C'est la conception qui comprend l'être non pas comme existence individuelle mais comme manifestation de l'essence, dont l'évidence est première. L'essence est ici première! Cela nous paraît incongru parce que, pour nous, l'essence est seconde, elle se surajoute, «par abstraction», à l'existence individuelle.

Or cette conception était celle des Grecs, de Platon notamment, pour qui l'individuel possède une réalité de second degré. Il est effectivement second par rapport à l'évidence combien plus éblouissante de l'essence (ou de l'espèce, car il s'agit du même terme en grec: eidos) qu'il représente: ainsi, par exemple, un être humain ou une chose belle n'est qu'une manifestation (bien éphémère!) d'une essence (ou d'une espèce). L'essence, comme son beau nom l'indique bien (esse), renferme l'être le plus plein parce que le plus permanent.

Cette conception qui nous paraît si insolite a pourtant porté la pensée occidentale jusqu'à la fin du Moyen Âge. Elle fut critiquée par les auteurs qu'on a appelés nominalistes, dont Guillaume d'Occam (fin XIIIe-1350). Assez ironiquement, sa motivation était avant tout théologique: c'est qu'il estimait que la toute-puissance de Dieu, dont le Moyen Âge tardif avait une vive conscience, paraissait incompatible avec un ordre d'essences éternelles qui viendrait en quelque sorte la limiter.

Si Dieu est tout-puissant, il peut à tout moment bouleverser l'ordre des essences, faire en sorte que l'homme puisse voler, que les citronniers produisent des pommes, etc. Pour Occam, les essences ne sont donc que des noms et succombent à son proverbial rasoir.

Cette conception fut contestée à son époque (entre autres parce qu'elle apparaissait incompatible avec le dogme de l'eucharistie, où la transformation de l'essence est cruciale), mais elle a fini, lentement mais sûrement, par triompher dans la modernité, au point d'éclipser totalement l'autre vision de l'existence.

Ainsi n'existent plus pour la modernité que des entités individuelles et matérielles. Connaître ces réalités, ce n'est plus connaître une essence (car elle existe de moins en moins) mais repérer des régularités ou des lois au sein des réalités individuelles, posées comme premières (même si, pour un Newton, voire pour Einstein lui-même, connaître les lois mathématiques du monde, c'était encore entrapercevoir l'essence divine: «J'affirme que le sentiment religieux cosmique est le motif le plus puissant et le plus noble de la recherche scientifique», affirma Einstein).

Cette conception de l'existence pénètre de part en part la science de la modernité, et il n'est pas surprenant qu'elle ait dominé sa pensée qu'on peut dire «politique», où la prééminence de l'individu s'impose de plus en plus comme la seule réalité fondamentale. Dire que nous vivons dans une société de plus en plus individualiste est la plus triviale banalité du monde. C'est que dans un tel contexte, celui de la modernité, il va de plus en plus de soi que toutes les essences, donc toutes les réalités plus universelles, sont devenues problématiques. On parle depuis peu d'«identité» pour tenter de sauver ces solidarités plus universelles, mais il va de soi, pour le nominalisme ambiant, qu'elles sont secondes et improbables. Il s'agit en fait d'un diaphane souvenir de l'essence qui semble irrémédiablement perdue.

De la science au nominalisme

Ce nominalisme va bien sûr de pair avec l'attention que la science moderne prête à ce qui est immédiatement constatable. Les concepts et les idées qui intéressaient la science traditionnelle sont tous devenus douteux et seconds. Même les sciences humaines, devenues «sociales» dans la foulée de ce processus, ont besoin de positivités individuelles et spatialement observables.

C'est que les idées ne sont plus des manifestations de l'être mais des «faits de société» dont on imagine qu'ils peuvent faire l'objet d'une observation empirique. On calque ici sur les sciences humaines une conception de l'être très évidemment empruntée aux sciences de la réalité physique (à laquelle se réduit désormais tout être). Je n'ai pas l'espace ici pour aborder toutes les implications scientifiques et politiques de cette conception. (Il va de soi, par exemple, que le phénomène du nihilisme trouve sa racine dans le nominalisme.)

Je me contenterai de revenir à mon thème de départ, celui de l'existence de Dieu. C'est une lapalissade de dire que l'existence de Dieu doit nécessairement faire problème dans un cadre nominaliste: Dieu existe-t-il comme une pomme ou une fourmi? Assurément, non. Donc, Dieu n'existe pas pour la modernité, et s'il existe encore dans les croyances, ce n'est justement, pense-t-on, que comme la fiction à laquelle certains individus restent attachés en raison de leurs origines ou de leurs angoisses. La foi n'est plus ici qu'une «attitude» individuelle et subjective, donc problématique.

Mais cela est aussi vrai de toutes les convictions fondamentales, dont on parle depuis peu, empruntant un vocable à l'économie du XIXe siècle, en termes de «valeurs». Entendons: elles valent, c'est-à-dire qu'elles sont rentables, pour tel et tel sujet. Mais cette valeur ne renvoie plus à rien d'objectif. C'est une des conséquences de l'empire du nominalisme.

La conception qui faisait de l'être une manifestation de l'essence, aussi étrange puisse-t-elle paraître, n'avait pas ces difficultés. Car c'est là un phénomène qui ne manque pas de frapper celui qui s'intéresse au phénomène religieux: c'est que l'existence de Dieu n'y fasse jamais problème. Je ne suis pas sûr de connaître des textes de l'Ancien ou du Nouveau Testament, ou du Coran, où l'existence de Dieu fasse réellement problème, où, par exemple, la question de Thomas d'Aquin, «an sit Deus?», «est-il un Dieu?», ait sérieusement été posée. Elle l'est peut-être ici ou là (dans le Psaume de l'insensé, par exemple) mais n'est nullement centrale.

Cela est plus saisissant encore dans la «religion» grecque: il y a des dieux, car il y a partout des manifestations de l'essence divine. Il s'agit, aimerais-je dire, de l'expérience première de l'être. Elle est si évidente que la question du rapport aux dieux ne se pose jamais, pour les Grecs de l'époque classique, en termes de «croyance». Certes, les spécialistes modernes se posent parfois la question à savoir si les Grecs «croyaient» en leurs dieux, mais ils plaquent sur les Grecs leur vocabulaire nominaliste et moderne.

Un autre indice en est que les Grecs ne se sont jamais interrogés sur l'existence effective d'Ulysse ou de la guerre de Troie, autour desquels gravitaient leurs épopées, alors qu'il s'agit pour l'observateur moderne de questions primordiales (et qui nous empêchent sans doute de comprendre de quoi il y est question). Il faut croire que les Grecs avaient d'autres priorités: il s'agissait pour eux de puissantes manifestations de l'être et du divin. La conception nominaliste de l'être n'existait pas vraiment.

La foi n'est pas un choix

La question du christianisme est intrigante ici. C'est qu'à la différence des Grecs, et dans la continuité du judaïsme, il accorde une plus grande place à la foi, par laquelle nous sommes sauvés, dit même saint Paul. Mais comment comprendre cette foi? C'est là une tâche difficile, surtout pour nous, modernes, qui associons la foi à une forme faible et inférieure de savoir qui relèverait d'un «choix personnel».

Peut-on dire que la foi (pistis) dont il est question dans les textes bibliques relève vraiment d'un choix personnel de l'individu tout-puissant? Ce n'est guère le sentiment qu'on a en lisant ces textes. La foi désigne plutôt un «se tenir» dans l'évidence de l'essence divine, un «se savoir» enveloppé de sa fidélité, qui n'a rien à voir avec un choix qui serait le nôtre.

L'imperfection du nominalisme

Il est un dernier phénomène qui m'intéresse ici, celui de la religion. Assez ironiquement, la modernité y accorde beaucoup d'importance. Or chacun sait que c'est un terme qui n'existe pas en grec. On peut bien sûr, si on y tient, parler de la religion des Grecs, mais les Grecs ne le faisaient pas.

C'est qu'il n'y avait pas, pour eux, une sphère de leur existence qui relevait en propre de la croyance. Les dieux étaient partout, si bien que le rapport à eux ne s'exprimait jamais en termes de «religion».

À ma connaissance, le Nouveau Testament, écrit en grec, n'en parle pas non plus. Et un auteur aussi tardif que Thomas d'Aquin, bien que marqué par le nominalisme, reconnaîtra à la religion un statut assez régional dans une lointaine section de sa Somme: la religio se limite chez lui aux exercices de dévotion de l'homme envers le divin (la prière, par exemple).

Nous sommes ici bien loin d'une conception nominaliste de l'être. Pour elle, la religio fait évidemment problème car elle ne renvoie littéralement à rien, à rien d'assignable. Comment étudier alors la religion? On l'étudie, conformément à la conception nominaliste de l'être, par son seul côté observable: en analysant ses pratiques dans les diverses sociétés, donc sociologiquement.

Mais il se pourrait alors qu'on passe à côté de son essence. Sa puissante survivance dans nos sociétés contemporaines (81 % des Canadiens et des Québécois se disent croyants), si désarçonnante pour les philosophes, a le bonheur de nous rappeler que la conception nominaliste de l'être n'est peut-être pas la seule.


Ces réflexions sont parues dans le journal Le Devoir du samedi 12 janvier et dimanche 13 janvier 2008

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13/01/2008

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Cet article de Michel Vastel, dans le Journal de Québec de samedi le 12 janvier 2008 pose de bonnes questions et relève avec à propos le témoignage de foi de l'ex-président d'Hydro Québec, André Caillé. Bonne lecture.


DIEU ET LE VERGLAS
Quand le ciel leur tombe sur la tête, à qui pensent les Québécois? Au bon Dieu évidemment! Que ceux qui ne l'ont jamais prié au moment des catastrophes naturelles, (tempête du verglas, inondations au Saguenay, tremblements de terre) lèvent la main.



Il y a dix ans, au plus fort de la crise du verglas, le tout-puissant président d'Hydro-Québec avoue lui-même s'être mis à prier: «J'ai regardé le ciel et je Lui ai dit, à Lui, en haut: Arrête ça, on n'en peut plus. On est au bout de nos moyens...» Et pour qu'on ne se méprenne pas, André Caillé a précisé à la radio de Radio Canada: «C'est vrai que je l'ai fait. Oui, je suis croyant. Je m'adressais à Quelqu'un qui pour moi existe réellement. J'ai prié. Je prie, moi...»

Admettez que cet aveu du grand commis de l'État québécois n'est pas commun tout de même ! L'ancien chef libéral, Claude Ryan, avait dit lui aussi qu'il s'en remettait à Dieu dans les moments de graves décisions. Il s'était fait ridiculiser. Mais la profession de foi du président d'Hydro Québec n'a pas soulevé de protestations parmi les radicaux du Mouvement laïque. Aucun rabbin ni imam ne s'est plaint que l'électricité qui éclaire sa synagogue ou sa mosquée soit impie. Et, que je sache, aucun pontife de la presse nationale n'a ridiculisé le pieux personnage. C'est comme si le col roulé d'André Caillé s'était transformé en auréole!

