Jésus en conversation avec ses disciples - Jean 14, 23-29 (Crédits photo : Bernadette Lopez, alias Berna dans Évangile et peinture)
Le pape François depuis son élection comme évêque de Rome, successeur de saint Pierre, le 13 mars 2013 exerce un ministère qui retient l’attention des médias. Il est le pasteur d’une Église que nous connaissons bien puisque nous en faisons partie, mais est-ce que nous la connaissons si bien que cela ?
Les textes des lectures et de l’évangile d’aujourd’hui nous permettent de rafraîchir ce que nous savons déjà et peut-être d’aller plus loin dans notre connaissance de l’Église à laquelle nous appartenons et dont nous sommes les membres.
I – Une institution au service de l’Évangile
On réfère d’habitude au texte des Actes de Apôtres que nous venons d’entendre en parlant du Concile de Jérusalem qui serait ainsi le premier concile. Le terme concile est exagéré, mais pourtant il s’agit bien d’un rencontre des responsables des communautés sous le patronage de saint Pierre.
Cette rencontre a un but bien particulier, un certain nombre de responsables sont convoqués, un temps de discernement est observé et une décision est prise. C’est ce que les conciles qui auront lieu par la suite mettront en pratique.
En effet, l’Église qui est le Corps mystique du Christ est aussi une institution humaine. C’est ce qui ressort de cette rencontre de Jérusalem. Elle s’occupe de régler un problème de façon prudente et sage pour que les communautés ne se divisent pas.
Pourtant, elles partagent le même message et la même foi, mais les conséquences ne sont pas jugées de la même façon. C’est cela le côté humain de l’Église. Elle est faite d’hommes et de femmes qui se reconnaissent disciples de Jésus, qui le suivent le mieux possible et qui veulent témoigner de sa présence dans leurs vies et dans le monde qui les entoure.
C’est déjà très beau de partager un tel trésor et une telle richesse. Mais les premiers évangélisateurs comme saint Pierre et saint Paul ont perçu que la prédication et le message de Jésus ne pourraient se transmettre aux générations qui viendraient après eux sans lui donner un cadre de transmission. C’est l’institution humaine qu’est l’Église avec ses rituels, son clergé, ses ancrages: paroisses et diocèses, son héritage artistique, ses possessions matérielles etc. Ce visage humain de l’Église peut changer.
Vous comme moi nous savons que cette figure de l’Église n’est pas toute l'Église, qui est aussi une réalité spirituelle et non seulement humaine.
II - L’Église, don de l’Esprit
C’est la deuxième lecture qui vient à notre secours pour nous rappeler cette réalité spirituelle de l’Église. Cette réalité explique les images choisies par l’auteur de l’Apocalypse pour décrire la Ville sainte, Jérusalem, qui est ici le symbole de l’Église.
On y met de l’avant son ouverture. Elle est décrite avec des portes qui s’ouvrent de tous les côtés : « Il y avait trois portes à l’orient, trois au nord, trois au midi, et trois à l’occident ». Quelle belle façon de décrire l’universalité de l’Église, ce que dans le Crédo, le Je crois en Dieu, on appelle sa catholicité. L'Église est toujours catholique, c'est-à-dire universelle. L’image suivante de la muraille qui est fondée sur les douze apôtres marque ce que notre Crédo appelle l'apostolicité de l'Église.
Et quelles sont les deux autres caractéristiques de l’Église d’après le Crédo : Une et Sainte. En effet nous disons chaque dimanche « Je crois en l’Église une sainte, catholique et apostolique ».
L’Église Une est représentée par l’image de l’Apocalypse qui fait référence à la lumière unique qui éclaire la Jérusalem du ciel, la lumière de l’Agneau qui suffit sans qu’il soit nécessaire qu’il y en ait d’autres comme le soleil ou la lune. C’est l’Agneau, le Christ, un avec le Père (cf. Jean 15, ) qui lui donne son unité comme le Père le veut.
