Mgr Jean-Pierre Blais en train de prêcher
Frères et sœurs en Jésus-Christ,
Par votre présence, vous traduisez votre attachement et votre reconnaissance à l’abbé Anicet Gréco. Ce matin, c’est l’abbé Anicet Gréco qui nous rassemble auprès du Christ pour nous nourrir de sa Parole et nous donner sa vie en partage. Avec Saint Pierre, nous proclamons : « Dieu, le Père nous a fait renaître grâce à la résurrection de Jésus-Christ. »(1P.1, 3) Avec le décès de l’abbé Gréco, nous sommes placés au cœur de notre foi pour y laisser naître l’espérance de notre vie : la mort et la résurrection de Jésus. Nous devons mourir pour pouvoir ressusciter.
L’Église a toujours tenu en même temps deux affirmations très simples : D’une part le Christ est ressuscité d’une manière qui n’est pas purement physique et matérielle. C’est beaucoup plus qu’une réanimation parce que la résurrection de Jésus ouvre une nouvelle manière d’exister. Par sa résurrection, Jésus commence un nouveau monde et il est encore à venir pour nous; mais nous ne pouvons pas dire le comment. D’autre part la résurrection est de l’ordre de la foi, de l’ordre d’une renaissance des forces spirituelles de communion et de partage. Nos rencontres, à l’occasion du décès, deviennent des moments pour partager nos solidarités et refaire des liens entre nous.
Il y a un conte qui présente une image de cette nouvelle manière d’exister : « Au fond d’un vieux marécage vivaient quelques larves qui ne pouvaient comprendre pourquoi nul du groupe ne revenait après avoir rampé au long des tiges des lys jusqu’à la surface de l’eau. Elles se promirent l’une à l’autre que la prochaine qui serait appelée à monter reviendrait dire aux autres ce qui lui était arrivé, Peu de temps après, l’une d’entre elles se sentit poussée de façon irrésistible à gagner la surface; elle se reposa au sommet d’une feuille de lys et subit une magnifique transformation qui fit d’elle une libellule avec de jolies ailes. Elle essaya en vain de tenir sa promesse, Volant d’un bout à l’autre du marais, elle voyait bien ses amies en dessous. Alors, elle comprit que, même si elles avaient pu la voir, elles ne l’auraient pas reconnu comme une des leurs une créature si radieuse. » Cette transformation est un don gratuit de Dieu. Nous sommes participants à cet héritage de la résurrection de Jésus. C’est ce que Saint Pierre nous dit : « Cet héritage vous est réservé dans les cieux. »(1P.1, 4)
En 1948, l’abbé Gréco a répondu à l’appel de son évêque de devenir prêtre pour faire de sa vie un ministère au service du Christ et des autres. La Parole de Dieu que nous venons d’entendre, l’Eucharistie que nous célébrons, combien de fois n’a-t-il pas rassemblé pour donner la Parole de Dieu et le corps du Christ en partage.
« Moi, je suis le bon pasteur » (Jn10, 14) Cette Parole de Jésus nous le montre comme pasteur selon le monde nouveau de la résurrection. La Parole de Jésus est le chemin de ce monde nouveau, de ce monde de la résurrection. C’est le chemin que Jésus a donné à suivre à l’abbé Gréco comme prêtre et le chemin que nous sommes invités à prendre comme prêtre. Voici comment le curé d’Ars a raconté ce rôle du prêtre. « Mes enfants, j’ai remarqué qu’il n’y avait pas de moments où l’on ait plus envie de dormir que pendant les instructions ou les prédications. Vous me direz : « Mais j’ai trop sommeil. » Si je prenais un violon, personne ne songerait à dormir, tout bougerait…On écoute encore un prêtre qui convient, mais si c’est un prêtre qui ne convient pas, on est tenté de le …juger. Il ne faut pas agir si humainement, quel que soit le prêtre, c’est toujours l’instrument dont Dieu se sert pour distribuer sa Parole. Vous faites passer de la liqueur par un entonnoir qu’il soit d’or, de cuivre ou de zinc, si la liqueur est bonne, elle est toujours bonne. »
C’est un chemin dans lequel nous reconnaissons que l’abbé Gréco a toujours essayé de marcher.
Pour le prêtre,« Moi, Je suis le bon pasteur », c’est être l’homme de l’unité. Faire l’unité en vivant de la Parole de Dieu. Chercher à appliquer la Parole de Dieu dans sa vie, Dans les nombreux témoignages que j’ai entendus, l’abbé Gréco a toujours été un homme de relation humaine, d’humour et de contact agréable. Par sa manière de faire, il a toujours facilité le vivre ensemble dans l’unité. Nous ne lui connaissions pas d’ennemi. Il était très apprécié.
