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Homélie pour le 2e dimanche du Carême Année C : « La transfiguration de Jésus sur le mont Thabor : lumière de l'Alliance Nouvelle »

Homélies dominicales pour les temps liturgiques par Mgr Hermann Giguère P. H., Séminaire de Québec. Homélie du 13 mars 2022. Textes: Genèse 15, 5-12.17-18; Philippiens 3,17-4,1 et Luc 9, 28b-36.



L'église de la Transfiguration sur le mont Thabor en Terre Sainte (Crédits photo : H. Giguère)
L'église de la Transfiguration sur le mont Thabor en Terre Sainte (Crédits photo : H. Giguère)
Ceux et celles qui font des mots croisés ont remarqué que dans la première lecture on dit qu’Abraham venait de la ville ou du village d’Our en Chaldée. On demande souvent dans les mots croisés le nom d’une ville ancienne de deux ou trois lettres. Et la réponse est Our ou Ur .

Il y a plus que les mots croisés ce matin qui nous parlent. Ce passage de la Genèse associé à celui de la Transfiguration de Jésus sur le mont Thabor nous rejoint par le fil conducteur qu’il établit entre Abraham et Jésus. Abraham vit une rencontre avec Dieu qui transfigure sa vie et Jésus devant les apôtres qui sont des témoins fiables voit lui aussi sa vie transfigurée.

Essayons d’aller un peu plus loin dans notre méditation sur cette épisode de la vie de Jésus que saint Luc vient de nous raconter.

I- Une histoire de famille

Le chrétien se rappelle durant le Carême son histoire de famille en relisant des passages de la Bible, car cette histoire de famille ne commence pas seulement avec l’arrivée de la foi chez nous par les missionnaires récollets et les missionnaires jésuites, saint François de Laval, apôtre de l'Amérique, et les autres. Elle ne commence même pas avec Jésus dont nous avons accueilli la naissance à Noël comme Sauveur du monde. Elle commence avec un personnage à nul autre pareil que la première lecture nous présente : Abraham qui, un jour, a vécu une rencontre inoubliable avec le Seigneur qui marquera tout le reste de l’histoire.

La première lecture nous la raconte avec des détails que les générations suivantes ont retenus et qui ont été transmis pour faire saisir la grandeur et le caractère unique de cette rencontre d'Abraham avec son Dieu. Dans ce récit, le Seigneur qui a fait sortir Abraham d’Our en Chaldée lui montre par un feu brûlant sur ses offrandes, « un brasier fumant et une torche enflammée », dit le texte de la lecture, qu’il s’est penché vers lui avec amour et miséricorde et il conclut une Alliance avec lui et sa descendance.

Dans cette présentation nous avons le fil conducteur de notre histoire de famille, pourrait-on dire, celle d’une Alliance qui se manifeste par un amour désintéressé et prévenant du Dieu découvert par Abraham, un Dieu qui lui dit qu’il sera pour toujours avec lui et ceux et celles qui, à sa suite, lui feront confiance.

II- Le récit de la transfiguration

La scène de la transfiguration de Jésus sur le Thabor ne peut se comprendre sans la mettre en relation avec cette alliance commencée avec Abraham. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les apôtres voient Jésus accompagné de Moïse et Élie qui représentent les successeurs d’Abraham dans le développement de l’Alliance du peuple hébreu, la descendance d’Abraham, avec son Dieu.

Cette union indissoluble du peuple hébreu avec son Dieu trouve son accomplissement total dans Jésus, le Fils de Dieu qui se manifeste dans le temps. Ce Fils de Dieu se fait l’un de nous. Rien ne le distingue au premier abord de ceux et celles qui l’entourent, mais il porte en lui une lumière à nulle autre pareille.

C’est cette lumière qui le transfigure devant ses apôtres qui ont reconnu déjà le caractère exceptionnel du Maître qu’ils ont décidé de suivre, mais sans jamais imaginer ce qu'ils entendent. En effet, de la nuée sur le mont Thabor, la voix qui se fait entendre : « Celui-ci est on Fils, celui que j'ai choisi, écoutez-le » les renverse. Ils découvrent que Jésus est non seulement l’Envoyé de Dieu, mais qu’il est Dieu, né de Dieu comme le dit le symbole de la foi de Nicée-Constantinople qu’on récitait à la messe autrefois et qui est parfois utilisé dans notre liturgie : « vrai Dieu, né du vrai Dieu - Deum verum de Deo natum ». (Voir à la fin le texte et la traduction française).

III- Application

Que retenir de cette méditation pour notre bénéfice personnel au cours de ce carême?

