En écoutant la radio cette semaine j’entendais parler d’une conférence où on posait la question : Dieu a-t-il créé l’homme ou l’homme a-t-il créé Dieu ?
Ce genre de débat fait souvent ressortir le côté détestable des religions. Et il faut l’avouer, ceux qui sont contre les religions n’ont pas toujours tort. Pensons, par exemple, à la haine que se vouent les hommes de religions différentes, source de nombreux conflits dans l’histoire. Il y a un potentiel de violence dans la religion. On retrouve cette violence dans lecture du prophète Isaïe, ce soir. On y parle de joie à partager les dépouilles des vaincus. On se réjouit de voir mourir l’ennemi. Une religion qui est à la source de tels sentiments n’est pas très inspirante. Ça donne des arguments à ceux qui préféreraient un monde sans religion, sans Dieu.
Dans le débat, ceux qui affirment que c’est l’homme qui a créé Dieu s’expliquent en disant que Dieu est la projection des désirs humains. L’homme chercherait à calmer ses angoisses devant la mort en créant une force supérieure qui le rassure. Ce n’est pas bête quand on y pense. Mais quand j’entends ces arguments qui incitent des gens à conclure que Dieu n’existe pas, j’aimerais bien entrer dans le débat et leur poser quelques questions.
Par exemple, l’être humain pouvait-il créer un Dieu aussi fragile que celui qui nous est décrit, ce soir ? Un Dieu Enfant qui naît dans une crèche. Il me semble que ce n’est pas très fort comme projection de l’esprit humain. Personnellement, je projetterai plutôt un Dieu qui naît dans un palais entouré de toute une cour de personnages importants, pas un Dieu vénéré par des bergers, de simples travailleurs de nuit, les rejets de la société de l’époque. Peut-on inventer un Dieu aussi humble ? Pas sûr.
En plus, le Dieu Enfant est dépendant. Il a besoin de la protection d’un père et d’une mère. Autrement dit, il a besoin de moi, de vous, de nous. Et on sait comment ce Dieu Enfant va finir : sur une croix. D’ailleurs, dès sa naissance, sa faiblesse va apparaître. Son père et sa mère devront fuir avec lui devant la jalousie du roi Hérode. Peut-on vraiment projeter un Dieu aussi loser ? J’ai des doutes.
Autre question que j’aimerais poser : un Dieu qui serait la projection de mes désirs voudrait-il entrer en partenariat avec nous ? Il me semble que non. Je préférerais créer un Dieu qui fait tout à ma place et qui règle les problèmes avec une baguette magique. Mais non, il attend de notre collaboration.
Notre Dieu est fort mais il attend qu’on l’accueille. Il ne s’impose pas. Il nous tend les bras comme un enfant. Il mendie notre amitié. Il veut faire de nous ses amis et ses collaborateurs. Il fait de nous ses partenaires. Il veut bâtir avec nous un monde meilleur. Par exemple, Dieu nous donne le pain mais il attend qu’on le partage. Dieu fournit la nourriture à toute l’humanité mais il est impuissant lorsque nous décidons de concentrer les richesses dans une fraction de l’humanité. Il ne peut nous obliger à partager. Le partage, c’est notre tâche, notre partie du contrat avec lui. Pouvait-on inventer un Dieu qui prend un tel risque en s’associant à nous ? Entre vous et moi, on ne fait pas toujours des très bons partenaires. Dieu a pris un risque en faisant alliance avec nous. Il a pris le risque que ça ne marche pas.
Dernière question que j’aimerais poser : un Dieu qui ne serait que la projection de notre imaginaire peut-il vouloir faire alliance avec nous au point de faire de nous ses enfants ? Il nous a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu. Il fait même briller son soleil sur les méchants comme sur les bons. Personnellement, je projetterais plutôt un Dieu puissant qui écrase les méchants. Mais non, Dieu n’est pas comme ça. Bref, il n’est pas comme nous.
Peut-on projeter un Dieu partenaire, un Dieu fragile, un Dieu Père qui aime chaque personne ? Et pouvait-on imaginer un Dieu qui se fait nourriture. Le Dieu Enfant a été déposé dans une mangeoire, un récipient pour la nourriture. Peut-on inventer un Dieu qui se fait si proche au point de se faire nourriture ? Je n’aurais jamais pensé à ça, et vous ?
Un Dieu qui se fait homme dans la personne de Jésus de Nazareth. Un Dieu qui se fait nourriture. C’est lui que nous célébrons, ce soir. Il s’offre à nous. Il veut se donner à nous en communion d’amour. Il se donne à nous pour nous apprendre à nous donner.
