Je vais vous préparer une place...
Mgr de Laval, le fondateur du Séminaire de Québec, voulait que ses prêtres réunis dans cette communauté ne fassent qu’une seule famille. Cet esprit de famille s’est toujours continué et il s’étend au personnel et aux personnes employées au Séminaire.
C’est ainsi que chaque année, à Petit Cap au cours de l’automne il y a une fête qui réunit tous les employés pour une journée de fraternité et d’amitié. C’est au cours d’une de ces fêtes que j’ai connu madame Suzanne Laroche.
Je la revois encore, un peu timide, me présentant un de ses petits-fils qui l’accompagnait. Je sentais chez elle tout l’amour d’une grand-mère et d’une mère.
I- Un amour sans limites
C’est pourquoi, je n’ai pas été surpris que l’on choisisse comme texte de la première lecture que vous venez d’entendre le beau texte de saint Jean qui nous dit qu’aimer c’est vivre et que refuser d’aimer, c’est mourir. Aimer d’un amour sans limites, voilà ce que notre sœur a vécu.
Cet amour sans limites elle l’a répandu autour d’elle, en particulier dans sa famille. Se dépenser pour les autres fut sa préoccupation de tous les instants. Elle fait partie de ces personnes pour qui vivre c’est aimer, c’est se donner. Elle l’a fait avec combien de charme, de patience et de dévouement.
N’est-ce pas, mes frères et sœurs, un chemin qui doit nous inspirer nous aussi dans notre vie? N’est-ce pas un message dont a besoin notre société, si dure et si égoïste parfois? Le souvenir de madame Laroche nous met les choses à la bonne place, je dirais. Oui! Comme le dit saint Jean : « Mes enfants, nous devons aimer : non pas avec des paroles et des discours, mais par des actes et en vérité…et devant Dieu nous aurons le cœur en paix. »
Cet amour sans limites que nous sommes invités à vivre, Jésus l’a vécu le premier et c’est pour cela que sa vie et son message continuent d’être si actuels. On le connaît peu et mal parfois. On se laisse modeler par les médias qui n’en donnent que des approximations et pourtant quelle force et quelle beauté qui rejoignent ceux et celles qui, comme la défunte que nous accompagnons de nos prières, se laissent bien simplement modeler par l’amour qui est au-dessus de tout et qui ne mourra jamais.
II- Une demeure éternelle
Si nous passons maintenant au texte de l’évangile que j’ai lu il y a un instant, je dois dire que madame Suzanne Laroche a pu avoir un avant-goût, je pense, de la demeure éternelle qui nous attend. Elle avait déjà ici-bas une demeure qu’elle chérissait énormément. Cette demeure c’était la nature tout entière. La nature des Monts Vallin, les couchers de soleil, les poissons qu’elle ne faisait pas que taquiner, mais qu’elle attendait avec une patience que son mari se plaît à vanter. Nous reconnaissons là ses origines indiennes. Elle aimait deux prières qu’à la fin de la messe on entendra : la première une prière indienne que lira son fils Yves entouré de ses autres fils Denis et Marc et la seconde une prière que madame Laroche récitait tous les jours et que lira Francine, sa belle-fille.
Cette nature si belle qu’elle aimait, c’est aux Monts Vallin, en particulier, qu’elle la goûtait. J’ai remarqué hier soir au salon funéraire que plusieurs des photos exposées le rappelaient. J’ai été frappé par l’un d’elle qui la montre assise dans le soleil couchant devant la roulotte avec son mari, Claude. Celui-ci me disait que cette photo était une de celle qu’il préférait car c’étaient les moments de paix et de plénitude que Suzanne appréciait le plus. Elle était alors, me disait-il, en paix, pleinement heureuse et détendue.
