Le pape reçevra 4 000 personnes pour la première Journée mondiale des pauvres (Crédits photo : Journal La Croix)
Je me contenterai de commenter le sens de la fête de la Dédicace des basiliques saint Pierre et saint Paul sans commenter directement les textes des lectures. Ce ne sera donc pas une véritable homélie que je vous proposerai, mais un commentaire spirituel inspiré par cette mémoire.
I – Un cas éclairant
Permettez-moi de commencer par un épisode de la vie de saint Augustin juste avant sa conversion que je viens de lire dans ses Confessions. Il y a une phrase qui m’a frappée et qui s’applique très bien, selon moi, à la célébration de la Dédicace de ces deux églises de pierre construites par l'empereur Constantin que saint Augustin a connues.
Saint Augustin raconte que, dans son cheminement immédiat avant de demander le baptême, il a été accompagné par un chrétien laïc du nom de Simplicianus déjà rendu à un âge vénérable, un chrétien qui avait accompagné de nombreux convertis dont le plus célèbre était saint Ambroise, évêque de Milan, où demeurait Augustin à ce moment-là.
Simplicianus, au cours de ses rencontres avec Augustin, lui a parlé d’un autre converti, personnage reconnu pour sa sagesse à Rome dans le monde politique et dans la vie sociale qui s’appelait Victorinus. Conférencier très écouté, il s’est, petit à petit, ouvert au message de l’Évangile de Jésus. Il est devenu chrétien en secret, mais il ne se sentait pas poussé à le dire à l’extérieur de son petit cercle d’amis. Ceux-ci le priaient de rendre public son choix, de se faire baptiser et de faire la profession de foi catholique. « Je suis chrétien, leur répondait-il qu’est-ce que les pierres pourraient ajouter à cela? » « À dire vrai, écrit saint Augustin, il redoutait de désappointer ses amis ».
Victorinus comprend finalement que sa présence à l’église, son baptême et sa profession de foi ne sont pas des réalités secondaires. Elles sont partie prenantes de la foi en Jésus. Car celle-ci ne peut se limiter à un sentiment et à une conviction intérieurs. Elle ne peut demeurer invisible, elle doit se faire visible, se montrer et se faire voir.
II – Des signes de la foi
Les édifices construits par Constantin comme d’ailleurs nos merveilleuses églises au Québec ont joué le même rôle. Aujourd’hui, elles font partie d’un patrimoine mondial dans le cas de saint Pierre de Rome et de saint Paul-hors-les-murs ou d’un patrimoine national comme nos églises québécoises. Nous piochons sur les meilleures façons de conserver et d’entretenir ces édifices de chez nous. C’est une tâche importante, mais elle pourrait s’avérer vaine si nous nous limitons aux pierres.
En effet, comme Victorinus nous avons à rendre visible notre foi et les gestes extérieurs sont là pour ce faire. Si nous laissons plusieurs de nos édifices religieux à un sort muséal, cela ne veut pas dire que les communautés chrétiennes laissent leurs signes d’appartenance au musée. La proclamation extérieure de notre foi dans des signes, des objets, des rites qui nous rassemblent demeurera toujours nécessaire. Vous me direz que vous n’en avez pas besoin comme le faisait Victorinus. Je vous réponds, comme l’écrit saint Augustin, qu’une foi qui se contente de l’intériorité peut être une foi riche mais incomplète.
Jésus nous a invités à proclamer notre foi sur les toits. Ce qui n’est pas à prendre au pied de la lettre, mais à méditer en profondeur pour inventer les façons adaptées à notre culture pour le faire dans la modernité que nous vivons.
III- Les nouvelles basiliques d’aujourd’hui
Nos nouvelles basiliques seront les malades, les aveugles, les personnes marginalisées etc. Je suis là nous dit Jésus en saint Mathieu : « Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi ! » (Mathieu 25, 35-36)
Demain c’est Journée pour les pauvres fixée par le pape François dans « Miséricorde et Misera » au 33ème Dimanche du Temps Ordinaire, et qui est donc célébrée cette année le 19 novembre 2017.
Dans son message pour cette journée, le pape conseille de la prolonger durant toute la semaine pour nous préparer à la fête du Christ-Roi : « Je souhaite que les communautés chrétiennes, au cours de la semaine qui précède la Journée Mondiale des Pauvres, qui cette année sera le 19 novembre, 33ème dimanche du Temps Ordinaire, œuvrent pour créer de nombreux moments de rencontre et d’amitié, de solidarité et d’aide concrète. Ils pourront, ensuite, inviter les pauvres et les volontaires à participer ensemble à l’Eucharistie de ce dimanche, en sorte que la célébration de la Solennité de Notre Seigneur Jésus Christ Roi de l’univers se révèle encore plus authentique, le dimanche suivant. La royauté du Christ, en effet, émerge dans toute sa signification précisément sur le Golgotha, lorsque l’Innocent cloué sur la croix, pauvre, nu et privé de tout, incarne et révèle la plénitude de l’amour de Dieu. Son abandon complet au Père, tandis qu’il exprime sa pauvreté totale, rend évident la puissance de cet Amour, qui le ressuscite à une vie nouvelle le jour de Pâques. »
Conclusion
Pour la première Journée mondiale des pauvres 4 000 personnes démunies participeront à la messe avec le pape François et 1500 partageront le déjeuner du pape. Un « Centre de soins solidaire » a été également ouvert du lundi 13 au dimanche 19 novembre, sur la Place Pie XII en face de la basilique saint Pierre de Rome Voilà la nouvelle basilique saint Pierre.
