Ingrid Betancourt remercie d’abord Dieu pour sa libération. A genoux sur le tarmac de la base militaire de Catam, le 2 juillet 2008.


LA FOI D`INGRID BETANCOURT
À son arrivée sur le tarmac de la base militaire colombienne de Catam, mercredi 2 juillet, vers 18 h, heure locale, Ingrid Betancourt a eu un geste significatif et silencieux, avant même d'avoir un micro pour parler : le signe de la croix.

Autre geste significatif : elle a d'abord voulu s'agenouiller pour prier, sa mère, Yolanda Pulecio, agenouillée à sa droite, et quelques autres personnes, dont des compagnons de captivité. L'aumônier militaire a guidé la prière : trois « Je vous salue Marie », le « Gloire au Père, au Fils, au Saint-Esprit ».
Cliquez ici pour entendre cette prière

La caméra colombienne a fait un gros plan sur le visage recueilli d'Ingrid Betancourt, les yeux fermés. Des images diffusées en direct dans le monde entier, dont, en France, « France 2 ».

Elle montrait à sa mère un rosaire enroulé autour de son poignet gauche. Et lorsque la conférence de presse allait commencer, elle a dit au micro qu'elle voulait d'abord remercier Dieu de sa libération en disant : « Il faut surtout que vous vous joignez à moi pour remercier Dieu d'être libre, parce que j'ai beaucoup prié (...) ».

Et puis, elle remercie l'armée colombienne, pour cette opération « impeccable », « parfaite ». Et puis elle insiste, après le récit de leur libération : « Dieu nous a fait ce miracle, ceci est un miracle ».

Je recommande mes enfants à Dieu

Dans la plaquette « Lettres à maman par-delà l'enfer » (Seuil janvier 2008) qui publie sa lettre de captivité du 24 octobre 2007, rédigée entre 8 h 34 et 15 h 34, elle écrit notamment : « Je recommande mes enfants à Dieu afin que la foi les accompagne toujours et qu'ils ne s'écartent jamais de lui ».

A sa mère, qui lui adresse des messages quotidiens grâce à la radio, elle écrit : « Tous les jours, je me lève en remerciant Dieu de t'avoir. Tous les jours, j'ouvre les yeux à 4 heures et je me prépare, afin d'être bien réveillée lorsque j'écouterai les messages de l'émission « La Carrilera de las 5 ».

Entendre ta voix, sentir ton amour, ta confiance, ton engagement à ne pas me laisser seule, c'est mon espoir quotidien . Tous les jours, je demande à Dieu de te bénir, de te protéger, et de me permettre de pouvoir un jour tout te rendre, te traiter commune reine à mes côtés, parce que je ne supporte pas l'idée d'être à nouveau séparée de toi ».

Elle dit aussi son espérance : « Je me nourris chaque jour de l'espoir d'être ensemble, et nous verrons comment Dieu nous montrera la voie, mais la première chose que je veux te dire, c'est que, sans toi, je n'aurais pas tenu jusque là ».

La prière pour Pinchao

Elle dit aussi sa prière pour « Pinchao », Jhon Frank Pionchao, un policier colombien, ancien otage des FARC pendant presque 9 ans, qui a réussi à s'évader en mai 2007 : il marchera 17 jours dans la jungle sans se faire reprendre. Il a passé trois de ses années de captivité avec Ingrid Betancourt.

« Dis-lui, écrit-elle à sa mère, combien je l'aime et que j'ai prié Dieu pour qu'il survive à son exploit ».
Aux stations de radio qu'elle réussit à capter, elle adresse ce message : « Que Dieu nous donne un jour la possibilité de nous embrasser et de leur rendre une partie de l'énergie que leur voix a inoculée dans nos cœurs, chaque jour de chaque mois de chaque année de cette terrible captivité ».

Et lorsque, sur la tarmac de Catam, un journaliste se présente comme de l'un de ces radios, « Caracol Radio », elle laisse le micro, s'avance vers lui, le serre longuement dans ses bras en guise de remerciement.

Dans cette même lettre, elle tient à envoyer « un salut fraternel à monseigneur Castro et au Père Echeverry ».

