Mgr Piere-André Fournier, évêque auxiliaire à Québec
Au printemps 1996, sept moines trappistes du monastère de Tibhrine en Algérie ont été assassinés sauvagement. Suite aux sérieuses menaces qui leur avaient été faites, le prieur Dom Christian avait écrit son testament. Il y fait référence à l'influence que saint François de Sales avait eue sur lui.
« Tout recevoir d’humeur égale »
« Saint François de Sales disait qu'il nous faut ' tout recevoir d'humeur égale parce que tout peut contribuer à la gloire de Dieu'. [...]L’Église, c'est l'incarnation continuée [...]. Dans notre Règle, saint Benoît a, dans un chapitre, cette petite phrase: ' afin qu'en tout Dieu soit glorifié ' ». On y retrouve des airs de saint Paul aux Romains: « Nous savons du reste que toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son dessein ». Et du A.M.D.G. des Jésuites, Ro 8, 28 « Ad majorem Dei gloriam ». « Pour la plus grande gloire de Dieu ». C'est cette sérénité de cet apôtre qui fait que « quand sainte Jeanne de Chantal tombe malade, cinq semaines après que saint François eut fondé avec elle l'ordre de la Visitation et que tout reposait sur elle, il ne se trouble pas. L'œuvre n'est pas la sienne, mais celle de Dieu ». (L'ami du clergé, 23-12-65).
Le secret de la sérénité
D'où tient-il le secret de cette remarquable sérénité? Dans sa foi en la nouvelle Alliance qui est la signature de l'absolu de l'amour de Dieu. Dans la lettre aux Hébreux que l’on vient d’entendre: « Voici quelle sera l'Alliance que je conclurai avec eux [...]. Je mettrai mes lois dans leur cœur [...]. Je ne me rappellerai plus leurs péchés. » C'est une déclaration d'amour, une parole d' amour tellement forte qu'elle a pris chair.
Cette parole d’amour me fait penser ici à à la façon avec laquelle Amélie Proulx, qui est décédée récemment dans un accident de scooter en Colombie, déclarait son amour à ses proches: « Je t'aime, mais ce que tu penses lorsque je te dis ces mots n'est rien à côté de la force de la réalité » (trois fois).
Ça nous fait penser à l'absolu de l'amour de Dieu pour nous, à cette conviction qui a opéré le miracle de la douce charité en saint François de Sales.
Et qu’en est-il de nous ?
Accueillons-nous l'amour de Jésus pour nous dans une bonne terre? Comment réagissons-nous devant toutes les métamorphoses de la culture ambiante? Avec sérénité? Croyons-nous avec force que l'Esprit Saint a encore bien en main la vie de l'Église? On peut comparer le pouvoir gigantesque des médias, le relativisme des opinions, les embûches à l'unité, les tentations de la consommation et du défaitisme aux obstacles dont parle l'Évangile. Ces obstacles peuvent aujourd'hui étouffer la croissance de l'amour de Jésus en nous.
Cet accueil de l'amour divin a aidé saint François non seulement dans sa vie spirituelle mais aussi dans sa vie sacerdotale et pastorale. « Si j'ai eu le bonheur de ramener quelques hérétiques, dit-il, c'est la douceur qui en a fait la conquête. L'amour a plus d'emprise sur les âmes -je ne dis pas que la rigueur - mais que la force même des raisons ».
À un moment où nous cherchons le langage qui convient à la modernité, l'évêque de Genève nous rappelle que celui de la charité demeurera toujours le plus fécond. Il nous invite à nous pencher vers ceux et celles qui sont dans la pauvreté, l'humiliation et la souffrance. « Puisque la personne blessée est l'image de Dieu, ne devrions-nous pas, dit-il, nous jeter sur son visage, la caresser et pleurer d'amour sur elle »?
