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RéflexionsDans un article intitulé "Les fonds souverains volent au secours des banques" le journal LE MONDE pose la question: est-on à la veille d'une large recomposition de l'actionnariat des banques mondiales ? On trouvera à la fin de cet article la liste des principaux fonds souverains qui existent actuellement.
Après le numéro un mondial Citigroup, écrit le journal, les britanniques Barclays et Standard Chartered, ou le bancassureur belgo-néerlandais Fortis, au cours des dernières semaines, l'Union des banques suisses (UBS), fleuron du capitalisme helvétique, a annoncé, lundi 10 décembre, l'arrivée à son capital d'un fonds souverain. Un fonds public émirati, Investment Corporation of Dubai, a, pour sa part, discuté cette semaine des perspectives de "coopération" avec la banque américaine d'investissement JP Morgan.
Ces fonds souverains viennent à la rescousse d'une industrie bancaire déstabilisée par la crise des subprimes, ces crédits immobiliers à risques américains qui ont déjà coûté 80 milliards de dollars aux banques (54,3 milliards d'euros). Ainsi, l'Agence d'investissement du gouvernement de Singapour (GIC) va investir 11 milliards de francs suisses (6,6 milliards d'euros) dans UBS, pour l'aider à faire à une crise financière susceptible de lui valoir, en 2007, les premières pertes de son histoire. Un "second investisseur stratégique du Moyen-Orient", dont l'identité n'est pas révélée, apportera aussi 1,2 milliard d'euros. Ces mises de fonds, réalisées sous la forme d'obligations convertibles en actions, permettront aux deux investisseurs d'acquérir entre 9 % et 12 % de la dixième banque mondiale. Et sont assorties de sièges au conseil d'administration. L'offensive des fonds des pays du Golfe, de Chine ou de Russie, qui touche toutes sortes d'actifs stratégiques dans les pays occidentaux (industrie, distribution...), témoigne de la puissance d'investissement de ces nouveaux acteurs de l'économie. Entre l'envolée des prix des matières premières, dont le pétrole, et les excédents commerciaux reflétant la croissance spectaculaire de leurs économies, ils sont gorgés d'argent qu'ils ne savent plus où investir. "Ils ont, plus que d'autres, la capacité de mobiliser des sommes colossales et de prendre des paris à long terme sur les entreprises", explique Nicolas Véron, économiste au centre Bruegel. Selon la Deutsche Bank, ces fonds étatiques géreraient plus de 3 000 milliards de dollars d'investissements, soit deux fois plus que l'industrie des fonds spéculatifs (hedge funds). Leur fortune pourrait atteindre 10 000 milliards de dollars dans dix ans. PRÉSENTS EN FRANCE "Ils redessinent les lignes de force d'une économie mondiale dont ils sont devenus les poches profondes", estime M. Véron. Pour l'économiste, l'intérêt croissant des fonds souverains pour la finance pourrait leur permettre de briser leur isolement et d'en finir avec l'ostracisme dont fait preuve à leur égard l'Occident. "C'est une porte d'entrée judicieuse dans le monde des affaires, dans l'establishment occidental", commente M. Véron. De fait, si les fonds souverains font peur, de plus en plus de voix s'élèvent pour réhabiliter leur action. " Ne faisons pas preuve de racisme en économie, s'insurge Olivier Pastré, professeur à Paris-VIII. Le retour de l'Etat n'est pas forcément un mal. Ces fonds n'ont pas encore montré qu'ils étaient néfastes. Au contraire, ils peuvent être utiles à un moment où les banques risquent de manquer de capitaux." Ces fonds souverains joueront-ils un rôle dans la gouvernance des banques ? Sans doute, de l'avis consensuel des économistes, pour qui ces investissements financiers prendront vite un caractère stratégique. "Que vaut-il mieux pour une banque : accueillir un fonds souverain à son capital, et engager un dialogue serein avec lui, ou se faire déstabiliser par un fonds spéculatif, pour finir vendue à la découpe ?", interroge M. Pastré, en rappelant l'affaire ABN Amro. Attaquée par un fonds qui contestait sa gestion, la banque néerlandaise fait actuellement l'objet d'une vente par appartements. La question du recours aux fonds souverains ne se pose pas en France, où les banques sont solidement capitalisées et, à ce jour, souffrent moins de la crise que leurs consoeurs américaines, britanniques et allemandes. Cependant, rapporte un banquier, les grandes banques françaises ont des fonds souverains parmi leurs actionnaires, à des niveaux inférieurs aux seuils de déclaration réglementaires. C'est le cas de BNP Paribas, dont seraient actionnaires, pour quelques pour cents, des fonds saoudiens, koweïtiens et des émirats. "Nous les voyons régulièrement et entretenons avec eux un vrai dialogue. Ils ont, comme les fonds de pension, une stratégie de long terme, qui nous convient", confirme un proche de la direction. Anne Michel -------------------------------------------------------------------------------- CHIFFRES N.B. Pour fins de comparaison au 31 décembre 2006, lactif net des déposants de la Caisse de dépot et placement du Québec était de 143,5 milliards de dollars, par rapport à 122,2 milliards de dollars en 2005, en hausse de 21,3 milliards de dollars. La Caisse de dépôt et placement du Québec a été créée en 1965 par une loi de lAssemblée nationale, pour gérer les fonds recueillis dans le cadre dun régime de retraite universel alors nouvellement créé : le Régime de rentes du Québec. Les principaux fonds d'investissements souverains, selon le classement établi par la Deutsche Bank en septembre : 1 - EMIRATS ARABES UNIS : Abu Dhabi Investment Authority (ADIA), 875 milliards de dollars (594 milliards de dollars d'euros), créé en 1976. 2 - SINGAPOUR : Government of Singapore Investment Corporation (GIC), 330 milliards de dollars, créé en 1981. 3 - NORVÈGE : Government Pension Fund Global (GPFG), 322 milliards de dollars, créé en 1990. 4 - ARABIE SAOUDITE : divers fonds, pour 300 milliards de dollars. 5 - KOWEIT : Kuwait Investment Authority (KIA), 250 milliards de dollars, créé en 1953. 6 - CHINE : China Investment Company Ltd (CIC), 200 milliards de dollars, créé en 2007. Article paru dans l'édition du 12.12.07 du journal LE MONDE Mis sur le site internet LE MONDE le 11.12.07 | 13h17 Mis à jour le 11.12.07 | 14h16 Tiré de SME-Infonet http://www.webzinemaker.com/sme/, webzine publié par la Société des prêtres du Séminaire de Québec. |
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