Le bon Pasteur - Statue du 3e siècle venant des Catacombes de Domitille, 39 pouces de haut, conservée au Musée Pio Cristiano du Vatican
Monsieur Racine avait demandé de ne pas parler de lui à ses funérailles, sauf de dire : prions pour notre frère Jean-Charles Racine qui a essayé d’être le serviteur du Christ.
Sans doute, rapporter publiquement ces paroles est déjà faire une certaine entorse à son vœu. Mais assurément, respecter sa demande, c’est contempler non le serviteur, mais le Maître. C’est tourner notre regard non pas vers le passé, mais devant nous, vers Celui qui est notre avenir et qui est lui-même la vie éternelle : le Christ vivant et ressuscité.
En effet, l’amour éternel du Père, en Jésus s’est fait homme et l’Esprit Saint l’a semé en nous pour que son germe éclate en vie éternelle. Nous en faisons l’expérience en nous-mêmes, la vie éternelle est déjà commencée. Désormais, il en est de l’histoire du monde comme du déroulement des saisons : sous la neige qui a tout figé veille tout de même le printemps, et dans les hivers du monde qui paralysent les cœurs, germe irrésistiblement le renouveau apporté par Jésus.
Jésus disait : « Moi, je suis le bon pasteur ». Aucun juif qui l’écoutait ne pouvait se méprendre sur le sens de ses paroles : Jésus reprenait à son compte une image qui, dans l’Ancien Testament, était réservée à Dieu seul : lui était le berger qui fait paître son troupeau; il était le vrai pasteur de son peuple.
En Jésus, c’est donc Dieu qui est venu rassembler l’humanité pour la guider vers les pâturages de l’éternité. Jésus connaît chacune des brebis, le secret de chaque vie et il les aime jusqu’à donner sa vie pour elles. Parmi les baptisés portés et inspirés par la force de cet amour divin, des hommes et des femmes ont consacré leur vie dans un don qu’ils ont voulu sans partage, sans réserve et sans retour.
Cela était vrai hier, ça l’est encore aujourd’hui et grâce à Dieu, ça le sera demain. Sans doute, hélas, il y a plus de funérailles de prêtres que d’ordinations. On aimerait naturellement qu’ils soient plus nombreux, mais quelque soit leur nombre, ils ne sont pas une multiplicité de pasteurs, les uns à côté des autres. Ils vivent un mystère d’unité non seulement parce qu’ils se rassemblent autour de leur évêque, mais d’abord parce qu’ils se retrouvent en un seul pasteur : le Christ.
Tout prêtre est conscient de cela et aussi de sa pauvreté par rapport à l’immensité du trésor qu’il est appelé à transmettre.
Laissé à lui-même, ce qu’un prêtre a fini par comprendre du mystère de l’amour de Dieu se réduirait rapidement à la petitesse de la nature humaine. Heureusement, c’est l’Esprit Saint et l’Église qui gardent à sa portée l’océan d’amour contenu dans le trésor de la Parole de Dieu. On raconte que saint Augustin s’était étonné de voir un enfant au bord de la mer qui avait creusé un trou dans le sable et qui essayait d’y verser l’océan. L’enfant lui aurait dit : tu fais la même chose, toi qui essaie de verser dans un cœur humain l’océan de l’amour de Dieu.
Voilà la mission. Et les prêtres sont appelés à la grande tâche d’être pasteurs du peuple de Dieu à la manière de Jésus pour que la voix du bon berger passe à travers eux et se répande dans les cœurs disponibles.
Aujourd’hui, alors que nous prions pour notre frère Jean-Charles qui a essayé d’être le serviteur du Christ, priez aussi pour les prêtres que vous connaissez et qui constatent bien leurs limites personnelles et leur handicap dans le domaine de l’amour, eux qui président la sainte eucharistie en mémorial de ce repas où Jésus a demandé de nous aimer les uns les autres comme il nous a aimés.
Notre frère Jean-Charles s’est endormi dans la mort. « Endormi », c’est une belle image de saint Paul parce que si quelqu’un s’endort, c’est qu’il se réveillera. Nous savons que nos amis défunts restent dans le Christ membres de son corps. Ils entreront dans l’éternité avec tous ceux qu’ils ont été appelés à aimer et à servir, et le Père dira à chacun comme à tous : entre dans la joie de ton maître, en toi mon enfant, j’ai mis tout mon amour.
Que la promesse des retrouvailles éternelles garde vivante notre espérance et nous permette de vivre avec plus de sérénité les inévitables épreuves de la vie, de bâtir un monde plus juste en dépit de la grande difficulté que nous avons ici-bas de réaliser une parfaite entente entre les personnes.
En attente de cet aboutissement dans la lumière et dans la paix, puisse la Vierge Marie déposer dans nos cœurs celui qu’elle a porté dans ses bras pour nous aider à continuer notre route et rendre, chacun pour notre part, le monde meilleur.
En faisant eucharistie, prions pour notre propre transformation dans l’amour. Dans toutes ses pages, l’Évangile nous rappelle que nous sommes du transformable à l’infini dans l’amour de Dieu. Amen.