Cette paix qu’elle a connue en ces moments forts, elle la trouve maintenant pour toujours d’une façon mystérieuse qui nous surprend, mais qui est bien réelle. « Nous le savons, en effet, le corps, qui est notre demeure sur la terre, doit être détruit, mais Dieu construit pour nous dans les cieux une demeure éternelle qui n’est pas l’œuvre des hommes » comme le dit saint Paul dans sa lettre au x Thessaloniciens (1Th 4, 13)
Le baptisé ne se retrouve pas seul après son passage à la maison du Père, il y trouve une « demeure » où il a sa place, une famille où il est chez lui, une table où le Seigneur s’assoit avec lui et l’accueille au banquet éternel.
Notre sœur en Jésus-Christ, Suzanne, a vu le Seigneur venir à elle pour toujours. Sa demeure n’est plus faite de main d’homme, elle dépasse la belle nature visible qu’elle aimait tant, elle est une demeure éternelle. Cette demeure fait partie d’une grande maison : « La maison de mon Père peut être la demeure de beaucoup de monde », nous dit Jésus dans le texte de l’évangile de saint Jean qui vient d’être proclamé. Le chrétien est entré par le baptême dans une famille dont il fait partie pour le temps et l’éternité : « Là où je suis, vous y serez aussi ». Une famille où il a sa place : « Je pars vous préparer une place »
Cette place que nous prépare Jésus, elle se construite petit à petit dans un chemin de vie qui est différent pour chacun, un chemin de vie où nous sommes encore engagés, nous qui nous souvenons aujourd’hui de celle qui a été une épouse, une mère, une grand-mère, une amie, une confidente et par-dessus tout une enfant de Dieu par le baptême qui lui a ouvert les portes d’une demeure que l’œil ne peut voir et que l’esprit ne peut imaginer, une demeure où celui qui nous attend, le Seigneur Jésus, nous dit : « Venez le bénis de mon Père et assoyez-vous à ma table pour le banquet éternel ».
Conclusion
Notre messe est l’image de ce banquet éternel. Déjà nous vivons en ce moment, en nous unissant au Christ et en nous unissant les uns aux autres, un amour et une communion qui ne passent pas et qui sont comme les commencements de cette vie bienheureuse qui nous attend et que je vous souhaite toutes et à tous. Amen!
Mgr Hermann Giguère, P.H.
Supérieur général du Séminaire de Québec
le 19 décembre 2009
C’est ainsi que chaque année, à Petit Cap au cours de l’automne il y a une fête qui réunit tous les employés pour une journée de fraternité et d’amitié. C’est au cours d’une de ces fêtes que j’ai connu madame Suzanne Laroche.
Je la revois encore, un peu timide, me présentant un de ses petits-fils qui l’accompagnait. Je sentais chez elle tout l’amour d’une grand-mère et d’une mère.
I- Un amour sans limites
C’est pourquoi, je n’ai pas été surpris que l’on choisisse comme texte de la première lecture que vous venez d’entendre le beau texte de saint Jean qui nous dit qu’aimer c’est vivre et que refuser d’aimer, c’est mourir. Aimer d’un amour sans limites, voilà ce que notre sœur a vécu.
Cet amour sans limites elle l’a répandu autour d’elle, en particulier dans sa famille. Se dépenser pour les autres fut sa préoccupation de tous les instants. Elle fait partie de ces personnes pour qui vivre c’est aimer, c’est se donner. Elle l’a fait avec combien de charme, de patience et de dévouement.
N’est-ce pas, mes frères et sœurs, un chemin qui doit nous inspirer nous aussi dans notre vie? N’est-ce pas un message dont a besoin notre société, si dure et si égoïste parfois? Le souvenir de madame Laroche nous met les choses à la bonne place, je dirais. Oui! Comme le dit saint Jean : « Mes enfants, nous devons aimer : non pas avec des paroles et des discours, mais par des actes et en vérité…et devant Dieu nous aurons le cœur en paix. »
Cet amour sans limites que nous sommes invités à vivre, Jésus l’a vécu le premier et c’est pour cela que sa vie et son message continuent d’être si actuels. On le connaît peu et mal parfois. On se laisse modeler par les médias qui n’en donnent que des approximations et pourtant quelle force et quelle beauté qui rejoignent ceux et celles qui, comme la défunte que nous accompagnons de nos prières, se laissent bien simplement modeler par l’amour qui est au-dessus de tout et qui ne mourra jamais.
