La naissance de saint Jean-Baptiste par Domenico Ghirlandaio (1448–1494) Domaine public via Wikimedia Commons
Nous fêtons aujourd’hui une naissance, celle de saint Jean-Baptiste que la liturgie nomme la nativité de saint Jean-Baptiste. Il y a aussi dans les fêtes de l’année liturgique une autre nativité que nous célébrons. Vous la connaissez bien. Pause! Hé oui ! Il s’agit de la fête de Noël qui rappelle la naissance – la nativité – de Jésus. À ces deux fêtes de naissance, de nativité, s’ajoute celle de la nativité de la Vierge Marie le 8 septembre.
Ces fêtes ont quelque chose en commun, elles rappellent une naissance, une nativité, mais chacune mérite aussi une mention particulière parce qu’elle porte notre regard sur une personne qui a joué un rôle unique dans le plan de salut de Dieu pour l’humanité
Commençons par ce qui est commun à ces trois fêtes, puis, ensuite nous nous arrêterons à ce qui est particulier dans celle d’aujourd’hui : la nativité de Jean-Baptiste.
I – Le sens d’une naissance, d’une nativité
Ces trois fêtes ont en commun de marquer un début, un commencement. C’est le cas de toute naissance. L’enfant qui voit le jour apporte une nouveauté et des espoirs parfois exagérés. Mais déjà dans ce petit être, il y a en germe tout ce qu’il sera plus tard.
C’est ce qu’on aime à se rappeler en fêtant la naissance de Jésus, de Marie et de Jean-Baptiste. Ils étaient destinés à un rôle unique dans la suite de leur vie : annoncer la Bonne Nouvelle et donner sa vie pour l’humanité dans le cas de Jésus, porter et donner naissance au Sauveur du monde dans le cas de Marie et préparer la voie au Messie attendu c’est-à-dire à Jésus dans le cas de Jean-Baptiste qui, à cause de ce rôle, est appelé le Précurseur.
Si 2000 ans plus tard on fait mémoire de leur naissance de façon particulière c’est l’occasion de nous rappeler comment ils ont réalisé leur mission.
II – Jean est son nom
Regardons maintenant saint Jean-Baptiste. L’évangile de saint Luc nous met devant les yeux au moment de sa naissance une intuition de ce qu’il sera. En effet, sa mère Élisabeth et son père, Zacharie, sous l’impulsion de l’Esprit interviennent pour dire que son nom sera Jean c’est-à-dire « Grâce de Dieu » ou « Dieu fait grâce ». Un grand Docteur de l’Église, saint Bède le Vénérable (moine anglais du 7e siècle dont le pape François s’est inspiré pour sa devise dans ses armoiries – voir note à la fin de l’homélie), commente ce nom ainsi : « Tel est le sens de ce nom [de Jean]: grâce de Dieu, c'est-à-dire celui en qui est la grâce. Car ce nom annonce l'économie de l'Évangile. Jean désigne le Seigneur Lui-même qui vient, Lui par qui la grâce est accordée au monde ».
Le choix d’un nom dans la culture juive cherche très souvent à exprimer une mission, un itinéraire de vie particulier pour la personne qui le reçoit. Ainsi, lorsque l’ange Gabriel vient vers Marie à l’Annonciation, il lui dit que l’enfant qu’elle portera s’appellera Jésus nom qui veut dire en hébreu : « Dieu sauve ». Et on pourrait apporter de nombreux exemples tirés de l’Ancien Testament.
Saint Jean-Baptiste découvre sa mission rendu à l’âge adulte. Alors, il se retire au désert et donne, en plongeant les gens qui le suivent dans l’eau du fleuve Jourdain, un baptême pour la rémission des péchés et pour se préparer à accueillir Celui que le peuple attendait et que les prophètes avaient annoncé. Quand Jésus se présente, il le reconnait et il proclame « Le voici le Sauveur envoyé par Dieu, l’Agneau de Dieu. Je me fais petit et je ne suis pas digne de délier la courroie de sa chaussure » (cf. Jean 1, 26-27).
