Vue de Québec, gravure de Thomas H. Shepherd. Au premier plan, des barques à voile comme celles que possédait le Séminaire de Québec (Collection privée).
Il va sans dire que sous le Régime français, on ne comptait pas de compagnies maritimes comme il en existe aujourd'hui. Entre 1700 et 1777, le Séminaire de Québec avait sa propre flotte de barques, à défaut de chemins terrestres pour le transport des produits de la ferme et de la forêt obtenus des seigneuries de Beaupré et de l'île Jésus. Durant ces années, les procureurs, en particulier l'abbé Jean-Baptiste Gauthier de Varenne, administrèrent cette flotte d'une main ferme. Parmi ces barques, on pouvait compter la Marie, la Sainte-Anne, la Saint-Joseph, la Saint-Jean-Baptiste et une très grande, la Sainte-Famille. Cette dernière possédait un tonnage imposant puisque non seulement le procureur l'envoya pêcher la morue au Labrador et sur les bancs de Terre-Neuve, mais elle traversa l'Atlantique en 1719, en direction de la France.
Lieu d'activité intense et lieu de mouillage des canots des «Sauvages», la Côte-de-la-Canoterie, près du Séminaire, bourdonnait d'activité. C'est à cet endroit précis que les barques du Séminaire accostaient pour y laisser leurs chargement de bois de chauffage et de construction, de poissons, de farine, d'animaux ou de foin. Ces denrées provenaient des fermes de Saint-Joachim, des deux moulins du Petit-Pré et du Sault-à-la-Puce à Château-Richer de même que de ceux de Baie-Saint-Paul, de Beauport et de l'île Jésus. De la Côte-de-la-Canoterie, les marchandises pouvaient être acheminées aisément au Séminaire par la rue Sainte-Famille.
Capitaine de Château-Richer
Pour mener ses embarcations à bon port, le Séminaire avait recours à des capitaines. L'un d'eux, Joseph Gagnon, était originaire de Château-Richer. Le 27 février 1716, dans un contrat d'engagement avec le Séminaire, il est chargé de mener la Marie. Les clauses prévoient les modalités suivantes : « il aura le tiers de tout le travail dudit bâtiment pour sa part, il se nourrira lui-même, il aura le profit de la chambre, il pourra faire un voyage de bois pour son compte particulier, de plus, on lui donnera cinquante planches communes par dessus le marché. Et nous, de notre côté, nous lui fournirons un homme et un petit garçon à qui nous payerons les gages par mois pour l'homme et trente cinq livres par mois pour le petit garçon. » En plus, le prêtre procureur lui promet deux minots de farine.
Beaucoup de bois
Cette navigation le long des rives du Saint-Laurent à la hauteur de la Côte-de-Beaupré devait se poursuivre pendant plusieurs années. L'une des ressources sur laquelle le Séminaire comptait pour le confort de ses résidents, le bois de chauffage, justifiait encore dans les années 1860-1880 un va-et-vient continuel des barques. De sa fondation en 1663, jusqu'à l'installation du chauffage au charbon et à l'eau chaude dans ses édifices en 1880, le Séminaire devait utiliser pas moins de 1 000 cordes de bois annuellement. Presque tout le bois provenait des forêts de la Seigneurie de Beaupré, surtout de Saint-Joachim. En 1888, on apprend qu'un appentis au petit Cap sera construit afin d'abriter le bois de chauffage avant son transport à Québec.
La Compagnie des vapeurs de Montmorency
Le 11 mai 1870, le Séminaire de Québec fonde, avec un groupe d'actionnaires, la Compagnie des vapeurs de Montmorency destinée à relier Québec et Saint-Joachim. Au total, 141 personnes se joignent au projet dont des avocats, des prêtres, mais aussi des cultivateurs, au nombre de 89, des forgerons, journaliers, bateliers, etc. Le 24 juillet de la même année, le Séminaire accordait à la Compagnie des vapeurs de Montmorency la permission de faire un quai sur la grève de la Grande Ferme à Saint-Joachim et d'ouvrir une route pour communiquer du quai jusqu'au chemin du roi. Comme actionnaire, le Séminaire accordait aussi 400 $ pour aider l'entreprise à la construction de ce quai et aussi pour lui permettre d'acheter deux vieux quais, celui de Kamouraska en septembre 1870 et celui de François Cantin de L'Ange-Gardien, le 13 juin 1871, pour servir de cages au nouveau quai.
Panique à bord
Pour assurer le service des passagers et marchandises de la ligne Québec-Saint-Joachim, la compagnie utilisera deux navires à aubes mues par la vapeur, le Tiger et le Montmorency. Avec ce dernier navire, la liaison régulière en apparence paisible et sans danger est marquée par de graves accidents. Dès le premier voyage du Montmorency, en juillet 1871, lors de la traversée entre Sainte-Famille et Sainte-Anne-de-Beaupré, le tuyau du sifflet à vapeur se creva près du salon et la vapeur commença à sortir avec bruit. À bord, ce fut la panique parmi les passagers. Malheureusement, dans les premiers moments de frayeur, une femme, craignant probablement pour sa vie, eut l'imprudence de se précipiter hors du salon par une des fenêtres. Elle fut découverte noyée quelques heures plus tard sur la grève à Saint-François.
