Le cardinal Ouellet
Voici un résumé de son intervention:
Nous sommes réunis pour cette assemblée générale, a dit le Cardinal, "pour écouter ce que l’Esprit dit aux Eglises aujourd’hui à propos de la Parole de Dieu dans la vie et la mission de l’Eglise... Le but du Synode est éminemment pastoral et missionnaire. Il consiste à écouter ensemble la Parole de Dieu afin de discerner comment l’Esprit et l’Eglise aspirent à répondre au don du Verbe incarné par l’amour des Saintes Ecritures et l’annonce du Règne de Dieu à toute l’humanité".
"Le Synode proposera des orientations pastorales pour renforcer la pratique de la rencontre avec la Parole de Dieu comme source de vie, en faisant le point sur la réception du Concile Vatican II concernant la Parole de Dieu dans son rapport au renouveau ecclésiologique, à l’œcuménisme et au dialogue avec les nations et les religions".
"Grâce à la vision trinitaire et christocentrique du Concile Vatican II, l’Eglise a renouvelé la conscience de son propre mystère et de sa mission... En effet, la Constitution dogmatique Dei Verbum a marqué un véritable tournant dans la manière de traiter de la Révélation divine. Au lieu de privilégier comme auparavant la dimension noétique des vérités à croire, les Pères conciliaires ont mis l’accent sur la dimension dynamique et de dialogue de la Révélation comme communication personnelle avec Dieu. Ils ont ainsi posé les bases pour une rencontre et un dialogue plus vivant entre Dieu qui appelle et son peuple qui répond".
"Ce tournant a été largement salué comme un fait décisif par les théologiens, les exégètes et les pasteurs. Cependant, on reconnaît assez généralement que la Constitution Dei Verbum a été insuffisamment reçue et que le tournant qu’elle a inauguré n’a pas encore donné tous les fruits désirés et attendus dans la vie et la mission de l’Eglise. Compte tenu des progrès accomplis, il faut se demander pourquoi le modèle de la communication personnelle n’a pas pénétré davantage la conscience de l’Eglise, sa prière, ses pratiques pastorales de même que les méthodes théologiques et exégétiques. Le Synode doit proposer des solutions concrètes pour combler les lacunes et remédier à l’ignorance des Ecritures qui ajoute aux difficultés actuelles de l’évangélisation".
La foi et l'élan missionnaire versus le monde
"Reconnaissons en effet que la vie de foi et l’élan missionnaire des chrétiens sont profondément affectés par divers phénomènes socioculturels tels que la sécularisation, le pluralisme religieux, la mondialisation et l’explosion des moyens de communication, avec les conséquences multiples de ces phénomènes, notamment l’écart grandissant entre riches et pauvres, le foisonnement des sectes ésotériques, les menaces à la paix, sans oublier les assauts actuels contre la vie humaine et la famille".
"A ces phénomènes socioculturels, ajoutons les difficultés internes de l’Eglise touchant la transmission de la foi dans la famille, les déficiences de la formation catéchistique, les tensions entre le Magistère ecclésial et la théologie universitaire, la crise interne de l’exégèse et son rapport à la théologie, et d’une façon plus générale un certain fossé entre les experts et les pasteurs et entre les experts et les gens simples des communautés chrétiennes".
"Le Synode doit faire face au grand défi de la transmission de la foi en la Parole de Dieu aujourd’hui. Dans un monde pluraliste, marqué par le relativisme et l’ésotérisme, la notion même de Révélation pose question et appelle des clarifications".
"Convocatio, Communio, Missio. Autour de ces trois mots clés qui traduisent la triple dimension, dynamique, personnelle et de dialogue, de la Révélation chrétienne, nous exposerons la structure thématique de l’Instrumentum Laboris. La Parole de Dieu convoque, elle fait communier au dessein de Dieu par l’obéissance de la foi et elle envoie le peuple élu vers les nations. Cette Parole d’Alliance culmine en Marie qui accueille dans la foi le Verbe incarné, le Désiré des nations. Nous reprendrons les trois dimensions de la Parole d’Alliance telles que l’Esprit Saint les a incarnées dans l’histoire du salut, les Saintes Ecritures et la Tradition ecclésiale".
