Détail du repas à la table de Lévi (Mathieu) 1573 de Paolo Veronese (1528-1588) à la Galleria dell 'Accademia, Venise.
C’est le souvenir de monsieur le chanoine Jean-Charles Racine qui nous rassemble ce matin, mais c’est aussi parce qu’avec lui nous sommes unis par une communion qui transcende le temps et l’espace : la communion des saints comme nous le proclamons à chaque dimanche dans le Credo.
En écoutant le texte de l’évangile qui vient d’être lu, nous avons été amené avec Jésus à table, un table ouverte et accueillante comme le fut la vie de monsieur Racine.
I – La table et les invités
« Comme Jésus était à table… beaucoup de publicains et de pécheurs vinrent prendre place avec Jésus et ses disciples, car il y avait beaucoup de monde. »
En Orient, le repas partagé est le lieu de l’hospitalité et de la fraternité. Il crée une solidarité entre les invités à table. C’est pourquoi, même pour les gens simples il a une grande importance. C’est sûr que dans notre civilisation du « fast food », des repas pris à la sauvette ou réchauffés à la va vite, il est difficile de saisir l’impact de l’attitude de Jésus chez Lévi qui deviendra l’évangéliste Mathieu.
Que nous enseigne l’attitude de Jésus à table? Qu’il n’exclut personne. S’il se met à la table d’un publicain qui est vu comme un pécheur public en ce temps-là c’est pour révéler que sa mission c’est d’appeler « non pas les justes, mais les pécheurs ». « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. »
Ceux qui se croient bien portants n’ont rien compris. Comme les scribes du parti des Pharisiens, ils regardent de haut les autres, « les publicains et les pécheurs ». Ils n’ont besoin de personne. Ils s’enferment dans leurs observances. Il leur manque ce regard de miséricorde, de bonté, de compassion, d’amour envers les autres et envers eux-mêmes. Car ils ne peuvent se donner à eux-mêmes le salut. Ils doivent devenir « publicains », conscients qu’ils ont besoin de la miséricorde de Dieu qu’apporte Jésus et reconnaître qu’ils sont « malades ».
Les malades que guérit Jésus, ce sont tous ceux et celles qui crient « Jésus, aie pitié de moi, pécheur », comme le fait la vieille Prière de Jésus si chère à la tradition monastique orientale. Voilà l'attitude qui ouvre la porte de l'intimité avec Jésus : descendre de son socle, se dépouiller de ses protections, laisser entre l’amour de Dieu dans toutes les pores de notre peau, se laisser pénétrer de cet amour pour qu’il rayonne autour de nous : dans nos familles, dans nos communautés, dans nos relations personnelles et sociales.
II – Un accueil sans pareil
L’abbé Racine l’a fait. Même s’il n’était pas un amateur de banquet à cause de sa digestion difficile, il a su par son accueil, sa porte ouverte, ses visites nombreuses à ses paroissiennes et paroissiens lorsqu’il était curé de la paroisse Notre-Dame de Québec, celle de la Basilique-cathédrale, recréer une table où tous étaient bienvenus. Il m’a confié que c’est lors de ses visites pastorales dans les maisons de chambre du Vieux Québec qu’il était le plus heureux et qu’il se sentait tout à fait dans mission de prêtre.
Il a eu le souci d’être proche des « malades » et des « publicains » de sa paroisse, Il a continué par la suite dans l’écoute et l’accompagnement des personnes qui venait le consulter.
La miséricorde pour les pauvres et les petits lui brûlait le cœur. Sous des dehors austères et froids même, un cœur accueillant battait. Chez lui, la table était toujours mise, pourrait-on dire.
Oui comme Jésus qui était à table avec les publicains et les pécheurs, l’abbé Racine accueillait pauvres, mendiants, personnes seules sans distinction et sans conditions.
III – La table de l'Eucharistie
En cette célébration eucharistique, Jésus est encore de façon mystérieuse à table avec les pécheurs, les publicains, les malades que nous sommes. Les repas de Jésus ne sont pas terminés. Ils ont pris place à un moment donné dans le temps comme chez Lévi, mais ils ont un rayonnement éternel, hors du temps.
C’est pourquoi, nous sommes réunis ce matin. L’Eucharistie que nous célébrons et que monsieur Racine a célébrée tant de fois, est le repas où tout le monde est invité sans considération de rang ou de mérite. En entrant dans la célébration eucharistique nous nous reconnaissons pécheurs dans la préparation pénitentielle parce que nous savons que ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin de médecin, mais les malades et que Jésus est venu guérir l’humanité des pesanteurs, des lourdeurs, du mal qui l’habite pour lui donner la joie et le bonheur qu’elle attend.
Conclusion
Refaisons avec coeur, en terminant, la prière qui conclut la première lecture : "Avançons-nous donc avec pleine assurance vers le Dieu tout-puissant qui fait grâces, pour obtenir miséricorde et recevoir, en temps voulu, la grâce de son secours", ce que je vous souhaite à toutes et à tous.
