Le moment du geste de l'eau, rite essentiel du baptême chrétien.
Nous entreprenons aujourd’hui le temps du Carême. C’est une grande aventure qui nous engage sur la route de Jérusalem avec Jésus. C’est un parcours spirituel illuminé par la célébration de la Vigile pascale où le baptême prend une grande importance comme vous le savez. Cette année les textes des dimanches du Carême nous feront réfléchir sur nos engagements baptismaux en compagnie de nos frères et sœurs baptisés et en compagnie de ceux et celles qui se préparent au baptême : les catéchumènes,
Le message du Carême de Notre Saint Père le pape Benoît XVI s’est employé avec un rare bonheur à décrire un itinéraire de carême centré sur le sens du baptême comme rencontre avec le Christ. Vous me permettrez dans cette homélie de reprendre à mon compte l'essenteil du message du pape.
I- Une vie en communion avec le Christ
Benoît XVI met en tête de sa méditation le texte suivant de saint Paul : « Ensevelis avec le Christ lors du Baptême, vous en êtes aussi ressuscités avec lui » (cf. Colossiens 2, 12).
Ressuscités avec le Christ, comme lui le chrétien vit une vie nouvelle. Saint Paul, note le pape, insiste à plusieurs reprises sur la communion tout particulière avec le Fils de Dieu, qui se réalise au moment de l’Immersion dans les eaux baptismales. « Le fait que le Baptême soit reçu le plus souvent en bas-âge, précise-t-il, nous indique clairement qu’il est un don de Dieu. »
« La miséricorde de Dieu, continue-t-il, qui efface le péché et nous donne de vivre notre existence avec ‘les mêmes sentiments qui sont dans le Christ Jésus’ (Philippiens 2, 5) est communiquée à l’homme gratuitement. Dans sa lettre aux Philippiens, l'Apôtre des Gentils nous éclaire sur le sens de la transformation qui s'effectue par la participation à la mort et à la résurrection du Christ, en nous indiquant le but poursuivi: 'le connaître lui, avec la puissance de sa résurrection et la communion à ses souffrances, lui devenir conforme dans sa mort, afin de parvenir si possible à ressusciter d'entre les morts'. (Ph 3, 10-11). Le Baptême n'est donc pas un rite du passé, il est la rencontre avec le Christ qui donne forme à l'existence toute entière du baptisé, lui transmet la vie divine et l'appelle à une conversion sincère, mue et soutenue par la Grâce, lui permettant ainsi de parvenir à la stature adulte du Christ. »
Cette réflexion éclaire bien le geste de l’imposition des cendres qui exprime la reconnaissance de notre état de pécheur et d’« être limité » qui reçoit sa grandeur et sa beauté de l’amour d’un Dieu Père qui l’aime et qui lui fait miséricorde comme le dit si bien la parabole du Père miséricordieux.
II- Des textes évangéliques stimulants pour les baptisés
La Parole de Dieu méditée et reçu dans la liturgie dominicale pendant le Carême cette année déploie cette bonne nouvelle. L’Église à travers les textes proclamés, en particulier les textes desévangiles des dimanches, nous conduit à une rencontre plus profonde avec le Christ et nous invite à de nouveaux pas à sa suite. Écoutons encore le message du Carême 2011 de Benoît XVI dont je citerai quelques passages.
1) « Le premier dimanche de l'itinéraire quadragésimal éclaire notre condition terrestre. Le combat victorieux de Jésus sur les tentations qui inaugure le temps de sa mission, est un appel à prendre conscience de notre fragilité pour accueillir la Grâce qui nous libère du péché et nous fortifie d'une façon nouvelle dans le Christ, chemin, vérité et vie » dit le pape.