Tragédie près de la grève
Le 30 octobre 1875, à peu de distance de la grève de Sainte-Famille, un accident impliquant le vapeur Montmorency entraîna dans la mort 18 personnes dont 14 étaient de Sainte-Famille. L'accident se produisit lorsque les passagers furent débarqués sur un chaland qui devait les ramener sur la grève. Il semble qu'en raison d'un malentendu, l'ingénieur aurait lancé le bateau à toute vapeur. Le départ brusque du Montmorency fit rompre une des amarres du chaland, puis une palette de la roue du vapeur vint frapper le bord du chaland qui chavira avec toutes les personnes qui venaient d'y descendre. Ce fut la tragédie. Une vingtaine de personnes sur quarante furent englouties et l'on ne vit plus rien. Quelques secondes plus tard, le chaland revenait à la surface avec quelques passagers et quelques marchandises.
Lieu d'activité intense et lieu de mouillage des canots des «Sauvages», la Côte-de-la-Canoterie, près du Séminaire, bourdonnait d'activité. C'est à cet endroit précis que les barques du Séminaire accostaient pour y laisser leurs chargement de bois de chauffage et de construction, de poissons, de farine, d'animaux ou de foin. Ces denrées provenaient des fermes de Saint-Joachim, des deux moulins du Petit-Pré et du Sault-à-la-Puce à Château-Richer de même que de ceux de Baie-Saint-Paul, de Beauport et de l'île Jésus. De la Côte-de-la-Canoterie, les marchandises pouvaient être acheminées aisément au Séminaire par la rue Sainte-Famille.
Capitaine de Château-Richer
Pour mener ses embarcations à bon port, le Séminaire avait recours à des capitaines. L'un d'eux, Joseph Gagnon, était originaire de Château-Richer. Le 27 février 1716, dans un contrat d'engagement avec le Séminaire, il est chargé de mener la Marie. Les clauses prévoient les modalités suivantes : « il aura le tiers de tout le travail dudit bâtiment pour sa part, il se nourrira lui-même, il aura le profit de la chambre, il pourra faire un voyage de bois pour son compte particulier, de plus, on lui donnera cinquante planches communes par dessus le marché. Et nous, de notre côté, nous lui fournirons un homme et un petit garçon à qui nous payerons les gages par mois pour l'homme et trente cinq livres par mois pour le petit garçon. » En plus, le prêtre procureur lui promet deux minots de farine.
Beaucoup de bois
Cette navigation le long des rives du Saint-Laurent à la hauteur de la Côte-de-Beaupré devait se poursuivre pendant plusieurs années. L'une des ressources sur laquelle le Séminaire comptait pour le confort de ses résidents, le bois de chauffage, justifiait encore dans les années 1860-1880 un va-et-vient continuel des barques. De sa fondation en 1663, jusqu'à l'installation du chauffage au charbon et à l'eau chaude dans ses édifices en 1880, le Séminaire devait utiliser pas moins de 1 000 cordes de bois annuellement. Presque tout le bois provenait des forêts de la Seigneurie de Beaupré, surtout de Saint-Joachim. En 1888, on apprend qu'un appentis au petit Cap sera construit afin d'abriter le bois de chauffage avant son transport à Québec.
La Compagnie des vapeurs de Montmorency
Le 11 mai 1870, le Séminaire de Québec fonde, avec un groupe d'actionnaires, la Compagnie des vapeurs de Montmorency destinée à relier Québec et Saint-Joachim. Au total, 141 personnes se joignent au projet dont des avocats, des prêtres, mais aussi des cultivateurs, au nombre de 89, des forgerons, journaliers, bateliers, etc. Le 24 juillet de la même année, le Séminaire accordait à la Compagnie des vapeurs de Montmorency la permission de faire un quai sur la grève de la Grande Ferme à Saint-Joachim et d'ouvrir une route pour communiquer du quai jusqu'au chemin du roi. Comme actionnaire, le Séminaire accordait aussi 400 $ pour aider l'entreprise à la construction de ce quai et aussi pour lui permettre d'acheter deux vieux quais, celui de Kamouraska en septembre 1870 et celui de François Cantin de L'Ange-Gardien, le 13 juin 1871, pour servir de cages au nouveau quai.
Panique à bord
Pour assurer le service des passagers et marchandises de la ligne Québec-Saint-Joachim, la compagnie utilisera deux navires à aubes mues par la vapeur, le Tiger et le Montmorency. Avec ce dernier navire, la liaison régulière en apparence paisible et sans danger est marquée par de graves accidents. Dès le premier voyage du Montmorency, en juillet 1871, lors de la traversée entre Sainte-Famille et Sainte-Anne-de-Beaupré, le tuyau du sifflet à vapeur se creva près du salon et la vapeur commença à sortir avec bruit. À bord, ce fut la panique parmi les passagers. Malheureusement, dans les premiers moments de frayeur, une femme, craignant probablement pour sa vie, eut l'imprudence de se précipiter hors du salon par une des fenêtres. Elle fut découverte noyée quelques heures plus tard sur la grève à Saint-François.
Tragédie près de la grève
Le 30 octobre 1875, à peu de distance de la grève de Sainte-Famille, un accident impliquant le vapeur Montmorency entraîna dans la mort 18 personnes dont 14 étaient de Sainte-Famille. L'accident se produisit lorsque les passagers furent débarqués sur un chaland qui devait les ramener sur la grève. Il semble qu'en raison d'un malentendu, l'ingénieur aurait lancé le bateau à toute vapeur. Le départ brusque du Montmorency fit rompre une des amarres du chaland, puis une palette de la roue du vapeur vint frapper le bord du chaland qui chavira avec toutes les personnes qui venaient d'y descendre. Ce fut la tragédie. Une vingtaine de personnes sur quarante furent englouties et l'on ne vit plus rien. Quelques secondes plus tard, le chaland revenait à la surface avec quelques passagers et quelques marchandises.