Une fleur dans le désert au Wadi Qelt au pied du Monastère St-Georges en Israël (Photo H. Giguère)
Quand j’étais plus jeune la mort était une idée, parfois un sujet de réflexion. En d'autres mots, c'était une question philosophique. Mais depuis que j’ai eu à m’occuper d’accompagner des gens en fin de vie et que je suis rendu à un âge certain, la mort est devenu un événement, un événement imprévu parfois, un événement attendu, mais un événement incontournable.
I- Le dépouillement serein devant la mort
Un grand théologien (le jésuite Karl Rahner) comparaît cet événement à une ascèse, un dépouillement nécessaire qui attend tout le monde un jour. Et aujourd’hui, je vois plein de gens autour de moi qui, à cause de leur grand âge, attendent cet événement, certains avec crainte, d’autres dans la paix et la confiance.
Je pense que le défunt entrait dans la seconde catégorie. Rendu à 89 ans, il me disait lors de notre dernière rencontre, qu’il était prêt à partir. C’est ce qui est arrivé. Il est disparu paisiblement durant son sommeil.
Diminué dans sa santé depuis plusieurs années, il s’ajustait à la situation. Il a vécu ses dernières années dans une forme d’abandon remarquable malgré les difficultés rencontrées.
La vie du défunt vous est connue. La famille était importante pour lui. Une fois marié ce fut son point d’attache continuel. Il était prêt à tout donner pour sa famille. Jusqu’à la fin il a continué ses travaux à la maison. L’été dernier encore c’est lui qui tondait son gazon.
II- Une demeure de famille
Aujourd’hui, il a trouvé une autre famille, une autre demeure. C’est saint Paul qui écrit aux premiers chrétiens « Nous le savons, en effet, le corps, qui est notre demeure sur la terre, doit être détruit, mais Dieu construit pour nous dans les cieux une demeure éternelle qui n’est pas l’œuvre des hommes » (2 Corinthiens 5,1)
Le défunt a vu le Seigneur venir à lui pour toujours. Sa demeure n’est plus faite de main d’homme, n’est plus celle qu’il a construite de ses mains, elle est une demeure nouvelle, une demeure éternelle. Cette demeure fait partie d’une grande maison : « La maison de mon Père peut être la demeure de beaucoup de monde », nous dit Jésus dans le texte de l’évangile de saint Jean qui vient d’être proclamé.
Le chrétien est entré par le baptême dans une famille dont il fait partie pour le temps et l’éternité : « Là où je suis, vous y serez aussi ». Une famille où il a sa place, qui qu’il soit car Dieu l’aime tel qu’il est. Il pose sur lui un regard miséricordieux et bienveillant. Il dit à chacun et à chacune de nous « Tu as du prix à mes yeux et je t'aime ».
III- Un amour sans limites
Le regard de Dieu sur nous est un regard d’amour, d’un amour sans limites. La première lecture tirée de la lettre de l’apôtre Jean nous explique que cet amour de Dieu répandu dans nos cœurs s’exprime en nous tournant vers les autres. C’est lorsque nous aimons que nous passons de la mort à la vie.
Jésus nous en a donné l’exemple. Il a tout donné. Il a offert toute sa vie pour notre salut. « Il n’y a pas de plus amour que de donner sa vie pour ses amis ». C’est ce qu’a fait Jésus. « Voici ce à quoi nous avons reconnu l’amour, lui, Jésus, a donné sa vie pour nous. » écrit saint Jean. Ainsi, Jésus est devenu celui qui nous rend capables de vivre en plénitude en laissant le plus d’espace possible à l’amour dans nos vies. La vie c’est l’amour : aimer c’est vivre et refuser d’aimer, c’est mourir.
N’est-ce pas, mes frères et sœurs, un chemin qui doit nous inspirer nous aussi dans notre vie? N’est-ce pas un message dont a besoin notre société, si dure et si égoïste parfois? Oui! Comme le dit saint Jean : « Mes enfants, nous devons aimer : non pas avec des paroles et des discours, mais par des actes et en vérité…et devant Dieu nous aurons le cœur en paix. » L’amour est au-dessus de tout et il ne mourra jamais.
Conclusion
Mes frères et sœurs, retenons ceci : Dieu par le baptême nous a ouvert les portes d’une demeure que l’œil ne peut voir et que l’esprit ne peut imaginer, une demeure où celui qui nous attend, le Seigneur Jésus, nous dit : « Venez les bénis de mon Père et assoyez-vous à ma table pour le banquet éternel ».
Notre messe est l’image de ce banquet éternel. Déjà nous vivons en ce moment, en nous unissant au Christ et en nous unissant les uns aux autres, un amour et une communion qui ne passent pas et qui sont comme les commencements de cette vie bienheureuse qui nous attend et que je vous souhaite à toutes et à tous. Amen!