2) « L'évangile de la Transfiguration du Seigneur [le deuxième dimanche du Carême] nous fait contempler la gloire du Christ qui anticipe la résurrection et annonce la divinisation de l'homme. La communauté chrétienne…elle est conduite ‘dans un lieu à part, sur une haute montagne’ (Mt 17,1) afin d'accueillir d'une façon nouvelle, dans le Christ, en tant que fils dans le Fils, le don de la Grâce de Dieu: ‘Celui-ci est mon Fils bien-aimé, qui a toute ma faveur, écoutez-le’ (v.5). Ces paroles nous invitent à quitter la rumeur du quotidien pour nous plonger dans la présence de Dieu… »
3) «Donne-moi à boire» (Jean 4,7). « Cette demande de Jésus à la Samaritaine, qui nous est rapportée dans la liturgie du troisième dimanche, commente Benoît XVI, exprime la passion de Dieu pour tout homme et veut susciter en notre cœur le désir du don de ‘l'eau jaillissant en vie éternelle’ (v.14)… Seule cette eau, qui nous est donnée par le Fils, peut irriguer les déserts de l'âme inquiète et insatisfaite ' tant qu'elle ne repose en Dieu', selon la célèbre expression de saint Augustin. »
4) « Le dimanche de l'aveugle-né nous présente le Christ comme la lumière du monde. L'Evangile interpelle chacun de nous: ‘Crois-tu au Fils de l'homme?’ ‘Oui, je crois Seigneur!’ (Jean 9, 35-38), répond joyeusement l'aveugle-né qui parle au nom de tout croyant. Le miracle de cette guérison est le signe que le Christ, en rendant la vue, veut ouvrir également notre regard intérieur afin que notre foi soit de plus en plus profonde et que nous puissions reconnaître en lui notre unique Sauveur. »
5) « Lorsque l'évangile du cinquième dimanche proclame la résurrection de Lazare, nous nous trouvons, écrit Benoît XVI, face au mystère ultime de notre existence: ‘ Je suis la résurrection et la vie... le crois-tu?’ (Jean 11, 25-26)… La communion avec le Christ, en cette vie, nous prépare à franchir l'obstacle de la mort pour vivre éternellement en Lui… Dieu a créé l'homme pour la résurrection et la vie; cette vérité confère une dimension authentique et définitive à l'histoire humaine, à l'existence personnelle, à la vie sociale, à la culture, à la politique, à l'économie. Privé de la lumière de la foi, l'univers entier périt, prisonnier d'un sépulcre sans avenir ni espérance.»
6) « Le parcours du Carême, conclut le pape, trouve son achèvement dans le Triduum Pascal, plus particulièrement dans la Grande Vigile de la Nuit Sainte: en renouvelant les promesses du Baptême, nous proclamons à nouveau que le Christ est le Seigneur de notre vie, de cette vie que Dieu nous a donnée lorsque nous sommes renés 'de l'eau et de l'Esprit Saint', et nous réaffirmons notre ferme propos de correspondre à l'action de la Grâce pour être ses disciples.»
Conclusion
Cette méditation du pape Benoît XVI nous prépare bien à entrer en Carême. Cette année notre chemin quadragésimal est un chemin baptismal et notre Mercredi des cendres un portail baptismal.
Par la pratique traditionnelle du jeûne, de l’aumône c’est-à-dire le partage et la prière à l’écoute de la Parole de Dieu nous sommes invités à vivre de façon toujours plus radicale notre union au Christ et notre rencontre de Dieu.
Que ce geste de l’imposition des cendres et que cette eucharistie y contribuent pleinement.
Amen !
Mgr Hermann Giguère P.H.
Supérieur général du Séminaire de Québec
Le 9 mars 2011.
Le message du Carême de Notre Saint Père le pape Benoît XVI s’est employé avec un rare bonheur à décrire un itinéraire de carême centré sur le sens du baptême comme rencontre avec le Christ. Vous me permettrez dans cette homélie de reprendre à mon compte l'essenteil du message du pape.
I- Une vie en communion avec le Christ
Benoît XVI met en tête de sa méditation le texte suivant de saint Paul : « Ensevelis avec le Christ lors du Baptême, vous en êtes aussi ressuscités avec lui » (cf. Colossiens 2, 12).
Ressuscités avec le Christ, comme lui le chrétien vit une vie nouvelle. Saint Paul, note le pape, insiste à plusieurs reprises sur la communion tout particulière avec le Fils de Dieu, qui se réalise au moment de l’Immersion dans les eaux baptismales. « Le fait que le Baptême soit reçu le plus souvent en bas-âge, précise-t-il, nous indique clairement qu’il est un don de Dieu. »
« La miséricorde de Dieu, continue-t-il, qui efface le péché et nous donne de vivre notre existence avec ‘les mêmes sentiments qui sont dans le Christ Jésus’ (Philippiens 2, 5) est communiquée à l’homme gratuitement. Dans sa lettre aux Philippiens, l'Apôtre des Gentils nous éclaire sur le sens de la transformation qui s'effectue par la participation à la mort et à la résurrection du Christ, en nous indiquant le but poursuivi: 'le connaître lui, avec la puissance de sa résurrection et la communion à ses souffrances, lui devenir conforme dans sa mort, afin de parvenir si possible à ressusciter d'entre les morts'. (Ph 3, 10-11). Le Baptême n'est donc pas un rite du passé, il est la rencontre avec le Christ qui donne forme à l'existence toute entière du baptisé, lui transmet la vie divine et l'appelle à une conversion sincère, mue et soutenue par la Grâce, lui permettant ainsi de parvenir à la stature adulte du Christ. »
Cette réflexion éclaire bien le geste de l’imposition des cendres qui exprime la reconnaissance de notre état de pécheur et d’« être limité » qui reçoit sa grandeur et sa beauté de l’amour d’un Dieu Père qui l’aime et qui lui fait miséricorde comme le dit si bien la parabole du Père miséricordieux.
