Stéphane Baillargeon dans une article du journal Le Devoir qualifie Jacques Grand'Maison d' « homme-pont ». «Un homme-pont vient de s’effondrer, écrit-il. Chanoine et théologien, sociologue et universitaire, Jacques Grand’Maison se présentait lui-même comme un 'réformiste radical' ou encore comme un 'progressiste conservateur'. Janus à la québécoise, il avait une face tournée vers le passé, l’héritage, les traditions, les moeurs, les valeurs à protéger ; et une autre face regardant vers l’avenir, le progrès, les réformes à entreprendre pour assouvir un appétit de bonheur, une soif de consolation. »
Hermann Giguère
le 8 novembre 2016
Rhéto 55-56 au Collège de Lévis
Théo 62 Université Laval à Québec
P.S. Le réputé théologien de la libération, Gustavo Gutiérrez, le 7 novembre 2016, disait dans son message de à l’assemblée mondiale de Pax Romana , tel que rapporté par La Documentation Catholique : « Nous vivons dans un monde à l’individualisme croissant, fasciné par les changements que la technique offre à de grands secteurs de l’humanité. Ce n’est pas le lieu d’insister sur le fait que c’est aussi une étape historique qui a rendu possibles des avancées significatives dans différents domaines. Mais le fait est que l’on parle d’un temps nouveau, et que parfois, on regarde avec un certain rejet un passé proche dont je pense qu’il est toujours là, présent, et qu’il a beaucoup à nous apprendre. »
NOTE SUR LA RÉVOLUTION TRANQUILLE AU QUÉBEC
Le terme « révolution tranquille » vient de la traduction du terme « quiet revolution » utilisé en anglais pour décrire ce qui se passait au Québec dans les années 1960. Il désigne une période de l'histoire contemporaine du Québec caractérisée par de nombreux changements sociaux et une intervention importante de l'État dans diverses sphères de la société. Cette période s'étend de 1959-1960 jusqu'aux années 1970. Elle voit une consolidation de l'État québécois qui se lance sur le chemin de l'État-providence par la création de nombreux programmes sociaux, par une réforme totale du système d'éducation et par la mise en place d'une véritable séparation de l'Église catholique et de l'État.
Extrait de l'article de Stéphane Baillargeon dans le journal Le Devoir du 8 novembre 2016
Pour lui, comme pour plusieurs jeunes militants réformateurs de cette époque, la critique féroce du régime duplessiste, de la « Grande Noirceur » et de l’institution religieuse n’implique pas le rejet de la religion.
Il va donc travailler à transformer le catholicisme de l’intérieur pour l’engager dans un nouveau dialogue avec le monde moderne, dans un esprit finalement assez près de l’aggiornamento de Vatican II. Il devient une sorte de pasteur social dont l’implication va culminer avec l’expérience d’autogestion de l’usine textile de Tricofil dans les années 1970 où il sera appelé à faire de la sociologie du groupe des ouvriers-patrons.
En même temps, l’intellectuel d’Église réfléchit à une théologie pour son temps tout en formant de nouveaux clercs et laïcs à une pensée chrétienne renouvelée. Brillant élève, il est diplômé du Grand Séminaire de Montréal, de l’Université grégorienne au Vatican et finalement de l’Université de Montréal, où il devient professeur dès 1967. Il y restera 30 ans. Son nom figure en ligne dans la liste des professeurs émérites de la faculté de théologie et de sciences des religions.
Sa réputation semble moins bien assurée auprès des autres départements et dans la société. Le professeur Meunier [E.-Martin Meunier, professeur titulaire de l’École d’études sociologiques et anthropologiques de l’Université d’Ottawa] attribue cette mise à l’écart à la nature de l’oeuvre, moins théorique que celle de Fernand Dumont, par exemple, mais aussi à son côté plus grinçant et provocateur.
« Il aimait dire des choses que d’autres n’auraient pas osé dire, dit son fin connaisseur. À plusieurs moments de sa vie, il n’a pas hésité à décrier les évêques, les politiciens, les fonctionnaires et même ses collègues. Ça ne l’a pas aidé à se faire des amis. À mon avis, les groupes chrétiens auraient avantage à reconnaître encore plus la contribution de Jacques Grand’Maison. Et je crois que ça devrait être fait sous peu… »
Réflexions
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