L'Écriture: un Dieu qui parle
Dans le premier paragraphe, le Cardinal a fait référence à l'identité de la parole de Dieu et a dit que "le Dieu de la Révélation est un Dieu qui parle, un Dieu qui est en lui-même Parole et qui se donne à connaître à l’humanité de multiples manières. Grâce à la Bible, l’humanité se sait interpellée par Dieu, l’Esprit lui donne d’écouter et d’accueillir la Parole de Dieu, devenant ainsi l’Ecclesia, la communauté rassemblée par la Parole. Cette communauté croyante reçoit son identité et sa mission de la Parole de Dieu qui la fonde, la nourrit et l’engage au service du Règne de Dieu".
"La Parole de Dieu dont témoigne l’Ecriture revêt par conséquent différentes formes et recèle différents niveaux de signification. Elle désigne Dieu lui-même qui parle, son Verbe divin, son Verbe créateur et sauveur, et finalement son Verbe incarné en Jésus Christ, médiateur et plénitude de la Révélation".
"Bref, la Parole de Dieu écrite ou transmise est une parole de dialogue et même trinitaire. Elle s’offre à l’homme en Jésus Christ pour l’introduire dans la communion trinitaire et y trouver sa pleine identité... Dieu parle et, de ce fait, l’homme est constitué comme un être interpellé... Il importe d’avoir à l’esprit cette dimension anthropologique de la Révélation, car elle joue un rôle très important aujourd’hui dans l’herméneutique des textes bibliques. Le Concile Vatican II a redéfini l’identité du dialogue de l’homme à partir de la Parole de Dieu dans le Christ".
"Sur le plan pastoral, ne devrait-on pas vérifier si cette théo-anthropologie du dialogue et filiale fondée sur le Christ occupe la place qui lui revient dans la liturgie, la catéchèse et l’enseignement théologique?".
Marie, une femme parfaitement accomplie
Faisant ensuite référence à l'image de la Vierge Marie, il a dit: "Une femme, Marie, accomplit parfaitement la vocation divine de l’humanité par son oui à la Parole d’Alliance et à sa mission. Par sa maternité divine et sa maternité spirituelle, Marie apparaît comme le modèle et la forme permanente de l’Eglise, comme la première Eglise. Arrêtons-nous à la figure charnière de Marie entre l’ancienne et le nouvelle Alliance qui accomplit le passage de la foi d’Israël à la foi de l’Eglise. Contemplons le récit de l’Annonciation qui est l’origine et le modèle insurpassable de l’auto-communication de Dieu et de l’expérience de foi de l’Eglise. Il nous servira de paradigme pour comprendre l’identité du dialogue de la Parole de Dieu dans l’Eglise".
Dans le paragraphe intitulé Tradition, Ecriture et Magistère, le Cardinal dit que "dans la tradition vivante de l’Eglise, la Parole de Dieu occupe la première place. C’est le Christ vivant. La Parole écrite en porte témoignage. L’Ecriture, en effet, est une attestation historique et une référence canonique indispensable pour la prière, la vie et la doctrine de l’Eglise. Cependant, l’Ecriture n’est pas toute la Parole, elle ne s’identifie pas totalement avec elle, d’où l’importance de la distinction entre la Parole et le Livre, tout comme entre la lettre et l’Esprit".
"Malgré la complexité des rapports entre Ecriture, Tradition et Magistère, l’Esprit Saint assure néanmoins l’unité de l’ensemble, surtout si l’on garde bien présente la dynamique...presque nuptiale du rapport d’Alliance. En situant les fonctions ecclésiales de l’Ecriture, de la Tradition et du Magistère à l’intérieur d’une ecclésiologie mariale, nous invitons à un changement de paradigme où l’accent passe de la dimension noétique à la dimension personnelle de la Révélation. La figure archétypique de Marie permet de faire ressortir la dimension dynamique de la Parole et la nature personnelle de la foi comme don de soi, tout en invitant l’Eglise à demeurer sous la Parole et disponible à toute action de l’Esprit Saint".
