Vous avez sûrement remarqué que le récit de saint Matthieu, que je viens de proclamer, reprenait un passage de la première lecture, un texte du prophète Isaïe que nous avons entendu lors de la messe de la nuit de Noël. Le peuple qui habitait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière. Sur ceux qui habitaient dans le pays de l’ombre et de la mort, une lumière s’est levée.
Jésus vient d’apprendre que Jean Baptiste a été arrêté. On voit bien que la vie n’était pas facile pour ceux qui osaient prendre la parole en public et proclamer la vérité. On s’empressait de les faire taire. Pour un charpentier du modeste village de Nazareth, c’aurait pu être là une bonne raison pour rester chez lui bien tranquille et s’en tenir à son métier qui devait le bien faire vivre.
Mais Jésus, voyant qu’on avait emprisonné son cousin, qu’il aimait et admirait, prend la décision de quitter le village sans problème de Nazareth, pour aller s’établir à Capharnaüm. Pourquoi à Capharnaüm ? Comme le récit le dit bien, Jésus veut être là où il y a du monde, là où ça bouge, là où il y a de la vie, dans la périphérie, comme dit le pape François. Capharnaüm, ville très active, se trouve en effet à être située sur une route importante sur laquelle circulent de nombreuses caravanes et où se retrouvent des gens de diverses nations et races. On va jusqu’à appeler cette ville, le carrefour des païens.
On voit que Jésus veut pouvoir annoncer l’Évangile, la Bonne Nouvelle, à toutes sortes de gens. Dans l’évangile de dimanche dernier, qui nous racontait son baptême par Jean, Jésus était présenté comme celui qui venait pour le salut du monde. Il se rend donc là où des pécheurs, quels qu’ils soient, ont à découvrir le chemin du salut. À tous ces gens il dit : Convertissez-vous !, l’appel que Jean-Baptiste faisait entendre à tous ceux et celles qui venaient se faire baptiser.
Et nous alors ? Allons-nous demeurer frileusement entre nous, dans nos petites assemblées de catholiques pratiquants ? Ou bien, allons-nous être de vrais disciples de Jésus et devenir suffisamment audacieux pour prendre la parole aux carrefours des païens de notre temps ? Plus que jamais le monde de chez nous a besoin d’entendre le message de l’Évangile et qui d’autres que nous peuvent le lui faire entendre.
Il est sûr que cela n’est pas facile, car tout comme Jésus, tout comme les apôtres et les premiers chrétiens, nous nous retrouvons dans un monde païen qui ressemble beaucoup à celui de Capharnaüm. Elle est terminée la chrétienté, cette société dont on pouvait dire qu’elle était chrétienne, cette société où tous étaient identifiés comme chrétiens et devaient se comporter en conséquence. Il n’existe plus ce Québec chrétien que nous avons connu, il est du passé ce temps où presque tous, toutes étaient présents à la messe du dimanche.
L’Église a perdu ce pouvoir qu’elle avait depuis fort longtemps, soit depuis le 4e siècle, lorsque les empereurs Constantin puis Théodose en ont fait la religion de l’état. Une société laïque, c’est un phénomène très récent. Ce temps où la société était chrétienne, nous l’avons connu, mais nous devons bien constater qu’il n’en est plus ainsi, que ce temps-là est terminé et qu’il ne reviendra pas. Peut-être qu’il est mieux qu’il en soit ainsi parce que la situation actuelle nous contraint à revenir à l’essentiel, à prendre conscience qu’être chrétien, c’est d’abord être disciple de Jésus.
Disciples de Jésus, on ne peut dire cela sans penser à l’Évangile. Jésus a commencé sa mission en appelant des hommes à venir l’aider, du monde bien ordinaire, des pêcheurs. Et tout de suite après eux, des femmes vont aussi se mettre à sa suite. Tous les évangiles nous parlent de ces disciples qui ont formé les premières communautés chrétiennes.
