Chers confrères aînés, jubilaires, frères prêtres, séminaristes, invités/es, c'est avec joie, mais aussi avec émotion que j’ai accepté ce défi de commenter pour vous, en cette journée de fête, la Parole de Dieu.
Dans l'extrait de l'Évangile que nous venons d'entendre, nous nous retrouvons un jeudi, comme aujourd’hui, le jeudi saint, au cours du dernier repas, la veille de sa passion. Au cours de ce moment d’extrême densité, Jésus révèle encore une fois la grande unité entre Lui et Son Père. « Nul ne va vers le Père sans passer par moi »; « Qui m’a vu a vu le Père ». Qu’il est bon d’entendre Jésus nous révéler cela, alors qu’Il vient de laver les pieds de ses disciples! Voir Dieu en Jésus, agenouillé aux pieds de l’être humain, le priant de le suivre, de faire comme Lui par la suite.
« Croyez ce que je vous dis: je suis dans le Père, et le Père est en moi; si vous ne croyez pas ma parole, croyez au moins à cause de mes oeuvres. » (Jn 14,11)
Tous n'ont pas la même foi parmi les disciples, parmi ceux que Jésus a choisis. La foi de pêcheurs, celle du percepteur d'impôts, celle de Philippe qui a interpellé Nathanaël, celle de Jean, celui que Jésus aimait, et enfin celle du malheureux Judas...
« Celui qui croit en moi accomplira les mêmes œuvres que moi, il en accomplira même de plus grandes puisque je pars vers le Père. » (Jn 14,12)
Dans le livre des Actes des apôtres, nous sommes témoins que « Beaucoup de signes et de prodiges se réalisaient par les mains des Apôtres. » (Ac 2,43) Pensons aux guérisons de Pierre et de Jean par .exemple: celle de l'infirme à la belle porte du Temple: « Je n'ai ni or ni argent. Je te donnerai ce que j'ai: au nom du Messie, Jésus de Nazareth, lève-toi et marche! » (Ac 3,6 ss.). Le texte nous rapporte: « On allait jusqu'à amener les malades à la rue, on les déposait sur des lits ou des civières là où Pierre allait passer, pour que son ombre au moins fasse effet sur l'un d'eux. » (Ac 5,15) Pensons aux paroles et aux oeuvres d’Étienne ou de Philippe qui a évangélisé la Samarie. Sans oublier l'avorton, Paul dont l’oeuvre missionnaire en a fait l’une des deux colonnes de l’Église!
Combien d'hommes et de femmes ayant cru en Jésus ont par la suite accompli de grandes œuvres... Plus près de nous, nous nous référons à François de Laval, premier évêque de Québec, fondateur du Séminaire de Québec.
Au cours de ces 350 années de mission que nous célébrerons sous peu, plusieurs membres de la communauté du Séminaire ont aussi accompli de grandes œuvres qui, nous osons croire ont pris naissance dans leur foi en Jésus. Il y a surement ces œuvres d'envergure qui surgissent à notre esprit, celles qui ont marqué des espaces physiques, celles qui apparaissent dans les archives, celles qui font maintenant partie de notre patrimoine matériel ou immatériel..... Mais il y a aussi les autres!
Nous pourrions avoir la tentation de nous comparer à ces personnes qui, en d’autres temps ont donné naissance ou ont assuré la progression et la continuation de ces oeuvres et nous dire qu’aujourd’hui, nous avons bien moins de ressources humaines pour en assurer la subsistance ou pour en fonder de nouvelles. Je crois qu'entrer dans cette dynamique ne nous conduit pas vers l’avenir sinon vers le passé; elle ne nous conduit pas vers la vie sinon vers la mort. Se peut-il qu’il y ait d’autres grandes oeuvres, ailleurs?
Remontons à la source: quand nous portons notre regard sur le Christ, nous pensons à son incarnation, à sa prédication, la rédemption, la fondation de l’Église... Aujourd’hui, l’oeuvre qui nous est encore accessible n’est-elle pas celle de l'évangélisation?
HARIAOUAGUI, « L'homme de la grande affaire », « la grande affaire du salut », plus importante que toutes les autres affaires, selon ce qu’avaient compris les Amérindiens. François de Laval voulait que le Règne de Dieu soit présent dans le coeur de toutes celles et de tous ceux qui lui avaient été confiés. Y a-t-il une oeuvre plus grande que de participer à la réalisation du Règne de Dieu dans le cœur d'une personne? N'y a-t-il pas plus de joie dans le ciel pour un pécheur qui se convertit que pour 99 justes?
Saint-Augustin affirmait en lien avec ce texte: « C’est une oeuvre plus grande de faire d’un pécheur un juste, que de créer le ciel et la terre; le ciel et la terre passeront, mais le salut et la justification des prédestinés demeureront à jamais. »
L’oeuvre la plus importante, consiste à faire qu'un coeur en arrive à être convaincu au plus profond de lui-même de l'amour inconditionnel de Dieu à son endroit puis à le rendre le plus libre possible, le plus disponible pour réaliser la volonté du Père.