L'Église: au service de la Parole et de celui qui parle
La deuxième section Communio s'ouvre avec la parole de Dieu dans la vie de l'Eglise, et dans le chapitre consacré à la liturgie, le Cardinal observe que "la liturgie est considérée comme l’exercice de la fonction sacerdotale de Jésus-Christ, exercice dans lequel le culte public intégral est exercé par le Corps mystique de Jésus-Christ, c’est-à-dire par le Chef et par ses membres... Le sujet premier de la liturgie est le Christ lui-même s’adressant à son Peuple et s’offrant à son Père en sacrifice d’amour pour le salut du monde. Même si dans l’accomplissement des rites liturgiques, l’Eglise semble avoir le premier rôle, en fait elle joue toujours un rôle subordonné, au service de la Parole et de celui qui parle. L’ecclésiocentrisme est étranger à la réforme du Concile".
"Comment cultiver chez les fidèles la conscience que la liturgie est l’exercice de la fonction sacerdotale de Jésus-Christ à laquelle l’Eglise est associée comme Epouse bien-aimée? Quelles conséquences devrait avoir la redécouverte de ce lieu originel de la Parole sur l’herméneutique biblique, sur la célébration eucharistique et tout particulièrement sur la place et la fonction de la liturgie de la Parole, incluant l’homélie?".
Interprétation ecclésiale
Abordant ensuite la question de l'interprétation ecclésiale de la Parole de Dieu, le Cardinal dit:
"D'une façon générale, après plusieurs décennies de concentration sur les médiations humaines de l’Ecriture, ne faut-il pas retrouver la profondeur divine du texte inspiré sans perdre les acquis précieux des nouvelles méthodologies ?".
"On ne saurait trop insister sur ce point car la crise de l’exégèse et de l’herméneutique théologique affecte profondément la vie spirituelle du Peuple de Dieu et sa confiance dans les Ecritures. Elle affecte aussi la communion ecclésiale, à cause du climat de tension souvent malsain entre la théologie universitaire et le magistère ecclésial. Face à cette situation délicate, et sans entrer dans les débats d’écoles, le Synode doit donner une orientation pour assainir les rapports et favoriser l’intégration des acquis des sciences bibliques et herméneutiques dans l’interprétation ecclésiale des Saintes Ecritures".
Évangéliser: le coeur de la mission
La Parole de Dieu dans la mission de l'Eglise est le titre du troisième paragraphe dans lequel le Cardinal affirme que "le cœur de la mission de l’Eglise est d’évangéliser... Evangéliser, pour l’Eglise, c’est porter la Bonne Nouvelle dans tous les milieux de l’humanité et, par son impact, transformer du dedans, rendre neuve l’humanité elle-même..
Quand l’Esprit parle à l’Eglise aujourd’hui en lui remémorant les Ecritures, il la convoque à un nouveau témoignage d’amour et d’unité afin de rehausser la crédibilité de l’Evangile face à un monde qui est plus sensible aux témoins qu’aux docteurs... Le témoignage de la Parole de Dieu exige par conséquent des disciples missionnaires qui soient d’authentiques témoins de la primauté de l’amour sur la science".
Abordant ensuite le thème de l'œcuménisme, il ajoute: "Depuis l’entrée officielle de l’Eglise catholique dans le mouvement œcuménique, les papes ont fait de la cause de l’unité chrétienne une priorité... Bien que les rencontres et dialogues œcuméniques aient produit des fruits de fraternité, de réconciliation et d’entraide, la situation présente est caractérisée par un certain malaise qui appelle une conversion plus profonde à l’œcuménisme spirituel".
En ce qui concerne le dialogue avec les nations et les religions, le Cardinal a ensuite dit que "l’activité missionnaire de l’Eglise s’enracine, nous l’avons dit, dans la mission du Christ et de l’Esprit qui révèle et répand la communion trinitaire dans toutes les cultures du monde... L’activité missionnaire de l’Eglise témoigne de son amour pour le Christ total qui inclut toute culture. Dans ses efforts d’évangélisation des cultures, cette activité vise l’unité de l’humanité en Jésus-Christ, mais dans le respect et l’intégration de toutes les valeurs humaines".
"Parmi les partenaires des différents dialogues de l’Eglise avec les nations, le peuple juif occupe une place singulière comme héritier de la première Alliance, dont nous partageons les Saintes Ecritures. Cet héritage commun nous invite à l’espérance".