Une première chose, il me semble, serait que nous prenions conscience que par le baptême, Dieu qui nous a donné son Fils unique, qu'Il a ressuscité des morts, fait de nous ses frères et ses soeurs, des fils et des filles de Dieu, des enfants de Dieu, "héritiers de Dieu, héritiers avec le Christ" (Romains 8, 17). Les catéchumènes qui se préparent au baptême font au cours du carême un chemin qui leur apprend comment vivre ce don merveilleux. Ayons une pensée pour eux et pour elles. Nous serons ainsi amenés à redécouvrir notre propre baptême qui a fait de nous des enfants de Dieu.

Deuxième chose à retenir, c’est celle de l’inattendu des visites de Dieu. Partis pour un moment de repos et de prière sur le mont Thabor, les apôtres ne s’attendaient pas à cette expérience. Ils se laissent aller au sommeil et c’est là que Dieu les rejoint et les réveille. Nous sommes souvent endormis aujourd’hui dans nos communautés et dans nos vies. Laissons Dieu nous réveiller et laissons-nous illuminer de sa présence toujours nouvelle.

Troisième chose à retenir de ces considérations, c’est que nous sommes envoyés pour partager ce qui nous a rejoint. Ce partage n’est pas celui des stars qui se mettent en avant, c’est celui de témoins qui par leurs gestes, par leurs paroles, par leur vie montrent qu’ils sont fils et filles de lumière. « Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée. Et l’on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau ; on la met sur le lampadaire, et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison ». (Mathieu 5, 14-15)

Conclusion

Que cette eucharistie, signe de la nouvelle Alliance voulue par Jésus le soir du Jeudi Saint, renouvelle en nous l’accueil de l’amour miséricordieux de Dieu qui fait alliance avec chacun et chacune de nous et qu'elle nous rende pour nos frères et sœurs des témoins de la miséricorde de Dieu en pratiquant durant notre carême les œuvres de miséricorde corporelles et spirituelles : « Si à travers les œuvres corporelles nous touchons la chair du Christ, écrit le pape François, dans nos frères et nos sœurs qui ont besoin d’être nourris, vêtus, hébergés, visités, les œuvres spirituelles quant à elles, - conseiller, enseigner, pardonner avertir, prier – touchent plus directement notre condition de pécheurs. C’est pourquoi les œuvres corporelles et les œuvres spirituelles ne doivent jamais être séparées. »

Bonne poursuite de votre carême !

Amen!

Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec


8 mars 2022






Le symbole de Nicée-Constantinople est la profession de foi chrétienne qui fut promulgué lors du concile de Nicée de 325 et complété lors du concile de Constantinople de 381 : de là l'expression « symbole de Nicée-Constantinople ». La liturgie catholique continue de le proposer dans la célébration de l'Eucharistie avec le Symbole des apôtres qui est le plus utilisé.

« Credo in unum Deum, Patrem omnipoténtem, factόrem cæli et terræ, visibílium όmnium, et invisibílium.
Et in unum Dόminum Iesum Christum, Fílium Dei unigénitum. Et ex Patre natum ante όmnia sæcula. Deum de Deo, lumen de lúmine, Deum verum de Deo vero. Génitum, non factum, consubstantiálem Patri : per quem όmnia facta sunt. »

« Je crois en un seul Dieu, le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, de l'univers visible et invisible. Je crois en un seul Seigneur, Jésus-Christ, le Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles ; il est Dieu, né de Dieu, lumière, née de la lumière, vrai Dieu, né du vrai Dieu. Engendré, non pas créé, de même nature que le Père, et par lui tout a été fait]u. »

C'est nous qui soulignons




LECTURES DE LA MESSE
PREMIÈRE LECTURE
Le Seigneur conclut une alliance avec Abraham, le croyant (Gn 15, 5-12.17-18)
Lecture du livre de la Genèse

En ces jours-là,
le Seigneur parlait à Abraham dans une vision.
Il le fit sortir et lui dit :
« Regarde le ciel,
et compte les étoiles, si tu le peux... »
Et il déclara :
« Telle sera ta descendance ! »
Abram eut foi dans le Seigneur
et le Seigneur estima qu’il était juste.

Puis il dit :
« Je suis le Seigneur,
qui t’ai fait sortir d’Our en Chaldée
pour te donner ce pays en héritage. »
Abram répondit :
« Seigneur mon Dieu, comment vais-je savoir
que je l’ai en héritage ? »
Le Seigneur lui dit :
« Prends-moi une génisse de trois ans,
une chèvre de trois ans,
un bélier de trois ans,
une tourterelle et une jeune colombe. »
Abram prit tous ces animaux,
les partagea en deux,
et plaça chaque moitié en face de l’autre ;
mais il ne partagea pas les oiseaux.
Comme les rapaces descendaient sur les cadavres,
Abram les chassa.
Au coucher du soleil,
un sommeil mystérieux tomba sur Abram,
une sombre et profonde frayeur tomba sur lui.
Après le coucher du soleil, il y eut des ténèbres épaisses.
Alors un brasier fumant et une torche enflammée
passèrent entre les morceaux d’animaux.
Ce jour-là, le Seigneur conclut une alliance avec Abram
en ces termes :
« À ta descendance je donne le pays que voici,
depuis le Torrent d'Égypte jusqu'au Grand Fleuve, l'Euphrate. »

– Parole du Seigneur.