Quand Jésus va quitter ses apôtres le jour de l’Ascension, il ne leur dira pas de faire des chrétiens, ce mot-là n’existait pas, il va leur dire : Allez, partout faites des disciples. D’ailleurs le mot « chrétiens » veut dire disciples du Christ. On parle beaucoup actuellement de nouvelle évangélisation, cela veut dire réentendre l’appel du Seigneur à faire des disciples.
On a parlé, cette semaine, de l’unité du peuple chrétien, de l’unité des Églises. En ce qui concerne l’essentiel de la foi, de grands pas ont été faits et les rapprochements sont réels à ce niveau. Le chemin qui reste à faire, c’est celui de se reconnaître tous disciples du même Maître, Jésus, et de se mettre à la même école, celle de la Parole de Dieu, de l’Évangile. Cela signifie qu’au-delà des différences historiques, culturelles, linguistiques, liturgiques, les chrétiens, catholiques, orthodoxes, anglicans, protestants se retrouvent unis dans la même mission, celle que Jésus leur a confiée.
Dans le récit évangélique de ce dimanche, nous est rappelé encore une fois cet appel du Seigneur : Convertissez-vous ! C’est dans le cœur de chaque personne, dans notre cœur à chacun, chacune de nous que cela doit d’abord se réaliser. Pour que le règne de Dieu vienne, que sa volonté se fasse, il faut d’abord que nous, disciples du Seigneur, soyons les premiers à nous convertir.
Une conversion nous est demandée actuellement : ne pas regretter le régime de chrétienté que nous avons connu, ne pas rêver à son retour, aimer le monde dans lequel nous vivons, et nous engager ensemble dans l’évangélisation du monde qui est le nôtre. Nous nous réjouissons du Pape que Dieu vient de donner à notre Église, remarquons qu’il ne cesse pas de nous le tout premier appel de Jésus, cet appel qu’il est allé faire entendre tout d’abord dans cette ville des païens qu’était Capharnaüm, et c’est dans cette qu’il s’est établi avec ses premiers disciples.
Le pape François a donné comme titre à sa première lettre adressée au catholique La joie de l’Évangile. Notre vie quotidienne dit-elle que nous sommes heureux d’être chrétiennes, chrétiens, disciples du Christ ? Ne serait-ce pas d’abord par ce témoignage qu’il nous est possible de collaborer à la mission du Christ ?
Chanoine Marc Bouchard
Séminaire de Québec
Jésus vient d’apprendre que Jean Baptiste a été arrêté. On voit bien que la vie n’était pas facile pour ceux qui osaient prendre la parole en public et proclamer la vérité. On s’empressait de les faire taire. Pour un charpentier du modeste village de Nazareth, c’aurait pu être là une bonne raison pour rester chez lui bien tranquille et s’en tenir à son métier qui devait le bien faire vivre.
Mais Jésus, voyant qu’on avait emprisonné son cousin, qu’il aimait et admirait, prend la décision de quitter le village sans problème de Nazareth, pour aller s’établir à Capharnaüm. Pourquoi à Capharnaüm ? Comme le récit le dit bien, Jésus veut être là où il y a du monde, là où ça bouge, là où il y a de la vie, dans la périphérie, comme dit le pape François. Capharnaüm, ville très active, se trouve en effet à être située sur une route importante sur laquelle circulent de nombreuses caravanes et où se retrouvent des gens de diverses nations et races. On va jusqu’à appeler cette ville, le carrefour des païens.
On voit que Jésus veut pouvoir annoncer l’Évangile, la Bonne Nouvelle, à toutes sortes de gens. Dans l’évangile de dimanche dernier, qui nous racontait son baptême par Jean, Jésus était présenté comme celui qui venait pour le salut du monde. Il se rend donc là où des pécheurs, quels qu’ils soient, ont à découvrir le chemin du salut. À tous ces gens il dit : Convertissez-vous !, l’appel que Jean-Baptiste faisait entendre à tous ceux et celles qui venaient se faire baptiser.
Et nous alors ? Allons-nous demeurer frileusement entre nous, dans nos petites assemblées de catholiques pratiquants ? Ou bien, allons-nous être de vrais disciples de Jésus et devenir suffisamment audacieux pour prendre la parole aux carrefours des païens de notre temps ? Plus que jamais le monde de chez nous a besoin d’entendre le message de l’Évangile et qui d’autres que nous peuvent le lui faire entendre.
