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Sous un regard aimant : le jeune homme riche de l'évangile (Mc 10, 17-27)
Je me reconnais dans cet homme agenouillé qui appelle Jésus «bon Maître» et lui demande quoi faire pour hériter de la vie éternelle. Riche de connaissances, de principes, d’expériences, de conseils, de relations, de biens matériels, d’une liste d’observances, j’approchais cet âge grave où la vie bascule vers l’autre versant et où «l’à-quoi-bon» nous rattrape. J’ai crié au «Bon» Maître, le Jésus de ma jeunesse, mon désir fou de vivre à plein, toujours!
Sans discuter, Jésus m’a discrètement rappelé la Source du Bon. Il m’a défilé ce que je savais par cœur: mes engagements. Je lui avouai naïvement ma tranquille assurance d’avoir fait de mon mieux depuis ma jeunesse, obéissant à beaucoup de «ne pas»! Mais voilà! J’ai croisé son insoutenable regard d’amour… Il m’a atteinte au vif de mon manque. Il m’a dit d’aller échanger mes richesses pour ce dont les gens qui m’entourent ont soif eux aussi et, qu’alors, je découvrirais un trésor tout autre. Comment oublier le «viens, suis-moi» qui suivit?
Moi qui me jugeais ‘correcte’, j’ai éprouvé cet inconfortable sentiment de tristesse à la pensée de perdre biens et repères. Mêlée aux autres disciples, je faisais miennes les questions ripostées au Maître qui osait nommer la réelle difficulté pour des riches d’entrer dans ‘l’univers’ du Bon Dieu. Me voyant aussi chamboulée que Pierre par la crainte de manquer le bateau, Jésus m’a encore ramenée vers Dieu, seul capable de rendre possible tout impossible humain. J’entendais! Mais, au fond, j’espérais que Jésus me conforte. N’avais-je pas déjà tout quitté pour le suivre?
Trêve de raisonnements! Il me fallait quitter! Surtout le sentiment d’être ‘correcte’! Fallait que je sorte! Et marche sans programme! Pour apprendre à quelle transformation de perte en offrande Jésus appelle ses disciples chaque jour. J’ai dû puiser au plus profond de mon être pour découvrir l’inépuisable richesse! Au cœur de rencontres inédites, je reconnais peu à peu, difficilement parfois, ces nombreux frères et sœurs qui me sont donnés, ces femmes et ces hommes aux entrailles de mère qui m’aident à accoucher de moi-même, ces champs et ces maisons prêts à m’accueillir. Centuple! À force de marcher, même en boitant, je comprends un peu pourquoi Jésus n’a pas dit, en défilant ses promesses, que je recevrais plusieurs pères pour en avoir quitté un… N’est-ce pas en Dieu, unique Source de Fécondité, de Bonté, que Jésus désire tout rassembler? Ne nous invite-t-il pas à entrer avec lui dans la divine richesse de communion universelle? Je saisis même un peu pourquoi Jésus ajoute les persécutions au centuple des relations. Quand mes pas veulent s’amarrer à quelconque rivage, des vagues venues du large, insistantes, décapantes, m’obligent à partir. Pour marcher encore afin d’aiguiser, au contact de Jésus, ce réflexe de l’amour qui agrandit l’espace du cœur. «Il faut marcher de très longues routes» pour expérimenter, sous un regard aimant, que, de la Source éternelle d’Eau vive, ne cesse de jaillir un éternel Devenir! Ne sommes-nous pas déjà ce que nous serons! Rita Gagné, ursuline 10 octobre 2015 reproduit avec la permission de l'auteure et celle de Actualités +/Auvidec média |
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