Retable de l`Agneau mystique à Gand, un polyptyque de l'Adoration de l'Agneau d`après le livre de l`Apocalypse réalisé par les frères van Eyck et achevé en 1432. Conservé dans la cathédrale Saint-Bavon de Gand (Belgique).
24 mars 2007. Samedi de la 4e semaine du Carême Année C. Textes de l'Écriture: Jérémie 11, 18-20; Jn, 7, 40-53.
Il y a dans l’extrait du chapitre 7 de l’Évangile de Jean que nous venons d’entendre plusieurs acteurs. Regardons-y de plus près, si vous le voulez.
I - Un scénario aux multiples acteurs
D’abord la « foule ». Celle-ci n’est pas monolithique. Certains voient en Jésus « le grand Prophète ». D’autres « le Messie ». D’autres s’interrogent. Ces derniers posent des questions pertinentes pour eux : « d’où vient-il? qui est-il? » La « foule » est divisée à son sujet.
Si on continue la lecture du texte, ce sont les « chefs des prêtres » (faisant partie de la classe sacerdotale) et les « Pharisiens » (les intellectuels, pourrait-on dire, spécialistes de l’interprétation de la Loi) qui entrent en scène. Leur hostilité vis-à-vis Jésus ne se dément pas. Ils rejettent même ceux qui ne sont pas de leur avis parmi les « maudits » : « Quand à cette foule qui ne sait rien de la Loi, ce sont des maudits! ».
Il y a dans l’extrait du chapitre 7 de l’Évangile de Jean que nous venons d’entendre plusieurs acteurs. Regardons-y de plus près, si vous le voulez.
I - Un scénario aux multiples acteurs
D’abord la « foule ». Celle-ci n’est pas monolithique. Certains voient en Jésus « le grand Prophète ». D’autres « le Messie ». D’autres s’interrogent. Ces derniers posent des questions pertinentes pour eux : « d’où vient-il? qui est-il? » La « foule » est divisée à son sujet.
Si on continue la lecture du texte, ce sont les « chefs des prêtres » (faisant partie de la classe sacerdotale) et les « Pharisiens » (les intellectuels, pourrait-on dire, spécialistes de l’interprétation de la Loi) qui entrent en scène. Leur hostilité vis-à-vis Jésus ne se dément pas. Ils rejettent même ceux qui ne sont pas de leur avis parmi les « maudits » : « Quand à cette foule qui ne sait rien de la Loi, ce sont des maudits! ».
Un autre groupe, discret mais observateur fait aussi partie du tableau. Il s'agit des gardes. Leur constat est pragmatique et objectif : « Jamais un homme n’a parlé comme cet homme! »
Enfin, on retrouve Nicodème dont l’entretien de nuit avec Jésus est bien connu : celui à qui Jésus annonçait qu’il fallait qu’il renaisse de l’Esprit, celui qui, après la crucifixion, se retrouvera avec Joseph d’Arimathie pour ensevelir le corps de Jésus. Ici, il subit les attaques de ses confrères sans broncher, mais sans se prononcer.
II - Un absent qui ne laisse pas indifférent
Ce tableau dressé par Jean fait partie du séjour de Jésus à Jérusalem au cours de la fête des Tentes qui avait lieu au mois de septembre et qui ressemblait à notre fête de l’Action de grâces. Encore aujourd’hui, plusieurs juifs à Montréal célèbrent cette fête en dressant des tentes et en rendant grâces pour les récoltes abondantes.
L’extrait que nous venons de lire suit la promesse de l’eau vive : « Si quelqu’un a soif qu’il vienne à moi et qu’il boive », promesse qui suscite aussi des réactions négatives. « Certains voulaient l’arrêter » (7, 44). Il en avait été de même un peu plus haut à l’occasion du « Discours sur le Pain de vie » au chapitre 6.
Dans le texte lu, en plus des personnages dont nous avons parlé, il y en a un qui paraît absent, mais, en fait, il remplit totalement le texte de sa présence. C'est lui qui suscite réactions sur réactions, qui provoque, qui dérange, qui ne laisse pas indifférent. Ce personnage, c'est Jésus.
Pourquoi suscite-t-il toutes ces réactions? Parce que Jésus continue non seulement d’enseigner, mais il se révèle, il révèle où le Père le conduit. Il n’est pas le Roi glorieux attendu par les Juifs. Il est plutôt "comme l’agneau docile qu'on mène à l'abattoir" comme le dit Jérémie. Le texte de l’antienne de communion le rappelle clairement en citant cette phrase de l’épître de Pierre : « Nous avons été rachetés par le sang précieux du Christ, de l’Agneau sans défaut et sans tache » (1 P 1,19). Ses disciples sont invités à tremper leurs tuniques dans le sang de l’Agneau pour entrer avec lui dans la gloire éternelle (Apocalypse 7, 14).
Oui, Jésus, l’Agneau de Dieu, est, par le don total de lui-même, le signe de l’amour absolu du Père qui nous aime le premier, d’un amour de prévenance, d’un amour « agapè », comme le développe le pape Benoît XVI dans sa première encyclique.
« Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique » (Jn 3, 16). Cet amour-agapè rejoint toutes les personnes telles qu’elles sont malgré leurs limites, leurs faiblesses. Dieu aime chacun tel qu’il est, chacune telle qu’elle est. Il ne pose pas de préalable à son amour gratuit, à son amour-agapè.