"Viennent ensuite les fidèles de foi musulmane, enracinés eux aussi dans la tradition biblique, confesseurs du Dieu unique. Face à la sécularisation et au libéralisme, ils sont des alliés dans la défense de la vie humaine et dans l’affirmation de l’importance sociale de la religion... Viennent enfin les humains de toute tribu, langue, peuple et nation, qui sont sous les cieux, car l’Agneau immolé a versé son sang pour tous. La Parole de Dieu est spécialement destinée à ceux qui ne l’ont jamais entendue car, dans le cœur de Dieu et la conscience missionnaire de l’Eglise, les derniers ont la grâce d’être les premiers".
Une lecture spirituelle fructueuse
En conclusion, le Cardinal a fait l'observation suivante: "Jésus vient toujours, dans l’Eglise, rendre témoignage à la Vérité et communiquer à ceux qui croient en son nom la connaissance du Père qu’il possède en plénitude... Conscient du renouveau ecclésiologique lié à la conception dynamique et du dialogue de la Révélation, nous avons suggéré des pistes d’approfondissement de la Parole de Dieu à partir de la foi de Marie telle qu’elle se prolonge dans la vie de l’Eglise, la liturgie, la prédication, la Lectio Divina, l’exégèse et la théologie".
"L’application de ce paradigme marial suppose un approfondissement pneumatologique de la tradition ecclésiale et de l’exégèse scripturaire qui rendent compte de la vertu performative de la Parole de Dieu tout en la distinguant soigneusement de la présence eucharistique. Plus qu’une bibliothèque pour érudits, la Bible est un temple où l’Epouse du Cantique écoute les aveux du Bien-aimé et célèbre ses baisers... Cette perspective plus dynamique que noétique appelle une théologie plus contemplative, enracinée dans la Liturgie, les Pères et la vie des saints, une exégèse pratiquée dans la foi conformément à son objet, et aussi une philosophie de l’être et de l’amour".
"Elle ouvre à une lecture spirituelle plus fructueuse de la Bible, à une interprétation ecclésiale de l’Écriture et à une revitalisation du dialogue missionnaire de l’Église sous toutes ses formes. La fréquentation plus assidue des Ecritures ravivera la conscience missionnaire de l’Eglise et son amour de l’homme, image de Dieu en mal de ressemblance divine".
Nous sommes réunis pour cette assemblée générale, a dit le Cardinal, "pour écouter ce que l’Esprit dit aux Eglises aujourd’hui à propos de la Parole de Dieu dans la vie et la mission de l’Eglise... Le but du Synode est éminemment pastoral et missionnaire. Il consiste à écouter ensemble la Parole de Dieu afin de discerner comment l’Esprit et l’Eglise aspirent à répondre au don du Verbe incarné par l’amour des Saintes Ecritures et l’annonce du Règne de Dieu à toute l’humanité".
"Le Synode proposera des orientations pastorales pour renforcer la pratique de la rencontre avec la Parole de Dieu comme source de vie, en faisant le point sur la réception du Concile Vatican II concernant la Parole de Dieu dans son rapport au renouveau ecclésiologique, à l’œcuménisme et au dialogue avec les nations et les religions".
"Grâce à la vision trinitaire et christocentrique du Concile Vatican II, l’Eglise a renouvelé la conscience de son propre mystère et de sa mission... En effet, la Constitution dogmatique Dei Verbum a marqué un véritable tournant dans la manière de traiter de la Révélation divine. Au lieu de privilégier comme auparavant la dimension noétique des vérités à croire, les Pères conciliaires ont mis l’accent sur la dimension dynamique et de dialogue de la Révélation comme communication personnelle avec Dieu. Ils ont ainsi posé les bases pour une rencontre et un dialogue plus vivant entre Dieu qui appelle et son peuple qui répond".
"Ce tournant a été largement salué comme un fait décisif par les théologiens, les exégètes et les pasteurs. Cependant, on reconnaît assez généralement que la Constitution Dei Verbum a été insuffisamment reçue et que le tournant qu’elle a inauguré n’a pas encore donné tous les fruits désirés et attendus dans la vie et la mission de l’Eglise. Compte tenu des progrès accomplis, il faut se demander pourquoi le modèle de la communication personnelle n’a pas pénétré davantage la conscience de l’Eglise, sa prière, ses pratiques pastorales de même que les méthodes théologiques et exégétiques. Le Synode doit proposer des solutions concrètes pour combler les lacunes et remédier à l’ignorance des Ecritures qui ajoute aux difficultés actuelles de l’évangélisation".