La sainteté de l’Église, elle, est bien exprimée lorsque l’auteur écrit « Dans la ville, je n’ai pas vu de sanctuaire, car son sanctuaire, c’est le Seigneur Dieu, Souverain de l’univers ». La sainteté de l'Église c'est la sainteté de Dieu qui est en elle. Ce n'est pas une sainteté qu'elle se donne ou gagne comme un trophée, mais c’est la présence de Dieu en elle qui est toujours là.
Le mystère de l'Église nous est mis devant les yeux ce matin : une Église humaine et divine en même temps, une Église faite de membres pécheurs, mais sainte de la sainteté de Dieu, une Église au-delà de l’histoire, mais, en même temps, une Église insérée dans son temps. C’est ce qui rend difficile tout discours sur l’Église.
Les médias en perçoivent le côté humain et c’est bien. Les personnes croyantes en vivent la réalité spirituelle, d’autre part. Si on demande aux observateurs de respecter ce qu’ils ne voient pas et de ne pas s'arrêter seulement à ce qu’ils voient, c’est une demande qui peut les dépasser, mais c’est tout à fait approprié pour les personnes croyantes. Dans le contexte actuel nous sommes confrontés à bien des révélations qui mettent notre Église sur la sellette et qui en révèle les limites humaines. Cette situation nous touche profondément. Elle provoque même des démissions retentissantes ou des départs. Elle est aussi un questionnement pour les personnes croyantes.
Et pourtant comme le pape François le rappelle souvent, l’Église ne se restreint pas aux personnes qui la constituent, elle les dépasse. Elle est une réalité reçue de Dieu. C’est pourquoi le pape François invite à la prière et à la conversion pour que cette réalité spirituelle de l’Église soit bien manifestée autour de nous. Comment le faire ?
III – L’assistance de l’Esprit
Il n’y a pas de chemin magique, mais la route à entreprendre est celle d’un retour à l’Évangile car l’Église n’existe pas pour elle-même. Elle est, comme le dit le Concile Vatican II, le signe de Dieu parmi les nations, « le sacrement, c’est-à-dire à la fois le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain » (Constitution dogmatique sur l’Église n. 1). Elle se nourrit de la vie du Christ Ressuscité et de la foi des personnes croyantes en Jésus.
C’est l’Évangile qui est leur vie, et qui doit être leur vie. François d’Assise l’avait bien compris et le pape François en choisissant le nom de François nous incite à avoir le même regard. Jésus n’est pas venu fonder une Église, dit-on avec raison, mais il est venu annoncer la Bonne Nouvelle et donner sa vie. C’est pourquoi Dieu l’a ressuscité et il est devenu celui en qui nous avons la vie même de Dieu par la foi.
Les paroles de Jésus que l’Évangile nous laisse ce matin ont été dites avant sa mort sur la croix, elles sont un testament précieux. Jésus y promet l’Esprit Saint « le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit ».
Nous pouvons compter sur cette assistance qui est toujours là. C’est l’Esprit qui nous permettra de répondre aux défis de l’institution qu’est notre Église comme il l’a permis aux apôtres réunis à Jérusalem. C'est l’Esprit qui donne la vie à notre Église comme il l’a fait pour les premières communautés chrétiennes créées par saint Paul. C‘est encore l’Esprit qui maintenant aujourd’hui en 2019 est celui sur qui s’appuyer car il nous redira ce que Jésus attend de nous.
Conclusion
J’espère que cette méditation ne sera pas comme un écrasement, mais au contraire qu’elle suscitera un regain d’espérance. Si on peut être sévère vis-à-vis l’Église institution comme cet abbé suisse, Dom Martin Werlen, qui a écrit un livre intitulé TROP TARD, on ne doit jamais oublier qu'elle est une réalité spirituelle qui nous dépasse. L'Église est en même temps divine et humaine comme le dit Vatican II : « Cette société organisée hiérarchiquement d’une part et le corps mystique d’autre part, l’ensemble discernable aux yeux et la communauté spirituelle, l’Église terrestre et l’Église enrichie des biens célestes ne doivent pas être considérées comme deux choses, elles constituent au contraire une seule réalité complexe, faite d’un double élément humain et divin ». Fin de la citation. (Constitution dogmatique sur l’Église n. 8)
Prions ce matin pour l’Église et pour tous les membres de notre communauté afin qu’ils deviennent de plus en plus des personnes dociles à l’Esprit et que les pasteurs de notre Église se laissent eux aussi renouveler par l'action de l’Esprit.
