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Homélie pour le Jeudi Saint 2011 : « Le Christ est la clé de la Nouvelle Alliance comme il est la clé de ma vie »

Messe en mémoire de la Cène du Seigneur au Séminaire de Québec, le Jeudi Saint. 21 avril 2011. Textes de l'Écriture: Exode 12, 1-8.11-14; I Cor 11, 23-26 et Jn, 13, 1-15. Homéliste : Mgr Hermann Giguère, P.H, supérieur général du Séminaire de Québec.



Tableau de Gust Dierikx, peintre flamand né en 1924
Tableau de Gust Dierikx, peintre flamand né en 1924
La célébration du Jeudi-Saint nous renvoie au mystère de l’Incarnation qui se déploie totalement dans celui de Pâques. En effet, il est à propos aujourd’hui de parler de l’Eucharistie comme du mystère de la Nouvelle Alliance dans le Verbe qui a habité parmi nous et qui nous entraîne derrière lui dans la vie nouvelle, participation à vie divine elle-même.

Regardons-y de plus près si vous le voulez bien.

I – Une vie, fruit d’une Alliance

L’humanité a besoin de signes et de gestes qui expriment le sens de la vie. Dans la première lecture, nous voyons le Peuple de Dieu appelé par Moïse à mettre en œuvre son lien à son Dieu, fruit de l’Alliance scellée avec Abraham dans un rituel qui servira de mémorial d’âge en âge.

Ces gestes étrangers pour nous sont cependant ceux de gens qui disent ainsi leur attachement et leur foi dans Celui qui les fait vivre : le Dieu d’Abraham et de ses descendants, le Dieu proche d’eux, le Dieu qui est le Dieu avec nous. Cette proximité fait que leur Dieu ne peut se désintéresser de leur sort. C’est pourquoi, les gestes proposés les mettent sur un pied d’alerte, les font entrer en marche, en pèlerinage dans la foi et dans la confiance.

L’Incarnation du Verbe de Dieu vient renouveler d’une façon unique ce pèlerinage de la Première Alliance. « C’est ainsi, commente saint Augustin, que l’être immortel a pu mourir, c’est ainsi qu’il a voulu donner la vie aux mortels : il devait dans l’avenir les faire participer à ce qu’il est, après avoir participé lui-même à ce qu’ils sont. » (Sermon sur la Passion du Seigneur dans l’Office des lectures du Lundi Saint).

Dans le Verbe incarné, Dieu n’est plus seulement le protecteur, le défenseur de son Peuple, il est l’un de nous. Il prend notre chair pour pouvoir mourir et sauver toute l’humanité. Il ne regardera pas comme un priviège son égalité avec Dieu et il acceptera de s'anéantir dans la condition mortelle, comme le dit saint Paul aux Philippiens (Phil, 2, 6-7). C’est pourquoi, Dieu le relèvera, le ressuscitera pour que, la mort étant vaincue, la vie triomphe définitivement.

Vous voyez que ces réflexions nous renvoient spontanément au Baptême qui prend tant d’importance dans la célébration de la Vigile pascale. Le ton baptismal des lectures du Carême cette année nous a permis de méditer diverses facettes de la vie nouvelle dans laquelle le baptisé est emporté, dans « la vie que nous ne pouvons pas tenir de nous » (saint Augustin loc.cit.).

II – Les gestes de la Cène

Revenons à notre célébration de la Cène du Seigneur maintenant. Nous sommes invités, comme les Israélites à qui s’adressaient Moïse à poser des gestes symboliques. Ceux-ci s’inscrivent dans la continuité des gestes anciens. Jésus se retrouve avec les siens pour la Pâque. Il refait certainement les gestes qu’il a appris dans sa famille et que tous autour de la table connaissent bien.

Mais, ô surprise, sur le pain et la coupe il prononce ces paroles devenues si familières pour nous et que saint Paul rapporte fidèlement : « Ceci est mon corps, qui est pour vous », « Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang ». Et saint Jean ajoute la scène du lavement des pieds que nous venons d’entendre dans la lecture de l’évangile et que nous referons nous aussi ce soir.

Les gestes et les signes que nous posons maintenant ne nous appartiennent pas. Ils sont sans contredit d’une puissance incomparable pour nous faire cheminer de plus en plus sur le chemin de la vie reçue de Dieu par l’obéissance de Jésus, Verbe de Dieu, ayant porté toutes les blessures et les péchés de notre humanité pour les anéantir et ouvrir pour tous la voie de la vie avec lui, Dieu fait homme, Dieu avec nous que le Père ressuscite et consacre Maître de la Vie.

III - Le Corps et le Sang du Christ

On peut ce soir, avec raison, se poser la question que se posaient les Juifs à propos de Jésus : « Comment peut-il nous donner sa chair à manger? » Et pourtant, ce soir, nous donnons dans cette célébration de la Cène du Seigneur tout leur sens aux paroles de Jésus qui dit : « Ceci est ma chair » et « Ceci est mon sang » si nous n’oublions pas qu’il s’agit du Corps et du Sang du Christ ressuscité c’est-à-dire du Verbe de Dieu venu parmi nous, qui s’est fait proche de l’humanité aux temps anciens et aux temps nouveaux commencés en Jésus. Ce qui fait dire à saint Paul : « chaque fois que mangez de ce pain et que vous buvez à cette coupe, vous proclamez la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne »(deuxième lecture).

Voilà le mystère de notre Eucharistie ce soir et de toute Eucharistie. L’Eucharistie est nourriture sur le chemin, elle ne prétend pas mettre le point final à la transformation inaugurée en nous par le Baptême. Elle est le soutien sur la route et l’aliment du pèlerinage.

Sur les pas du Christ, le baptisé connaît une transformation radicale qui bouleverse les racines de son être humain. Comme les Israélites de la Première Pâque il se met en marche. Il regarde avec confiance vers le Premier-Né, Jésus-Christ, qui est sorti des limites de notre temps et de notre espace et qui vit toujours. Le Christ ressucité vit pour Dieu éternellement dit saint Paul ; "quod enim mortuus est peccato mortuus est semel quod autem vivit vivit Deo" (Rm 6,10) . Et c’est pourquoi, dans la foi nous célébrons l'Eucharistie et que, dans ce mystère, nous allons au-delà des apparences, des espèces du pain et du vin.

Pour ce faire, nous avons besoin d’humilité et de proximité avec nos frères et sœurs. C’est ici que le geste du lavement des pieds prend tout son relief. Il est un exemple comme le dit Jésus « afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous. » Sur les traces du Serviteur par excellence nous apprenons le décentrement de nous-mêmes pour ouvrir l’espace du don de la vie que Dieu propose à tous ceux et celles qui accueillent Jésus, son Envoyé pour le salut du monde.

Conclusion

À chaque Eucharistie, en mangeant le pain et en buvant le vin, nous recevons en nous non pas la chair mortelle du Christ, mais son Corps et son Sang de Seigneur ressuscité pour que grandisse en nous la vie de Dieu dans laquelle nous sommes entrés au baptême et qui sera la nôtre éternellement.

Que ce Jeudi-Saint nous trouve accueillants à ce don merveilleux du Corps et du Sang du Christ, donnés pour la vie du monde.

Amen!



Mgr Hermann Giguère, ptre p.h.
Supérieur général du Séminaire de Québec

Le 21 avril 2011.




Jeudi 21 Avril 2011
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