Lorsqu’il parlait de la tâche de ses missionnaires, François de Laval était convaincu que, et je cite: « travailler à la conversion des infidèles est l'emploi le plus important qui soit dans l'Église. »
« Celui qui croit en moi accomplira les mêmes œuvres que moi, il en accomplira même de plus grandes... »
Mais Jésus n’a-t-il pas aussi évangélisé? N’a-t-il pas annoncé la Bonne Nouvelle aux pauvres, proclamé aux captifs la libération, aux aveugles le retour à la vue et renvoyé les opprimés en liberté? Que pouvons-nous faire de plus grand que Lui sur le plan des oeuvres?
Dans sa première lettre aux Corinthiens, Saint-Paul peut nous donner une piste: « Cet Évangile, vous l'avez reçu, et vous y restez attachés, vous serez sauvés par lui si vous le gardez tel que je vous l'ai annoncé ».
Demeurer attaché à cette Bonne Nouvelle de notre Salut, de notre libération définitive voilà ce qui peut nous éclairer dans la réalisation d’une oeuvre plus grande que celle du Christ.
La plus grande œuvre que nous puissions faire et que le Christ ne peut réaliser, peu importe notre âge, consiste à accueillir le salut alors que nous pensons ne pas le mériter. « Le Christ est mort pour nos péchés. » C'est ce que nous rappelait Saint-Paul dans la première lecture!
Accepter de nous laisser embrasser alors que nous ne le méritons pas, un peu comme l'enfant prodigue de la parabole.
Accepter de nous laisser laver les pieds par Jésus...
Accepter que ce soit le Christ qui nous conduit vers la béatitude éternelle.
Accepter d'être aimés, non pas pour ce que nous avons, ou ce que nous réalisons, mais tout simplement parce que nous croyons en Lui.
À cette oeuvre, nous pouvons tous y participer, peu importe nos forces, peu importe notre âge, peu importe que nous soyons prêtres ou laïcs, à la condition bien sûr d’avoir le coeur assez amoureux, assez humble pour le reconnaître.
Le Seigneur n'a jamais pu accomplir cette œuvre puisque Lui, Il n'a jamais péché, parce qu’Il a toujours été fidèle au Père, parce que Lui et le Père ne faisaient qu’un.
Rendons grâce à Dieu qui, tous les jours, continue de travailler à notre conversion et demandons-Lui de nous garder centrés « sur la grande affaire ». AMEN
l'abbé Serge Lavoie, prêtre agrégé.
Jubilaire
25 ans de prêtrise
Dans l'extrait de l'Évangile que nous venons d'entendre, nous nous retrouvons un jeudi, comme aujourd’hui, le jeudi saint, au cours du dernier repas, la veille de sa passion. Au cours de ce moment d’extrême densité, Jésus révèle encore une fois la grande unité entre Lui et Son Père. « Nul ne va vers le Père sans passer par moi »; « Qui m’a vu a vu le Père ». Qu’il est bon d’entendre Jésus nous révéler cela, alors qu’Il vient de laver les pieds de ses disciples! Voir Dieu en Jésus, agenouillé aux pieds de l’être humain, le priant de le suivre, de faire comme Lui par la suite.
« Croyez ce que je vous dis: je suis dans le Père, et le Père est en moi; si vous ne croyez pas ma parole, croyez au moins à cause de mes oeuvres. » (Jn 14,11)
Tous n'ont pas la même foi parmi les disciples, parmi ceux que Jésus a choisis. La foi de pêcheurs, celle du percepteur d'impôts, celle de Philippe qui a interpellé Nathanaël, celle de Jean, celui que Jésus aimait, et enfin celle du malheureux Judas...
« Celui qui croit en moi accomplira les mêmes œuvres que moi, il en accomplira même de plus grandes puisque je pars vers le Père. » (Jn 14,12)
Dans le livre des Actes des apôtres, nous sommes témoins que « Beaucoup de signes et de prodiges se réalisaient par les mains des Apôtres. » (Ac 2,43) Pensons aux guérisons de Pierre et de Jean par .exemple: celle de l'infirme à la belle porte du Temple: « Je n'ai ni or ni argent. Je te donnerai ce que j'ai: au nom du Messie, Jésus de Nazareth, lève-toi et marche! » (Ac 3,6 ss.). Le texte nous rapporte: « On allait jusqu'à amener les malades à la rue, on les déposait sur des lits ou des civières là où Pierre allait passer, pour que son ombre au moins fasse effet sur l'un d'eux. » (Ac 5,15) Pensons aux paroles et aux oeuvres d’Étienne ou de Philippe qui a évangélisé la Samarie. Sans oublier l'avorton, Paul dont l’oeuvre missionnaire en a fait l’une des deux colonnes de l’Église!
Combien d'hommes et de femmes ayant cru en Jésus ont par la suite accompli de grandes œuvres... Plus près de nous, nous nous référons à François de Laval, premier évêque de Québec, fondateur du Séminaire de Québec.