Amen!
Mgr Hermann Giguère, P.H.
Supérieur général du Séminaire de Québec
15 janvier 2011
En écoutant le texte de l’évangile qui vient d’être lu, nous avons été amené avec Jésus à table, un table ouverte et accueillante comme le fut la vie de monsieur Racine.
I – La table et les invités
« Comme Jésus était à table… beaucoup de publicains et de pécheurs vinrent prendre place avec Jésus et ses disciples, car il y avait beaucoup de monde. »
En Orient, le repas partagé est le lieu de l’hospitalité et de la fraternité. Il crée une solidarité entre les invités à table. C’est pourquoi, même pour les gens simples il a une grande importance. C’est sûr que dans notre civilisation du « fast food », des repas pris à la sauvette ou réchauffés à la va vite, il est difficile de saisir l’impact de l’attitude de Jésus chez Lévi qui deviendra l’évangéliste Mathieu.
Que nous enseigne l’attitude de Jésus à table? Qu’il n’exclut personne. S’il se met à la table d’un publicain qui est vu comme un pécheur public en ce temps-là c’est pour révéler que sa mission c’est d’appeler « non pas les justes, mais les pécheurs ». « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. »
Ceux qui se croient bien portants n’ont rien compris. Comme les scribes du parti des Pharisiens, ils regardent de haut les autres, « les publicains et les pécheurs ». Ils n’ont besoin de personne. Ils s’enferment dans leurs observances. Il leur manque ce regard de miséricorde, de bonté, de compassion, d’amour envers les autres et envers eux-mêmes. Car ils ne peuvent se donner à eux-mêmes le salut. Ils doivent devenir « publicains », conscients qu’ils ont besoin de la miséricorde de Dieu qu’apporte Jésus et reconnaître qu’ils sont « malades ».
Les malades que guérit Jésus, ce sont tous ceux et celles qui crient « Jésus, aie pitié de moi, pécheur », comme le fait la vieille Prière de Jésus si chère à la tradition monastique orientale. Voilà l'attitude qui ouvre la porte de l'intimité avec Jésus : descendre de son socle, se dépouiller de ses protections, laisser entre l’amour de Dieu dans toutes les pores de notre peau, se laisser pénétrer de cet amour pour qu’il rayonne autour de nous : dans nos familles, dans nos communautés, dans nos relations personnelles et sociales.
II – Un accueil sans pareil
L’abbé Racine l’a fait. Même s’il n’était pas un amateur de banquet à cause de sa digestion difficile, il a su par son accueil, sa porte ouverte, ses visites nombreuses à ses paroissiennes et paroissiens lorsqu’il était curé de la paroisse Notre-Dame de Québec, celle de la Basilique-cathédrale, recréer une table où tous étaient bienvenus. Il m’a confié que c’est lors de ses visites pastorales dans les maisons de chambre du Vieux Québec qu’il était le plus heureux et qu’il se sentait tout à fait dans mission de prêtre.
Il a eu le souci d’être proche des « malades » et des « publicains » de sa paroisse, Il a continué par la suite dans l’écoute et l’accompagnement des personnes qui venait le consulter.
La miséricorde pour les pauvres et les petits lui brûlait le cœur. Sous des dehors austères et froids même, un cœur accueillant battait. Chez lui, la table était toujours mise, pourrait-on dire.
Oui comme Jésus qui était à table avec les publicains et les pécheurs, l’abbé Racine accueillait pauvres, mendiants, personnes seules sans distinction et sans conditions.
III – La table de l'Eucharistie
En cette célébration eucharistique, Jésus est encore de façon mystérieuse à table avec les pécheurs, les publicains, les malades que nous sommes. Les repas de Jésus ne sont pas terminés. Ils ont pris place à un moment donné dans le temps comme chez Lévi, mais ils ont un rayonnement éternel, hors du temps.
C’est pourquoi, nous sommes réunis ce matin. L’Eucharistie que nous célébrons et que monsieur Racine a célébrée tant de fois, est le repas où tout le monde est invité sans considération de rang ou de mérite. En entrant dans la célébration eucharistique nous nous reconnaissons pécheurs dans la préparation pénitentielle parce que nous savons que ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin de médecin, mais les malades et que Jésus est venu guérir l’humanité des pesanteurs, des lourdeurs, du mal qui l’habite pour lui donner la joie et le bonheur qu’elle attend.
Conclusion
Refaisons avec coeur, en terminant, la prière qui conclut la première lecture : "Avançons-nous donc avec pleine assurance vers le Dieu tout-puissant qui fait grâces, pour obtenir miséricorde et recevoir, en temps voulu, la grâce de son secours", ce que je vous souhaite à toutes et à tous.
Amen!
Mgr Hermann Giguère, P.H.
Supérieur général du Séminaire de Québec
15 janvier 2011