Elle souligne : « Ils se sont toujours battus pour nous. Ils ont toujours pris la parole quand le silence et l'oubli nous recouvraient plus que la jungle même ».

Une issue fatale était cependant envisagée comme une possibilité par Ingrid Betancourt, sans pour autant entamer sa foi dans la bonté de Dieu. Elle écrit, toujours à propos de ces deux prêtres : « Que Dieu les guide afin que très vite nous puissions parler de tout cela au passé. Et sinon, si Dieu en décide autrement, nous nous retrouverons au ciel et nous le remercierons pour son infinie miséricorde ».

Dans sa captivité, Ingrid Betancourt avait une Bible. Et, récemment, elle avait reçu ce dictionnaire qu'elle demandait pour ne pas se rouiller intellectuellement.

Mgr Castro et le P. Echeverri

Le Père Dario Echeverri (ou Echeverry) est avocat, spécialiste en Droit canonique, et prêtre Clarétin. Il est secrétaire national de la Commission de conciliation et membre de la Commission de paix de l'Eglise catholique et membre de la Commission de « facilitation » de ELN.

Il est reconnu par le gouvernement et par les FARC comme habilité à faciliter l'élaboration d'un accord humanitaire pour la libération des otages.

Mgr Luis Augusto Castro, évêque de Tunja, a joué un rôle clef dans la négociation avec les FARC.
Il est notamment l'auteur d'un livre intitulé « Réconciliation, individu et communauté en Colombie », qui offre une réflexion sur la réconciliation, à partir de l'expérience de la Colombie. Pour l'évêque, la vraie réconciliation commence lorsqu'une personne peut raconter la violence qu'elle a subie : la parole permet aux victimes de se reconstruire, pour arriver à la réconciliation. Cette réconciliation constitue, pour l'auteur, un évènement « libérateur » qui « vient finalement de Dieu », qui « rapproche ennemis et étrangers dans la mort du Christ ».

Une famille réunie

Ingrid Betancourt est franco-colombienne, et dans sa lettre, comme dans sa déclaration juste après sa libération, elle a remercié sa « douce France », où elle a passé une partie de sa vie et fait des études, rendant hommage à tous ceux qui l'ont soutenue.

« Je suis colombienne mais je suis française, mon coeur est partagé (...) Je vais très vite être avec vous, je rêve d'être en France », a-t-elle dit.

Betancourt ou Bethencourt ou Betancur, est un patronyme d'origine normande répandu en Amérique latine et Astrid Betancourt a déclaré qu'elles ont été éduquée dans l'amour de la France de leurs ancêtres.

A 15 h 25, ce 3 juillet, l'Airbus « République française » a amené à l'aéroport de Bogota les enfants d'Ingrid, Mélanie et Lorenzo Betancourt Delloye, leur père, Fabrice Delloye, et sa sœur Astrid Betancourt, et d'autres membres de sa famille. Ingrid Betancourt est montée à bord de l'avion pour des retrouvailles dans l'intimité. Elle sera demain à Paris : elle viendra par le même avion.

Le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, était dans l'avion : il est venu remercier les autorités colombiennes.

Anita S. Bourdin

Extraits d'un article paru dans zenit.org : Le monde vu de Rome, le 3 juillet 2008




Extraits du journal LaCroix

07/07/2008 19:02
Ingrid Betancourt se dit "transformée" par la prière


Dans un entretien à paraître jeudi 10 juillet dans l’hebdomadaire « Pèlerin », Ingrid Betancourt raconte son parcours de foi. Ingrid Betancourt prie, sur le tarmac de l'aéroport de Bogota, juste après sa libération, avec sa mère, mercredi 2 juillet (Photo Vergara/AP).Dimanche 6 juillet au soir, à l’issue de la messe de 22 heures au Sacré-Cœur de Montmartre, à Paris, l’hebdomadaire Pèlerin a longuement rencontré Ingrid Betancourt, l’ex-otage des Farc libérée mercredi dernier en Colombie.

« La dernière fois que j’ai vu mon père, à la veille de mon enlèvement, nous étions assis dans sa chambre, sous une image du Sacré-Cœur », se souvient-elle, racontant comment elle a ensuite, en écoutant Radio Catholica Mundial, découvert la spiritualité du Sacré-Cœur.

