Retraite au Vatican pour le Carême 2008: Grâce à l'Esprit Saint, Dieu lui-même peut agir dans le chrétien, a expliqué le cardinal Vanhoye, prédicateur invité, jésuite exégète célèbre, en méditant sur le Sang du Christ, lors de la retraite qu'il a prêchée du 11 au 16 février 2008 en présence du pape et de la curie romaine.


NOUVEAUTE DU CHRISTIANISME
Dans sa seconde méditaton de vendredi matin, le 15 février 2008, le prédicateur a achevé sa réflexion sur la Lettre aux Hébreux en commentant sa conclusion solennelle centrée sur la résurrection et l'alliance éternelle.

Le cardinal jésuite français a parcouru les différents niveaux d'approfondissement de la doctrine chrétienne, en passant de la compréhension initiale de la Résurrection de Jésus comme simple restitution de la vie de Dieu au Fils, à la Résurrection en tant que fruit de l'intervention de l'Esprit Saint, le souffle vital de Dieu. Le cardinal Vanhoye a souligné le lien, mis en lumière par la Lettre aux Hébreux, entre l'Esprit de vie et le sang, ce dernier déjà considéré comme sacré par les Anciens et par la Bible parce que porteur du souffle de vie. Une intuition correcte confirmée par la science lorsque l'on a découvert que c'est le sang qui oxygène le corps, et qui porte le « souffle » de la respiration humaine aux cellules.

« De même que nous respirons l'air de l'atmosphère pour oxygéner notre sang et le rendre capable de vivifier tout le corps, de même le Christ dans sa Passion, par sa prière intense a ‘respiré' l'Esprit Saint. Pour vaincre la peur de la mort, il a prié, supplié, il a reçu l'Esprit Saint qui est entré en lui et l'a poussé à offrir sa vie en don d'amour. Nous pouvons dire que dans la Passion, le sang du Christ s'est imprégné de l'Esprit Saint, et qu'il a ainsi acquis la capacité de communiquer une vie nouvelle et de fonder la Nouvelle Alliance ».

En réfléchissant à ce nouveau rapport entre Dieu et l'homme, par le Christ, l'auteur de la Lettre aux Hébreux a lui aussi une intiuition qui, selon le cardinal Vanhoye, exprime une vérité du christianisme à une profondeur jamais atteinte jusque là. L'auteur ne souhaite pas seulement aux chrétiens de faire la volonté de Dieu mais que Dieu lui-même fasse en eux ce qui lui plaît.

« Il nous est ainsi montré ce qui me paraît être l'élément le plus profond de la Nouvelle Alliance. Le fait que nous recevons en nous l'action de Dieu. Dans l'Ancienne Alliance, Dieu prescrivait ce que l'on devait faire, à travers une loi extérieure. Ce type d'alliance n'a pas fonctionné, parce que l'homme n'est pas capable par ses seules forces d'accomplir la volonté de Dieu. C'est pourquoi le Seigneur a voulu instituer une Nouvelle Alliance : il a promis d'écrire sa loi dans le cœur de l'homme, de lui donner un cœur nouveau et de lui donner son Esprit (...). La Nouvelle Alliance ne consiste donc pas seulement dans la réception des lois de Dieu à l'intérieur de notre cœur, mais dans la réception de l'action de Dieu même en nous ».

Dans l'Évangile de saint Jean aussi, a rappelé le cardinal Vanhoye, le Christ parle de ses œuvres comme d'un don du Père. Cela vaut pour les chrétiens qui sont accompagnés dès la fondation de l'Eglise de la certitude exprimée par Jésus de pouvoir accomplir des œuvres encore plus grandes que les siennes : ou plutôt, accomplies par le Christ lui-même à travers leur intelligence, leur générosité, leur dévouement.

Anita S. Bourdin

ROME, Dimanche 17 février 2008
paru dans zenit.org 2008


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Voici un extrait de son dernier ouvrage en français : « Le don du Christ. Lecture spirituelle », chez Bayard, collection Christus en mars 2005 (240 pages).

Dans cet ouvrage, le Père Vanhoye, qui est considéré comme l’un des meilleurs connaisseurs de l’épître aux Hébreux, nous introduit à une lecture spirituelle du mystère du Christ, tel qu’il peut être perçu dans la prière.