II- Des textes évangéliques stimulants pour les baptisés
La Parole de Dieu méditée et reçu dans la liturgie dominicale pendant le Carême cette année déploie cette bonne nouvelle. L’Église à travers les textes proclamés, en particulier les textes desévangiles des dimanches, nous conduit à une rencontre plus profonde avec le Christ et nous invite à de nouveaux pas à sa suite. Écoutons encore le message du Carême 2011 de Benoît XVI dont je citerai quelques passages.
1) « Le premier dimanche de l'itinéraire quadragésimal éclaire notre condition terrestre. Le combat victorieux de Jésus sur les tentations qui inaugure le temps de sa mission, est un appel à prendre conscience de notre fragilité pour accueillir la Grâce qui nous libère du péché et nous fortifie d'une façon nouvelle dans le Christ, chemin, vérité et vie » dit le pape.
2) « L'évangile de la Transfiguration du Seigneur [le deuxième dimanche du Carême] nous fait contempler la gloire du Christ qui anticipe la résurrection et annonce la divinisation de l'homme. La communauté chrétienne…elle est conduite ‘dans un lieu à part, sur une haute montagne’ (Mt 17,1) afin d'accueillir d'une façon nouvelle, dans le Christ, en tant que fils dans le Fils, le don de la Grâce de Dieu: ‘Celui-ci est mon Fils bien-aimé, qui a toute ma faveur, écoutez-le’ (v.5). Ces paroles nous invitent à quitter la rumeur du quotidien pour nous plonger dans la présence de Dieu… »
3) «Donne-moi à boire» (Jean 4,7). « Cette demande de Jésus à la Samaritaine, qui nous est rapportée dans la liturgie du troisième dimanche, commente Benoît XVI, exprime la passion de Dieu pour tout homme et veut susciter en notre cœur le désir du don de ‘l'eau jaillissant en vie éternelle’ (v.14)… Seule cette eau, qui nous est donnée par le Fils, peut irriguer les déserts de l'âme inquiète et insatisfaite ' tant qu'elle ne repose en Dieu', selon la célèbre expression de saint Augustin. »
4) « Le dimanche de l'aveugle-né nous présente le Christ comme la lumière du monde. L'Evangile interpelle chacun de nous: ‘Crois-tu au Fils de l'homme?’ ‘Oui, je crois Seigneur!’ (Jean 9, 35-38), répond joyeusement l'aveugle-né qui parle au nom de tout croyant. Le miracle de cette guérison est le signe que le Christ, en rendant la vue, veut ouvrir également notre regard intérieur afin que notre foi soit de plus en plus profonde et que nous puissions reconnaître en lui notre unique Sauveur. »
5) « Lorsque l'évangile du cinquième dimanche proclame la résurrection de Lazare, nous nous trouvons, écrit Benoît XVI, face au mystère ultime de notre existence: ‘ Je suis la résurrection et la vie... le crois-tu?’ (Jean 11, 25-26)… La communion avec le Christ, en cette vie, nous prépare à franchir l'obstacle de la mort pour vivre éternellement en Lui… Dieu a créé l'homme pour la résurrection et la vie; cette vérité confère une dimension authentique et définitive à l'histoire humaine, à l'existence personnelle, à la vie sociale, à la culture, à la politique, à l'économie. Privé de la lumière de la foi, l'univers entier périt, prisonnier d'un sépulcre sans avenir ni espérance.»
6) « Le parcours du Carême, conclut le pape, trouve son achèvement dans le Triduum Pascal, plus particulièrement dans la Grande Vigile de la Nuit Sainte: en renouvelant les promesses du Baptême, nous proclamons à nouveau que le Christ est le Seigneur de notre vie, de cette vie que Dieu nous a donnée lorsque nous sommes renés 'de l'eau et de l'Esprit Saint', et nous réaffirmons notre ferme propos de correspondre à l'action de la Grâce pour être ses disciples.»
Conclusion
Cette méditation du pape Benoît XVI nous prépare bien à entrer en Carême. Cette année notre chemin quadragésimal est un chemin baptismal et notre Mercredi des cendres un portail baptismal.
Par la pratique traditionnelle du jeûne, de l’aumône c’est-à-dire le partage et la prière à l’écoute de la Parole de Dieu nous sommes invités à vivre de façon toujours plus radicale notre union au Christ et notre rencontre de Dieu.
Que ce geste de l’imposition des cendres et que cette eucharistie y contribuent pleinement.
Amen !
Mgr Hermann Giguère P.H.
Supérieur général du Séminaire de Québec
Le 9 mars 2011.