Voici son texte en format PDF Les divorcés-remariés et l’accès aux sacrements de Pénitence et d’Eucharistie Note 2 pour lire le premier texte cliquez ici
Pour donner un aperçu de la position de Mgr Gaudette, voici un extrait de sa conclusion : «Plutôt que de parler de scandale, je parlerais plutôt d’une exigence de réalisme. Le divorce est toujours un échec. Il est une atteinte à l’indissolubilité attachée à tout amour véritable, surtout lorsque les conjoints s’engagent officiellement face à la société et à l’Église. Mais il faut prendre en compte la faiblesse humaine qui ne résiste pas toujours aux sollicitations extérieures ou à la routine d’une vie commune sans échanges profonds. Oui, beaucoup de mariages indissolubles se sont dissous progressivement par manque d’attention des conjoints eux-mêmes ou ont éclaté en raison de crises soudaines. C’est que l’amour, condition et ciment de l’indissolubilité, n’a pas été suffisamment nourri et entretenu. L’Église doit pouvoir accompagner ceux et celles qui ont été brisés par cet échec de leur amour. Elle doit pouvoir éventuellement leur offrir le pardon du Seigneur, même s’ils se sont engagés dans une autre union, portés qu’ils sont maintenant par un amour qu’ils souhaitent authentique envers un autre partenaire.»
Et il continue : « Mais, pour éviter toute ambiguïté - et pour le bien même des personnes en cause - il conviendrait cependant, comme on l’a déjà suggéré plus haut, que l’accès au sacrement de Pénitence et d’Eucharistie se fasse au terme d’un temps officiel de pénitence ou mieux de discernement au cours duquel les divorcés remariés feraient le point sur leur situation et sur les appels qu’ils perçoivent de la part du Seigneur. Doivent-ils revenir à leur premier mariage? Se découvrent-ils appelés à vivre la continence totale dans la deuxième union, leur alliance conjugale devant alors être vécue comme alliance fraternelle? Doivent-ils vivre positivement leur vie de couple et construire ce nouvel amour qu’ils veulent indissoluble? Comme l’exprime très bien un théologien qui est en même temps père de famille, « n’y aurait-il pas dans l’effort de vivre la deuxième union dans la générosité, dans le respect et l’amour du conjoint, dans le souci des enfants tant de la première que de la deuxième union, n’y aurait-il pas là des signes de conversion susceptibles de conduire à la réception du sacrement ? » Il y aurait tout intérêt à ce que ce temps de discernement se termine par une célébration d’accueil dont il faudrait préciser les éléments. Le scandale, aujourd’hui, ce serait de ne pas offrir le pardon sacramentel et le corps du Christ à des personnes brisées par la rupture de leur mariage, engagées dans un amour qui se veut définitif et soucieuses de reconstruire leur vie à la suite du Christ.»
Pierre Gaudette
Faculté de théologie et de sciences religieuses
Université Laval, Québec
Membre de la Commission internationale de théologie de 1997 à 2008
Le 15 avril 2015
Pour donner un aperçu de la position de Mgr Gaudette, voici un extrait de sa conclusion : «Plutôt que de parler de scandale, je parlerais plutôt d’une exigence de réalisme. Le divorce est toujours un échec. Il est une atteinte à l’indissolubilité attachée à tout amour véritable, surtout lorsque les conjoints s’engagent officiellement face à la société et à l’Église. Mais il faut prendre en compte la faiblesse humaine qui ne résiste pas toujours aux sollicitations extérieures ou à la routine d’une vie commune sans échanges profonds. Oui, beaucoup de mariages indissolubles se sont dissous progressivement par manque d’attention des conjoints eux-mêmes ou ont éclaté en raison de crises soudaines. C’est que l’amour, condition et ciment de l’indissolubilité, n’a pas été suffisamment nourri et entretenu. L’Église doit pouvoir accompagner ceux et celles qui ont été brisés par cet échec de leur amour. Elle doit pouvoir éventuellement leur offrir le pardon du Seigneur, même s’ils se sont engagés dans une autre union, portés qu’ils sont maintenant par un amour qu’ils souhaitent authentique envers un autre partenaire.»
Et il continue : « Mais, pour éviter toute ambiguïté - et pour le bien même des personnes en cause - il conviendrait cependant, comme on l’a déjà suggéré plus haut, que l’accès au sacrement de Pénitence et d’Eucharistie se fasse au terme d’un temps officiel de pénitence ou mieux de discernement au cours duquel les divorcés remariés feraient le point sur leur situation et sur les appels qu’ils perçoivent de la part du Seigneur. Doivent-ils revenir à leur premier mariage? Se découvrent-ils appelés à vivre la continence totale dans la deuxième union, leur alliance conjugale devant alors être vécue comme alliance fraternelle? Doivent-ils vivre positivement leur vie de couple et construire ce nouvel amour qu’ils veulent indissoluble? Comme l’exprime très bien un théologien qui est en même temps père de famille, « n’y aurait-il pas dans l’effort de vivre la deuxième union dans la générosité, dans le respect et l’amour du conjoint, dans le souci des enfants tant de la première que de la deuxième union, n’y aurait-il pas là des signes de conversion susceptibles de conduire à la réception du sacrement ? » Il y aurait tout intérêt à ce que ce temps de discernement se termine par une célébration d’accueil dont il faudrait préciser les éléments. Le scandale, aujourd’hui, ce serait de ne pas offrir le pardon sacramentel et le corps du Christ à des personnes brisées par la rupture de leur mariage, engagées dans un amour qui se veut définitif et soucieuses de reconstruire leur vie à la suite du Christ.»
Pierre Gaudette
Faculté de théologie et de sciences religieuses
Université Laval, Québec
Membre de la Commission internationale de théologie de 1997 à 2008
Le 15 avril 2015