La foi et l'élan missionnaire versus le monde
"Reconnaissons en effet que la vie de foi et l’élan missionnaire des chrétiens sont profondément affectés par divers phénomènes socioculturels tels que la sécularisation, le pluralisme religieux, la mondialisation et l’explosion des moyens de communication, avec les conséquences multiples de ces phénomènes, notamment l’écart grandissant entre riches et pauvres, le foisonnement des sectes ésotériques, les menaces à la paix, sans oublier les assauts actuels contre la vie humaine et la famille".
"A ces phénomènes socioculturels, ajoutons les difficultés internes de l’Eglise touchant la transmission de la foi dans la famille, les déficiences de la formation catéchistique, les tensions entre le Magistère ecclésial et la théologie universitaire, la crise interne de l’exégèse et son rapport à la théologie, et d’une façon plus générale un certain fossé entre les experts et les pasteurs et entre les experts et les gens simples des communautés chrétiennes".
"Le Synode doit faire face au grand défi de la transmission de la foi en la Parole de Dieu aujourd’hui. Dans un monde pluraliste, marqué par le relativisme et l’ésotérisme, la notion même de Révélation pose question et appelle des clarifications".
"Convocatio, Communio, Missio. Autour de ces trois mots clés qui traduisent la triple dimension, dynamique, personnelle et de dialogue, de la Révélation chrétienne, nous exposerons la structure thématique de l’Instrumentum Laboris. La Parole de Dieu convoque, elle fait communier au dessein de Dieu par l’obéissance de la foi et elle envoie le peuple élu vers les nations. Cette Parole d’Alliance culmine en Marie qui accueille dans la foi le Verbe incarné, le Désiré des nations. Nous reprendrons les trois dimensions de la Parole d’Alliance telles que l’Esprit Saint les a incarnées dans l’histoire du salut, les Saintes Ecritures et la Tradition ecclésiale".
L'Écriture: un Dieu qui parle
Dans le premier paragraphe, le Cardinal a fait référence à l'identité de la parole de Dieu et a dit que "le Dieu de la Révélation est un Dieu qui parle, un Dieu qui est en lui-même Parole et qui se donne à connaître à l’humanité de multiples manières. Grâce à la Bible, l’humanité se sait interpellée par Dieu, l’Esprit lui donne d’écouter et d’accueillir la Parole de Dieu, devenant ainsi l’Ecclesia, la communauté rassemblée par la Parole. Cette communauté croyante reçoit son identité et sa mission de la Parole de Dieu qui la fonde, la nourrit et l’engage au service du Règne de Dieu".
"La Parole de Dieu dont témoigne l’Ecriture revêt par conséquent différentes formes et recèle différents niveaux de signification. Elle désigne Dieu lui-même qui parle, son Verbe divin, son Verbe créateur et sauveur, et finalement son Verbe incarné en Jésus Christ, médiateur et plénitude de la Révélation".
"Bref, la Parole de Dieu écrite ou transmise est une parole de dialogue et même trinitaire. Elle s’offre à l’homme en Jésus Christ pour l’introduire dans la communion trinitaire et y trouver sa pleine identité... Dieu parle et, de ce fait, l’homme est constitué comme un être interpellé... Il importe d’avoir à l’esprit cette dimension anthropologique de la Révélation, car elle joue un rôle très important aujourd’hui dans l’herméneutique des textes bibliques. Le Concile Vatican II a redéfini l’identité du dialogue de l’homme à partir de la Parole de Dieu dans le Christ".
"Sur le plan pastoral, ne devrait-on pas vérifier si cette théo-anthropologie du dialogue et filiale fondée sur le Christ occupe la place qui lui revient dans la liturgie, la catéchèse et l’enseignement théologique?".