Surprenante cette anecdote alors qu'il est de bon ton, en certains milieux, de taper sur la religion - catholique surtout. Il y a comme une rage, chez certains, de s'en prendre au cardinal Marc Ouellet - archevêque de Québec - qui l'a bien cherché, au pauvre curé Raymond Gravel - député du Bloc - qui n'en demande pas tant, au chef de l'Action démocratique Mario Dumont qui ne le mérite pas, et aux pauvres dames patronnesses des associations catholiques de toutes sortes. Une mode, vous dis-je!

Les antéchrists

Prudents, ces antéchrists ne s'en prennent pas aux juifs ni aux musulmans. Pourquoi ne se paie-t-on pas la traite d'un imam? Ou d'un grand rabbin? Pourquoi ne blasphème-t-on pas le nom de Allah, le Dieu des musulmans, ou celui de Yahvé le Dieu des juifs ? J'avoue que c'est pour moi un grand mystère. Si on veut jouer les anticléricaux, qu'on le soit pour tous les clercs.




Jacques Grand'Maison qui, je l'espère, aura droit au respect des chroniqueurs de la génération des Cégeps, fait remarquer dans son dernier livre Pour un nouvel humanisme' (Fides): «Il y a des préjugés antireligieux doublés d'ignorance aussi déraisonnables que des croyances aveugles. Ce laïcisme a un je ne sais quoi d'intégrisme à l'envers qui contredit son discours de liberté, de tolérance, de dialogue et d'ouverture aux autres...»

Je souhaite que tous les détracteurs de la religion catholique consacrent leur talent de pamphlétaires à dénoncer toutes les religions. Car je me méfie autant des intégristes des mosquées et des synagogues que des grenouilles de bénitier. Et si, par conformisme, on n'est pas prêt à dire du mal des musulmans et des juifs, qu'on n'en dise pas non plus des catholiques, qu'on les laisse en paix et qu'on milite dans le Mouvement laïque pour compenser... Celui-ci se cherche désespérément des membres!


Notes biographiques sur Michel Vastel



Michel Vastel est journaliste pigiste dans la revue l'Actualité et au Journal de Montréal.

M. Vastel a d’abord travaillé au gouvernement du Québec et au Conseil du patronat avant de reprendre son métier de journaliste uccessivement au Devoir, à La Presse et maintenant au Journal de Montréal comme chroniqueur. Il est en outre collaborateur régulier du magazine L’actualité pour les affaires canadiennes. En poste à Ottawa pendant 17 ans, il s’est installé en 1995 à Montréal. Il poursuit sa chronique sur la politique du pays, portant une attention particulière à l’actualité politique des capitales provinciales du Canada anglais. Auteur d’un premier livre, Le Neveu, en 1987, Michel Vastel a également écrit quatre biographies de premiers ministres — Trudeau le Québécois en 1989, Bourassa en 1991, Lucien Bouchard, en attendant la suite… en 1995, Landry, le grand dérangeant en 2001 et Nathalie Simare en 2005. Lire sont commentaire sur la religion et la politique sur son blogue le 11 janvier 2008On peut lire son blogue en tapant ici


Notes biographiques sur André Caillé




André Caillé est administrateur de sociétés.

Monsieur André Caillé a été président et chef de la direction d’Hydro-Québec de 1996 jusqu’à 2004. Après avoir obtenu un doctorat en physicochimie de l’Université de Montréal en 1968, il a été professeur et coordonnateur à l’Institut national de la recherche scientifique jusqu’en 1974. Par la suite, il a oeuvré dans le domaine de l’environnement; il fut sous-ministre de l’environnement du Québec jusqu’en 1982. Cette année-là, il passe chez Gaz Métropolitain où de 1987 à 1996 il occupera le poste de président et chef de la direction. En novembre 2001, l’Institut d’administration publique du Québec lui a attribué le Prix Pierre Decelles pour souligner l’excellence de sa gestion et son influence dans l’administration publique québécoise. En 2003, M. Caillé est devenu chancelier de
l’université de Montréal qui lui avait décerné un doctorat honoris causa en mai 2002.M.Caillé siège sur plusieurs conseils d’administration



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13/01/2008

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Grand succès de la deuxième encyclique de Benoît XVI intitulé "Spe Salvi" en français"Sauvés par l'espérance". Jusqu’ici un million cent mille exemplaires de la version italienne ont été vendues.


SPE SALVI : UN BEST-SELLER
La seconde encyclique du pape Benoît XVI "Spe salvi" a été rendue publique le 30 novembre 2007. Le pape l'a signée dans la Bibliothèque du Palais Apostolique à 11h et il l'adresse aux évêques, aux prêtres et diacres, aux personnes consacrées et à tous les fidèles laïcs. Dans le prolongement de "Deus caritas est", le pape veut ramener les catholiques aux fondements de la foi.

Pour le texte complet de l'Encyclique "Spe Salvi" cliquez ici

Le directeur de la Maison d’Edition du Vatican, le Père Giuseppe Costa, se dit surpris du succès éditorial de ce texte du Pape sur l’espérance:

“ Les ventes de l’encyclique.. dirais-je.. sont étonnantes. En comparant cette encyclique avec la précédente , nous avons vendu le même nombre de copies en un même nombre de jours. Pourtant il n’y a pas eu de préparation sur le marché .. il n’y a pas eu de promotion, de propagande, car comme on le sait l’encyclique Spe Salvi est arrivée à l’improviste.. c’était une surprise”

Ce salésien, professeur de communication, explique dans les nouveaux bureaux de la maison d’édition que les livres du Pape suscitent beaucoup d’intérêt et révèle que les jeunes sont de grands lecteurs de Benoît XVI:

“Ah ça pour le lire .. ils le lisent .. ils le suivent parce qu’ils voient en lui un père, un guide… c’est également l’impression que l’on a quand on parle avec eux .. peut-être que nous adultes, ceux de la génération des plus de cinquante ans, sommes plus habitués à distinguer, à critiquer, mais les jeunes , eux, ceux de vingt ans, sont loin de certains schémas que nous pouvions avoir il y a encore quelques années ”.

Extrait d'une nouvelle parue sur le site internet de l'agence H2Onews le 11 janvier 2008 complétée par le webmestre.

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11/01/2008

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Le message écologique de Benoît XVI, par le P. Lombardi dans le Message 2008 pour la paix à l'occasion de la Journée pour la Paix du 1 janvier 2008.


ECOLOGIE ET FOI : SE MOBILISER
« Il faut une alliance entre foi et raison », rappelle le directeur de la salle de presse du Saint-Siège, le P. Federico Lombardi, dans sa présentation, à Radio Vatican, du contenu « écologique » du message 2008 de Benoît XVI pour la paix, où la question écologique tient une bonne place.

Se mobiliser

Dans le message de Benoît XVI pour la Journée mondiale de la paix 2008, célébrée le premier jour de l'année, la thématique écologique est soulignée de façon décisive. Le pape ne cache pas sa préoccupation pour la spoliation de leur environnement subi par de nombreuses régions de la planète du fait de l'action de l'homme, et d'une façon qui compromet sérieusement l'écosystème. A partir de cette prise de conscience, le pape invite les hommes de toutes les latitudes à se mobiliser pour défendre la terre, « maison commune » de l'humanité (cf. Zenit du 12 décembre 2007).

Préoccupations croissantes

C'est d'abord cette expression que souligne le P. Federico Lombardi, en disant : « Percevoir la planète comme la ‘maison commune' : c'est à cette conscience et à cette responsabilité pour notre planète que Benoît XVI invite chacun dans son récent message pour la Journée mondiale de la paix. C'est un sujet qui revient plus fréquemment dans les paroles du pape, en accord avec les préoccupations croissantes de l'humanité pour l'environnement ».

Appauvrissement irréparable

Et de préciser à propos du rapport entre pays riches et pauvres, du point de vue de l'écologie : « Jusqu'à il y a quelque temps, le thème de l'environnement pouvait passer pour une préoccupation des riches plus que des pauvres, des pays développés plutôt que des pays plus en retard, pour lesquels en revanche le développement économique était une priorité absolue. Réglementer ce développement ou le limiter apparaissait comme un luxe, une façon de maintenir les faibles dans la sujétion. Maintenant, les fréquents désastres dus aux déséquilibres environnementaux, frappent plus durement ceux qui ont moins de moyens pour se défendre et la conscience d'un appauvrissement irréparable des ressources des pays les plus faibles grandit ».

Gestion des ressources énergétiques de la planète

« Aujourd'hui, l'humanité craint pour l'avenir de l'équilibre écologique », dit le message de Benoît XVI. C'est pourquoi le pape en appelle à la solidarité, souligne le P. Lombardi : « A cette constatation, le pape relie un appel moral fort à la solidarité, sur la base de la reconnaissance de la destination universelle des biens de la Création, qui concerne aussi les pauvres et les générations à venir. Il invite au dialogue, à l'étude scientifique sérieuse des problèmes, sans « accélérations idéologiques », à la sagesse dans la recherche de « modèles de développement durable », et, très concrètement, propose un dialogue plus intense entre les Nations sur la « gestion des ressources énergétiques de la planète ».

« Encore une fois, conclut le P. Lombardi : se savoir créés par Dieu nous rend responsables devant lui et devant les autres, mais c'est aussi par l'effort de raison et de dialogue que nous devons trouver les voies praticables pour l'avenir de la famille humaine, dans cette maison commune qui est la nôtre. Il faut une alliance entre foi et raison ».

Anita S. Bourdin à Rome pour l'agnence ZENIT.ORG mardi le 8 janvier 2008.


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09/01/2008

Actualité

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Sébastien, 36 ans, est chauffeur de taxi à Sens en France. C’est dans le cadre de son travail que Dieu est venu le rejoindre, par la rencontre de Fernando, qui nous a vécu ui-même une conversion il y a quelques années.


SEBASTIEN MA PLUS BELLE COURSE
Un jour, je pris en course à Roissy une famille qui arrivait de l’étranger. Et cette course allait changer ma vie…

Fernando arrivait en France pour raison professionnelle et il parlait très peu notre langue. Je me proposai de l’aider et, très vite, une amitié est née entre nous. Fernando s’est mis à me témoigner de sa foi. Or, je ne croyais pas en Dieu. J’avais perdu mes parents très jeune, et avais, du coup, vécu une enfance très mouvementée… Non, Dieu ne pouvait pas exister ! Mais le fait d’entendre une personne cartésienne, cultivée et occupant un poste à responsabilité témoigner avec ferveur de sa foi, m’intriguait beaucoup. Il en parlait d’une façon si naturelle ! Son attitude a éveillé en moi une vraie curiosité. Comme il était mon ami, je me suis demandé ce qui pourrait lui faire plaisir. Aller à Lourdes ? Nous y sommes partis avec sa famille. Ils étaient en effet très émus. De mon côté, j’ai simplement passé un bon week-end.