Mgr Hermann Giguère, P.H.
Séminaire de Québec
26 octobre 2013
I- Le dépouillement serein devant la mort
Un grand théologien (le jésuite Karl Rahner) comparaît cet événement à une ascèse, un dépouillement nécessaire qui attend tout le monde un jour. Et aujourd’hui, je vois plein de gens autour de moi qui, à cause de leur grand âge, attendent cet événement, certains avec crainte, d’autres dans la paix et la confiance.
Je pense que le défunt entrait dans la seconde catégorie. Rendu à 89 ans, il me disait lors de notre dernière rencontre, qu’il était prêt à partir. C’est ce qui est arrivé. Il est disparu paisiblement durant son sommeil.
Diminué dans sa santé depuis plusieurs années, il s’ajustait à la situation. Il a vécu ses dernières années dans une forme d’abandon remarquable malgré les difficultés rencontrées.
La vie du défunt vous est connue. La famille était importante pour lui. Une fois marié ce fut son point d’attache continuel. Il était prêt à tout donner pour sa famille. Jusqu’à la fin il a continué ses travaux à la maison. L’été dernier encore c’est lui qui tondait son gazon.
II- Une demeure de famille
Aujourd’hui, il a trouvé une autre famille, une autre demeure. C’est saint Paul qui écrit aux premiers chrétiens « Nous le savons, en effet, le corps, qui est notre demeure sur la terre, doit être détruit, mais Dieu construit pour nous dans les cieux une demeure éternelle qui n’est pas l’œuvre des hommes » (2 Corinthiens 5,1)
Le défunt a vu le Seigneur venir à lui pour toujours. Sa demeure n’est plus faite de main d’homme, n’est plus celle qu’il a construite de ses mains, elle est une demeure nouvelle, une demeure éternelle. Cette demeure fait partie d’une grande maison : « La maison de mon Père peut être la demeure de beaucoup de monde », nous dit Jésus dans le texte de l’évangile de saint Jean qui vient d’être proclamé.
Le chrétien est entré par le baptême dans une famille dont il fait partie pour le temps et l’éternité : « Là où je suis, vous y serez aussi ». Une famille où il a sa place, qui qu’il soit car Dieu l’aime tel qu’il est. Il pose sur lui un regard miséricordieux et bienveillant. Il dit à chacun et à chacune de nous « Tu as du prix à mes yeux et je t'aime ».
III- Un amour sans limites
Le regard de Dieu sur nous est un regard d’amour, d’un amour sans limites. La première lecture tirée de la lettre de l’apôtre Jean nous explique que cet amour de Dieu répandu dans nos cœurs s’exprime en nous tournant vers les autres. C’est lorsque nous aimons que nous passons de la mort à la vie.
Jésus nous en a donné l’exemple. Il a tout donné. Il a offert toute sa vie pour notre salut. « Il n’y a pas de plus amour que de donner sa vie pour ses amis ». C’est ce qu’a fait Jésus. « Voici ce à quoi nous avons reconnu l’amour, lui, Jésus, a donné sa vie pour nous. » écrit saint Jean. Ainsi, Jésus est devenu celui qui nous rend capables de vivre en plénitude en laissant le plus d’espace possible à l’amour dans nos vies. La vie c’est l’amour : aimer c’est vivre et refuser d’aimer, c’est mourir.
N’est-ce pas, mes frères et sœurs, un chemin qui doit nous inspirer nous aussi dans notre vie? N’est-ce pas un message dont a besoin notre société, si dure et si égoïste parfois? Oui! Comme le dit saint Jean : « Mes enfants, nous devons aimer : non pas avec des paroles et des discours, mais par des actes et en vérité…et devant Dieu nous aurons le cœur en paix. » L’amour est au-dessus de tout et il ne mourra jamais.
Conclusion
Mes frères et sœurs, retenons ceci : Dieu par le baptême nous a ouvert les portes d’une demeure que l’œil ne peut voir et que l’esprit ne peut imaginer, une demeure où celui qui nous attend, le Seigneur Jésus, nous dit : « Venez les bénis de mon Père et assoyez-vous à ma table pour le banquet éternel ».
Notre messe est l’image de ce banquet éternel. Déjà nous vivons en ce moment, en nous unissant au Christ et en nous unissant les uns aux autres, un amour et une communion qui ne passent pas et qui sont comme les commencements de cette vie bienheureuse qui nous attend et que je vous souhaite à toutes et à tous. Amen!
Mgr Hermann Giguère, P.H.
Séminaire de Québec
26 octobre 2013