I- Des gestes enracinés dans une histoire
« Faites cela en mémoire de moi », écrit saint Paul dans le récit qu’il rapporte de la dernière Cène (1 Co 11, 24). « En mémoire de moi » ne peut se séparer de la mémoire d’Israël comme nous invite à le faire le choix de la première lecture tirée du livre de l’Exode où la première Pâque est racontée et présentée comme un mémorial de l’Alliance, une fête de pèlerinage où le Peuple en marche continue d’avancer sous la protection de celui qui le conduit et l’illumine.
En l’an 28 de notre ère, plus ou moins, Jésus célébrait, le soir de ce qui est devenu pour nous le Jeudi-Saint, la Pâque juive avec ses apôtres l’anticipant de quelques jours.
On le voit c’est la mémoire de l’Alliance de Dieu avec son Peuple qui le fait passer de l’esclavage à la liberté, de la mort à la vie, qui inspire les gestes de Jésus qui reprend le rituel de la tradition d’Israël. En centrant les gestes des disciples sur ce que Jésus a fait le Jeudi Saint comme l’enseigne saint Paul, on ne peut couper ces gestes de toute l’histoire où ils s’inscrivent.
La Cène, prend place dans l’histoire du Salut comme un moment d’un ensemble qui l’explique et lui donne sens. Le sacrement de l’Eucharistie est ainsi le sommet d’une histoire où Dieu se donne dans son Fils et ce don se réactualise à chaque fois que nous répétons les gestes et les paroles de Jésus à la dernière Cène.
II – Une Alliance Nouvelle
En effet, le soir de la Cène de Jésus avec ses apôtres, les choses anciennes, les gestes et les rites prennent un tour nouveau dans les paroles de Jésus que Paul rapporte : « Ceci est mon corps » « Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang. »
L’Ancienne Alliance se transforme en Alliance nouvelle. L’Agneau immolé n’est plus un animal, mais il est le Fils Bien-aimé. L' Alliance s’étend maintenant non seulement à Israël, à un peuple élu, mais à toutes les nations, jusqu’aux extrémités de la terre. Le sang répandu de l’Agneau sauve toute l’humanité.
Quelle nouveauté! Quelle surprise pour les commensaux de la Cène autour de Jésus!
Et pour bien marquer cette nouveauté, l’évangile selon saint Jean nous raconte qu’au cours de cette Pâque de Jésus, celui-ci ne s’est pas contenté de laisser un signe de cette Alliance nouvelle. Il l’a mise en pratique sur place.
C’est pourquoi, il s’est ceint les reins d’un linge et a lavé les pieds des apôtres. Le Fils Bien-aimé, le Maître, qui se fait le serviteur obéissant en tout au Père. Le Fils Bien-aimé qui ne sauve pas par la puissance, par la gloire, par les institutions, par la Loi, mais qui sauve par l’amour qui le fait se mettre au service de tous, en se faisant humble et serviteur. « Ubi caritas et amor, Deus ibi est » chantons-nous en cette soirée bénie : « Là où est la charité et l’amour, Dieu est présent. »
III – Une nouveauté toujours actuelle
La célébration de la messe en mémoire de la Cène du Seigneur nous permet de plonger dans la profondeur de l’Alliance nouvelle en refaisant ce soir et à tous les jours la mémoire de ce que Jésus a fait le soir du Jeudi-Saint.
En effet, ce soir, nous ne faisons pas que célébrer la mémoire de la Cène du Seigneur, mais nous célébrons le mystère de l’Histoire du salut où Dieu instaure une Alliance nouvelle, un second Testament comme disent les exégètes d’aujourd’hui, un second Testament qui n’enlève rien du premier, mais qui le porte à sa perfection. « Je ne suis pas venu abolir la Loi et les Prophètes, mais les accomplir.» « Je vous donne une Loi nouvelle, chantons-nous souvent, c’est de vous aimer les uns les autres comme je vous ai aimé ».
C’est dans cette lumière de l’Alliance Nouvelle que l’Église continue de célébrer les gestes du Seigneur, que nous répondons au « Faites cela en mémoire de moi ». Chaque fois que nous célébrons l’Eucharistie, nous entrons dans la Pâque du Seigneur, nous rappelons sa mort, nous célébrons sa résurrection et nous annonçons sa venue dans la Gloire.
En ce repas pascal de la Cène du Seigneur, la Pâque d’Israël devient la Pâque personnelle de Jésus qui offre sa vie et scelle la nouvelle Alliance. Dans le sacrement de l’Eucharistie, notre Pâque personnelle se réalise comme pour Jésus. Notre Pâque se concrétise chaque fois que nous refaisons les gestes de Jésus « en mémoire de lui ». Ainsi, comme Lui nous passons de ce monde au Père. Comme Lui nous offrons notre vie en offrande agréable à Dieu. Comme Lui nous annonçons le monde qui vient.
Conclusion
Que notre célébration de ce soir nous rende un peu plus semblables à celui qui s’est fait le serviteur de tous pour être fidèle à la volonté du Père et qui ainsi nous est passé de la mort à la vie. Faison notre ces riches paroles de la prière eucharistique pour des circonstances particulières n. 3 : "Regarde avec bonté, Seigneur, l'offrande de ton Église qui te présente par nos mains ce qu'elle a reçu de toi, le sacrifice de louange, la Pâque du Christ. Que la force de ton Esprit fasse de nous, dès maintenant et pour toujours, les membres de ton Fils ressuscité, par notre communion à son corps et à son sang."
Amen!
Mgr Hermann Giguère, ptre p.h.
Supérieur général du Séminaire de Québec
Le 9 avril 2009.