Pour me remercier, Fernando m’a invité à Paray-le-Monial, "là où le Christ est apparu et a fait voir son cœur aux hommes", me dit-il. J’essayai d’esquiver l’invitation par tous les moyens, en vain. Fernando m’a accompagné là-bas et il est resté une journée avec moi. Après son départ, je me suis senti très seul. Placé au fond du chapiteau, j’ai entendu un prêtre expliquer : « Lorsqu’on vient à Paray-le-Monial, il se passe toujours quelque chose. On ne repart jamais seul. » Je le pris au mot et me tournai vers Dieu : « J’ai fait l’effort de venir « chez toi ». Alors, si tu ne te manifestes pas, c’est que j’ai eu raison de penser que tu n’existais pas. Si rien ne se passe, je m’en vais. » J’étais venu à moto. Elle n’était pas loin, mes bagages non plus. Mon cri vers Dieu semblait rester sans réponse… Je traversai donc la prairie, déterminé à partir lorsque quelqu’un me tapa sur l’épaule. C’était un motard qui me demanda : « Que fais-tu ? » – « Je m’en vais ! » – « C’est bien dommage, me répond-il, m’apprenant qu’il était prêtre. Je suis venu dans la région pour rendre visite à ma famille. Et comme j’entends parler de Paray-le-Monial depuis longtemps, je me suis arrêté. » C’était le signe que j’attendais : un motard, prêtre de surcroît, qui était là « par hasard »… Immédiatement, je crus en l’existence de Dieu.

Au cours de cette semaine, moi qui ne suis jamais malade, j’ai beaucoup souffert physiquement : un combat s’était engagé en moi entre le bien et le mal. Un jour de cette session, alors que je priais, une dame s’approcha de moi : « Je dois vous dire qu’il faut que vous alliez à Lisieux. » Par curiosité, je m’y suis rendu au Noël suivant. Au seuil de la basilique pleine à craquer, un prêtre m’a accueilli par ces mots : « Vous êtes venu seul, et de loin ; il va se passer des choses pour vous ! » En rentrant de Lisieux, j’ai décidé d’entrer en catéchuménat. Aujourd’hui, ayant appris que j’avais été baptisé, je me prépare avec joie à la première communion.

Publié dans la revue Il est vivant ! n° 245

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08/01/2008

Documents

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Télesphore Gagnon, p.s.s. Directeur du Département de philosophie de l'Institut de Formation Théologique de Montréal, Grand Séminaire de Montréal


LE PRINCIPE DE LA LAICITE
Après avoir vécu trois siècles sous le principe de catholicité, il est difficile maintenant d'apprendre à vivre sous le principe de laïcité énoncé il y a deux mille ans : « rendez à césar ce qui est à césar, et à dieu ce qui est à dieu ». Mais encore faut-il comprendre ce principe, d'une manière générale, dans la société, dans l'état et chez les individus. En général, le principe de laïcité signifie distinction entre communauté politique et religions. Mais distinction ne veut pas dire ignorance! Laïcité ne veut pas dire laïcisme! Il serait réducteur de lire l'histoire en oubliant ce que le christianisme a apporté à la culture et aux institutions occidentales : la dignité de la personne humaine, la liberté, l'éducation, les œuvres de solidarité. Sans sous-estimer les autres traditions religieuses, il reste que l'Occident s'est affirmé en même temps qu'il était évangélisé.



Dans la société, tout le monde s'accorde à respecter le sentiment religieux des individus, mais il faudrait en dire autant du « fait religieux », celui de la dimension sociale des religions. La démarche religieuse de l'homme ne peut pas être considérée comme un simple sentiment personnel. La nature profonde de l'homme est d'être à la fois personnelle et sociale dans toutes ses dimensions, y compris dans sa dimension spirituelle. La religion ne peut pas être uniquement cantonnée dans la sphère du privé. Ce serait rejeter tout ce qu'elle a de collectif dans sa vie propre et dans les actions sociales et caritatives qu'elle mène au sein même de la société envers toutes les personnes, sans distinction de croyances philosophiques ou religieuses. Tout chrétien ou tout adepte d'une religion a le droit, dans la mesure où cela ne remet pas en cause la sécurité et la légitime autorité de l'État, d'être respecté dans ses convictions et dans ses pratiques, au nom de la liberté religieuse, qui est un des aspects fondamentaux de la liberté de conscience.



Une religion suscitera le dynamisme de la majorité de la population d'un pays si elle a été entretenue pendant plusieurs générations en tant qu'elle a imprégné pendant des siècles toute l'évolution du système social. On ne peut pas remplacer le christianisme par quelqu'autre religion qui commence à s'y enraciner. Notre société a vécu jusqu'à nos jours sur un terreau de chrétienté dont les idées et les préceptes sont toujours irremplaçables.



Du côté de l'État, le principe de laïcité implique la nécessité d'une juste séparation des pouvoirs. Il y a une différence entre une légitime et saine laïcité et un type de laïcisme idéologique ou de séparation hostile entre les institutions civiles et les confessions religieuses. Il ne s'agit pas d'un retour à des formes d'État confessionnel. La référence publique à la foi ne peut porter atteinte à la juste autonomie de l'État et des institutions civiles. Si historiquement des erreurs ont été commises, même chez les croyants, il faut bien le reconnaître, cela ne doit pas être porté au compte des « racines chrétiennes », mais de l'incohérence des chrétiens.



Enfin, du côté de l'individu, la société doit pouvoir admettre que des personnes puissent faire état de leur appartenance religieuse dans le respect d'autrui et des lois du pays. Sinon on court le danger d'un repliement identitaire et sectaire ainsi que de la montée de l'intolérance, au risque d'entraver la convivialité et la concorde au sein de la société. Vécue dans le respect de la saine laïcité, la démarche religieuse est une source de dynamisme et de promotion de l'homme. La laïcité, bien comprise, loin d'être le lieu d'un affrontement, est véritablement l'espace pour un dialogue constructif, dans l'esprit des valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité.



le 31 décembre 2007 9:59:09 PM sur le site missa.org





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05/01/2008

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Sur le sujet de la place du christianisme dans l'histoire de l'Occident, un compte rendu des plus intéressants du livre de Paul Veyne: Quand le monde est devenu chrétien (313-394), Paris, Éditions Albin Michel, « Idées », 2007, 320 p. (ISBN 978-2-226-17609-7). Paul Veyne, né le 13 juin 1930 à Aix-en-Provence, est un archéologue et historien français, spécialiste de la Rome antique. Ancien élève de l'École normale supérieure, membre de l'École française de Rome (1955-1957), il est professeur honoraire au Collège de France.


LA LAICITE ET L'HISTOIRE
Christian Rioux intitule son compte rendu dans le journal Le Devoir du 21 décembre 2007 "Lettre d'un incroyant". "L'ouvrage a beau s'intéresser au premier empereur chrétien, Constantin, j'en recommanderais la lecture à tous les membres de la commission Bouchard-Taylor et même à quelques chroniqueurs. Disons d'abord, écrit Christian Rioux, pour éviter toute confusion, qu'il s'agit du livre d'un 'incroyant'. L'auteur le précise dès l'introduction. Incroyant, mais pas inculte. À l'heure où la mode consiste à dénigrer tout ce qui ressemble à un catholique, n'est-il pas fascinant de voir un incroyant décrire le christianisme dans des mots que n'oserait plus prononcer un évêque?"

Et après avoir résumé le propos de Paul Veyne (cliquez ici pour avoir tout le texte de Christian Rioux en format PDF), le journaliste chroniqueur fait une application bien concrète.

"Quand notre monde est devenu chrétien est la démonstration sublime qu'un enseignement laïque des religions ne trouve son sens que dans le cadre d'un rigoureux programme d'histoire et non dans des cours bêtement destinés à prêcher la tolérance. Il devrait intéresser les Québécois plus que n'importe qui. On ne trouve pas beaucoup de nations dont la courte existence ait été autant façonnée par les idées chrétiennes. C'est en partie sur elles que fleurit notre laïcité. C'est un incroyant qui le dit! Un incroyant qui pourrait même vous souhaiter joyeux Noël..."


Christian Rioux est chroniqueur et journaliste au journal "Le Devoir". En poste à Paris depuis plusieurs années, il commente l’actualité française et québécoise d’une façon stimulante qui tranche avec les opinions communes sur plusieurs questions d’importance pour le Québec et son avenir. Après avoir proposé en 2001 un "Voyage à l’intérieur des petites nations" (Boréal), où il s’intéressait à ces petits peuples qui incarnent au sens fort la diversité du monde, il a récemment rassemblé plusieurs de ses écrits sur les États-Unis dans "Carnets d’Amérique" (Boréal).

Christian Rioux est aussi associé à l'Observatoire sur les États-Unis de la Chaire Raoul-Dandurand en études stratégiques et diplomatiques de l'Université du Québec à Montréal. Son expertise porte sur la politique internationale, la politique étrangère américaine et européenne, les relations Europe Amérique, la situation des peuples minoritaires.



Texte complet de Christian Rioux en format PDF


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23/12/2007

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UNE LAICITE POSITIVE
Voir et écouter le président Sarkozy lors de sa rencontre à Paris avec le cardinal Vingt-Trois
Vidéo de l'accueil du président Sarkozy à la basilique St-Jean de Latran

Discours de Nicolas Sarkozy au Palais du Latran

Rome, Palais du Latran, jeudi 20 décembre 2007
Source : Elysée

***

Messieurs les cardinaux,
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,

Permettez-moi d’adresser mes premières paroles au cardinal Ruini, pour le remercier très chaleureusement de la cérémonie qu’il vient de présider. J’ai été sensible aux prières qu’il a bien voulu offrir pour la France et le bonheur de son peuple. Je veux le remercier également pour l’accueil qu’il m’a réservé dans cette cathédrale de Rome, au sein de son chapitre.

Je vous serais également reconnaissant, Eminence, de bien vouloir transmettre à sa Sainteté Benoît XVI mes sincères remerciements pour l’ouverture de son palais pontifical qui nous permet de nous retrouver ce soir. L’audience que le Saint Père m’a accordée ce matin a été pour moi un moment d’émotion et de très grand intérêt. Je renouvelle au Saint Père l’attachement que je porte à son projet de déplacement en France au deuxième semestre de l’année 2008. En tant que Président de tous les Français, je suis comptable des espoirs que cette perspective suscite chez mes concitoyens catholiques et dans de nombreux diocèses. Quelles que soient les étapes de son séjour, Benoît XVI sera le bienvenu en France.

***

En me rendant ce soir à Saint-Jean de Latran, en acceptant le titre de chanoine d’honneur de cette basilique, qui fut conféré pour la première fois à Henri IV et qui s’est transmis depuis lors à presque tous les chefs d’Etat français, j’assume pleinement le passé de la France et ce lien si particulier qui a si longtemps uni notre nation à l’Eglise.