Marie, une femme parfaitement accomplie
Faisant ensuite référence à l'image de la Vierge Marie, il a dit: "Une femme, Marie, accomplit parfaitement la vocation divine de l’humanité par son oui à la Parole d’Alliance et à sa mission. Par sa maternité divine et sa maternité spirituelle, Marie apparaît comme le modèle et la forme permanente de l’Eglise, comme la première Eglise. Arrêtons-nous à la figure charnière de Marie entre l’ancienne et le nouvelle Alliance qui accomplit le passage de la foi d’Israël à la foi de l’Eglise. Contemplons le récit de l’Annonciation qui est l’origine et le modèle insurpassable de l’auto-communication de Dieu et de l’expérience de foi de l’Eglise. Il nous servira de paradigme pour comprendre l’identité du dialogue de la Parole de Dieu dans l’Eglise".
Dans le paragraphe intitulé Tradition, Ecriture et Magistère, le Cardinal dit que "dans la tradition vivante de l’Eglise, la Parole de Dieu occupe la première place. C’est le Christ vivant. La Parole écrite en porte témoignage. L’Ecriture, en effet, est une attestation historique et une référence canonique indispensable pour la prière, la vie et la doctrine de l’Eglise. Cependant, l’Ecriture n’est pas toute la Parole, elle ne s’identifie pas totalement avec elle, d’où l’importance de la distinction entre la Parole et le Livre, tout comme entre la lettre et l’Esprit".
"Malgré la complexité des rapports entre Ecriture, Tradition et Magistère, l’Esprit Saint assure néanmoins l’unité de l’ensemble, surtout si l’on garde bien présente la dynamique...presque nuptiale du rapport d’Alliance. En situant les fonctions ecclésiales de l’Ecriture, de la Tradition et du Magistère à l’intérieur d’une ecclésiologie mariale, nous invitons à un changement de paradigme où l’accent passe de la dimension noétique à la dimension personnelle de la Révélation. La figure archétypique de Marie permet de faire ressortir la dimension dynamique de la Parole et la nature personnelle de la foi comme don de soi, tout en invitant l’Eglise à demeurer sous la Parole et disponible à toute action de l’Esprit Saint".
L'Église: au service de la Parole et de celui qui parle
La deuxième section Communio s'ouvre avec la parole de Dieu dans la vie de l'Eglise, et dans le chapitre consacré à la liturgie, le Cardinal observe que "la liturgie est considérée comme l’exercice de la fonction sacerdotale de Jésus-Christ, exercice dans lequel le culte public intégral est exercé par le Corps mystique de Jésus-Christ, c’est-à-dire par le Chef et par ses membres... Le sujet premier de la liturgie est le Christ lui-même s’adressant à son Peuple et s’offrant à son Père en sacrifice d’amour pour le salut du monde. Même si dans l’accomplissement des rites liturgiques, l’Eglise semble avoir le premier rôle, en fait elle joue toujours un rôle subordonné, au service de la Parole et de celui qui parle. L’ecclésiocentrisme est étranger à la réforme du Concile".
"Comment cultiver chez les fidèles la conscience que la liturgie est l’exercice de la fonction sacerdotale de Jésus-Christ à laquelle l’Eglise est associée comme Epouse bien-aimée? Quelles conséquences devrait avoir la redécouverte de ce lieu originel de la Parole sur l’herméneutique biblique, sur la célébration eucharistique et tout particulièrement sur la place et la fonction de la liturgie de la Parole, incluant l’homélie?".
Interprétation ecclésiale
Abordant ensuite la question de l'interprétation ecclésiale de la Parole de Dieu, le Cardinal dit:
"D'une façon générale, après plusieurs décennies de concentration sur les médiations humaines de l’Ecriture, ne faut-il pas retrouver la profondeur divine du texte inspiré sans perdre les acquis précieux des nouvelles méthodologies ?".
"On ne saurait trop insister sur ce point car la crise de l’exégèse et de l’herméneutique théologique affecte profondément la vie spirituelle du Peuple de Dieu et sa confiance dans les Ecritures. Elle affecte aussi la communion ecclésiale, à cause du climat de tension souvent malsain entre la théologie universitaire et le magistère ecclésial. Face à cette situation délicate, et sans entrer dans les débats d’écoles, le Synode doit donner une orientation pour assainir les rapports et favoriser l’intégration des acquis des sciences bibliques et herméneutiques dans l’interprétation ecclésiale des Saintes Ecritures".