« Je me souviens d’une bénédiction en particulier, celle de Jésus promettant de toucher les cœurs durs qui nous font souffrir, confie-t-elle aux journalistes de Pèlerin. Alors, j’ai fait cette prière : “Mon Jésus, je ne t’ai jamais rien demandé parce que tu es tellement grand que j’ai honte de te solliciter. Mais là, je vais te demander quelque chose de très concret. Je ne sais pas ce que cela signifie exactement “se consacrer au Sacré-Cœur”, mais si tu m’annonces, au cours du mois de juin qui est ton mois, la date à laquelle je vais être libérée, je serai toute à toi.” »

Or, le 27 juin, le commandant du camp ordonnait aux prisonniers de préparer leurs affaires car l’un d’entre eux allait être libéré. « Ma libération s’est déroulée de manière très différente, reconnaît-elle, mais le fait est que Jésus a tenu parole : je vis un miracle. »

"Soit on se laisse enlaidir... Soit on choisit l’autre chemin"
Longuement, l’ancienne otage raconte son parcours de foi. « Si je n’avais pas eu le Seigneur à mes côtés, je ne pense pas que j’aurais réussi à grandir dans la douleur, explique-t-elle. Être otage vous place dans une situation de constante humiliation. Vous êtes victime de l’arbitraire complet, vous connaissez le plus vil de l’âme humaine. Face à cela, il y a deux chemins. Soit on se laisse enlaidir, on devient hargneux, vindicatif, on laisse son cœur se remplir de rancune. Soit on choisit l’autre chemin, celui que Jésus nous a montré. Il nous demande : “Bénis ton ennemi.” »

Un chemin qu’elle reconnaît « difficile ». « Pourtant, dès que je faisais l’exercice de prononcer “Bénis ton ennemi” – alors que j’avais envie de dire tout le contraire –, c’était magique, il y avait comme une espèce de… soulagement. » Et Ingrid Betancourt, qui dit avoir vécu « un dialogue constant avec Dieu, à travers l’Évangile », de conclure : « Je sens qu’il y a eu une transformation en moi. »

Bien sûr, elle reconnaît avoir eu des moments de doute. « La première année, c’est vrai, j’étais en lutte contre Dieu. Je lui en voulais terriblement de la mort de mon père, se souvient-elle. Et puis j’ai compris qu’il fallait le remercier, car jamais papa n’aurait pu supporter ces six années d’horreur. Alors, oui, je peux dire que ma foi a grandi. » C’est ainsi qu’elle a pu approfondir son regard sur Marie : « Papa avait une grande dévotion pour la Vierge, alors que moi, je dois dire qu’à l’époque, je trouvais Marie un petit peu… bébête. »

Mais elle a ensuite découvert « une Marie forte, une Marie intelligente, une Marie qui a de l’humour ». Une Marie, aussi, mère comme elle : « Je pensais à sa souffrance de mère, et je lui demandais sans cesse : “Marie, s’il te plaît, occupe-toi de maman et de mes enfants.” (…) Et en disant cela, je sentais qu’elle m’écoutait. Et je m’apaisais. »

"Par des actes, faire que les gens soient touchés"
Si elle a pu tenter de partager cette foi avec d’autres prisonniers, l’ancienne otage dit « avoir renoncé à leur parler de l’Évangile, sans doute parce que je ne savais pas le faire ». « Mais je continuais à prier tous les jours, précise-t-elle. Et ce qui est extraordinaire, c’est que plusieurs de mes compagnons m’ont dit plus tard qu’ils avaient retrouvé la foi grâce à moi. » Comme son ancien compagnon de captivité John Pinchao (2).

« Parler de Dieu, c’est très compliqué, conclut Ingrid Betancourt. Mais on peut, par l’exemple, par des actes, faire que les gens soient touchés. » C’est aussi pour cela qu’elle répond aujourd’hui aux nombreuses sollicitations qui se présentent à elle – elle sera ainsi cet après-midi au Sénat et pourrait se rendre demain à l’Assemblée nationale. « Je me sens tellement redevable, explique-t-elle encore. Je dois tellement à l’amour de tous d’être ici, que je n’arrive pas à dire non. »

Nicolas SENÈZE

(1) Il vient de raconter son histoire dans Évadé de l’enfer (Éd. Florent Massot, 333 p., 19,90 €).