C’est par le baptême de Clovis que la France est devenue Fille aînée de l‘Eglise. Les faits sont là. En faisant de Clovis le premier souverain chrétien, cet événement a eu des conséquences importantes sur le destin de la France et sur la christianisation de l’Europe. A de multiples reprises ensuite, tout au long de son histoire, les souverains français ont eu l’occasion de manifester la profondeur de l’attachement qui les liait à l’Eglise et aux successeurs de Pierre. Ce fut le cas de la conquête par Pépin le Bref des premiers Etats pontificaux ou de la création auprès du Pape de notre plus ancienne représentation diplomatique.

Au-delà de ces faits historiques, c’est surtout parce que la foi chrétienne a pénétré en profondeur la société française, sa culture, ses paysages, sa façon de vivre, son architecture, sa littérature, que la France entretient avec le siège apostolique une relation si particulière. Les racines de la France sont essentiellement chrétiennes. Et la France a apporté au rayonnement du christianisme une contribution exceptionnelle. Contribution spirituelle et morale par le foisonnement de saints et de saintes de portée universelle : saint Bernard de Clairvaux, saint Louis, saint Vincent de Paul, sainte Bernadette de Lourdes, sainte Thérèse de Lisieux, saint Jean-Marie Vianney, Frédéric Ozanam, Charles de Foucauld… Contribution littéraire et artistique : de Couperin à Péguy, de Claudel à Bernanos, Vierne, Poulenc, Duruflé, Mauriac ou encore Messiaen. Contribution intellectuelle, si chère à Benoît XVI, Blaise Pascal, Jacques Bénigne Bossuet, Jacques Maritain, Emmanuel Mounier, Henri de Lubac, René Girard… Qu’il me soit permis de mentionner également l’apport déterminant de la France à l’archéologie biblique et ecclésiale, ici à Rome, mais aussi en Terre sainte, ainsi qu’à l’exégèse biblique, avec en particulier l’Ecole biblique et archéologique française de Jérusalem.

Je veux aussi évoquer parmi vous ce soir la figure du cardinal Jean-Marie Lustiger qui nous a quittés cet été. Son rayonnement et son influence ont eux aussi très largement dépassé les frontières de la France. J’ai tenu à participer à ses obsèques car aucun Français n’est resté indifférent au témoignage de sa vie, à la force de ses écrits, au mystère de sa conversion. Pour tous les catholiques, sa disparition a représenté une grande peine. Debout à côté de son cercueil, j’ai vu défilé ses frères dans l’épiscopat et les nombreux prêtres de son diocèse, et j’ai été touché par l’émotion qui se lisait sur le visage de chacun.

***

Cette profondeur de l’inscription du christianisme dans notre histoire et dans notre culture, se manifeste ici à Rome par la présence jamais interrompue de Français au sein de la Curie, aux responsabilités les plus éminentes. Je veux saluer ce soir le cardinal Etchegaray, le cardinal Poupard, le cardinal Tauran, Monseigneur Mamberti, dont l’action honore la France.

Les racines chrétiennes de la France sont aussi visibles dans ces symboles que sont les Pieux établissements, la messe annuelle de la Sainte-Lucie et celle de la chapelle Sainte-Pétronille. Et puis il y a bien sûr cette tradition qui fait du Président de la République française le chanoine d’honneur de Saint-Jean de Latran. Saint-Jean de Latran, ce n’est pas rien. C’est la cathédrale du Pape, c’est la « tête et la mère de toutes les églises de Rome et du monde », c’est une église chère au cœur des Romains. Que la France soit liée à l’Eglise catholique par ce titre symbolique, c’est la trace de cette histoire commune où le christianisme a beaucoup compté pour la France et la France beaucoup compté pour le christianisme. Et c’est donc tout naturellement, comme le Général de Gaulle, comme Valéry Giscard d’Estaing, et plus récemment Jacques Chirac, que je suis venu m’inscrire avec bonheur dans cette tradition.

***

Tout autant que le baptême de Clovis, la laïcité est également un fait incontournable dans notre pays. Je sais les souffrances que sa mise en œuvre a provoquées en France chez les catholiques, chez les prêtres, dans les congrégations, avant comme après 1905. Je sais que l’interprétation de la loi de 1905 comme un texte de liberté, de tolérance, de neutralité est en partie une reconstruction rétrospective du passé. C’est surtout par leur sacrifice dans les tranchées de la Grande guerre, par le partage des souffrances de leurs concitoyens, que les prêtres et les religieux de France ont désarmé l’anticléricalisme ; et c’est leur intelligence commune qui a permis à la France et au Saint-Siège de dépasser leurs querelles et de rétablir leurs relations.

Pour autant, il n’est plus contesté par personne que le régime français de la laïcité est aujourd’hui une liberté : liberté de croire ou de ne pas croire, liberté de pratiquer une religion et liberté d’en changer, liberté de ne pas être heurté dans sa conscience par des pratiques ostentatoires, liberté pour les parents de faire donner à leurs enfants une éducation conforme à leurs convictions, liberté de ne pas être discriminé par l’administration en fonction de sa croyance. C'est nous qui soulignons

La France a beaucoup changé. Les Français ont des convictions plus diverses qu’autrefois. Dès lors la laïcité s’affirme comme une nécessité et une chance. Elle est devenue une condition de la paix civile. Et c’est pourquoi le peuple français a été aussi ardent pour défendre la liberté scolaire que pour souhaiter l’interdiction des signes ostentatoires à l’école.

Cela étant, la laïcité ne saurait être la négation du passé. Elle n’a pas le pouvoir de couper la France de ses racines chrétiennes. Elle a tenté de le faire. Elle n’aurait pas dû. Comme Benoît XVI, je considère qu’une nation qui ignore l’héritage éthique, spirituel, religieux de son histoire commet un crime contre sa culture, contre ce mélange d’histoire, de patrimoine, d’art et de traditions populaires, qui imprègne si profondément notre manière de vivre et de penser. Arracher la racine, c’est perdre la signification, c’est affaiblir le ciment de l’identité nationale, et dessécher davantage encore les rapports sociaux qui ont tant besoin de symboles de mémoire.

C’est pourquoi nous devons tenir ensemble les deux bouts de la chaîne : assumer les racines chrétiennes de la France, et même les valoriser, tout en défendant la laïcité enfin parvenue à maturité. Voilà le sens de la démarche que j’ai voulu accomplir ce soir à Saint-Jean de Latran.

***

Le temps est désormais venu que, dans un même esprit, les religions, en particulier la religion catholique qui est notre religion majoritaire, et toutes les forces vives de la nation regardent ensemble les enjeux de l’avenir et non plus seulement les blessures du passé.

Je partage l’avis du pape quand il considère, dans sa dernière encyclique, que l’espérance est l’une des questions les plus importantes de notre temps. Depuis le siècle des Lumières, l’Europe a expérimenté beaucoup d’idéologies. Elle a mis successivement ses espoirs dans l’émancipation des individus, dans la démocratie, dans le progrès technique, dans l’amélioration des conditions économiques et sociales, dans la morale laïque. Elle s’est fourvoyée gravement dans le communisme et dans le nazisme. Aucune de ces différentes perspectives – que je ne mets évidemment pas sur le même plan - n’a été en mesure de combler le besoin profond des hommes et des femmes de trouver un sens à l’existence.

Bien sûr, fonder une famille, contribuer à la recherche scientifique, enseigner, se battre pour des idées, en particulier si ce sont celles de la dignité humaine, diriger un pays, cela peut donner du sens à une vie. Ce sont ces petites et ces grandes espérances « qui, au jour le jour, nous maintiennent en chemin » pour reprendre les termes même de l’encyclique du Saint Père. Mais elles ne répondent pas pour autant aux questions fondamentales de l’être humain sur le sens de la vie et sur le mystère de la mort. Elles ne savent pas expliquer ce qui se passe avant la vie et ce qui se passe après la mort.

Ces questions sont de toutes les civilisations et de toutes les époques. Et ces questions essentielles n’ont rien perdu de leur pertinence. Bien au contraire. Les facilités matérielles de plus en plus grandes qui sont celles des pays développés, la frénésie de consommation, l’accumulation de biens, soulignent chaque jour davantage l’aspiration profonde des femmes et des hommes à une dimension qui les dépasse, car moins que jamais elles ne la comblent.

« Quand les espérances se réalisent, poursuit Benoît XVI, il apparaît clairement qu’en réalité, ce n’est pas la totalité. Il paraît évident que l’homme a besoin d’une espérance qui va au-delà. Il paraît évident que seul peut lui suffire quelque chose d’infini, quelque chose qui sera toujours ce qu’il ne peut jamais atteindre. […] Si nous ne pouvons espérer plus que ce qui est accessible, ni plus que ce qu’on peut espérer des autorités politiques et économiques, notre vie se réduit à être privée d’espérance ». Ou encore, comme l’écrivit Héraclite, « Si l’on n’espère pas l’inespérable, on ne le reconnaîtra pas ».

Ma conviction profonde, dont j’ai fait part notamment dans ce livre d’entretiens que j’ai publié sur la République, les religions et l’espérance, c’est que la frontière entre la foi et la non-croyance n’est pas et ne sera jamais entre ceux qui croient et ceux qui ne croient pas, parce qu’elle traverse en vérité chacun de nous. Même celui qui affirme ne pas croire ne peut soutenir en même temps qu’il ne s’interroge pas sur l’essentiel. Le fait spirituel, c’est la tendance naturelle de tous les hommes à rechercher une transcendance. Le fait religieux, c’est la réponse des religions à cette aspiration fondamentale.

Or, longtemps la République laïque a sous-estimé l’importance de l’aspiration spirituelle. Même après le rétablissement des relations diplomatiques entre la France et le Saint-Siège, elle s’est montrée plus méfiante que bienveillante à l’égard des cultes. Chaque fois qu’elle a fait un pas vers les religions, qu’il s’agisse de la reconnaissance des associations diocésaines, de la question scolaire, des congrégations, elle a donné le sentiment qu’elle agissait parce qu’elle ne pouvait pas faire autrement. Ce n’est qu’en 2002 qu’elle a accepté le principe d’un dialogue institutionnel régulier avec l’Eglise catholique. Qu’il me soit également permis de rappeler les critiques virulentes dont j’ai été l’objet au moment de la création du Conseil français du culte musulman. Aujourd’hui encore, la République maintient les congrégations sous une forme de tutelle, refuse de reconnaître un caractère cultuel à l’action caritative ou aux moyens de communication des Eglises, répugne à reconnaître la valeur des diplômes délivrés dans les établissements d’enseignement supérieur catholique alors que la Convention de Bologne le prévoit, n’accorde aucune valeur aux diplômes de théologie.

Je pense que cette situation est dommageable pour notre pays. Bien sûr, ceux qui ne croient pas doivent être protégés de toute forme d’intolérance et de prosélytisme. Mais un homme qui croit, c’est un homme qui espère. Et l’intérêt de la République, c’est qu’il y ait beaucoup d’hommes et de femmes qui espèrent. La désaffection progressive des paroisses rurales, le désert spirituel des banlieues, la disparition des patronages, la pénurie de prêtres, n’ont pas rendu les Français plus heureux. C’est une évidence.