Évangéliser: le coeur de la mission
La Parole de Dieu dans la mission de l'Eglise est le titre du troisième paragraphe dans lequel le Cardinal affirme que "le cœur de la mission de l’Eglise est d’évangéliser... Evangéliser, pour l’Eglise, c’est porter la Bonne Nouvelle dans tous les milieux de l’humanité et, par son impact, transformer du dedans, rendre neuve l’humanité elle-même..
Quand l’Esprit parle à l’Eglise aujourd’hui en lui remémorant les Ecritures, il la convoque à un nouveau témoignage d’amour et d’unité afin de rehausser la crédibilité de l’Evangile face à un monde qui est plus sensible aux témoins qu’aux docteurs... Le témoignage de la Parole de Dieu exige par conséquent des disciples missionnaires qui soient d’authentiques témoins de la primauté de l’amour sur la science".
Abordant ensuite le thème de l'œcuménisme, il ajoute: "Depuis l’entrée officielle de l’Eglise catholique dans le mouvement œcuménique, les papes ont fait de la cause de l’unité chrétienne une priorité... Bien que les rencontres et dialogues œcuméniques aient produit des fruits de fraternité, de réconciliation et d’entraide, la situation présente est caractérisée par un certain malaise qui appelle une conversion plus profonde à l’œcuménisme spirituel".
En ce qui concerne le dialogue avec les nations et les religions, le Cardinal a ensuite dit que "l’activité missionnaire de l’Eglise s’enracine, nous l’avons dit, dans la mission du Christ et de l’Esprit qui révèle et répand la communion trinitaire dans toutes les cultures du monde... L’activité missionnaire de l’Eglise témoigne de son amour pour le Christ total qui inclut toute culture. Dans ses efforts d’évangélisation des cultures, cette activité vise l’unité de l’humanité en Jésus-Christ, mais dans le respect et l’intégration de toutes les valeurs humaines".
"Parmi les partenaires des différents dialogues de l’Eglise avec les nations, le peuple juif occupe une place singulière comme héritier de la première Alliance, dont nous partageons les Saintes Ecritures. Cet héritage commun nous invite à l’espérance".
"Viennent ensuite les fidèles de foi musulmane, enracinés eux aussi dans la tradition biblique, confesseurs du Dieu unique. Face à la sécularisation et au libéralisme, ils sont des alliés dans la défense de la vie humaine et dans l’affirmation de l’importance sociale de la religion... Viennent enfin les humains de toute tribu, langue, peuple et nation, qui sont sous les cieux, car l’Agneau immolé a versé son sang pour tous. La Parole de Dieu est spécialement destinée à ceux qui ne l’ont jamais entendue car, dans le cœur de Dieu et la conscience missionnaire de l’Eglise, les derniers ont la grâce d’être les premiers".
Une lecture spirituelle fructueuse
En conclusion, le Cardinal a fait l'observation suivante: "Jésus vient toujours, dans l’Eglise, rendre témoignage à la Vérité et communiquer à ceux qui croient en son nom la connaissance du Père qu’il possède en plénitude... Conscient du renouveau ecclésiologique lié à la conception dynamique et du dialogue de la Révélation, nous avons suggéré des pistes d’approfondissement de la Parole de Dieu à partir de la foi de Marie telle qu’elle se prolonge dans la vie de l’Eglise, la liturgie, la prédication, la Lectio Divina, l’exégèse et la théologie".
"L’application de ce paradigme marial suppose un approfondissement pneumatologique de la tradition ecclésiale et de l’exégèse scripturaire qui rendent compte de la vertu performative de la Parole de Dieu tout en la distinguant soigneusement de la présence eucharistique. Plus qu’une bibliothèque pour érudits, la Bible est un temple où l’Epouse du Cantique écoute les aveux du Bien-aimé et célèbre ses baisers... Cette perspective plus dynamique que noétique appelle une théologie plus contemplative, enracinée dans la Liturgie, les Pères et la vie des saints, une exégèse pratiquée dans la foi conformément à son objet, et aussi une philosophie de l’être et de l’amour".
"Elle ouvre à une lecture spirituelle plus fructueuse de la Bible, à une interprétation ecclésiale de l’Écriture et à une revitalisation du dialogue missionnaire de l’Église sous toutes ses formes. La fréquentation plus assidue des Ecritures ravivera la conscience missionnaire de l’Eglise et son amour de l’homme, image de Dieu en mal de ressemblance divine".