Extrait de “ La prière des chrétiens dans l’épître aux Hébreux ” p. 41-42

Quelle doit être la prière des chrétiens ? Que nous dit sur la question l’Épître aux Hébreux ?
Bien entendu, nous ne trouvons pas dans cette épître un exposé méthodique sur la prière chrétienne, encore qu’elle nous fournisse de précieuses indications.

Pour commencer, l’auteur invite les fidèles à la prière de contemplation. Dans deux passages, nous lisons une exhortation explicite dans ce sens, et dans deux perspectives différentes. Cela constitue, à mon avis, un aspect original de la prédication de l’auteur, sans parallèle dans le Nouveau Testament.

La contemplation de Jésus vivant

La première invitation à la contemplation chrétienne se trouve au début du chapitre 3. S’adressant aux fidèles l’auteur leur dit : “ Frères saints, vous qui avez en partage une vocation céleste, fixez bien votre regard sur Jésus, apôtre et grand-prêtre de la foi que nous professons : il est digne de foi pour celui qui l’a constitué... ” Dans ce texte, il s’agit incontestablement de la contemplation chrétienne, parce que l’auteur n’appelle pas l’attention sur une idée abstraite, sur quelque vérité métaphysique, mais sur la personne de Jésus ; il invite à regarder Jésus. Cette contemplation, remarquons-le, ne se réfère pas à la vie terrestre de Jésus, n’implique pas un retour au passé, mais concerne la situation actuelle de Jésus. Les fidèles sont exhortés à contempler le Christ glorieux, jouissant de sa gloire devant Dieu qui l’en a jugé digne. La phrase suivante évoque la gloire du Christ, supérieure à celle de Moïse. Cette orientation vers le Christ glorieux est une attitude spontanée de l’auteur, qui commence chaque partie de son discours par une contemplation du Christ dans sa gloire actuelle. La situation religieuse du chrétien se définit avant tout par sa relation avec le Christ tel qu’il est maintenant, c’est-à-dire avec le Christ vivant, avec le Christ ressuscité et glorifié, intronisé à la droite du Père ; et la prière chrétienne doit avant tout raviver cette relation, la rendre plus consciente : “ Fixez bien votre regard sur Jésus... ”

Cette prière contemplative est d’une importance fondamentale pour la vie chrétienne ; elle est d’une inépuisable fécondité. Quel fruit en espère l’auteur ? En premier lieu, un renforcement de la foi : le Christ ressuscité est reconnu “ digne de foi ”. Il a droit à notre adhésion sans réserve : “ Puisque nous avons un grand-prêtre souverain qui a traversé les cieux, Jésus, le Fils de Dieu, tenons ferme la profession de notre foi ” (He 4,4). En second lieu, la contemplation du Christ glorifié produit une autre forme de prière, que nous pouvons appeler la prière de l’écoute. En effet, l’auteur joint directement son invitation à la contemplation à une exhortation à l’écoute, employant les paroles du psaume 95 : “ Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas vos cœurs ” (He 3,7-8 ; Ps 95,7-8). Ces paroles sont répétées à trois reprises pour marquer les trois subdivisions d’une longue exhortation.

La contemplation du chrétien n’est par conséquent pas destinée à demeurer passive : elle n’est pas une attitude de spectateurs, sans engagement. Bien plus, la contemplation de la gloire du Christ nous rend attentifs à un appel qui nous met en mouvement et produit la docilité active ; nous rend plus conscients de notre “ vocation céleste ” (He 3,1) ; nous invite à entrer dans le royaume de Dieu sans retard. La même relation contemplation-écoute est perçue dans l’épisode évangélique de la transfiguration : Pierre, Jacques et Jean eurent le privilège de contempler la gloire divine du Christ, mais ils furent invités à passer de la vision à l’écoute : “ Survint une nuée qui les prit sous son ombre, et de la nuée partit une voix : “Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; écoutez-le!” ” (Mc 9,7). L’auteur de l’épître adopte la même perspective.



Tiré de SME-Infonet http://www.webzinemaker.com/sme/, webzine publié par la Société des prêtres du Séminaire de Québec.

18/02/2008

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