Et puis je veux dire également que, s’il existe incontestablement une morale humaine indépendante de la morale religieuse, la République a intérêt à ce qu’il existe aussi une réflexion morale inspirée de convictions religieuses. D’abord parce que la morale laïque risque toujours de s’épuiser ou de se changer en fanatisme quand elle n’est pas adossée à une espérance qui comble l’aspiration à l’infini. Ensuite parce qu’une morale dépourvue de liens avec la transcendance est davantage exposée aux contingences historiques et finalement à la facilité. Comme l’écrivait Joseph Ratzinger dans son ouvrage sur l‘Europe, « le principe qui a cours maintenant est que la capacité de l’homme soit la mesure de son action. Ce que l’on sait faire, on peut également le faire ». A terme, le danger est que le critère de l’éthique ne soit plus d’essayer de faire ce que l’on doit faire, mais de faire ce que l’on peut faire. C’est une très grande question.

Dans la République laïque, l’homme politique que je suis n’a pas à décider en fonction de considérations religieuses. Mais il importe que sa réflexion et sa conscience soient éclairées notamment par des avis qui font référence à des normes et à des convictions libres des contingences immédiates. Toutes les intelligences, toutes les spiritualités qui existent dans notre pays doivent y prendre part. Nous serons plus sages si nous conjuguons la richesse de nos différentes traditions.

C’est pourquoi j’appelle de mes vœux l’avènement d’une laïcité positive, c’est-à-dire une laïcité qui, tout en veillant à la liberté de penser, à celle de croire et de ne pas croire, ne considère pas que les religions sont un danger, mais plutôt un atout. Il ne s’agit pas de modifier les grands équilibres de la loi de 1905. Les Français ne le souhaitent pas et les religions ne le demandent pas. Il s’agit en revanche de rechercher le dialogue avec les grandes religions de France et d’avoir pour principe de faciliter la vie quotidienne des grands courants spirituels plutôt que de chercher à la leur compliquer.
C'est nous qui soulignons
***

Messieurs les cardinaux, Mesdames et Messieurs, au terme de mon propos, et à quelques jours de cette fête de Noël qui est toujours un moment où l’on se recentre sur ce qui est le plus cher dans sa vie, je voudrais me tourner vers ceux d’entre vous qui sont engagés dans les congrégations, auprès de la Curie, dans le sacerdoce et l’épiscopat ou qui suivent actuellement leur formation de séminariste. Je voudrais vous dire très simplement les sentiments que m’inspirent vos choix de vie.

Je mesure les sacrifices que représente une vie toute entière consacrée au service de Dieu et des autres. Je sais que votre quotidien est ou sera parfois traversé par le découragement, la solitude, le doute. Je sais aussi que la qualité de votre formation, le soutien de vos communautés, la fidélité aux sacrements, la lecture de la Bible et la prière, vous permettent de surmonter ces épreuves.

Sachez que nous avons au moins une chose en commun : c’est la vocation. On n’est pas prêtre à moitié, on l’est dans toutes les dimensions de sa vie. Croyez bien qu’on n’est pas non plus Président de la République à moitié. Je comprends que vous vous soyez sentis appelés par une force irrépressible qui venait de l’intérieur, parce que moi-même je ne me suis jamais assis pour me demander si j’allais faire ce que j’ai fait, je l’ai fait. Je comprends les sacrifices que vous faites pour répondre à votre vocation parce que moi-même je sais ceux que j’ai faits pour réaliser la mienne.

Ce que je veux vous dire ce soir, en tant que Président de la République, c’est l’importance que j’attache à ce que vous faites et à ce que vous êtes. Votre contribution à l’action caritative, à la défense des droits de l’homme et de la dignité humaine, au dialogue inter-religieux, à la formation des intelligences et des cœurs, à la réflexion éthique et philosophique, est majeure. Elle est enracinée dans la profondeur de la société française, dans une diversité souvent insoupçonnée, tout comme elle se déploie à travers le monde. Je veux saluer notamment nos congrégations, les Pères du Saint-Esprit, les Pères Blancs et les Sœurs Blanches, les fils et filles de la charité, les franciscains missionnaires, les jésuites, les dominicains, la Communauté de Sant’Egidio qui a une branche en France, toutes ces communautés, qui, dans le monde entier, soutiennent, soignent, forment, accompagnent, consolent leur prochain dans la détresse morale ou matérielle.

En donnant en France et dans le monde le témoignage d’une vie donnée aux autres et comblée par l’expérience de Dieu, vous créez de l’espérance et vous faites grandir des sentiments nobles. C’est une chance pour notre pays, et le Président que je suis le considère avec beaucoup d’attention. Dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le pasteur ou le curé, même s’il est important qu’il s’en approche, parce qu’il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d’un engagement porté par l’espérance.

Je veux évoquer la mémoire des moines de Tibhérine et de Monseigneur Pierre Claverie, dont le sacrifice portera un jour des fruits de paix, j’en suis convaincu. L’Europe a trop tourné le dos à la Méditerranée alors même qu’une partie de ses racines y plongent et que les pays riverains de cette mer sont au croisement d’un grand nombre d’enjeux du monde contemporain. J’ai voulu que la France prenne l’initiative d’une Union de la Méditerranée. Sa situation géographique tout comme son passé et sa culture l’y conduisent naturellement. Dans cette partie du monde où les religions et les traditions culturelles exacerbent souvent les passions, où le choc des civilisations peut rester à l’état de fantasme ou basculer dans la réalité la plus tragique, nous devons conjuguer nos efforts pour atteindre une coexistence paisible, respectueuse de chacun sans renier nos convictions profondes, dans une zone de paix et de prospérité. Cette perspective rencontre, me semble-t-il, l’intérêt du Saint-Siège.

Mais ce que j’ai le plus à cœur de vous dire, c’est que dans ce monde paradoxal, obsédé par le confort matériel, tout en étant chaque jour de plus en plus en quête de sens et d’identité, la France a besoin de catholiques convaincus qui ne craignent pas d’affirmer ce qu’ils sont et ce en quoi ils croient. La campagne électorale de 2007 a montré que les Français avaient envie de politique pour peu qu’on leur propose des idées, des projets, des ambitions. Ma conviction est qu’ils sont aussi en attente de spiritualité, de valeurs, d’espérance.

Henri de Lubac, ce grand ami de Benoît XVI, « La vie attire, comme la joie ». C’est pourquoi la France a besoin de catholiques heureux qui témoignent de leur espérance.

Depuis toujours, la France rayonne à travers le monde par la générosité et l’intelligence. C’est pourquoi elle a besoin de catholiques pleinement chrétiens, et de chrétiens pleinement actifs.

La France a besoin de croire à nouveau qu’elle n’a pas à subir l’avenir, parce qu’elle a à le construire. C’est pourquoi elle a besoin du témoignage de ceux qui, portés par une espérance qui les dépasse, se remettent en route chaque matin pour construire un monde plus juste et plus généreux.

J’ai offert ce matin au Saint Père deux éditions originales de Bernanos. Permettez-moi de conclure avec lui : « L’avenir est quelque chose qui se surmonte. On ne subit pas l’avenir, on le fait […] L’optimisme est une fausse espérance à l’usage des lâches […]. L’espérance est une vertu, une détermination héroïque de l’âme. La plus haute forme de l’espérance, c’est le désespoir surmonté ». Comme je comprends l’attachement du pape à ce grand écrivain qu’est Bernanos !

Voir et écouter le président Sarkozy lors de sa rencontre à Paris avec le cardinal Vingt-Trois

Vidéo de l'accueil du président Sarkozy à la basilique St-Jean de Latran

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22/12/2007

Documents

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L'arbre qui se dresse à droite de la grande crèche encore en construction et au pied de l'obélisque, n'a pas moins de 140 ans, il mesure 26 mètres et pèse 3 tonnes. Il a fallu 2000 boules lumineuses pour le décorer, nous apprend l'agence de presse Zenit.


SAPIN DE NOEL AU VATICAN
Le sapin de Noël qui orne la place Saint-Pierre pour ce Noël 2007 est un don de la région de la Province autonome italienne de Bozen-Bolzano, près de la frontière autrichienne.

Le pape a reçu, le 14 décembre 2007, la délégation du Südtirol italien, et de la commune de Saint-Martin in Thurn, dans la Gadertal-Val Badia, qui a offert l'arbre de Noël de la place Saint-Pierre.

Regardez le sapin dans cette vidéo de H2Onews.

Cet arbre, soulignait le pape à cette occasion, « a été coupé sans dommage pour la forêt ». Et, « artistiquement décoré, il demeurera aux côtés de la crèche tout au long des fêtes ».

« Il symbolise la naissance du Christ, disait le pape, car ces aiguilles toujours vertes sont comme la vie qui ne meurt pas. Le sapin est aussi un signe de la religiosité populaire de ces vallées ».

Benoît XVI a encouragé une nouvelle fois la tradition de l'arbre et de la crèche qui « appartiennent à la féerie de Noël », « patrimoine spirituel des communautés chrétiennes ».

Pour le pape, Noël est caractérisé par « un climat de douce religiosité et d'intimité familiale qu'il convient de protéger dans une société où la frénésie de consommation et la recherche des biens matériels semblent dominer ».

« Noël, insistait le pape, est une fête spécifiquement chrétienne » et ses symboles, la crèche et l'arbre décoré, « renvoient aux grands mystères de l'incarnation et de la naissance du Christ » de la liturgie de l'Avent et de Noël.

L'illumination du sapin de Noël a été présidée, vendredi 14 décembre 2007, par le président du Gouvernorat de l'Etat de la Cité du Vatican, le cardinal Giovanni Lajolo, en présence des autorités de la Province autonome.


Quant à la crèche sur la Place Saint-Pierre, elle sera inaugurée, comme c'est la tradition, le 24 décembre, et restera sur la place Saint-Pierre jusqu'au 2 février, fête de la Présentation de l'Enfant Jésus au Temple de Jérusalem.

Rappelons que cette tradition de l'arbre de Noël et de la crèche place Saint-Pierre a été voulue par Jean-Paul II en 1982.

Benoît XVI a repris cette tradition, et il a souligné la valeur de la tradition des crèches et des arbres de Noël en disant : « la crèche n'est pas seulement un élément de ‘spiritualité', mais aussi ‘de la culture et de l'art' ».

Pour ce qui est de la crèche de la Place Saint-Pierre, les 9 personnages de la Sainte famille viennent traditionnellement d'une crèche donnée par saint Vincent Palotti : ils avaient été réalisés en 1842 pour l'église Sant'Andrea della Valle, au cœur de Rome. Par la suite, 8 autres sujets ont été ajoutés, notamment une famille traditionnelle polonaise.