Tel est ce grand saint, un serviteur qui prépare la voie et qui disparait devant Celui qui est l’Envoyé de Dieu.
III- Application
En regardant saint Jean-Baptiste on peut se demander si nous développons des attitudes semblables aux siennes qui feront de nous, comme il l’a été, des disciples et des serviteurs de Jésus.
Bien sûr, les conditions de vie et les temps ne sont plus ceux du temps de la vie terrestre de Jésus en Palestine, mais comme Jean-Baptiste nous pouvons toujours rencontrer Jésus car il est Ressuscité et toujours vivant.
La mission de Jean-Baptiste n’est pas finie. Pourquoi ne serions-nous pas nous aussi des Jean-Baptiste qui sont comme des précurseurs qui indiquent la venue de Jésus, qui savent le reconnaître et le faire voir autour d’eux et d’elles ? Ainsi la fête d’aujourd’hui fera de nous des personnes qui témoignent de leur foi en Jésus, le Fils bien-aimé de Dieu et qui invitent à le reconnaître comme le Sauveur et le Seigneur de nos vies.
Conclusion
Dans cette célébration eucharistique, nous recevrons le don parfait qui vient de Dieu : Jésus présent sous les espèces du pain et du vin. Demandons par l’intercession de saint Jean-Baptiste de savoir comme lui le reconnaitre dans nos vies et dans le monde où nous sommes et d'en témoigner selon nos possibilités quand les circonstances s'y prêtent.
Ajoutons, pour les francophones du Canada - « les Canadiens Français » -, que cette fête est celle de leur patron choisi en 1834 par Ludger Duvernay puis confirmé en 1841 lors de la fondation de la Société Saint-Jean-Baptiste et reconnu officiellement par le pape Pie X le 10 mai 1910. C’est pour nous l’occasion de prier pour notre patrie et notre contrée afin que la gloire de Dieu s’y manifeste et que les personnes qui y habitent reçoivent avec humilité le don de la foi qui leur est offert gratuitement par la grâce de Dieu.
Et reprenons les paroles d’un chant à Marie traditionnel jadis très populaire :
Regarde avec amour sur les bords du grand fleuve
Un peuple jeune encor qui grandit frémissant
Tu l'as plus d'une fois consolé dans l'épreuve
Ton bras fut sa défense et ton bras est puissant.
Refrain
Garde-nous tes faveurs, veille sur la Patrie
Et sois du Canada, Notre-Dame, ô Marie
Garde-nous tes faveurs, veille sur la Patrie
Et sois du Canada, Notre-Dame, ô Marie.
Note : le Canada désigne ici le Québec « sur les bords du grand fleuve »
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec
19 juin 2018
--------------
LA DEVISE : miserando atque eligendo
La devise du Saint-Père François est tirée des Homélies de saint Bède le vénérable, prêtre (Hom. 21; ccl 122, 149-151), qui, en commentant l’épisode évangélique de la vocation de saint Matthieu, écrit: Vidit ergo lesus publicanum et quia miserando atque eligendo vidit, ait illi Sequere me («Jésus vit un publicain et comme il le regarda avec un sentiment d’amour et le choisit, il lui dit: Suis-moi»).
Cette homélie est un hommage à la miséricorde divine et elle est reproduite dans la Liturgie des Heures de la fête de saint Matthieu. Elle revêt une signification particulière dans la vie et dans l’itinéraire spirituel du Pape. En effet, en la fête de saint Matthieu de l’année 1953, le jeune Jorge Bergoglio fit l’expérience à l’âge de 17 ans, de manière toute particulière, de la présence pleine d’amour de Dieu dans sa vie. Suite à une confession, il sentit que son cœur était touché et ressentit la descente de la miséricorde de Dieu, qui avec un regard d’amour tendre, l’appelait à la vie religieuse, à l’exemple de saint Ignace de Loyola.