Au cours de ces 350 années de mission que nous célébrerons sous peu, plusieurs membres de la communauté du Séminaire ont aussi accompli de grandes œuvres qui, nous osons croire ont pris naissance dans leur foi en Jésus. Il y a surement ces œuvres d'envergure qui surgissent à notre esprit, celles qui ont marqué des espaces physiques, celles qui apparaissent dans les archives, celles qui font maintenant partie de notre patrimoine matériel ou immatériel..... Mais il y a aussi les autres!
Nous pourrions avoir la tentation de nous comparer à ces personnes qui, en d’autres temps ont donné naissance ou ont assuré la progression et la continuation de ces oeuvres et nous dire qu’aujourd’hui, nous avons bien moins de ressources humaines pour en assurer la subsistance ou pour en fonder de nouvelles. Je crois qu'entrer dans cette dynamique ne nous conduit pas vers l’avenir sinon vers le passé; elle ne nous conduit pas vers la vie sinon vers la mort. Se peut-il qu’il y ait d’autres grandes oeuvres, ailleurs?
Remontons à la source: quand nous portons notre regard sur le Christ, nous pensons à son incarnation, à sa prédication, la rédemption, la fondation de l’Église... Aujourd’hui, l’oeuvre qui nous est encore accessible n’est-elle pas celle de l'évangélisation?
HARIAOUAGUI, « L'homme de la grande affaire », « la grande affaire du salut », plus importante que toutes les autres affaires, selon ce qu’avaient compris les Amérindiens. François de Laval voulait que le Règne de Dieu soit présent dans le coeur de toutes celles et de tous ceux qui lui avaient été confiés. Y a-t-il une oeuvre plus grande que de participer à la réalisation du Règne de Dieu dans le cœur d'une personne? N'y a-t-il pas plus de joie dans le ciel pour un pécheur qui se convertit que pour 99 justes?
Saint-Augustin affirmait en lien avec ce texte: « C’est une oeuvre plus grande de faire d’un pécheur un juste, que de créer le ciel et la terre; le ciel et la terre passeront, mais le salut et la justification des prédestinés demeureront à jamais. »
L’oeuvre la plus importante, consiste à faire qu'un coeur en arrive à être convaincu au plus profond de lui-même de l'amour inconditionnel de Dieu à son endroit puis à le rendre le plus libre possible, le plus disponible pour réaliser la volonté du Père.
Lorsqu’il parlait de la tâche de ses missionnaires, François de Laval était convaincu que, et je cite: « travailler à la conversion des infidèles est l'emploi le plus important qui soit dans l'Église. »
« Celui qui croit en moi accomplira les mêmes œuvres que moi, il en accomplira même de plus grandes... »
Mais Jésus n’a-t-il pas aussi évangélisé? N’a-t-il pas annoncé la Bonne Nouvelle aux pauvres, proclamé aux captifs la libération, aux aveugles le retour à la vue et renvoyé les opprimés en liberté? Que pouvons-nous faire de plus grand que Lui sur le plan des oeuvres?
Dans sa première lettre aux Corinthiens, Saint-Paul peut nous donner une piste: « Cet Évangile, vous l'avez reçu, et vous y restez attachés, vous serez sauvés par lui si vous le gardez tel que je vous l'ai annoncé ».
Demeurer attaché à cette Bonne Nouvelle de notre Salut, de notre libération définitive voilà ce qui peut nous éclairer dans la réalisation d’une oeuvre plus grande que celle du Christ.
La plus grande œuvre que nous puissions faire et que le Christ ne peut réaliser, peu importe notre âge, consiste à accueillir le salut alors que nous pensons ne pas le mériter. « Le Christ est mort pour nos péchés. » C'est ce que nous rappelait Saint-Paul dans la première lecture!
Accepter de nous laisser embrasser alors que nous ne le méritons pas, un peu comme l'enfant prodigue de la parabole.
Accepter de nous laisser laver les pieds par Jésus...
Accepter que ce soit le Christ qui nous conduit vers la béatitude éternelle.
Accepter d'être aimés, non pas pour ce que nous avons, ou ce que nous réalisons, mais tout simplement parce que nous croyons en Lui.
À cette oeuvre, nous pouvons tous y participer, peu importe nos forces, peu importe notre âge, peu importe que nous soyons prêtres ou laïcs, à la condition bien sûr d’avoir le coeur assez amoureux, assez humble pour le reconnaître.
Le Seigneur n'a jamais pu accomplir cette œuvre puisque Lui, Il n'a jamais péché, parce qu’Il a toujours été fidèle au Père, parce que Lui et le Père ne faisaient qu’un.
Rendons grâce à Dieu qui, tous les jours, continue de travailler à notre conversion et demandons-Lui de nous garder centrés « sur la grande affaire ». AMEN
l'abbé Serge Lavoie, prêtre agrégé.
Jubilaire
25 ans de prêtrise