Il est sûr que cela n’est pas facile, car tout comme Jésus, tout comme les apôtres et les premiers chrétiens, nous nous retrouvons dans un monde païen qui ressemble beaucoup à celui de Capharnaüm. Elle est terminée la chrétienté, cette société dont on pouvait dire qu’elle était chrétienne, cette société où tous étaient identifiés comme chrétiens et devaient se comporter en conséquence. Il n’existe plus ce Québec chrétien que nous avons connu, il est du passé ce temps où presque tous, toutes étaient présents à la messe du dimanche.
L’Église a perdu ce pouvoir qu’elle avait depuis fort longtemps, soit depuis le 4e siècle, lorsque les empereurs Constantin puis Théodose en ont fait la religion de l’état. Une société laïque, c’est un phénomène très récent. Ce temps où la société était chrétienne, nous l’avons connu, mais nous devons bien constater qu’il n’en est plus ainsi, que ce temps-là est terminé et qu’il ne reviendra pas. Peut-être qu’il est mieux qu’il en soit ainsi parce que la situation actuelle nous contraint à revenir à l’essentiel, à prendre conscience qu’être chrétien, c’est d’abord être disciple de Jésus.
Disciples de Jésus, on ne peut dire cela sans penser à l’Évangile. Jésus a commencé sa mission en appelant des hommes à venir l’aider, du monde bien ordinaire, des pêcheurs. Et tout de suite après eux, des femmes vont aussi se mettre à sa suite. Tous les évangiles nous parlent de ces disciples qui ont formé les premières communautés chrétiennes.
Quand Jésus va quitter ses apôtres le jour de l’Ascension, il ne leur dira pas de faire des chrétiens, ce mot-là n’existait pas, il va leur dire : Allez, partout faites des disciples. D’ailleurs le mot « chrétiens » veut dire disciples du Christ. On parle beaucoup actuellement de nouvelle évangélisation, cela veut dire réentendre l’appel du Seigneur à faire des disciples.
On a parlé, cette semaine, de l’unité du peuple chrétien, de l’unité des Églises. En ce qui concerne l’essentiel de la foi, de grands pas ont été faits et les rapprochements sont réels à ce niveau. Le chemin qui reste à faire, c’est celui de se reconnaître tous disciples du même Maître, Jésus, et de se mettre à la même école, celle de la Parole de Dieu, de l’Évangile. Cela signifie qu’au-delà des différences historiques, culturelles, linguistiques, liturgiques, les chrétiens, catholiques, orthodoxes, anglicans, protestants se retrouvent unis dans la même mission, celle que Jésus leur a confiée.
Dans le récit évangélique de ce dimanche, nous est rappelé encore une fois cet appel du Seigneur : Convertissez-vous ! C’est dans le cœur de chaque personne, dans notre cœur à chacun, chacune de nous que cela doit d’abord se réaliser. Pour que le règne de Dieu vienne, que sa volonté se fasse, il faut d’abord que nous, disciples du Seigneur, soyons les premiers à nous convertir.
Une conversion nous est demandée actuellement : ne pas regretter le régime de chrétienté que nous avons connu, ne pas rêver à son retour, aimer le monde dans lequel nous vivons, et nous engager ensemble dans l’évangélisation du monde qui est le nôtre. Nous nous réjouissons du Pape que Dieu vient de donner à notre Église, remarquons qu’il ne cesse pas de nous le tout premier appel de Jésus, cet appel qu’il est allé faire entendre tout d’abord dans cette ville des païens qu’était Capharnaüm, et c’est dans cette qu’il s’est établi avec ses premiers disciples.
Le pape François a donné comme titre à sa première lettre adressée au catholique La joie de l’Évangile. Notre vie quotidienne dit-elle que nous sommes heureux d’être chrétiennes, chrétiens, disciples du Christ ? Ne serait-ce pas d’abord par ce témoignage qu’il nous est possible de collaborer à la mission du Christ ?
Chanoine Marc Bouchard
Séminaire de Québec