Mgr Denis Bélanger C.S.S.
Curé de la cathédrale Notre-Dame de Québec
Le 23 janvier 2010
Sans doute, rapporter publiquement ces paroles est déjà faire une certaine entorse à son vœu. Mais assurément, respecter sa demande, c’est contempler non le serviteur, mais le Maître. C’est tourner notre regard non pas vers le passé, mais devant nous, vers Celui qui est notre avenir et qui est lui-même la vie éternelle : le Christ vivant et ressuscité.
En effet, l’amour éternel du Père, en Jésus s’est fait homme et l’Esprit Saint l’a semé en nous pour que son germe éclate en vie éternelle. Nous en faisons l’expérience en nous-mêmes, la vie éternelle est déjà commencée. Désormais, il en est de l’histoire du monde comme du déroulement des saisons : sous la neige qui a tout figé veille tout de même le printemps, et dans les hivers du monde qui paralysent les cœurs, germe irrésistiblement le renouveau apporté par Jésus.
Jésus disait : « Moi, je suis le bon pasteur ». Aucun juif qui l’écoutait ne pouvait se méprendre sur le sens de ses paroles : Jésus reprenait à son compte une image qui, dans l’Ancien Testament, était réservée à Dieu seul : lui était le berger qui fait paître son troupeau; il était le vrai pasteur de son peuple.
En Jésus, c’est donc Dieu qui est venu rassembler l’humanité pour la guider vers les pâturages de l’éternité. Jésus connaît chacune des brebis, le secret de chaque vie et il les aime jusqu’à donner sa vie pour elles. Parmi les baptisés portés et inspirés par la force de cet amour divin, des hommes et des femmes ont consacré leur vie dans un don qu’ils ont voulu sans partage, sans réserve et sans retour.
Cela était vrai hier, ça l’est encore aujourd’hui et grâce à Dieu, ça le sera demain. Sans doute, hélas, il y a plus de funérailles de prêtres que d’ordinations. On aimerait naturellement qu’ils soient plus nombreux, mais quelque soit leur nombre, ils ne sont pas une multiplicité de pasteurs, les uns à côté des autres. Ils vivent un mystère d’unité non seulement parce qu’ils se rassemblent autour de leur évêque, mais d’abord parce qu’ils se retrouvent en un seul pasteur : le Christ.
Tout prêtre est conscient de cela et aussi de sa pauvreté par rapport à l’immensité du trésor qu’il est appelé à transmettre.
Laissé à lui-même, ce qu’un prêtre a fini par comprendre du mystère de l’amour de Dieu se réduirait rapidement à la petitesse de la nature humaine. Heureusement, c’est l’Esprit Saint et l’Église qui gardent à sa portée l’océan d’amour contenu dans le trésor de la Parole de Dieu. On raconte que saint Augustin s’était étonné de voir un enfant au bord de la mer qui avait creusé un trou dans le sable et qui essayait d’y verser l’océan. L’enfant lui aurait dit : tu fais la même chose, toi qui essaie de verser dans un cœur humain l’océan de l’amour de Dieu.
Voilà la mission. Et les prêtres sont appelés à la grande tâche d’être pasteurs du peuple de Dieu à la manière de Jésus pour que la voix du bon berger passe à travers eux et se répande dans les cœurs disponibles.
Aujourd’hui, alors que nous prions pour notre frère Jean-Charles qui a essayé d’être le serviteur du Christ, priez aussi pour les prêtres que vous connaissez et qui constatent bien leurs limites personnelles et leur handicap dans le domaine de l’amour, eux qui président la sainte eucharistie en mémorial de ce repas où Jésus a demandé de nous aimer les uns les autres comme il nous a aimés.
Notre frère Jean-Charles s’est endormi dans la mort. « Endormi », c’est une belle image de saint Paul parce que si quelqu’un s’endort, c’est qu’il se réveillera. Nous savons que nos amis défunts restent dans le Christ membres de son corps. Ils entreront dans l’éternité avec tous ceux qu’ils ont été appelés à aimer et à servir, et le Père dira à chacun comme à tous : entre dans la joie de ton maître, en toi mon enfant, j’ai mis tout mon amour.
Que la promesse des retrouvailles éternelles garde vivante notre espérance et nous permette de vivre avec plus de sérénité les inévitables épreuves de la vie, de bâtir un monde plus juste en dépit de la grande difficulté que nous avons ici-bas de réaliser une parfaite entente entre les personnes.
En attente de cet aboutissement dans la lumière et dans la paix, puisse la Vierge Marie déposer dans nos cœurs celui qu’elle a porté dans ses bras pour nous aider à continuer notre route et rendre, chacun pour notre part, le monde meilleur.
En faisant eucharistie, prions pour notre propre transformation dans l’amour. Dans toutes ses pages, l’Évangile nous rappelle que nous sommes du transformable à l’infini dans l’amour de Dieu. Amen.
Mgr Denis Bélanger C.S.S.
Curé de la cathédrale Notre-Dame de Québec
Le 23 janvier 2010