Cet événement a été voulu par le pape François, en conclusion du Jubilé de la miséricorde, « afin que toute la communauté chrétienne soit appelée à tendre la main aux pauvres, aux faibles, aux hommes et aux femmes dont la dignité est bafouée » car ils sont le Christ parmi nous et les nouvelle basiliques des temps modernes.
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec
18 novembre 2017
I – Un cas éclairant
Permettez-moi de commencer par un épisode de la vie de saint Augustin juste avant sa conversion que je viens de lire dans ses Confessions. Il y a une phrase qui m’a frappée et qui s’applique très bien, selon moi, à la célébration de la Dédicace de ces deux églises de pierre construites par l'empereur Constantin que saint Augustin a connues.
Saint Augustin raconte que, dans son cheminement immédiat avant de demander le baptême, il a été accompagné par un chrétien laïc du nom de Simplicianus déjà rendu à un âge vénérable, un chrétien qui avait accompagné de nombreux convertis dont le plus célèbre était saint Ambroise, évêque de Milan, où demeurait Augustin à ce moment-là.
Simplicianus, au cours de ses rencontres avec Augustin, lui a parlé d’un autre converti, personnage reconnu pour sa sagesse à Rome dans le monde politique et dans la vie sociale qui s’appelait Victorinus. Conférencier très écouté, il s’est, petit à petit, ouvert au message de l’Évangile de Jésus. Il est devenu chrétien en secret, mais il ne se sentait pas poussé à le dire à l’extérieur de son petit cercle d’amis. Ceux-ci le priaient de rendre public son choix, de se faire baptiser et de faire la profession de foi catholique. « Je suis chrétien, leur répondait-il qu’est-ce que les pierres pourraient ajouter à cela? » « À dire vrai, écrit saint Augustin, il redoutait de désappointer ses amis ».
Victorinus comprend finalement que sa présence à l’église, son baptême et sa profession de foi ne sont pas des réalités secondaires. Elles sont partie prenantes de la foi en Jésus. Car celle-ci ne peut se limiter à un sentiment et à une conviction intérieurs. Elle ne peut demeurer invisible, elle doit se faire visible, se montrer et se faire voir.
II – Des signes de la foi
Les édifices construits par Constantin comme d’ailleurs nos merveilleuses églises au Québec ont joué le même rôle. Aujourd’hui, elles font partie d’un patrimoine mondial dans le cas de saint Pierre de Rome et de saint Paul-hors-les-murs ou d’un patrimoine national comme nos églises québécoises. Nous piochons sur les meilleures façons de conserver et d’entretenir ces édifices de chez nous. C’est une tâche importante, mais elle pourrait s’avérer vaine si nous nous limitons aux pierres.
En effet, comme Victorinus nous avons à rendre visible notre foi et les gestes extérieurs sont là pour ce faire. Si nous laissons plusieurs de nos édifices religieux à un sort muséal, cela ne veut pas dire que les communautés chrétiennes laissent leurs signes d’appartenance au musée. La proclamation extérieure de notre foi dans des signes, des objets, des rites qui nous rassemblent demeurera toujours nécessaire. Vous me direz que vous n’en avez pas besoin comme le faisait Victorinus. Je vous réponds, comme l’écrit saint Augustin, qu’une foi qui se contente de l’intériorité peut être une foi riche mais incomplète.
Jésus nous a invités à proclamer notre foi sur les toits. Ce qui n’est pas à prendre au pied de la lettre, mais à méditer en profondeur pour inventer les façons adaptées à notre culture pour le faire dans la modernité que nous vivons.
III- Les nouvelles basiliques d’aujourd’hui
Nos nouvelles basiliques seront les malades, les aveugles, les personnes marginalisées etc. Je suis là nous dit Jésus en saint Mathieu : « Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi ! » (Mathieu 25, 35-36)
Demain c’est Journée pour les pauvres fixée par le pape François dans « Miséricorde et Misera » au 33ème Dimanche du Temps Ordinaire, et qui est donc célébrée cette année le 19 novembre 2017.
Dans son message pour cette journée, le pape conseille de la prolonger durant toute la semaine pour nous préparer à la fête du Christ-Roi : « Je souhaite que les communautés chrétiennes, au cours de la semaine qui précède la Journée Mondiale des Pauvres, qui cette année sera le 19 novembre, 33ème dimanche du Temps Ordinaire, œuvrent pour créer de nombreux moments de rencontre et d’amitié, de solidarité et d’aide concrète. Ils pourront, ensuite, inviter les pauvres et les volontaires à participer ensemble à l’Eucharistie de ce dimanche, en sorte que la célébration de la Solennité de Notre Seigneur Jésus Christ Roi de l’univers se révèle encore plus authentique, le dimanche suivant. La royauté du Christ, en effet, émerge dans toute sa signification précisément sur le Golgotha, lorsque l’Innocent cloué sur la croix, pauvre, nu et privé de tout, incarne et révèle la plénitude de l’amour de Dieu. Son abandon complet au Père, tandis qu’il exprime sa pauvreté totale, rend évident la puissance de cet Amour, qui le ressuscite à une vie nouvelle le jour de Pâques. »
Conclusion
Pour la première Journée mondiale des pauvres 4 000 personnes démunies participeront à la messe avec le pape François et 1500 partageront le déjeuner du pape. Un « Centre de soins solidaire » a été également ouvert du lundi 13 au dimanche 19 novembre, sur la Place Pie XII en face de la basilique saint Pierre de Rome Voilà la nouvelle basilique saint Pierre.
Cet événement a été voulu par le pape François, en conclusion du Jubilé de la miséricorde, « afin que toute la communauté chrétienne soit appelée à tendre la main aux pauvres, aux faibles, aux hommes et aux femmes dont la dignité est bafouée » car ils sont le Christ parmi nous et les nouvelle basiliques des temps modernes.
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec
18 novembre 2017