Frères et sœurs, célébrons Noël. Célébrons le mystère d’un Dieu fort et fragile à la fois. Un Dieu que le cœur de l’homme ne pouvait imaginer. Il nous tend les bras. Il veut venir en nous. Que nos êtres soient la crèche pour l’accueillir.
l'abbé Louis Corriveau
curé de St-Raymond et Ste-Christine
Diocèse de Québec
Ce genre de débat fait souvent ressortir le côté détestable des religions. Et il faut l’avouer, ceux qui sont contre les religions n’ont pas toujours tort. Pensons, par exemple, à la haine que se vouent les hommes de religions différentes, source de nombreux conflits dans l’histoire. Il y a un potentiel de violence dans la religion. On retrouve cette violence dans lecture du prophète Isaïe, ce soir. On y parle de joie à partager les dépouilles des vaincus. On se réjouit de voir mourir l’ennemi. Une religion qui est à la source de tels sentiments n’est pas très inspirante. Ça donne des arguments à ceux qui préféreraient un monde sans religion, sans Dieu.
Dans le débat, ceux qui affirment que c’est l’homme qui a créé Dieu s’expliquent en disant que Dieu est la projection des désirs humains. L’homme chercherait à calmer ses angoisses devant la mort en créant une force supérieure qui le rassure. Ce n’est pas bête quand on y pense. Mais quand j’entends ces arguments qui incitent des gens à conclure que Dieu n’existe pas, j’aimerais bien entrer dans le débat et leur poser quelques questions.
Par exemple, l’être humain pouvait-il créer un Dieu aussi fragile que celui qui nous est décrit, ce soir ? Un Dieu Enfant qui naît dans une crèche. Il me semble que ce n’est pas très fort comme projection de l’esprit humain. Personnellement, je projetterai plutôt un Dieu qui naît dans un palais entouré de toute une cour de personnages importants, pas un Dieu vénéré par des bergers, de simples travailleurs de nuit, les rejets de la société de l’époque. Peut-on inventer un Dieu aussi humble ? Pas sûr.
En plus, le Dieu Enfant est dépendant. Il a besoin de la protection d’un père et d’une mère. Autrement dit, il a besoin de moi, de vous, de nous. Et on sait comment ce Dieu Enfant va finir : sur une croix. D’ailleurs, dès sa naissance, sa faiblesse va apparaître. Son père et sa mère devront fuir avec lui devant la jalousie du roi Hérode. Peut-on vraiment projeter un Dieu aussi loser ? J’ai des doutes.
Autre question que j’aimerais poser : un Dieu qui serait la projection de mes désirs voudrait-il entrer en partenariat avec nous ? Il me semble que non. Je préférerais créer un Dieu qui fait tout à ma place et qui règle les problèmes avec une baguette magique. Mais non, il attend de notre collaboration.
Notre Dieu est fort mais il attend qu’on l’accueille. Il ne s’impose pas. Il nous tend les bras comme un enfant. Il mendie notre amitié. Il veut faire de nous ses amis et ses collaborateurs. Il fait de nous ses partenaires. Il veut bâtir avec nous un monde meilleur. Par exemple, Dieu nous donne le pain mais il attend qu’on le partage. Dieu fournit la nourriture à toute l’humanité mais il est impuissant lorsque nous décidons de concentrer les richesses dans une fraction de l’humanité. Il ne peut nous obliger à partager. Le partage, c’est notre tâche, notre partie du contrat avec lui. Pouvait-on inventer un Dieu qui prend un tel risque en s’associant à nous ? Entre vous et moi, on ne fait pas toujours des très bons partenaires. Dieu a pris un risque en faisant alliance avec nous. Il a pris le risque que ça ne marche pas.
Dernière question que j’aimerais poser : un Dieu qui ne serait que la projection de notre imaginaire peut-il vouloir faire alliance avec nous au point de faire de nous ses enfants ? Il nous a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu. Il fait même briller son soleil sur les méchants comme sur les bons. Personnellement, je projetterais plutôt un Dieu puissant qui écrase les méchants. Mais non, Dieu n’est pas comme ça. Bref, il n’est pas comme nous.
Peut-on projeter un Dieu partenaire, un Dieu fragile, un Dieu Père qui aime chaque personne ? Et pouvait-on imaginer un Dieu qui se fait nourriture. Le Dieu Enfant a été déposé dans une mangeoire, un récipient pour la nourriture. Peut-on inventer un Dieu qui se fait si proche au point de se faire nourriture ? Je n’aurais jamais pensé à ça, et vous ?
Un Dieu qui se fait homme dans la personne de Jésus de Nazareth. Un Dieu qui se fait nourriture. C’est lui que nous célébrons, ce soir. Il s’offre à nous. Il veut se donner à nous en communion d’amour. Il se donne à nous pour nous apprendre à nous donner.
Frères et sœurs, célébrons Noël. Célébrons le mystère d’un Dieu fort et fragile à la fois. Un Dieu que le cœur de l’homme ne pouvait imaginer. Il nous tend les bras. Il veut venir en nous. Que nos êtres soient la crèche pour l’accueillir.
l'abbé Louis Corriveau
curé de St-Raymond et Ste-Christine
Diocèse de Québec