Comme en 2006, les Rois mages et une douzaine de figurants ont été prêtés par l'association « Amis de la Crèche » de Tesero, un petit bourg du Val di Fiemme, dans la région de Trente, qui défend cet artisanat depuis plus de quarante ans, grâce à la collaboration de la région de Trente et du Vatican.

Cette année, la crèche accueillera aussi 4 anges du Mexique. Chaque année, le projet de crèche est nouveau, il est choisi parmi différents projets proposés par les ingénieurs et architectes de la Cité du Vatican.

Extraits de l'article d'Anita S. Bourdin dans Zenit du 12 décembre 2007 et des paroles du pape à l'angélus du dimanche le 16 décembre 2007.

Regardez le sapin de la Place Saint-Pierre pour Noël 2007.


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17/12/2007

Actualité

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Dans un article intitulé "Les fonds souverains volent au secours des banques" le journal LE MONDE pose la question: est-on à la veille d'une large recomposition de l'actionnariat des banques mondiales ? On trouvera à la fin de cet article la liste des principaux fonds souverains qui existent actuellement.


FONDS SOUVERAINS : UNE MENACE?
Après le numéro un mondial Citigroup, écrit le journal, les britanniques Barclays et Standard Chartered, ou le bancassureur belgo-néerlandais Fortis, au cours des dernières semaines, l'Union des banques suisses (UBS), fleuron du capitalisme helvétique, a annoncé, lundi 10 décembre, l'arrivée à son capital d'un fonds souverain. Un fonds public émirati, Investment Corporation of Dubai, a, pour sa part, discuté cette semaine des perspectives de "coopération" avec la banque américaine d'investissement JP Morgan.

Ces fonds souverains viennent à la rescousse d'une industrie bancaire déstabilisée par la crise des subprimes, ces crédits immobiliers à risques américains qui ont déjà coûté 80 milliards de dollars aux banques (54,3 milliards d'euros).

Ainsi, l'Agence d'investissement du gouvernement de Singapour (GIC) va investir 11 milliards de francs suisses (6,6 milliards d'euros) dans UBS, pour l'aider à faire à une crise financière susceptible de lui valoir, en 2007, les premières pertes de son histoire. Un "second investisseur stratégique du Moyen-Orient", dont l'identité n'est pas révélée, apportera aussi 1,2 milliard d'euros. Ces mises de fonds, réalisées sous la forme d'obligations convertibles en actions, permettront aux deux investisseurs d'acquérir entre 9 % et 12 % de la dixième banque mondiale. Et sont assorties de sièges au conseil d'administration.

L'offensive des fonds des pays du Golfe, de Chine ou de Russie, qui touche toutes sortes d'actifs stratégiques dans les pays occidentaux (industrie, distribution...), témoigne de la puissance d'investissement de ces nouveaux acteurs de l'économie. Entre l'envolée des prix des matières premières, dont le pétrole, et les excédents commerciaux reflétant la croissance spectaculaire de leurs économies, ils sont gorgés d'argent qu'ils ne savent plus où investir. "Ils ont, plus que d'autres, la capacité de mobiliser des sommes colossales et de prendre des paris à long terme sur les entreprises", explique Nicolas Véron, économiste au centre Bruegel.

Selon la Deutsche Bank, ces fonds étatiques géreraient plus de 3 000 milliards de dollars d'investissements, soit deux fois plus que l'industrie des fonds spéculatifs (hedge funds). Leur fortune pourrait atteindre 10 000 milliards de dollars dans dix ans.

PRÉSENTS EN FRANCE

"Ils redessinent les lignes de force d'une économie mondiale dont ils sont devenus les poches profondes", estime M. Véron. Pour l'économiste, l'intérêt croissant des fonds souverains pour la finance pourrait leur permettre de briser leur isolement et d'en finir avec l'ostracisme dont fait preuve à leur égard l'Occident. "C'est une porte d'entrée judicieuse dans le monde des affaires, dans l'establishment occidental", commente M. Véron.

De fait, si les fonds souverains font peur, de plus en plus de voix s'élèvent pour réhabiliter leur action. " Ne faisons pas preuve de racisme en économie, s'insurge Olivier Pastré, professeur à Paris-VIII. Le retour de l'Etat n'est pas forcément un mal. Ces fonds n'ont pas encore montré qu'ils étaient néfastes. Au contraire, ils peuvent être utiles à un moment où les banques risquent de manquer de capitaux."

Ces fonds souverains joueront-ils un rôle dans la gouvernance des banques ? Sans doute, de l'avis consensuel des économistes, pour qui ces investissements financiers prendront vite un caractère stratégique. "Que vaut-il mieux pour une banque : accueillir un fonds souverain à son capital, et engager un dialogue serein avec lui, ou se faire déstabiliser par un fonds spéculatif, pour finir vendue à la découpe ?", interroge M. Pastré, en rappelant l'affaire ABN Amro. Attaquée par un fonds qui contestait sa gestion, la banque néerlandaise fait actuellement l'objet d'une vente par appartements.

La question du recours aux fonds souverains ne se pose pas en France, où les banques sont solidement capitalisées et, à ce jour, souffrent moins de la crise que leurs consoeurs américaines, britanniques et allemandes. Cependant, rapporte un banquier, les grandes banques françaises ont des fonds souverains parmi leurs actionnaires, à des niveaux inférieurs aux seuils de déclaration réglementaires.

C'est le cas de BNP Paribas, dont seraient actionnaires, pour quelques pour cents, des fonds saoudiens, koweïtiens et des émirats. "Nous les voyons régulièrement et entretenons avec eux un vrai dialogue. Ils ont, comme les fonds de pension, une stratégie de long terme, qui nous convient", confirme un proche de la direction.


Anne Michel

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CHIFFRES

N.B. Pour fins de comparaison au 31 décembre 2006, l’actif net des déposants de la Caisse de dépot et placement du Québec était de 143,5 milliards de dollars, par rapport à 122,2 milliards de dollars en 2005, en hausse de 21,3 milliards de dollars. La Caisse de dépôt et placement du Québec a été créée en 1965 par une loi de l’Assemblée nationale, pour gérer les fonds recueillis dans le cadre d’un régime de retraite universel alors nouvellement créé : le Régime de rentes du Québec.


Les principaux fonds d'investissements souverains, selon le classement établi par la Deutsche Bank en septembre :

1 - EMIRATS ARABES UNIS :

Abu Dhabi Investment Authority (ADIA), 875 milliards de dollars (594 milliards de dollars d'euros), créé en 1976.

2 - SINGAPOUR :

Government of Singapore Investment Corporation (GIC), 330 milliards de dollars, créé en 1981.

3 - NORVÈGE :

Government Pension Fund Global (GPFG), 322 milliards de dollars, créé en 1990.

4 - ARABIE SAOUDITE :

divers fonds, pour 300 milliards de dollars.

5 - KOWEIT :

Kuwait Investment Authority (KIA), 250 milliards de dollars, créé en 1953.

6 - CHINE :

China Investment Company Ltd (CIC), 200 milliards de dollars, créé en 2007.


Article paru dans l'édition du 12.12.07 du journal LE MONDE

• Mis sur le site internet LE MONDE le 11.12.07 | 13h17
• Mis à jour le 11.12.07 | 14h16


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11/12/2007

Réflexions

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Catholiques et orthodoxes reconnaissent la primauté du pape. Un accord historique vient d'être conclu concernant la primauté du pape qui annonce une réunion possible entre catholiques et orthodoxes séparés depuis 1054 par l'excommunication (14 juillet 1054) du patriarche de Constantinople, Michel Cérulaire (1000-1059) déposée à Ste-Sophie par le cardinal Humbert. En Occident, on appelle cette rupture "Schisme d'Orient". Elle est l'aboutissement de nombreuses décennies de conflits et de réconciliations entre les deux Églises. En Orient, on l'appelle "Schisme de Rome". Lisez ce qu'en dit le journal LA CROIX sous la plume d'Isabelle De Gaulmyn. Bonne lecture.


PRIMAUTE DU PAPE : ACCORD
À Ravenne (en Italie), la Commission mixte pour le dialogue théologique a examiné la principale question qui divise les deux Églises, à savoir l'autorité de l'évêque de Rome. Catholiques et orthodoxes sont d’accord sur le principe d’une primauté de l’évêque de Rome au niveau de l’Église universelle, mais non sur le mode d’exercice de cette fonction.

C’est en substance le résultat auquel sont parvenus, le 14 octobre, à Ravenne, les membres catholiques et orthodoxes de la Commission mixte pour le dialogue théologique entre les deux Églises.

En abordant la question de l’autorité, on touchait un point particulièrement sensible des relations entre orthodoxes et catholiques, sur lequel s’était en partie jouée la rupture symbolisée par la date de 1054. Le texte rendu public jeudi 15 novembre - dont des versions circulaient déjà sur des sites orthodoxes – n’est pour l’instant qu’un « document de travail » (Pour lire le texte (en anglais et en italien), cliquez ici). Il n’implique pas l’adhésion des Églises. Que le patriarcat de Moscou ait décidé de quitter la rencontre de Ravenne en dit d’ailleurs la difficulté.

En 46 points, le « document de Ravenne » décline les thèmes de la « conciliarité » et de l’autorité de l’Église aux différents niveaux – local, régional et universel – de celle-ci. La conciliarité – ou synodalité, pour les orientaux, collégialité chez les latins – implique et exprime un consensus entre les membres de l’Église. L’autorité, elle, signifie le choix d’un « chef » reconnu par tous. Or, si catholiques et orthodoxes reconnaissent ces deux principes, ils ne l’appliquent pas de la même manière.

Les difficultés commencent au niveau régional


Au plan local des diocèses, pas de problème : les deux Églises sont proches. Le document rappelle que tout doit se faire « en concert », de manière synodale, même s’il y a un « protos » (en grec : premier, primat), à savoir l’évêque du lieu. Au niveau régional, les difficultés commencent : pour les orthodoxes, c’est le principal niveau, avec les patriarcats et autres responsables d’Églises autonomes. Dans l’Église catholique, ce niveau est moins important : ce sont les provinces, régions, ou, plus récentes, les conférences épiscopales. À ce niveau régional, rappelle le document, le « protos » ne peut rien faire sans les autres évêques, ni les autres sans lui (1).

Le niveau universel

Enfin, et c’est le plus difficile, le niveau universel. Catholiques comme orthodoxes proclament, dans leur Credo, que l’Église est « une et catholique ». Cette unité s’exprimait avant le schisme à travers les Conciles « œcuméniques », rassemblant tous les patriarches et s’imposant à tous les fidèles. Mais aussi à travers une autorité, celle de Rome. Rome occupe « la première place dans l’ordre canonique, et l’évêque de Rome (le pape) est donc le “protos” (primat) parmi les patriarches ».


L’accord de Ravenne s’arrête là : les deux parties restent divisées sur les prérogatives liées à cette primauté romaine. Définir le contenu de cette autorité sera donc l’objet des prochaines discussions de la commission, pour servir ensuite à délimiter la nature de l’autorité du pape dans l’optique d’une réconciliation catholiques-orthodoxes.