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec
21 mai 2019
Lien pour le livre de Dom Martin Werlen, ancien Abbé d'Einsiedeln, sur son livre Trop tard ! – Une provocation pour l’Église – Une espérance pour tous.
______________________________________________________
Lectures de la messe pour le 6e dimanche de Pâques Année C
Première lecture
« L’Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé de ne pas faire peser sur vous d’autres obligations que celles-ci qui s’imposent » (Ac 15, 1-2.22-29)
Lecture du livre des Actes des Apôtres
En ces jours-là,
des gens, venus de Judée à Antioche,
enseignaient les frères en disant :
« Si vous n’acceptez pas la circoncision
selon la coutume qui vient de Moïse,
vous ne pouvez pas être sauvés. »
Cela provoqua un affrontement ainsi qu’une vive discussion
engagée par Paul et Barnabé contre ces gens-là.
Alors on décida que Paul et Barnabé,
avec quelques autres frères,
monteraient à Jérusalem auprès des Apôtres et des Anciens
pour discuter de cette question.
Les Apôtres et les Anciens
décidèrent avec toute l’Église
de choisir parmi eux
des hommes qu’ils enverraient à Antioche avec Paul et Barnabé.
C’étaient des hommes
qui avaient de l’autorité parmi les frères :
Jude, appelé aussi Barsabbas, et Silas.
Voici ce qu’ils écrivirent de leur main :
« Les Apôtres et les Anciens, vos frères,
aux frères issus des nations,
qui résident à Antioche, en Syrie et en Cilicie,
salut !
Attendu que certains des nôtres, comme nous l’avons appris,
sont allés, sans aucun mandat de notre part,
tenir des propos qui ont jeté chez vous le trouble et le désarroi,
nous avons pris la décision, à l’unanimité,
de choisir des hommes que nous envoyons chez vous,
avec nos frères bien-aimés Barnabé et Paul,
eux qui ont fait don de leur vie
pour le nom de notre Seigneur Jésus Christ.
Nous vous envoyons donc Jude et Silas,
qui vous confirmeront de vive voix ce qui suit :
L’Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé
de ne pas faire peser sur vous d’autres obligations
que celles-ci, qui s’imposent :
vous abstenir des viandes offertes en sacrifice aux idoles,
du sang,
des viandes non saignées
et des unions illégitimes.
Vous agirez bien, si vous vous gardez de tout cela.
Bon courage ! »
– Parole du Seigneur.
Psaume
(Ps 66 (67), 2-3, 5, 7-8)
R/ Que les peuples, Dieu, te rendent grâce ;
qu’ils te rendent grâce tous ensemble !
ou : Alléluia. (Ps 66, 4)
Que Dieu nous prenne en grâce et nous bénisse,
que son visage s’illumine pour nous ;
et ton chemin sera connu sur la terre,
ton salut, parmi toutes les nations.
Que les nations chantent leur joie,
car tu gouvernes le monde avec justice ;
tu gouvernes les peuples avec droiture,
sur la terre, tu conduis les nations.
La terre a donné son fruit ;
Dieu, notre Dieu, nous bénit.
Que Dieu nous bénisse,
et que la terre tout entière l’adore !
Deuxième lecture
« Il me montra la Ville sainte qui descendait du ciel » (Ap 21, 10-14.22-23)
Lecture de l’Apocalypse de saint Jean
Moi, Jean, j’ai vu un ange.