Pour le prêtre, « Moi, Je suis le bon pasteur », c’est l’homme éducateur. Le mot éducation vient du latin « educatio » qui veut dire conduire. C’est ce que Jésus nous dit : « celles-là aussi, il faut que je les conduisent. » (Jn10, 16) Il faut éduquer à la prière, à travailler, à développer ses talents. L’abbé Gréco est resté un éducateur toute sa vie. A l’Université, il a aidé à mettre en place un programme pour les aînés; chez les religieuses, il a enseigné les vérités de la foi comme aumônier; dans la formation des diacres, il a conduit leur chemin pour approfondir leur relation au Christ; A la Résidence-Vachon, il a aidé à créer un climat fraternel selon l’esprit de l’Évangile.
Pour le prêtre, « Moi, Je suis le bon pasteur », c’est l’homme serviteur du Christ et de l’Église. Le prêtre cherche à se faire tout à tous. Il multiplie les initiatives qui favorisent la fraternité et le service. Il témoigne de la compréhension, de l’écoute et de la compassion pour les malades et les gens qu’il côtoie. Il encourage les projets qui soutiennent l’entraide, le partage et la solidarité. L’abbé Gréco s’est montré serviteur de l’Église en acceptant les différentes affectations comme employé à l’Université Laval, comme directeur du service du personnel, comme secrétaire d’un ensemble de comités diocésains dont le Comité des nominations, comme aumônier de religieuses et supérieur de la Résidence Cardinal-Vachon. Dans toutes ces fonctions, il a dû pratiquer bien des qualités du serviteur.
Je l’ai rencontré à la messe du premier de l’an, il avait toujours son attitude accueillante et le sourire aux lèvres même si son corps avait subi les blessures du temps. Jusqu’au bout, il a voulu rester ce bon pasteur qui nous conduit sur le chemin de la résurrection. Quant à nous, continuons de faire de notre vie, un chemin de résurrection.
+Jean-Pierre Blais
Évêque nommé de Baie-Comeau (Québec, Canada)
19 janvier 2009
Par votre présence, vous traduisez votre attachement et votre reconnaissance à l’abbé Anicet Gréco. Ce matin, c’est l’abbé Anicet Gréco qui nous rassemble auprès du Christ pour nous nourrir de sa Parole et nous donner sa vie en partage. Avec Saint Pierre, nous proclamons : « Dieu, le Père nous a fait renaître grâce à la résurrection de Jésus-Christ. »(1P.1, 3) Avec le décès de l’abbé Gréco, nous sommes placés au cœur de notre foi pour y laisser naître l’espérance de notre vie : la mort et la résurrection de Jésus. Nous devons mourir pour pouvoir ressusciter.
L’Église a toujours tenu en même temps deux affirmations très simples : D’une part le Christ est ressuscité d’une manière qui n’est pas purement physique et matérielle. C’est beaucoup plus qu’une réanimation parce que la résurrection de Jésus ouvre une nouvelle manière d’exister. Par sa résurrection, Jésus commence un nouveau monde et il est encore à venir pour nous; mais nous ne pouvons pas dire le comment. D’autre part la résurrection est de l’ordre de la foi, de l’ordre d’une renaissance des forces spirituelles de communion et de partage. Nos rencontres, à l’occasion du décès, deviennent des moments pour partager nos solidarités et refaire des liens entre nous.
Il y a un conte qui présente une image de cette nouvelle manière d’exister : « Au fond d’un vieux marécage vivaient quelques larves qui ne pouvaient comprendre pourquoi nul du groupe ne revenait après avoir rampé au long des tiges des lys jusqu’à la surface de l’eau. Elles se promirent l’une à l’autre que la prochaine qui serait appelée à monter reviendrait dire aux autres ce qui lui était arrivé, Peu de temps après, l’une d’entre elles se sentit poussée de façon irrésistible à gagner la surface; elle se reposa au sommet d’une feuille de lys et subit une magnifique transformation qui fit d’elle une libellule avec de jolies ailes. Elle essaya en vain de tenir sa promesse, Volant d’un bout à l’autre du marais, elle voyait bien ses amies en dessous. Alors, elle comprit que, même si elles avaient pu la voir, elles ne l’auraient pas reconnu comme une des leurs une créature si radieuse. » Cette transformation est un don gratuit de Dieu. Nous sommes participants à cet héritage de la résurrection de Jésus. C’est ce que Saint Pierre nous dit : « Cet héritage vous est réservé dans les cieux. »(1P.1, 4)
En 1948, l’abbé Gréco a répondu à l’appel de son évêque de devenir prêtre pour faire de sa vie un ministère au service du Christ et des autres. La Parole de Dieu que nous venons d’entendre, l’Eucharistie que nous célébrons, combien de fois n’a-t-il pas rassemblé pour donner la Parole de Dieu et le corps du Christ en partage.