« Faites cela en mémoire de moi », écrit saint Paul dans le récit qu’il rapporte de la dernière Cène (1 Co 11, 24). « En mémoire de moi » ne peut se séparer de la mémoire d’Israël comme nous invite à le faire le choix de la première lecture tirée du livre de l’Exode où la première Pâque est racontée et présentée comme un mémorial de l’Alliance, une fête de pèlerinage où le Peuple en marche continue d’avancer sous la protection de celui qui le conduit et l’illumine.
En l’an 28 de notre ère, plus ou moins, Jésus célébrait, le soir de ce qui est devenu pour nous le Jeudi-Saint, la Pâque juive avec ses apôtres l’anticipant de quelques jours.
On le voit c’est la mémoire de l’Alliance de Dieu avec son Peuple qui le fait passer de l’esclavage à la liberté, de la mort à la vie, qui inspire les gestes de Jésus qui reprend le rituel de la tradition d’Israël. En centrant les gestes des disciples sur ce que Jésus a fait le Jeudi Saint comme l’enseigne saint Paul, on ne peut couper ces gestes de toute l’histoire où ils s’inscrivent.
La Cène, prend place dans l’histoire du Salut comme un moment d’un ensemble qui l’explique et lui donne sens. Le sacrement de l’Eucharistie est ainsi le sommet d’une histoire où Dieu se donne dans son Fils et ce don se réactualise à chaque fois que nous répétons les gestes et les paroles de Jésus à la dernière Cène.
II – Une Alliance Nouvelle
En effet, le soir de la Cène de Jésus avec ses apôtres, les choses anciennes, les gestes et les rites prennent un tour nouveau dans les paroles de Jésus que Paul rapporte : « Ceci est mon corps » « Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang. »
L’Ancienne Alliance se transforme en Alliance nouvelle. L’Agneau immolé n’est plus un animal, mais il est le Fils Bien-aimé. L' Alliance s’étend maintenant non seulement à Israël, à un peuple élu, mais à toutes les nations, jusqu’aux extrémités de la terre. Le sang répandu de l’Agneau sauve toute l’humanité.
Quelle nouveauté! Quelle surprise pour les commensaux de la Cène autour de Jésus!
Et pour bien marquer cette nouveauté, l’évangile selon saint Jean nous raconte qu’au cours de cette Pâque de Jésus, celui-ci ne s’est pas contenté de laisser un signe de cette Alliance nouvelle. Il l’a mise en pratique sur place.
C’est pourquoi, il s’est ceint les reins d’un linge et a lavé les pieds des apôtres. Le Fils Bien-aimé, le Maître, qui se fait le serviteur obéissant en tout au Père. Le Fils Bien-aimé qui ne sauve pas par la puissance, par la gloire, par les institutions, par la Loi, mais qui sauve par l’amour qui le fait se mettre au service de tous, en se faisant humble et serviteur. « Ubi caritas et amor, Deus ibi est » chantons-nous en cette soirée bénie : « Là où est la charité et l’amour, Dieu est présent. »
III – Une nouveauté toujours actuelle
La célébration de la messe en mémoire de la Cène du Seigneur nous permet de plonger dans la profondeur de l’Alliance nouvelle en refaisant ce soir et à tous les jours la mémoire de ce que Jésus a fait le soir du Jeudi-Saint.
En effet, ce soir, nous ne faisons pas que célébrer la mémoire de la Cène du Seigneur, mais nous célébrons le mystère de l’Histoire du salut où Dieu instaure une Alliance nouvelle, un second Testament comme disent les exégètes d’aujourd’hui, un second Testament qui n’enlève rien du premier, mais qui le porte à sa perfection. « Je ne suis pas venu abolir la Loi et les Prophètes, mais les accomplir.» « Je vous donne une Loi nouvelle, chantons-nous souvent, c’est de vous aimer les uns les autres comme je vous ai aimé ».
C’est dans cette lumière de l’Alliance Nouvelle que l’Église continue de célébrer les gestes du Seigneur, que nous répondons au « Faites cela en mémoire de moi ». Chaque fois que nous célébrons l’Eucharistie, nous entrons dans la Pâque du Seigneur, nous rappelons sa mort, nous célébrons sa résurrection et nous annonçons sa venue dans la Gloire.
En ce repas pascal de la Cène du Seigneur, la Pâque d’Israël devient la Pâque personnelle de Jésus qui offre sa vie et scelle la nouvelle Alliance. Dans le sacrement de l’Eucharistie, notre Pâque personnelle se réalise comme pour Jésus. Notre Pâque se concrétise chaque fois que nous refaisons les gestes de Jésus « en mémoire de lui ». Ainsi, comme Lui nous passons de ce monde au Père. Comme Lui nous offrons notre vie en offrande agréable à Dieu. Comme Lui nous annonçons le monde qui vient.
Conclusion
Que notre célébration de ce soir nous rende un peu plus semblables à celui qui s’est fait le serviteur de tous pour être fidèle à la volonté du Père et qui ainsi nous est passé de la mort à la vie. Faison notre ces riches paroles de la prière eucharistique pour des circonstances particulières n. 3 : "Regarde avec bonté, Seigneur, l'offrande de ton Église qui te présente par nos mains ce qu'elle a reçu de toi, le sacrifice de louange, la Pâque du Christ. Que la force de ton Esprit fasse de nous, dès maintenant et pour toujours, les membres de ton Fils ressuscité, par notre communion à son corps et à son sang."
Amen!
Mgr Hermann Giguère, ptre p.h.
Supérieur général du Séminaire de Québec
Le 9 avril 2009.