Car, au niveau universel aussi, le primat implique la conciliarité entre tous les évêques. Ce qui signifie pour l’Église catholique, rappelle le document, un mode d’exercice différent de l’autorité du pape, laissant plus de place à la responsabilité des Églises locales ; Jean-Paul II avait ouvert une telle porte dans l’encyclique Ut unum sint.

« Il est impossible de considérer la forme de primauté des XIXe et XXe siècles comme la seule possible, la seule qui s’impose à tous les chrétiens », avait alors confirmé le cardinal Ratzinger. Vaste programme : ce n’est pas un hasard si, lors du consistoire du 23 novembre, Benoît XVI a choisi de consulter les cardinaux, justement, sur l’œcuménisme.

Isabelle DE GAULMYN, à Rome

(1) Les théologiens reprennent ici le « canon 34 des Apôtres », édicté dans les tout premiers siècles (texte dans La Documentation catholique n° 1 623 du 7 janvier 1973).

Extrait du journal LA CROIX publié sur internet 15/11/2007 17:18


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17/11/2007

Actualité

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Quel est le nombre de catholiques au Québec et quel est leur pourcentage? Quel est celui des musulmans ou des juifs? Peu de gens peuvent répondre avec précision à ces questions. Nous avons pensé dans le contexte des questions soulevées à la commission Bouchard-Taylor offir à nos lecteurs et lectrices un aperçu des données disponibles sur ce sujet. Voici donc un extrait des données sur la population recensée en 2001 au Canada et au Québec portant sur la religion par la Direction de la population du Québec.


Religions au Québec : chiffres et statistiques
Statistique Canada a rendu publique, le 13 mai 2003, la huitième série de données du recensement de la population effectué en mai 2001, voici le résumé de ces données suivies des faits saillants.

Principales confessions religieuses, Québec 2001

Catholique romaine:
nombre 5 930 385 pourcentage 83,2 %

Protestante: nombre 335 595 pourcentage 4,7

Chrétienne orthodoxe: nombre 100 370 pourcentage1,4

Chrétienne «régénérée » et « évangélique » : nombre 56 750 pourcentage 0,8

Musulmane: nombre 108 620 pourcentage 1,5

Juive : nombre 89 915 pourcentage 1,3

Bouddhiste : nombre 41 380 pourcentage 0,6

Hindoue : nombre 24 530 pourcentage 0,3

Sikh : nombre 8 220 pourcentage 0,1

Aucune religion : nombre 400 325 pourcentage 5,6


Source : Statistique Canada, Recensement de 2001 : série « analyses », Les religions au Canada,
catalogue no 96F0030XIF2001015, 13 mai 2003
.

____________________________________


Faits saillants

- Lors des recensements, la question posée relativement à la religion a trait à la
seule appartenance confessionnelle, sans égard à la pratique religieuse.

- Le christianisme, sous ses différentes formes (catholicisme, protestantisme,
orthodoxie et autres), a perdu un peu de son importance relative mais regroupe
toujours une forte majorité de la population : 77 % au Canada, comparativement
à 83 % dix ans plus tôt et 90 % au Québec, comparativement à 93 % en
1991.

- Les catholiques romains ont vu leurs effectifs progresser légèrement mais leur
importance relative diminuer : de 86 % à 83 % au Québec et de 45 % à 43 %
au Canada. Les protestants ont perdu en importance, tant en termes relatifs
qu’en chiffres absolus. Les orthodoxes et les chrétiens « sans dénomination »,
au Québec comme au Canada, sont les seuls groupes à avoir connu à la fois
une croissance de leurs effectifs et de leur importance relative entre les deux
recensements.

- Les musulmans sont désormais plus nombreux que les juifs, au Québec
comme dans l’ensemble du Canada. Au Québec le nombre des adhérents de
ces deux confessions est relativement semblable (90 000 juifs et 109 000 musulmans) tandis que pour l’ensemble du Canada, on compte près de deux
musulmans pour un juif (330 000 juifs et 580 000 musulmans).

- La plupart des changements constatés sont liés à la composition de l'immigration
au cours de la dernière décennie. La croissance rapide du nombre de
sikhs, de bouddhistes, d'hindous, de musulmans et même du groupe des
« sans religion » est directement lié à l'immigration des années 1990. Parmi les
immigrants admis au Canada entre 1991 et 2001, 52 % ont déclaré appartenir à
des confessions non chrétiennes.

Pour plus de détails aller à la vitrine qui a été réalisée dans le cadre du cours GIE 64375 Relations humaines dans les affaires internationales. Programme de MBA en gestion internationale de l'Université Laval. Hiver 2006.
Professeur : Gérard Verna

le 19 novembre 2007

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Le dimanche soir, temps fort spirituel pour les jeunes. Dans plusieurs grandes villes, les « messes des jeunes » se développent. Les paroisses en profitent pour organiser des rencontres après la célébration.


LA MESSE OUI, LE DIMANCHE SOIR
La messe, oui, mais le dimanche soir.
C’est celle que préfèrent les jeunes. Les curés de grandes villes – notamment à Paris – en font le constat : la pratique dominicale des jeunes se passe plutôt entre jeunes et en fin de week-end. Le dimanche matin ? « Ils ont un peu du mal à se lever », sourit le P. Étienne Givelet, jeune prêtre de Saint-Honoré-d’Eylau (16e arrondissement).

« Et puis, c’est la messe de leurs parents, et ils la trouvent un peu trop solennisée… » Le samedi soir ? « Ils veulent prolonger leur après-midi et souvent sortent dans la soirée », poursuit le prêtre. Entre les deux, pas de place pour la messe. Qui, du coup, est repoussée au dimanche soir. Souvent pas très tôt, d’ailleurs.

« Il y a trente-cinq ans, les jeunes venaient plutôt le samedi soir, souligne le P. Bernard Bommelaer, curé de Saint-Germain-des-Prés, à Paris (6e arrondissement). Aujourd’hui, ceux-là continuent de venir le samedi soir. Mais avec trente-cinq ans de plus. » Curé de Saint-Jean-Baptiste-de-Belleville (19e arrondissement), le P. Éric Morin estime que le dimanche soir est « un espace naturel pour les jeunes. De fait, ce sont des messes plus jeunes. Ensuite, on fait ce qu’il faut pour les accueillir. »

Des messes "spécial jeunes"

D’où le nombre de plus en plus élevé de messes « spécial jeunes » qui se sont installées en soirée dans le paysage dominical. Un phénomène qui fut d’abord parisien, puis s’est étendu à de grands pôles universitaires. Ailleurs, on n’observe pas le même phénomène. Ainsi, dans un diocèse comme celui de Meaux (Seine-et-Marne), « nos jeunes sont déjà repartis le dimanche soir à Paris. S’ils vont à la messe à ce moment-là, c’est à Paris », explique le P. Olivier de Vasselot, de la pastorale des jeunes du diocèse.

À Saint-Germain-des-Prés, où la messe du dimanche soir suscite depuis des années une assistance pleine à craquer de jeunes, l’animation est confiée à un groupe de jeunes adultes « qui prennent leur rôle à cœur pour les lectures, la prière universelle », explique le P. Bommelaer : « Ils choisissent un répertoire de chants plus récents, qui correspond à leurs goûts, un style qui leur plaît et, en général, c’est un de nos jeunes prêtres qui célèbre la messe pour que sa parole soit en phase. Les jeunes ne viennent pas seulement pour trouver une bande de copains, mais aussi une liturgie qui leur correspond. »

Une messe « plus tranquille, plutôt jean-baskets-guitare, rien de ronflant, pas d’endimanchement comme le matin », décrit le P. Givelet. « Ce n’est pas une messe au rabais », prévient le P. Bruno Laurent, curé de Saint-Jean-des-Deux-Moulins à Paris (13e arrondissement), « mais cela nous permet de mettre des chants du Frat (NDLR : rassemblement des jeunes collégiens et lycéens d’Île-de-France) qui ne sont pas forcément appréciés par les autres générations, de faire une homélie différente, d’avoir quelque chose de réactif avec l’assemblée et de les mettre à l’aise pour faire des lectures. Ils sont entre eux, c’est plus facile. »

"Ils n'ont pas besoin de s'excuser"
Le P. Givelet estime en outre qu’« ils aiment bien être dans une messe où c’est normal de les voir. Comme ils sont à un âge où ils manquent d’assurance, s’ils vont à la messe avec des copains, ils n’ont pas besoin de s’excuser. »

De telles célébrations permettent également de mieux vivre « un moment qui n’est pas facile à passer » pour les 18-30 ans, qui connaissent « le blues et la solitude du dimanche soir », avance le P. Morin. Entre le week-end qui s’achève et la semaine qui s’annonce, cette eucharistie est une manière de « marquer le rythme en confiant la semaine suivante au Seigneur », note le P. Givelet.

Marquer le rythme et ne « pas se presser, prendre plus de temps », avance encore le P. Bommelaer. La « messe qui prend son temps », c’est d’ailleurs ainsi que s’intitule celle lancée à la chapelle Saint-Ignace des jésuites à Paris (6e arrondissement), qui est célébrée tous les dimanches soir. Une eucharistie plus longue – une heure et demie –, spécialement destinée aux étudiants et jeunes professionnels qui prennent, au cours de la messe, un temps de prière personnelle à partir des lectures du jour (lectio divina) et un temps de partage en petits groupes.

La première "messe qui prend son temps"

Une formule qui marche et s’exporte désormais dans d’autres grandes villes: Lyon (tous les dimanches), Toulouse (un dimanche par mois l’an dernier, testée sur le samedi cette année), Strasbourg, Brest et Marseille (un dimanche par mois) ou encore Pau, où la première « messe qui prend son temps » aura lieu le 18 novembre. « Chez les jeunes, il y a une forme de disponibilité ce soir-là que l’on ne retrouve pas forcément à d’autres moments, quelque chose qui est de l’ordre de : on a toute la soirée devant soi », explique le jésuite Grégoire Catta.

Il n’est d’ailleurs pas rare qu’à la sortie, une partie de ces jeunes se retrouvent pour un temps de partage. À la paroisse parisienne Saint-Honoré-d’Eylau, la messe se poursuit une fois sur deux par un dîner « pasta », avec discussion autour de thèmes comme : À quoi cela engage d’être chrétien ? Questions bioéthiques, Qu’est-ce que la conscience ? Un groupe similaire, lancé l’an dernier, a été reconduit cette année à Saint-Jean-de-Belleville.

À la paroisse de Saint-Nizier, à Lyon, confiée à la communauté de l’Emmanuel, ce rendez-vous du dimanche soir dévolu aux jeunes permet en outre de leur proposer le sacrement de réconciliation et se poursuit par des soirées salades-pizzas sur des thèmes et des formes différents à chaque fois : conférences, films, présentation des prochaines Journées mondiales de la jeunesse ou même « Pictionary géant ». « On a lancé cette messe il y a trois ans et elle a rapidement fonctionné », rapporte le P. Charles Rochas, l’un des trois prêtres de la paroisse.

