Mgr Pierre Gaudette reçu par le pape Benoît XVI
Vous trouverez ici le texte, légèrement remanié, d'un article paru dans la revue Pastorale-Québec Janvier-février 2013, pp 3 à 6 et Mars 2013, pp.8 à 11. Version PDF
Depuis la crise des accommodements raisonnables, la question de la laïcité de l’État ne cesse de rebondir à chaque détour du chemin. Il suffit, lors des dernières élections, de l’aparté d’une candidate sur le crucifix de l’Assemblée Nationale, de l’insistance d’un maire à dire une prière au début d’une séance de son conseil municipal, ou encore, d’un sondage d’opinion sur la viande halal pour que tout le Québec s’enflamme. Les uns revendiquent la mise en place d’une laïcité qui se veut ouverte et que l’on qualifie parfois de modérée, souple, pluraliste, ou encore de laïcité de reconnaissance ou même de collaboration. En réaction, d’autres brandissent l’étendard d’une laïcité pure et dure qui se présente comme la seule vraie et authentique laïcité. «La laïcité sera laïque ou elle ne sera pas» affirme l’un de ses protagonistes. Mais les premiers répliquent: cette laïcité est une laïcité que l’on peut qualifier de stricte, radicale, intégrale, rigide, d’une laïcité à la française. Comme on l’a vu lors de la dernière campagne électorale, le débat est loin d’être clos car le programme du parti gouvernemental prévoit la mise en place d’un vaste débat sur une éventuelle Charte de la laïcité.
Quelle est donc cette laïcité qui suscite tous ces débats et se dérobe constamment à notre emprise? Est-elle une ou multiple? As-t-elle plusieurs visages comme le laisse entendre un livre récent de Jean Baubérot et Micheline Milot intitulé Laïcités (avec un s) sans frontières?( Jean BEAUBÉROT et Micheline MILOT, Laïcités sans frontières, Éditions du Seuil, 2011) C’est ce que nous essaierons de voir.
Voici le plan de l'exposé que vous pouvez lire en fichier PDF en cliquant ici.
1- Une distinction fondamentale: pouvoir politique (État) et pouvoir religieux (Église)
2- Une première réponse: une laïcité...qui ne veut pas être qualifiée
3- Une laïcité ouverte...au phénomène religieux
4- Une religion....ouverte à la laïcité
5- Une laïcité à construire
* * *
C’est donc à une laïcité ouverte que nous aboutissons au terme de notre réflexion, une laïcité attentive à la liberté de conscience et de religion qu’il faut assurer aussi bien aux croyants qu’aux non-croyants. Elle apparaît comme un espace de liberté où peut s’épanouir un dialogue démocratique entre les différentes visions du monde, entre les diverses convictions religieuses et philosophiques. Benoît XVI le souligne dans son discours à Paris: «La dimension positive de la laïcité consiste alors précisément dans le fait qu’elle sait se situer [...] comme espace vigilant de liberté, permettant à tous, indépendamment de la foi qu’ils professent, d’oeuvrer pour le bien de la collectivité et de parvenir à la pleine humanisation» .
Mais cette laïcité n’est pas une réalité hors du temps. Elle est sans cesse à construire dans les méandres de l’histoire. C’est pour cela qu’elle est insaisissable. On ne peut la figer dans une figure toute faite à l’avance. Elle est tributaire de l’histoire qui la précède. Elle prend le visage de la culture dans laquelle elle se déploie, la couleur du pays qui l’adopte. Elle est le fruit d’un dialogue démocratique sans cesse à reprendre pour assurer à chacun sa part de liberté dans la fidélité à ses convictions profondes.
Pierre Gaudette
28 octobre 2012
Depuis la crise des accommodements raisonnables, la question de la laïcité de l’État ne cesse de rebondir à chaque détour du chemin. Il suffit, lors des dernières élections, de l’aparté d’une candidate sur le crucifix de l’Assemblée Nationale, de l’insistance d’un maire à dire une prière au début d’une séance de son conseil municipal, ou encore, d’un sondage d’opinion sur la viande halal pour que tout le Québec s’enflamme. Les uns revendiquent la mise en place d’une laïcité qui se veut ouverte et que l’on qualifie parfois de modérée, souple, pluraliste, ou encore de laïcité de reconnaissance ou même de collaboration. En réaction, d’autres brandissent l’étendard d’une laïcité pure et dure qui se présente comme la seule vraie et authentique laïcité. «La laïcité sera laïque ou elle ne sera pas» affirme l’un de ses protagonistes. Mais les premiers répliquent: cette laïcité est une laïcité que l’on peut qualifier de stricte, radicale, intégrale, rigide, d’une laïcité à la française. Comme on l’a vu lors de la dernière campagne électorale, le débat est loin d’être clos car le programme du parti gouvernemental prévoit la mise en place d’un vaste débat sur une éventuelle Charte de la laïcité.
Quelle est donc cette laïcité qui suscite tous ces débats et se dérobe constamment à notre emprise? Est-elle une ou multiple? As-t-elle plusieurs visages comme le laisse entendre un livre récent de Jean Baubérot et Micheline Milot intitulé Laïcités (avec un s) sans frontières?( Jean BEAUBÉROT et Micheline MILOT, Laïcités sans frontières, Éditions du Seuil, 2011) C’est ce que nous essaierons de voir.
Voici le plan de l'exposé que vous pouvez lire en fichier PDF en cliquant ici.
1- Une distinction fondamentale: pouvoir politique (État) et pouvoir religieux (Église)
2- Une première réponse: une laïcité...qui ne veut pas être qualifiée
3- Une laïcité ouverte...au phénomène religieux
4- Une religion....ouverte à la laïcité
5- Une laïcité à construire
* * *
C’est donc à une laïcité ouverte que nous aboutissons au terme de notre réflexion, une laïcité attentive à la liberté de conscience et de religion qu’il faut assurer aussi bien aux croyants qu’aux non-croyants. Elle apparaît comme un espace de liberté où peut s’épanouir un dialogue démocratique entre les différentes visions du monde, entre les diverses convictions religieuses et philosophiques. Benoît XVI le souligne dans son discours à Paris: «La dimension positive de la laïcité consiste alors précisément dans le fait qu’elle sait se situer [...] comme espace vigilant de liberté, permettant à tous, indépendamment de la foi qu’ils professent, d’oeuvrer pour le bien de la collectivité et de parvenir à la pleine humanisation» .
Mais cette laïcité n’est pas une réalité hors du temps. Elle est sans cesse à construire dans les méandres de l’histoire. C’est pour cela qu’elle est insaisissable. On ne peut la figer dans une figure toute faite à l’avance. Elle est tributaire de l’histoire qui la précède. Elle prend le visage de la culture dans laquelle elle se déploie, la couleur du pays qui l’adopte. Elle est le fruit d’un dialogue démocratique sans cesse à reprendre pour assurer à chacun sa part de liberté dans la fidélité à ses convictions profondes.
Pierre Gaudette
28 octobre 2012
La fontaine de Tourny en face du Parlement du Québec (Photo Dravard)