En ce début de la Semaine Sainte, la liturgie nous a présenté ce matin deux pistes de méditation, la première : l’entrée de Jésus à Jérusalem et la seconde : la lecture de la Passion selon saint Mathieu. Ces deux pistes sont intimement liées l’une à l’autre. La description de l’entrée à Jérusalem nous donne la clé qu’il nous faut pour méditer le récit de la passion du Christ que nous venons d'entendre. Regardons-y de plus près.
I- L’entrée triomphale Jérusalem
Au début de notre célébration nous avons marché avec des palmes à la main reproduisant la foule en liesse qui accompagnait Jésus entrant à Jérusalem. Ce n’était pas seulement des palmes, mais des manteaux qu’on étendait sur son passage nous dit l’évangile que nous avons lu. Et pourtant cette entrée triomphale porte déjà un message qui nous invite à situer le triomphe de Jésus à sa vraie place qui n’est pas celle des triomphes humains ordinaires.
En effet, Jésus qui entre à Jérusalem, ne le fait pas comme les chefs de guerre ou les généraux d’un cortège de vainqueurs, sur un chariot ou sur un cheval fringuant. Il est assis sur un âne.
Cet animal est celui des pauvres, des paysans. C’est celui du travail aux champs, des déplacements de matériel, de transport de denrées, C’est un animal de travail. C’est une bête de service. Jésus l’a choisi intentionnellement car il veut signifier qu’il arrive dans l’humilité pour accomplir le plan de Dieu.
Il se situe dans la lignée des prophètes qui ont prédit ce Messager de Dieu pauvre et humble. Écouter ce passage du prophète Zacharie : « Exulte de toutes tes forces, fille de Sion ! Pousse des cris de joie, fille de Jérusalem ! Voici ton roi qui vient à toi : il est juste et victorieux, pauvre et monté sur un âne, un ânon, le petit d’une ânesse. » (Zacharie 9, 9)
II – Le récit de la Passion
Ce Messie pauvre et humble ira jusqu'à l’extrême en donnant sa vie sur la Croix. Il sera dénoncé, défiguré, abandonné. C’est ce que nous livre le récit de la Passion.
Dans ce récit, la liturgie nous propose non seulement quelques extraits, mais elle met devant nos yeux l’ensemble des évènements qui vont de la Cène, le dernier repas de Jésus avec les siens, jusqu’à sa mise au tombeau.
Le récit se déroule avec plein de détails. Il ravive en nous des images maintes fois rencontrées soit à l’occasion des lectures de la liturgie soit encore dans le visionnement de certains films comme Jésus de Nazareth de Franco Zeffirelli ou La Passion de Mel Gibson. On peut se laisser pénétrer par ces images au point d’en garder une vision sanglante et défaitiste de la fin de la vie de Jésus. On manque alors l'essentiel.
Ce qui s'est produit, c'est l'abaissement (kénose) de Jésus, Fils de Dieu, qui ayant été jusqu’au plus bas en souffrant sa passion, est exalté par Dieu. Il devient ainsi, comme le dit saint Paul dans la deuxième lecture « Seigneur à la gloire de Dieu le Père ». «C’est pourquoi Dieu l’a exalté, écrit celui-ci aux chrétiens de la ville de Philippes en Grèce : il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse au ciel, sur terre et aux enfers, et que toute langue proclame : ‘ Jésus Christ est Seigneur’ à la gloire de Dieu le Père. » (Philippiens 2, 5-11).
III - Application
Entrons dans notre Semaine Sainte cette année en suivant Jésus à la trace nous laissant entraîner derrière lui sur le chemin de la Croix et de l’abandon.
Il nous regarde et nous dit : « Il n’y a pas de plus amour que de donner sa vie pour ses amis…je donne la mienne librement pour le salut de tous… ma vie, nul ne la prend mais c'est moi qui la donne…j’accepte d’être l’Agneau immolé pour le salut du monde, je me charge du poids de vos péchés, ils sont sur mon dos avec la croix. » (d’après Jean 15, 13, Jean 10, 18 et Isaïe 53, 7).
Conclusion
Merci, Seigneur, d'avoir versé telle goutte de sang pour moi. Tu m'as porté avec toi et tu m'as offert au Père. Tu le refais dans cette Eucharistie qui est le mémorial de ta mort et de ta résurrection. Que cette Eucharistie me donne la grâce d’entrer avec toi sur la voie de l'abandon à la volonté de Dieu, sûr de ta présence avec nous dans ces signes du Pain et du Vin consacrés, devenus ton Corps donné et ton Sang versé pour moi et pour le salut du monde.