PSAUME
(Ps 26 (27), 1, 7-8, 9abcd, 13-14)
R/ Le Seigneur est ma lumière et mon salut. (Ps 26, 1a)

Le Seigneur est ma lumière et mon salut ;
de qui aurais-je crainte ?
Le Seigneur est le rempart de ma vie ;
devant qui tremblerais-je ?

Écoute, Seigneur, je t’appelle !
Pitié ! Réponds-moi !
Mon cœur m’a redit ta parole :
« Cherchez ma face. »

C’est ta face, Seigneur, que je cherche :
ne me cache pas ta face.
N’écarte pas ton serviteur avec colère :
tu restes mon secours.

J’en suis sûr, je verrai les bontés du Seigneur
sur la terre des vivants.
« Espère le Seigneur, sois fort et prends courage ;
espère le Seigneur. »

DEUXIÈME LECTURE
« Le Christ transformera nos pauvres corps à l’image de son corps glorieux » (Ph 3, 17 – 4, 1)
Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Philippiens

Frères,
ensemble imitez-moi,
et regardez bien ceux qui se conduisent
selon l’exemple que nous vous donnons.
Car je vous l’ai souvent dit,
et maintenant je le redis en pleurant :
beaucoup de gens se conduisent en ennemis de la croix du Christ.
Ils vont à leur perte.
Leur dieu, c’est leur ventre,
et ils mettent leur gloire dans ce qui fait leur honte ;
ils ne pensent qu’aux choses de la terre.

Mais nous, nous avons notre citoyenneté dans les cieux,
d’où nous attendons comme sauveur
le Seigneur Jésus Christ,
lui qui transformera nos pauvres corps
à l’image de son corps glorieux,
avec la puissance active qui le rend même capable
de tout mettre sous son pouvoir.
Ainsi, mes frères bien-aimés pour qui j’ai tant d’affection,
vous, ma joie et ma couronne,
tenez bon dans le Seigneur, mes bien-aimés.

– Parole du Seigneur.



OU LECTURE BREVE

DEUXIÈME LECTURE
« Le Christ transformera nos pauvres corps à l’image de son corps glorieux » (Ph 3, 20 – 4, 1)
Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Philippiens

Frères,
nous, nous avons notre citoyenneté dans les cieux,
d’où nous attendons comme sauveur
le Seigneur Jésus Christ,
lui qui transformera nos pauvres corps
à l’image de son corps glorieux,
avec la puissance active qui le rend même capable
de tout mettre sous son pouvoir.

Ainsi, mes frères bien-aimés pour qui j’ai tant d’affection,
vous, ma joie et ma couronne,
tenez bon dans le Seigneur, mes bien-aimés.

– Parole du Seigneur.

ÉVANGILE
« Pendant qu’il priait, l’aspect de son visage devint autre » (Lc 9, 28b-36)
Gloire au Christ,
Parole éternelle du Dieu vivant.
Gloire à toi, Seigneur.
De la nuée lumineuse,
la voix du Père a retenti :
« Celui-ci est mon Fils bien-aimé,
écoutez-le ! »
Gloire au Christ,
Parole éternelle du Dieu vivant.
Gloire à toi, Seigneur. (cf. Mt 17, 5)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce temps-là,
Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques,
et il gravit la montagne pour prier.
Pendant qu’il priait,
l’aspect de son visage devint autre,
et son vêtement devint d’une blancheur éblouissante.
Voici que deux hommes s’entretenaient avec lui :
c’étaient Moïse et Élie,
apparus dans la gloire.
Ils parlaient de son départ
qui allait s’accomplir à Jérusalem.
Pierre et ses compagnons étaient accablés de sommeil ;
mais, restant éveillés, ils virent la gloire de Jésus,
et les deux hommes à ses côtés.
Ces derniers s’éloignaient de lui,
quand Pierre dit à Jésus :
« Maître, il est bon que nous soyons ici !
Faisons trois tentes :
une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. »
Il ne savait pas ce qu’il disait.
Pierre n’avait pas fini de parler,
qu’une nuée survint et les couvrit de son ombre ;
ils furent saisis de frayeur
lorsqu’ils y pénétrèrent.
Et, de la nuée, une voix se fit entendre :
« Celui-ci est mon Fils,
celui que j’ai choisi :
écoutez-le ! »
Et pendant que la voix se faisait entendre,
il n’y avait plus que Jésus, seul.
Les disciples gardèrent le silence
et, en ces jours-là,
ils ne rapportèrent à personne rien de ce qu’ils avaient vu.

– Acclamons la Parole de Dieu.


Mardi 8 Mars 2022
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