Une fois élu évêque, S.Exc. Mgr Bergoglio, en souvenir de cet événement qui marqua les débuts de sa consécration totale à Dieu dans son Eglise, décida de choisir, comme devise et programme de vie, l’expression de saint Bède miserando atque eligendo, qu’il a voulu reproduire aussi dans son blason pontifical tiré du internet du Vatican
Ces fêtes ont quelque chose en commun, elles rappellent une naissance, une nativité, mais chacune mérite aussi une mention particulière parce qu’elle porte notre regard sur une personne qui a joué un rôle unique dans le plan de salut de Dieu pour l’humanité
Commençons par ce qui est commun à ces trois fêtes, puis, ensuite nous nous arrêterons à ce qui est particulier dans celle d’aujourd’hui : la nativité de Jean-Baptiste.
I – Le sens d’une naissance, d’une nativité
Ces trois fêtes ont en commun de marquer un début, un commencement. C’est le cas de toute naissance. L’enfant qui voit le jour apporte une nouveauté et des espoirs parfois exagérés. Mais déjà dans ce petit être, il y a en germe tout ce qu’il sera plus tard.
C’est ce qu’on aime à se rappeler en fêtant la naissance de Jésus, de Marie et de Jean-Baptiste. Ils étaient destinés à un rôle unique dans la suite de leur vie : annoncer la Bonne Nouvelle et donner sa vie pour l’humanité dans le cas de Jésus, porter et donner naissance au Sauveur du monde dans le cas de Marie et préparer la voie au Messie attendu c’est-à-dire à Jésus dans le cas de Jean-Baptiste qui, à cause de ce rôle, est appelé le Précurseur.
Si 2000 ans plus tard on fait mémoire de leur naissance de façon particulière c’est l’occasion de nous rappeler comment ils ont réalisé leur mission.
II – Jean est son nom
Regardons maintenant saint Jean-Baptiste. L’évangile de saint Luc nous met devant les yeux au moment de sa naissance une intuition de ce qu’il sera. En effet, sa mère Élisabeth et son père, Zacharie, sous l’impulsion de l’Esprit interviennent pour dire que son nom sera Jean c’est-à-dire « Grâce de Dieu » ou « Dieu fait grâce ». Un grand Docteur de l’Église, saint Bède le Vénérable (moine anglais du 7e siècle dont le pape François s’est inspiré pour sa devise dans ses armoiries – voir note à la fin de l’homélie), commente ce nom ainsi : « Tel est le sens de ce nom [de Jean]: grâce de Dieu, c'est-à-dire celui en qui est la grâce. Car ce nom annonce l'économie de l'Évangile. Jean désigne le Seigneur Lui-même qui vient, Lui par qui la grâce est accordée au monde ».
Le choix d’un nom dans la culture juive cherche très souvent à exprimer une mission, un itinéraire de vie particulier pour la personne qui le reçoit. Ainsi, lorsque l’ange Gabriel vient vers Marie à l’Annonciation, il lui dit que l’enfant qu’elle portera s’appellera Jésus nom qui veut dire en hébreu : « Dieu sauve ». Et on pourrait apporter de nombreux exemples tirés de l’Ancien Testament.
Saint Jean-Baptiste découvre sa mission rendu à l’âge adulte. Alors, il se retire au désert et donne, en plongeant les gens qui le suivent dans l’eau du fleuve Jourdain, un baptême pour la rémission des péchés et pour se préparer à accueillir Celui que le peuple attendait et que les prophètes avaient annoncé. Quand Jésus se présente, il le reconnait et il proclame « Le voici le Sauveur envoyé par Dieu, l’Agneau de Dieu. Je me fais petit et je ne suis pas digne de délier la courroie de sa chaussure » (cf. Jean 1, 26-27).
Tel est ce grand saint, un serviteur qui prépare la voie et qui disparait devant Celui qui est l’Envoyé de Dieu.
III- Application
En regardant saint Jean-Baptiste on peut se demander si nous développons des attitudes semblables aux siennes qui feront de nous, comme il l’a été, des disciples et des serviteurs de Jésus.