___________________________________________________________________________

Commentaire tiré de la revue "Il est vivant" numéro 252


Ingrid Bétancourt, une foi à percer les écrans

par Claire Villemain [05/09/2008]

Il y a deux mois, Ingrid Betancourt recouvrait la liberté après plus de six ans de captivité aux mains des Farc, la tristement célèbre guerilla marxiste colombienne. Le témoignage que cette femme nous a offert méritait d’être évoqué ici.


Étonnant en effet, ce témoignage rendu devant les caméras du monde entier. Alors que l’on attendait une femme affaiblie, épuisée par sa longue captivité dans la jungle et une santé précaire, Ingrid Betancourt est apparue paisible. Fatiguée, mais paisible. Telle une “Vierge en gloire”, tant l’image de ferveur qu’elle renvoyait était saisissante. Image encore renforcorcée par le chapelet de fortune qui ne quittait pas son poignet. Le monde médiatique s’est laissé emporter par cette figure quasiment mystique, à l’instar de ce journaliste de France 2 qui, commentant en direct l’arrivée de Mme Betancourt sur le tarmac de la base militaire de Catam, laissait échapper : « C’est l’image d’une sainte ! »

Lorsqu’on s’intéresse d’un peu plus près à l’expérience spirituelle d’Ingrid Betancourt, on se rend compte que sa foi n’est pas que culturelle ou communicationnelle. Cette femme s’est laissé véritablement prendre par le Christ, par son Cœur.

Quelques jours avant son enlèvement, son père avait, devant elle, fait cette prière au Sacré-Cœur : « Seigneur, prenez soin de cette enfant. » Un moment dont Ingrid ne se souviendra que six ans plus tard, en écoutant au fond de la jungle sur Radio Catolica une émission consacrée au Sacré-Cœur de Jésus et aux promesses qu’il fit à sainte Marguerite-Marie Alacoque. Ingrid Betancourt décide alors de passer un ‘deal’ avec Jésus : « Si tu me donnes la date de ma libération pendant le mois de juin (mois du Sacré-Cœur), je serai à toi, je me consacrerai à toi. » C’est ce qui advient le 27 juin. Son acte de foi est couronné le 2 juillet par sa libération qu’elle qualifie de “miraculeuse”.

Ce témoignage est d’autant plus édifiant qu’il s’est concrétisé par un double pardon : celui donné à ses ravisseurs et celui demandé à Dieu pour ses propres accès de haine et de violence envers ses bourreaux. Elle déclarait à la presse : « La seule réponse à la violence, c’est une réponse d’amour. Ce que j’ai découvert, c’est qu’on peut être mené à haïr une personne de toutes ses forces et, en même temps, de trouver le soulagement de cette haine par l’amour. Parfois je voyais arriver un guérillo s’asseoir devant moi et j’étais capable de lui sourire. Je disais intérieurement : “Pour toi, Seigneur, je ne vais pas dire que je le déteste”. »

Celle qui, en janvier 2002, écrivait La rage au cœur, faisait déjà montre d’un caractère tenace, qui ne cède jamais ni ne baisse les bras. Maintenant libre, elle s’engage pour la libération des autres otages qu’on compte encore par centaines. Mais elle le fera sans doute autrement, comptant désormais plus sur Dieu et l’intercession de la Vierge Marie que sur sa propre force de conviction.


Tiré de SME-Infonet http://www.webzinemaker.com/sme/, webzine publié par la Société des prêtres du Séminaire de Québec.

03/07/2008

Actualité

Commentaires (0)

QUI SUIS-JE?
Mon site internet

DERNIÈRES HOMÉLIES
Vous y trouverez l'homélie du dimanche publiée le mardi qui précède. Bonne méditation!





Galerie
Fanal - Petit-Cap 034_5.jpg
site_sme_eudistes.jpg
site_sme_roberge_horizontal._170px.jpg
chapelle_gs_2010.jpg
sme_gravure_entree.jpg
pavillon_jean_olivier_briand_sme_cour.jpg

Album sur les édifices du Sémiaire de Québec avec diaporama