II- Une demeure éternelle
Si nous passons maintenant au texte de l’évangile que j’ai lu il y a un instant, je dois dire que madame Suzanne Laroche a pu avoir un avant-goût, je pense, de la demeure éternelle qui nous attend. Elle avait déjà ici-bas une demeure qu’elle chérissait énormément. Cette demeure c’était la nature tout entière. La nature des Monts Vallin, les couchers de soleil, les poissons qu’elle ne faisait pas que taquiner, mais qu’elle attendait avec une patience que son mari se plaît à vanter. Nous reconnaissons là ses origines indiennes. Elle aimait deux prières qu’à la fin de la messe on entendra : la première une prière indienne que lira son fils Yves entouré de ses autres fils Denis et Marc et la seconde une prière que madame Laroche récitait tous les jours et que lira Francine, sa belle-fille.
Cette nature si belle qu’elle aimait, c’est aux Monts Vallin, en particulier, qu’elle la goûtait. J’ai remarqué hier soir au salon funéraire que plusieurs des photos exposées le rappelaient. J’ai été frappé par l’un d’elle qui la montre assise dans le soleil couchant devant la roulotte avec son mari, Claude. Celui-ci me disait que cette photo était une de celle qu’il préférait car c’étaient les moments de paix et de plénitude que Suzanne appréciait le plus. Elle était alors, me disait-il, en paix, pleinement heureuse et détendue.
Cette paix qu’elle a connue en ces moments forts, elle la trouve maintenant pour toujours d’une façon mystérieuse qui nous surprend, mais qui est bien réelle. « Nous le savons, en effet, le corps, qui est notre demeure sur la terre, doit être détruit, mais Dieu construit pour nous dans les cieux une demeure éternelle qui n’est pas l’œuvre des hommes » comme le dit saint Paul dans sa lettre au x Thessaloniciens (1Th 4, 13)
Le baptisé ne se retrouve pas seul après son passage à la maison du Père, il y trouve une « demeure » où il a sa place, une famille où il est chez lui, une table où le Seigneur s’assoit avec lui et l’accueille au banquet éternel.
Notre sœur en Jésus-Christ, Suzanne, a vu le Seigneur venir à elle pour toujours. Sa demeure n’est plus faite de main d’homme, elle dépasse la belle nature visible qu’elle aimait tant, elle est une demeure éternelle. Cette demeure fait partie d’une grande maison : « La maison de mon Père peut être la demeure de beaucoup de monde », nous dit Jésus dans le texte de l’évangile de saint Jean qui vient d’être proclamé. Le chrétien est entré par le baptême dans une famille dont il fait partie pour le temps et l’éternité : « Là où je suis, vous y serez aussi ». Une famille où il a sa place : « Je pars vous préparer une place »
Cette place que nous prépare Jésus, elle se construite petit à petit dans un chemin de vie qui est différent pour chacun, un chemin de vie où nous sommes encore engagés, nous qui nous souvenons aujourd’hui de celle qui a été une épouse, une mère, une grand-mère, une amie, une confidente et par-dessus tout une enfant de Dieu par le baptême qui lui a ouvert les portes d’une demeure que l’œil ne peut voir et que l’esprit ne peut imaginer, une demeure où celui qui nous attend, le Seigneur Jésus, nous dit : « Venez le bénis de mon Père et assoyez-vous à ma table pour le banquet éternel ».
Conclusion
Notre messe est l’image de ce banquet éternel. Déjà nous vivons en ce moment, en nous unissant au Christ et en nous unissant les uns aux autres, un amour et une communion qui ne passent pas et qui sont comme les commencements de cette vie bienheureuse qui nous attend et que je vous souhaite toutes et à tous. Amen!
Mgr Hermann Giguère, P.H.
Supérieur général du Séminaire de Québec
le 19 décembre 2009