"Pro-vocs" comme pro-vocations

Dans le diocèse de Metz, c’est également un dimanche soir par mois que sont proposées des soirées « pro-vocs » – comme pro-vocations – destinées aux jeunes : dans un lieu différent à chaque fois, une eucharistie est animée par les jeunes, avec une homélie sur le thème des différentes vocations, suivie d’un repas organisé par la paroisse. « Pour l’instant, on tourne dans les paroisses, mais on a l’idée de déterminer un lieu unique et central dans Metz, destiné à l’accueil des jeunes », explique Paul Keil, permanent de la pastorale des jeunes du diocèse.

Cette volonté n’aboutit pas toujours. « Nous avons essayé l’an dernier pendant six ou sept mois dans une église du centre d’Orléans, raconte le P. Christophe Châtillon, de la pastorale des jeunes de ce diocèse. Mais nous n’avons pas réussi à sortir les jeunes d’une attitude de consommateurs. On a donc arrêté, et on réfléchit à mettre en place un lieu spécifique. »

À Lille, c’est une église, Saint-Maurice, qui a été entièrement confiée à une équipe de jeunes adultes, avec eucharistie le dimanche à 18 h 30.

Reste que, là où elles se tiennent, ces messes du dimanche soir pour jeunes connaissent un succès croissant. « Les jeunes attirent les jeunes », glisse le P. Bommelaer. Pour ces « pôles jeunes » du dimanche soir, certains curés, dont les assemblées paroissiales sont déjà grisonnantes, se sentent pourtant parfois dépouillés de leurs plus jeunes paroissiens. La génération la plus âgée s’étonne ainsi que l’on incite les jeunes à participer à une messe à part. Mais « mes paroissiens sont plutôt d’accord, estime le P. Bruno Laurent. S’il n’y avait pas cette messe, un grand nombre de jeunes ne viendraient plus du tout ! Et l’assemblée habituelle, qui se demande où sont les jeunes, n’est pas toujours aussi accueillante quand ils sont là… »

Pierre SCHMIDT

extrait du journal LA CROIX, cet article a été publié le 09-11-2007 sur le site www.la-croix.com



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12/11/2007

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a proximité avec nos défunts: les défunts sont-ils morts? Homélie pour la Commémoration des fidèles défunts au Séminaire de Québec, le 2 novembre 2007. Année C. Textes de l'Écriture: Job, 19, 1.23-27a; 1 Th 4, 13-14.17d-18; Jean 14,1-6:


LES DEFUNTS SONT-ILS MORTS?
Ce jour de la commémoration des fidèles défunts revient chaque année nous rappeler ceux et celles qui nous ont quittés. Nous en profitons pour prier pour les disparus. Nous porterons donc dans la commémoration de ce jour nos parents, nos amis et tous ceux et celles qui nous restent proches au delà de la mort.

En effet, la commémoration des fidèles défunts nous permet de ressentir, d'expérimenter et vivre une dimension de la relation à l'autre qui ouvre sur une proximité au-delà des cadres habituels reçus et vécus.

I- Une proximité dans une continuité de vie

Nos défunts ne sont pas partis. La mort est une fin, mais pour le croyant elle est aussi un accomplissement où il entre dans la vie qu'il a entretenue depuis sa naissance à la vie nouvelle par le baptême.

Saint Paul le dit avec conviction aux Thessaloniciens dans la seconde lecture: « Il ne faut pas que vous soyez abattus comme les autres, qui n'ont pas d’espérance. Jésus nous le croyons est mort et ressuscité; de même nous le croyons, ceux qui se sont endormis, Dieu, à cause de Jésus, les emmènera avec son Fils. Ainsi, nous serons pour toujours avec le Seigneur. »

Vous voyez, le terrain où nous amène saint Paul est celui d'une proximité dans une dimension nouvelle. Comment ne pas s'en inquiéter, sinon en développant au fond de nous cette espérance dont le support est Celui qui est devenu le Premier-né d'une multitude de frères et soeurs?

Vivre la mort comme un passage n'est pas seulement une consolation, c'est une condition inhérente au devenir chrétien à la suite de Jésus.

Ce passage sera le lot de chacun de nous un jour ou l'autre. C'est pourquoi, la proximité avec le Seigneur commence déjà dans nos gestes, dans nos prières, dans nos espoirs et dans nos attentes. En développant en nous les sentiments qui furent les siens, nous entrons déjà dans cette proximité de vie, après la mort, où « nous serons pour toujours avec le Seigneur ».

On comprend ainsi que l'évangile de Jean dans cette superbe méditation du chapitre 14 que nous venons d'entendre résume en cette formule-choc de la primauté et la centralité, pourrait-on de Jésus, « le Chemin, la Vérité et la Vie ».

À l'heure où il passait de ce monde à son Père, Jésus met en évidence l'importance de la proximité avec lui sur le plan du cheminement de chacun et de chacune : « Moi, je suis le Chemin », sur le plan de la raison qui cherche à comprendre : « Moi, je suis la Vérité » et sur le plan de l'existence, de l'expérience de vie : « Moi, je suis la Vie ».

II- Une vie avec le Seigneur Jésus Christ, le point synthétique de la vie

Ce résumé de la formule célèbre si souvent reprise ne l’épuise pas loin de là. Elle est d’une telle richesse que la méditation de chacun peut en tirer sans cesse des choses nouvelles. Cette parole a soutenu nos frères défunts qui ont mis eux aussi Jésus Christ au centre de leur vie.

N’est-ce pas ce qui nous a inspiré nous aussi au moment de nos choix de vie ? N'est-ce pas ce dont a besoin notre Église ? N'est-ce pas ce que le jeunes générations cherchent dans le « vide spirituel » auquel faisait référence le Cardinal Ouellet dans son intervention devant la Commission Bouchard-Taylor le 30 octobre 2007 ?

N’est-ce pas ce que des penseurs comme Teilhard de Chardin et Hans Uvon Balthasar nous ont légué ?

Le premier insiste dans son ouvrage Le Milieu divin pour que le croyant prenne conscience que tout est récapitulé dans le Christ : le phénomène humain comme le monde de la matière qui tendent sans cesse vers le Christ, point Oméga, aboutissement et canal de l'accomplissement parfait de la vie avec le Seigneur pour reprendre l'expression de saint Paul citée plus haut.

Le second écrit cette profession de foi percutante : « Au point de vue chrétien, le point synthétique se trouve, entre Dieu et le monde, et l'intégration concrète du monde dans le mouvement vers Dieu passe toujours par le Christ » .

Le « point synthétique » chrétien, pour reprendre l'expression de Balthasar est, en définitive, « l'imitation de Jésus-Christ », le seul et unique modèle parce que tout est « par Lui, avec Lui, en Lui » (doxologie de la prière eucharistique).

Les « imitateurs », comme les saints canonisés et tous ceux et celles qui choisissent la norme de l'Évangile comme la référence unique de leur existence, tracent des voies d'actualisation, d'appropriation dans leur histoire et dans le temps qui servent servir à rendre le Christ visible dans des figures, des réalisations, des gestes, des paroles qui lui donnent un visage pour leur temps et leurs milieux.

L'évangile de Matthieu ne nous rapporte-t-il pas ces paroles étonnantes de Jésus : « Vous êtes le sel de la terre [...]. Vous êtes la lumière du monde [...]. Ainsi votre lumière doit-elle briller devant les hommes afin qu'ils voient vos bonnes œuvres et glorifient votre Père qui est dans les cieux » (Mt 5, 13 16).

Conclusion

Nos défunts ont cherché à suivre ce Chemin qu’est le Christ Vérité et Vie. Dans cette proximité que nous reconnaissons avec eux et avec elles, cette commémoration des fidèles défunts nous incite aujourd’hui à être nous aussi des chercheurs et des chercheuses de Dieu dans notre monde et dans notre temps.

Ainsi nous pouvons annoncer déjà dans cette Eucharistie à travers les signes du pain et du vin partagés que le Règne de Dieu est parmi nous et que la mémoire des disparus nous habite chaque fois que nous refaisons les mêmes gestes et que nous redisons les mêmes paroles de Jésus le soir du Jeudi-Saint « jusqu’à ce qu’il vienne » comme dit saint Paul (I Co 11, 26).


Amen !

Mgr Hermann Giguère, prêtre, P.H.
Supérieur général du Séminaire de Québec

le 2 novembre 2007

Tiré de SME-Infonet http://www.webzinemaker.com/sme/, webzine publié par la Société des prêtres du Séminaire de Québec.
02/11/2007

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La Dernière Cène de Léonard De Vinci en détail. A partir du 27 octobre 2007, la Dernière Cène peut être admirée sur le Web avec une définition de 16 milliards de pixels. Voici le texte du communiqué de presse émis par De Agostini S.p.A. Département des relations extérieures de Milan.


LA CENE 16 MILLIARDS DE PIXELS
Milan, 27 octobre 2007. - Aujourd'hui, pour la toute première fois, La Dernière Cène de Leonardo da Vinci, l'oeuvre d'art la plus célèbre, la plus discutée et la plus controversée de tous les temps, déclarée oeuvre d'art du Patrimoine Mondial et enregistrée dans les sites mondiaux de l'UNESCO, peut être vue de tous, dans tous ses détails, sur le site web: www.haltadefinizione.com.




Le système de visualisation en ligne avec la plus haute définition photographique jamais vue au monde (16 milliards de pixels) va permettre aux spectateurs d'agrandir et d'observer n'importe quelle portion du tableau, leur donnant une vue claire de sections aussi petites qu'un millimètre carré.



Le projet a commencé au début de 2007, à la suite d'une rencontre entre le Ministère des activités et des biens culturels de Bureau de Milan des paysages et trésors architecturaux, De Agostini et HAL 9000, un leader mondial dans le secteur de la photographie en haute définition. Cette technique photographique comporte deux avantages: d'une part, c'est un instrument unique en son genre pour "surveiller" l'état du tableau et, d'autre part, elle permet à toute personne sur l'Internet, de partout dans le monde, d'observer toutes les parties et les détails de l'oeuvre. Grâce à cette technologie, HAL 9000 peut aussi produire des impressions de haute qualité et en grand format de La Dernière Cène qui offrent une perception visuelle jamais égalée jusqu'à maintenant. La photographie de La Dernière Cène, une des oeuvres d'art les plus fragiles et protégées au monde, est le résultat de plusieurs mois de travail et de recherche, pendant lesquels des techniques spécifiques d'éclairage et de photographie furent développées. La protection de la peinture fut, dès le départ, le souci principal des techniciens de HAL 9000 et du Bureau des Biens architecturaux; le système de photographie conçu et mis en oeuvre par HAL 9000 fut soumis à l'inspection technique du Laboratoire de physique et de contrôle environmental de l'Institut central de restauration à Rome, qui a jugé que le système était tout à fait approprié en accord avec les standards courants pour la sauvegarde des oeuvres d'art.



01/11/2007

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