« Moi, je suis le bon pasteur » (Jn10, 14) Cette Parole de Jésus nous le montre comme pasteur selon le monde nouveau de la résurrection. La Parole de Jésus est le chemin de ce monde nouveau, de ce monde de la résurrection. C’est le chemin que Jésus a donné à suivre à l’abbé Gréco comme prêtre et le chemin que nous sommes invités à prendre comme prêtre. Voici comment le curé d’Ars a raconté ce rôle du prêtre. « Mes enfants, j’ai remarqué qu’il n’y avait pas de moments où l’on ait plus envie de dormir que pendant les instructions ou les prédications. Vous me direz : « Mais j’ai trop sommeil. » Si je prenais un violon, personne ne songerait à dormir, tout bougerait…On écoute encore un prêtre qui convient, mais si c’est un prêtre qui ne convient pas, on est tenté de le …juger. Il ne faut pas agir si humainement, quel que soit le prêtre, c’est toujours l’instrument dont Dieu se sert pour distribuer sa Parole. Vous faites passer de la liqueur par un entonnoir qu’il soit d’or, de cuivre ou de zinc, si la liqueur est bonne, elle est toujours bonne. »
C’est un chemin dans lequel nous reconnaissons que l’abbé Gréco a toujours essayé de marcher.
Pour le prêtre,« Moi, Je suis le bon pasteur », c’est être l’homme de l’unité. Faire l’unité en vivant de la Parole de Dieu. Chercher à appliquer la Parole de Dieu dans sa vie, Dans les nombreux témoignages que j’ai entendus, l’abbé Gréco a toujours été un homme de relation humaine, d’humour et de contact agréable. Par sa manière de faire, il a toujours facilité le vivre ensemble dans l’unité. Nous ne lui connaissions pas d’ennemi. Il était très apprécié.
Pour le prêtre, « Moi, Je suis le bon pasteur », c’est l’homme éducateur. Le mot éducation vient du latin « educatio » qui veut dire conduire. C’est ce que Jésus nous dit : « celles-là aussi, il faut que je les conduisent. » (Jn10, 16) Il faut éduquer à la prière, à travailler, à développer ses talents. L’abbé Gréco est resté un éducateur toute sa vie. A l’Université, il a aidé à mettre en place un programme pour les aînés; chez les religieuses, il a enseigné les vérités de la foi comme aumônier; dans la formation des diacres, il a conduit leur chemin pour approfondir leur relation au Christ; A la Résidence-Vachon, il a aidé à créer un climat fraternel selon l’esprit de l’Évangile.
Pour le prêtre, « Moi, Je suis le bon pasteur », c’est l’homme serviteur du Christ et de l’Église. Le prêtre cherche à se faire tout à tous. Il multiplie les initiatives qui favorisent la fraternité et le service. Il témoigne de la compréhension, de l’écoute et de la compassion pour les malades et les gens qu’il côtoie. Il encourage les projets qui soutiennent l’entraide, le partage et la solidarité. L’abbé Gréco s’est montré serviteur de l’Église en acceptant les différentes affectations comme employé à l’Université Laval, comme directeur du service du personnel, comme secrétaire d’un ensemble de comités diocésains dont le Comité des nominations, comme aumônier de religieuses et supérieur de la Résidence Cardinal-Vachon. Dans toutes ces fonctions, il a dû pratiquer bien des qualités du serviteur.
Je l’ai rencontré à la messe du premier de l’an, il avait toujours son attitude accueillante et le sourire aux lèvres même si son corps avait subi les blessures du temps. Jusqu’au bout, il a voulu rester ce bon pasteur qui nous conduit sur le chemin de la résurrection. Quant à nous, continuons de faire de notre vie, un chemin de résurrection.
+Jean-Pierre Blais
Évêque nommé de Baie-Comeau (Québec, Canada)
19 janvier 2009