Au service de la sainteté du peuple de Dieu
Saint François de Sales a aussi puisé son zèle apostolique dans cette Alliance, en particulier sa conviction en l'appel à la sainteté de tous les baptisés. Cette conviction nourrit les pages de son « Introduction à la vie dévote ». En ces années où nous parlons de formation de catéchètes, de membres d'équipe d'animation locale, voilà une inspiration pertinente pour nous. Sa vie est un témoignage d' amour reçu et donné sous le signe de l'Alliance nouvelle entre Dieu et Son peuple. Dans cette Eucharistie, nous vivons à nouveau le sacrifice de cette étonnante Alliance. Nous prions pour la fraternité de prêtres qui nous accueillent avec tant d'hospitalité et pour leurs oeuvres. Nous prions pour les hommes, les femmes, les enfants qui nous sont confiés, pour que la béatitude de la douceur soit ferment d'unité entre les églises chrétiennes.
Conclusion
J’aimerais terminer avec une très belle citation du Document de base pour le Congrès eucharistique international de 2008, citation que je trouve très appropriée en cette fête qui nous rassemble, prêtres du Séminaire et séminaristes, prêtres invités de la région pastorale de la Chaudière et de Charlevoix-Orléans. La voici :
« Au point culminant de la prière de l'anaphore, l'Église met cette exclamation dans la bouche de son ministre: « Il est grand, le mystère de la foi!» Ce cri de jubilation reconnaît l'événement qui est en train de se produire, à savoir la conversion du pain et du vin au corps et au sang du Christ par la puissance de l'Esprit Saint. Il reconnaît aussi le mystère de la nouvelle alliance, la rencontre nuptiale du Christ-Époux qui se donne et de l'Église-Épouse qui l'accueille et qui s'unit à son offrande. Par la puissance de sa Parole et de l'épiclèse sur les espèces eucharistiques, le Christ vivant, dont nous annonçons la mort jusqu'à ce qu'il vienne, s'unit la communauté ecclésiale comme son corps et son épouse. Il transforme l'offrande de la communauté rassemblée en son propre corps et il lui donne en communion son corps eucharistique comme cadeau nuptial ». (L'Eucharistie, don de Dieu pour la vie du monde, p. 34)
Amen.
« Tout recevoir d’humeur égale »
« Saint François de Sales disait qu'il nous faut ' tout recevoir d'humeur égale parce que tout peut contribuer à la gloire de Dieu'. [...]L’Église, c'est l'incarnation continuée [...]. Dans notre Règle, saint Benoît a, dans un chapitre, cette petite phrase: ' afin qu'en tout Dieu soit glorifié ' ». On y retrouve des airs de saint Paul aux Romains: « Nous savons du reste que toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son dessein ». Et du A.M.D.G. des Jésuites, Ro 8, 28 « Ad majorem Dei gloriam ». « Pour la plus grande gloire de Dieu ». C'est cette sérénité de cet apôtre qui fait que « quand sainte Jeanne de Chantal tombe malade, cinq semaines après que saint François eut fondé avec elle l'ordre de la Visitation et que tout reposait sur elle, il ne se trouble pas. L'œuvre n'est pas la sienne, mais celle de Dieu ». (L'ami du clergé, 23-12-65).
Le secret de la sérénité
D'où tient-il le secret de cette remarquable sérénité? Dans sa foi en la nouvelle Alliance qui est la signature de l'absolu de l'amour de Dieu. Dans la lettre aux Hébreux que l’on vient d’entendre: « Voici quelle sera l'Alliance que je conclurai avec eux [...]. Je mettrai mes lois dans leur cœur [...]. Je ne me rappellerai plus leurs péchés. » C'est une déclaration d'amour, une parole d' amour tellement forte qu'elle a pris chair.
Cette parole d’amour me fait penser ici à à la façon avec laquelle Amélie Proulx, qui est décédée récemment dans un accident de scooter en Colombie, déclarait son amour à ses proches: « Je t'aime, mais ce que tu penses lorsque je te dis ces mots n'est rien à côté de la force de la réalité » (trois fois).