Jésus révèle cette Bonne Nouvelle. Il se donne, disait-il dans le « Discours sur le Pain de Vie », comme Pain de vie, comme nourriture. Il donne sa vie « pour que le monde ait la vie »(Jn 10, 10). Et il incite à le suivre.
III - Une question aussi pour nous dans ce temps de carême
À la fin du chapitre 6, Jean raconte que les gens quittaient par petits groupes après avoir entendu Jésus. Et celui-ci s’adressant aux Douze leur demanda « Voulez partir, vous aussi? » Pierre, prenant la parole lui répondit : « Seigneur, à qui irons-nous? Tu as les paroles de la vie éternelle. »
C’est la même question qui nous est posée de nouveau dans le chemin du carême où à la suite de Jésus nous montons vers Jérusalem, où nous montons vers Pâques en passant par le Vendredi Saint.
« Voulez-vous partir, vous aussi? ». « Voulez-vous », comme il est dit dans la dernière phrase du texte, « rentrer chacun chez vous? »
Chacun et chacune de nous est invité à se poser la question.
Conclusion
Que cette célébration soit l’occasion de renouveler notre acte de foi en Jésus, Seigneur et Sauveur, l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde, comme nous le redisons à chaque eucharistie.
Amen!
Hermann Giguère, ptre p.h.
Supérieur général du Séminaire de Québec
Le 24 mars 2007
Enfin, on retrouve Nicodème dont l’entretien de nuit avec Jésus est bien connu : celui à qui Jésus annonçait qu’il fallait qu’il renaisse de l’Esprit, celui qui, après la crucifixion, se retrouvera avec Joseph d’Arimathie pour ensevelir le corps de Jésus. Ici, il subit les attaques de ses confrères sans broncher, mais sans se prononcer.
II - Un absent qui ne laisse pas indifférent
Ce tableau dressé par Jean fait partie du séjour de Jésus à Jérusalem au cours de la fête des Tentes qui avait lieu au mois de septembre et qui ressemblait à notre fête de l’Action de grâces. Encore aujourd’hui, plusieurs juifs à Montréal célèbrent cette fête en dressant des tentes et en rendant grâces pour les récoltes abondantes.
L’extrait que nous venons de lire suit la promesse de l’eau vive : « Si quelqu’un a soif qu’il vienne à moi et qu’il boive », promesse qui suscite aussi des réactions négatives. « Certains voulaient l’arrêter » (7, 44). Il en avait été de même un peu plus haut à l’occasion du « Discours sur le Pain de vie » au chapitre 6.
Dans le texte lu, en plus des personnages dont nous avons parlé, il y en a un qui paraît absent, mais, en fait, il remplit totalement le texte de sa présence. C'est lui qui suscite réactions sur réactions, qui provoque, qui dérange, qui ne laisse pas indifférent. Ce personnage, c'est Jésus.
Pourquoi suscite-t-il toutes ces réactions? Parce que Jésus continue non seulement d’enseigner, mais il se révèle, il révèle où le Père le conduit. Il n’est pas le Roi glorieux attendu par les Juifs. Il est plutôt "comme l’agneau docile qu'on mène à l'abattoir" comme le dit Jérémie. Le texte de l’antienne de communion le rappelle clairement en citant cette phrase de l’épître de Pierre : « Nous avons été rachetés par le sang précieux du Christ, de l’Agneau sans défaut et sans tache » (1 P 1,19). Ses disciples sont invités à tremper leurs tuniques dans le sang de l’Agneau pour entrer avec lui dans la gloire éternelle (Apocalypse 7, 14).
Oui, Jésus, l’Agneau de Dieu, est, par le don total de lui-même, le signe de l’amour absolu du Père qui nous aime le premier, d’un amour de prévenance, d’un amour « agapè », comme le développe le pape Benoît XVI dans sa première encyclique.
« Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique » (Jn 3, 16). Cet amour-agapè rejoint toutes les personnes telles qu’elles sont malgré leurs limites, leurs faiblesses. Dieu aime chacun tel qu’il est, chacune telle qu’elle est. Il ne pose pas de préalable à son amour gratuit, à son amour-agapè.
Jésus révèle cette Bonne Nouvelle. Il se donne, disait-il dans le « Discours sur le Pain de Vie », comme Pain de vie, comme nourriture. Il donne sa vie « pour que le monde ait la vie »(Jn 10, 10). Et il incite à le suivre.
III - Une question aussi pour nous dans ce temps de carême
À la fin du chapitre 6, Jean raconte que les gens quittaient par petits groupes après avoir entendu Jésus. Et celui-ci s’adressant aux Douze leur demanda « Voulez partir, vous aussi? » Pierre, prenant la parole lui répondit : « Seigneur, à qui irons-nous? Tu as les paroles de la vie éternelle. »
C’est la même question qui nous est posée de nouveau dans le chemin du carême où à la suite de Jésus nous montons vers Jérusalem, où nous montons vers Pâques en passant par le Vendredi Saint.
« Voulez-vous partir, vous aussi? ». « Voulez-vous », comme il est dit dans la dernière phrase du texte, « rentrer chacun chez vous? »
Chacun et chacune de nous est invité à se poser la question.
Conclusion
Que cette célébration soit l’occasion de renouveler notre acte de foi en Jésus, Seigneur et Sauveur, l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde, comme nous le redisons à chaque eucharistie.
Amen!
Hermann Giguère, ptre p.h.
Supérieur général du Séminaire de Québec
Le 24 mars 2007