En esprit, il m’emporta
sur une grande et haute montagne ;
il me montra la Ville sainte, Jérusalem,
qui descendait du ciel, d’auprès de Dieu :
elle avait en elle la gloire de Dieu ;
son éclat était celui d’une pierre très précieuse,
comme le jaspe cristallin.
Elle avait une grande et haute muraille,
avec douze portes et, sur ces portes, douze anges ;
des noms y étaient inscrits :
ceux des douze tribus des fils d’Israël.
Il y avait trois portes à l’orient,
trois au nord,
trois au midi,
et trois à l’occident.
La muraille de la ville reposait sur douze fondations
portant les douze noms des douze Apôtres de l’Agneau.
Dans la ville, je n’ai pas vu de sanctuaire,
car son sanctuaire,
c’est le Seigneur Dieu, Souverain de l’univers,
et l’Agneau.
La ville n’a pas besoin du soleil ni de la lune pour l’éclairer,
car la gloire de Dieu l’illumine :
son luminaire, c’est l’Agneau.
– Parole du Seigneur.
Évangile
« L’Esprit Saint vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit » (Jn 14, 23-29)
Alléluia. Alléluia.
Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, dit le Seigneur ;
mon Père l’aimera, et nous viendrons vers lui.
Alléluia. (Jn 14, 23)
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Si quelqu’un m’aime,
il gardera ma parole ;
mon Père l’aimera,
nous viendrons vers lui
et, chez lui, nous nous ferons une demeure.
Celui qui ne m’aime pas
ne garde pas mes paroles.
Or, la parole que vous entendez n’est pas de moi :
elle est du Père, qui m’a envoyé.
Je vous parle ainsi,
tant que je demeure avec vous ;
mais le Défenseur,
l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom,
lui, vous enseignera tout,
et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit.
Je vous laisse la paix,
je vous donne ma paix ;
ce n’est pas à la manière du monde
que je vous la donne.
Que votre cœur ne soit pas bouleversé ni effrayé.
Vous avez entendu ce que je vous ai dit :
Je m’en vais,
et je reviens vers vous.
Si vous m’aimiez, vous seriez dans la joie
puisque je pars vers le Père,
car le Père est plus grand que moi.
Je vous ai dit ces choses maintenant,
avant qu’elles n’arrivent ;
ainsi, lorsqu’elles arriveront,
vous croirez. »
– Acclamons la Parole de Dieu.
Les textes des lectures et de l’évangile d’aujourd’hui nous permettent de rafraîchir ce que nous savons déjà et peut-être d’aller plus loin dans notre connaissance de l’Église à laquelle nous appartenons et dont nous sommes les membres.
I – Une institution au service de l’Évangile
On réfère d’habitude au texte des Actes de Apôtres que nous venons d’entendre en parlant du Concile de Jérusalem qui serait ainsi le premier concile. Le terme concile est exagéré, mais pourtant il s’agit bien d’un rencontre des responsables des communautés sous le patronage de saint Pierre.
Cette rencontre a un but bien particulier, un certain nombre de responsables sont convoqués, un temps de discernement est observé et une décision est prise. C’est ce que les conciles qui auront lieu par la suite mettront en pratique.
En effet, l’Église qui est le Corps mystique du Christ est aussi une institution humaine. C’est ce qui ressort de cette rencontre de Jérusalem. Elle s’occupe de régler un problème de façon prudente et sage pour que les communautés ne se divisent pas.
Pourtant, elles partagent le même message et la même foi, mais les conséquences ne sont pas jugées de la même façon. C’est cela le côté humain de l’Église. Elle est faite d’hommes et de femmes qui se reconnaissent disciples de Jésus, qui le suivent le mieux possible et qui veulent témoigner de sa présence dans leurs vies et dans le monde qui les entoure.
C’est déjà très beau de partager un tel trésor et une telle richesse. Mais les premiers évangélisateurs comme saint Pierre et saint Paul ont perçu que la prédication et le message de Jésus ne pourraient se transmettre aux générations qui viendraient après eux sans lui donner un cadre de transmission. C’est l’institution humaine qu’est l’Église avec ses rituels, son clergé, ses ancrages: paroisses et diocèses, son héritage artistique, ses possessions matérielles etc. Ce visage humain de l’Église peut changer.
