Condensé de réflexions sur l'expérience mystique à la suite d'une lecture des écrits de Marie de l'Incarnation.


Icône de sainte Marie de l'Incarnation par Gilberte Massicotte-Éthier  (Collection du Musée des Ursulines de Trois-Rivières 2008)
Icône de sainte Marie de l'Incarnation par Gilberte Massicotte-Éthier (Collection du Musée des Ursulines de Trois-Rivières 2008)
Le postulat de départ pourrait se décrire ainsi: le sujet mystique chrétien se présente comme à la recherche d'une identité personnelle dans une tradition et un discours qui le précède. Il écrit son récit comme un récit unique mais en même temps comme un récit sous-tendu, tressé de récits "archéologiques", de récits fondateurs que sont a) l'Écriture Sainte et b) les textes des autres mystiques. Ainsi le texte produit se révèle non pas un dire sur l'objet de la croyance (de la foi), mais plutôt sur la réception de cette réalité autre par le sujet croyant.

La structure du récit mystique se caractérise ainjavascript:void(0)si par un processus de références qui s'accumulent et s'entrechoquent. Ce récit apparaît alors comme dynamique et non pas formé d'avance. Le mouvement inhérent au processus par lequel le sujet-croyant se dit à lui-même et aux autres creuse sans cesse en lui le désir d'aller au-delà des mots, des limites, des symboles pour être atteint en son " fond " dirait Marie de l'Incarnation par les réalités autres de la foi, de la Parole reçue en Église. Dans l’écriture de Marie de l’Incarnation nous découvrons un continuum où elle place un discours antécédent à l'expérience du sujet et un discours conséquent à celle-ci.

L'écriture du mystique chrétien se constitue sur l'horizon de l'Écriture sacrée où se donne à l'interprétation la voie absolue expérimentée. L'expérience mystique du chrétien-croyant repose comme sur un soubassement qui lui donne sens dans la foi.



Il en est un peu comme de l'existence de Dieu dont André Compte-Sponville dit qu'il fait sens pour le croyant. Il écrit dans son livre Présentations de la philosophie chez Albin Michel. Paris, 2000, p. 111 : "…Dieu fait sens (…) d'abord parce que tout sens, sans lui, vient buter sur l'insensé de la mort; ensuite parce qu'il n'est de sens que pour un sujet et de sens absolu dès lors, que pour une sujet absolu. Dieu est le sens du sens, et le contraire pour cela de l'absurde et du désespoir. Existe-t-il? Nous ne pouvons le savoir." Cela pour Compte-Sponville peut se penser, s'espérer, se croire. "Se croire". Le mystique croyant prend ce risque. C'est pourquoi, il est recevable de lire son témoignage avec cet horizon de sens que lui donne sa foi. Marie de l’Incarnation en de nombreux passages de ses écrits reconnaît une concordance entre le champ symbolique de son expérience personnelle et celui de la foi reçue en Église.

Hermann Giguère
Professeur associé à la Faculté de théologie et de sciences religieuses de l'Université Laval
Professeur titulaire retraité de théologie spirituelle et d'histoire de la spiritualité

5 janvier 2017

Site internet sur sainte Marie de l'Incarnation

05/01/2017

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