Ça nous fait penser à l'absolu de l'amour de Dieu pour nous, à cette conviction qui a opéré le miracle de la douce charité en saint François de Sales.
Et qu’en est-il de nous ?
Accueillons-nous l'amour de Jésus pour nous dans une bonne terre? Comment réagissons-nous devant toutes les métamorphoses de la culture ambiante? Avec sérénité? Croyons-nous avec force que l'Esprit Saint a encore bien en main la vie de l'Église? On peut comparer le pouvoir gigantesque des médias, le relativisme des opinions, les embûches à l'unité, les tentations de la consommation et du défaitisme aux obstacles dont parle l'Évangile. Ces obstacles peuvent aujourd'hui étouffer la croissance de l'amour de Jésus en nous.
Cet accueil de l'amour divin a aidé saint François non seulement dans sa vie spirituelle mais aussi dans sa vie sacerdotale et pastorale. « Si j'ai eu le bonheur de ramener quelques hérétiques, dit-il, c'est la douceur qui en a fait la conquête. L'amour a plus d'emprise sur les âmes -je ne dis pas que la rigueur - mais que la force même des raisons ».
À un moment où nous cherchons le langage qui convient à la modernité, l'évêque de Genève nous rappelle que celui de la charité demeurera toujours le plus fécond. Il nous invite à nous pencher vers ceux et celles qui sont dans la pauvreté, l'humiliation et la souffrance. « Puisque la personne blessée est l'image de Dieu, ne devrions-nous pas, dit-il, nous jeter sur son visage, la caresser et pleurer d'amour sur elle »?
Au service de la sainteté du peuple de Dieu
Saint François de Sales a aussi puisé son zèle apostolique dans cette Alliance, en particulier sa conviction en l'appel à la sainteté de tous les baptisés. Cette conviction nourrit les pages de son « Introduction à la vie dévote ». En ces années où nous parlons de formation de catéchètes, de membres d'équipe d'animation locale, voilà une inspiration pertinente pour nous. Sa vie est un témoignage d' amour reçu et donné sous le signe de l'Alliance nouvelle entre Dieu et Son peuple. Dans cette Eucharistie, nous vivons à nouveau le sacrifice de cette étonnante Alliance. Nous prions pour la fraternité de prêtres qui nous accueillent avec tant d'hospitalité et pour leurs oeuvres. Nous prions pour les hommes, les femmes, les enfants qui nous sont confiés, pour que la béatitude de la douceur soit ferment d'unité entre les églises chrétiennes.
Conclusion
J’aimerais terminer avec une très belle citation du Document de base pour le Congrès eucharistique international de 2008, citation que je trouve très appropriée en cette fête qui nous rassemble, prêtres du Séminaire et séminaristes, prêtres invités de la région pastorale de la Chaudière et de Charlevoix-Orléans. La voici :
« Au point culminant de la prière de l'anaphore, l'Église met cette exclamation dans la bouche de son ministre: « Il est grand, le mystère de la foi!» Ce cri de jubilation reconnaît l'événement qui est en train de se produire, à savoir la conversion du pain et du vin au corps et au sang du Christ par la puissance de l'Esprit Saint. Il reconnaît aussi le mystère de la nouvelle alliance, la rencontre nuptiale du Christ-Époux qui se donne et de l'Église-Épouse qui l'accueille et qui s'unit à son offrande. Par la puissance de sa Parole et de l'épiclèse sur les espèces eucharistiques, le Christ vivant, dont nous annonçons la mort jusqu'à ce qu'il vienne, s'unit la communauté ecclésiale comme son corps et son épouse. Il transforme l'offrande de la communauté rassemblée en son propre corps et il lui donne en communion son corps eucharistique comme cadeau nuptial ». (L'Eucharistie, don de Dieu pour la vie du monde, p. 34)
Amen.