Vous comme moi nous savons que cette figure de l’Église n’est pas toute l'Église, qui est aussi une réalité spirituelle et non seulement humaine.
II - L’Église, don de l’Esprit
C’est la deuxième lecture qui vient à notre secours pour nous rappeler cette réalité spirituelle de l’Église. Cette réalité explique les images choisies par l’auteur de l’Apocalypse pour décrire la Ville sainte, Jérusalem, qui est ici le symbole de l’Église.
On y met de l’avant son ouverture. Elle est décrite avec des portes qui s’ouvrent de tous les côtés : « Il y avait trois portes à l’orient, trois au nord, trois au midi, et trois à l’occident ». Quelle belle façon de décrire l’universalité de l’Église, ce que dans le Crédo, le Je crois en Dieu, on appelle sa catholicité. L'Église est toujours catholique, c'est-à-dire universelle. L’image suivante de la muraille qui est fondée sur les douze apôtres marque ce que notre Crédo appelle l'apostolicité de l'Église.
Et quelles sont les deux autres caractéristiques de l’Église d’après le Crédo : Une et Sainte. En effet nous disons chaque dimanche « Je crois en l’Église une sainte, catholique et apostolique ».
L’Église Une est représentée par l’image de l’Apocalypse qui fait référence à la lumière unique qui éclaire la Jérusalem du ciel, la lumière de l’Agneau qui suffit sans qu’il soit nécessaire qu’il y en ait d’autres comme le soleil ou la lune. C’est l’Agneau, le Christ, un avec le Père (cf. Jean 15, ) qui lui donne son unité comme le Père le veut.
La sainteté de l’Église, elle, est bien exprimée lorsque l’auteur écrit « Dans la ville, je n’ai pas vu de sanctuaire, car son sanctuaire, c’est le Seigneur Dieu, Souverain de l’univers ». La sainteté de l'Église c'est la sainteté de Dieu qui est en elle. Ce n'est pas une sainteté qu'elle se donne ou gagne comme un trophée, mais c’est la présence de Dieu en elle qui est toujours là.
Le mystère de l'Église nous est mis devant les yeux ce matin : une Église humaine et divine en même temps, une Église faite de membres pécheurs, mais sainte de la sainteté de Dieu, une Église au-delà de l’histoire, mais, en même temps, une Église insérée dans son temps. C’est ce qui rend difficile tout discours sur l’Église.
Les médias en perçoivent le côté humain et c’est bien. Les personnes croyantes en vivent la réalité spirituelle, d’autre part. Si on demande aux observateurs de respecter ce qu’ils ne voient pas et de ne pas s'arrêter seulement à ce qu’ils voient, c’est une demande qui peut les dépasser, mais c’est tout à fait approprié pour les personnes croyantes. Dans le contexte actuel nous sommes confrontés à bien des révélations qui mettent notre Église sur la sellette et qui en révèle les limites humaines. Cette situation nous touche profondément. Elle provoque même des démissions retentissantes ou des départs. Elle est aussi un questionnement pour les personnes croyantes.
Et pourtant comme le pape François le rappelle souvent, l’Église ne se restreint pas aux personnes qui la constituent, elle les dépasse. Elle est une réalité reçue de Dieu. C’est pourquoi le pape François invite à la prière et à la conversion pour que cette réalité spirituelle de l’Église soit bien manifestée autour de nous. Comment le faire ?
III – L’assistance de l’Esprit
Il n’y a pas de chemin magique, mais la route à entreprendre est celle d’un retour à l’Évangile car l’Église n’existe pas pour elle-même. Elle est, comme le dit le Concile Vatican II, le signe de Dieu parmi les nations, « le sacrement, c’est-à-dire à la fois le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain » (Constitution dogmatique sur l’Église n. 1). Elle se nourrit de la vie du Christ Ressuscité et de la foi des personnes croyantes en Jésus.