Bonne Semaine Sainte!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec
4 avril 2017
I- L’entrée triomphale Jérusalem
Au début de notre célébration nous avons marché avec des palmes à la main reproduisant la foule en liesse qui accompagnait Jésus entrant à Jérusalem. Ce n’était pas seulement des palmes, mais des manteaux qu’on étendait sur son passage nous dit l’évangile que nous avons lu. Et pourtant cette entrée triomphale porte déjà un message qui nous invite à situer le triomphe de Jésus à sa vraie place qui n’est pas celle des triomphes humains ordinaires.
En effet, Jésus qui entre à Jérusalem, ne le fait pas comme les chefs de guerre ou les généraux d’un cortège de vainqueurs, sur un chariot ou sur un cheval fringuant. Il est assis sur un âne.
Cet animal est celui des pauvres, des paysans. C’est celui du travail aux champs, des déplacements de matériel, de transport de denrées, C’est un animal de travail. C’est une bête de service. Jésus l’a choisi intentionnellement car il veut signifier qu’il arrive dans l’humilité pour accomplir le plan de Dieu.
Il se situe dans la lignée des prophètes qui ont prédit ce Messager de Dieu pauvre et humble. Écouter ce passage du prophète Zacharie : « Exulte de toutes tes forces, fille de Sion ! Pousse des cris de joie, fille de Jérusalem ! Voici ton roi qui vient à toi : il est juste et victorieux, pauvre et monté sur un âne, un ânon, le petit d’une ânesse. » (Zacharie 9, 9)
II – Le récit de la Passion
Ce Messie pauvre et humble ira jusqu'à l’extrême en donnant sa vie sur la Croix. Il sera dénoncé, défiguré, abandonné. C’est ce que nous livre le récit de la Passion.
Dans ce récit, la liturgie nous propose non seulement quelques extraits, mais elle met devant nos yeux l’ensemble des évènements qui vont de la Cène, le dernier repas de Jésus avec les siens, jusqu’à sa mise au tombeau.
Le récit se déroule avec plein de détails. Il ravive en nous des images maintes fois rencontrées soit à l’occasion des lectures de la liturgie soit encore dans le visionnement de certains films comme Jésus de Nazareth de Franco Zeffirelli ou La Passion de Mel Gibson. On peut se laisser pénétrer par ces images au point d’en garder une vision sanglante et défaitiste de la fin de la vie de Jésus. On manque alors l'essentiel.
Ce qui s'est produit, c'est l'abaissement (kénose) de Jésus, Fils de Dieu, qui ayant été jusqu’au plus bas en souffrant sa passion, est exalté par Dieu. Il devient ainsi, comme le dit saint Paul dans la deuxième lecture « Seigneur à la gloire de Dieu le Père ». «C’est pourquoi Dieu l’a exalté, écrit celui-ci aux chrétiens de la ville de Philippes en Grèce : il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse au ciel, sur terre et aux enfers, et que toute langue proclame : ‘ Jésus Christ est Seigneur’ à la gloire de Dieu le Père. » (Philippiens 2, 5-11).
III - Application
Entrons dans notre Semaine Sainte cette année en suivant Jésus à la trace nous laissant entraîner derrière lui sur le chemin de la Croix et de l’abandon.
Il nous regarde et nous dit : « Il n’y a pas de plus amour que de donner sa vie pour ses amis…je donne la mienne librement pour le salut de tous… ma vie, nul ne la prend mais c'est moi qui la donne…j’accepte d’être l’Agneau immolé pour le salut du monde, je me charge du poids de vos péchés, ils sont sur mon dos avec la croix. » (d’après Jean 15, 13, Jean 10, 18 et Isaïe 53, 7).
Conclusion
Merci, Seigneur, d'avoir versé telle goutte de sang pour moi. Tu m'as porté avec toi et tu m'as offert au Père. Tu le refais dans cette Eucharistie qui est le mémorial de ta mort et de ta résurrection. Que cette Eucharistie me donne la grâce d’entrer avec toi sur la voie de l'abandon à la volonté de Dieu, sûr de ta présence avec nous dans ces signes du Pain et du Vin consacrés, devenus ton Corps donné et ton Sang versé pour moi et pour le salut du monde.
Bonne Semaine Sainte!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec
4 avril 2017