Bien sûr, les conditions de vie et les temps ne sont plus ceux du temps de la vie terrestre de Jésus en Palestine, mais comme Jean-Baptiste nous pouvons toujours rencontrer Jésus car il est Ressuscité et toujours vivant.
La mission de Jean-Baptiste n’est pas finie. Pourquoi ne serions-nous pas nous aussi des Jean-Baptiste qui sont comme des précurseurs qui indiquent la venue de Jésus, qui savent le reconnaître et le faire voir autour d’eux et d’elles ? Ainsi la fête d’aujourd’hui fera de nous des personnes qui témoignent de leur foi en Jésus, le Fils bien-aimé de Dieu et qui invitent à le reconnaître comme le Sauveur et le Seigneur de nos vies.
Conclusion
Dans cette célébration eucharistique, nous recevrons le don parfait qui vient de Dieu : Jésus présent sous les espèces du pain et du vin. Demandons par l’intercession de saint Jean-Baptiste de savoir comme lui le reconnaitre dans nos vies et dans le monde où nous sommes et d'en témoigner selon nos possibilités quand les circonstances s'y prêtent.
Ajoutons, pour les francophones du Canada - « les Canadiens Français » -, que cette fête est celle de leur patron choisi en 1834 par Ludger Duvernay puis confirmé en 1841 lors de la fondation de la Société Saint-Jean-Baptiste et reconnu officiellement par le pape Pie X le 10 mai 1910. C’est pour nous l’occasion de prier pour notre patrie et notre contrée afin que la gloire de Dieu s’y manifeste et que les personnes qui y habitent reçoivent avec humilité le don de la foi qui leur est offert gratuitement par la grâce de Dieu.
Et reprenons les paroles d’un chant à Marie traditionnel jadis très populaire :
Regarde avec amour sur les bords du grand fleuve
Un peuple jeune encor qui grandit frémissant
Tu l'as plus d'une fois consolé dans l'épreuve
Ton bras fut sa défense et ton bras est puissant.
Refrain
Garde-nous tes faveurs, veille sur la Patrie
Et sois du Canada, Notre-Dame, ô Marie
Garde-nous tes faveurs, veille sur la Patrie
Et sois du Canada, Notre-Dame, ô Marie.
Note : le Canada désigne ici le Québec « sur les bords du grand fleuve »
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec
19 juin 2018
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LA DEVISE : miserando atque eligendo
La devise du Saint-Père François est tirée des Homélies de saint Bède le vénérable, prêtre (Hom. 21; ccl 122, 149-151), qui, en commentant l’épisode évangélique de la vocation de saint Matthieu, écrit: Vidit ergo lesus publicanum et quia miserando atque eligendo vidit, ait illi Sequere me («Jésus vit un publicain et comme il le regarda avec un sentiment d’amour et le choisit, il lui dit: Suis-moi»).
Cette homélie est un hommage à la miséricorde divine et elle est reproduite dans la Liturgie des Heures de la fête de saint Matthieu. Elle revêt une signification particulière dans la vie et dans l’itinéraire spirituel du Pape. En effet, en la fête de saint Matthieu de l’année 1953, le jeune Jorge Bergoglio fit l’expérience à l’âge de 17 ans, de manière toute particulière, de la présence pleine d’amour de Dieu dans sa vie. Suite à une confession, il sentit que son cœur était touché et ressentit la descente de la miséricorde de Dieu, qui avec un regard d’amour tendre, l’appelait à la vie religieuse, à l’exemple de saint Ignace de Loyola.
Une fois élu évêque, S.Exc. Mgr Bergoglio, en souvenir de cet événement qui marqua les débuts de sa consécration totale à Dieu dans son Eglise, décida de choisir, comme devise et programme de vie, l’expression de saint Bède miserando atque eligendo, qu’il a voulu reproduire aussi dans son blason pontifical tiré du internet du Vatican