C’est l’Évangile qui est leur vie, et qui doit être leur vie. François d’Assise l’avait bien compris et le pape François en choisissant le nom de François nous incite à avoir le même regard. Jésus n’est pas venu fonder une Église, dit-on avec raison, mais il est venu annoncer la Bonne Nouvelle et donner sa vie. C’est pourquoi Dieu l’a ressuscité et il est devenu celui en qui nous avons la vie même de Dieu par la foi.
Les paroles de Jésus que l’Évangile nous laisse ce matin ont été dites avant sa mort sur la croix, elles sont un testament précieux. Jésus y promet l’Esprit Saint « le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit ».
Nous pouvons compter sur cette assistance qui est toujours là. C’est l’Esprit qui nous permettra de répondre aux défis de l’institution qu’est notre Église comme il l’a permis aux apôtres réunis à Jérusalem. C'est l’Esprit qui donne la vie à notre Église comme il l’a fait pour les premières communautés chrétiennes créées par saint Paul. C‘est encore l’Esprit qui maintenant aujourd’hui en 2019 est celui sur qui s’appuyer car il nous redira ce que Jésus attend de nous.
Conclusion
J’espère que cette méditation ne sera pas comme un écrasement, mais au contraire qu’elle suscitera un regain d’espérance. Si on peut être sévère vis-à-vis l’Église institution comme cet abbé suisse, Dom Martin Werlen, qui a écrit un livre intitulé TROP TARD, on ne doit jamais oublier qu'elle est une réalité spirituelle qui nous dépasse. L'Église est en même temps divine et humaine comme le dit Vatican II : « Cette société organisée hiérarchiquement d’une part et le corps mystique d’autre part, l’ensemble discernable aux yeux et la communauté spirituelle, l’Église terrestre et l’Église enrichie des biens célestes ne doivent pas être considérées comme deux choses, elles constituent au contraire une seule réalité complexe, faite d’un double élément humain et divin ». Fin de la citation. (Constitution dogmatique sur l’Église n. 8)
Prions ce matin pour l’Église et pour tous les membres de notre communauté afin qu’ils deviennent de plus en plus des personnes dociles à l’Esprit et que les pasteurs de notre Église se laissent eux aussi renouveler par l'action de l’Esprit.
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec
21 mai 2019
Lien pour le livre de Dom Martin Werlen, ancien Abbé d'Einsiedeln, sur son livre Trop tard ! – Une provocation pour l’Église – Une espérance pour tous.
______________________________________________________
Lectures de la messe pour le 6e dimanche de Pâques Année C
Première lecture
« L’Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé de ne pas faire peser sur vous d’autres obligations que celles-ci qui s’imposent » (Ac 15, 1-2.22-29)
Lecture du livre des Actes des Apôtres
En ces jours-là,
des gens, venus de Judée à Antioche,
enseignaient les frères en disant :
« Si vous n’acceptez pas la circoncision
selon la coutume qui vient de Moïse,
vous ne pouvez pas être sauvés. »
Cela provoqua un affrontement ainsi qu’une vive discussion
engagée par Paul et Barnabé contre ces gens-là.
Alors on décida que Paul et Barnabé,
avec quelques autres frères,
monteraient à Jérusalem auprès des Apôtres et des Anciens
pour discuter de cette question.
Les Apôtres et les Anciens
décidèrent avec toute l’Église
de choisir parmi eux
des hommes qu’ils enverraient à Antioche avec Paul et Barnabé.
C’étaient des hommes
qui avaient de l’autorité parmi les frères :
Jude, appelé aussi Barsabbas, et Silas.
Voici ce qu’ils écrivirent de leur main :
« Les Apôtres et les Anciens, vos frères,
aux frères issus des nations,
qui résident à Antioche, en Syrie et en Cilicie,
salut !
Attendu que certains des nôtres, comme nous l’avons appris,
sont allés, sans aucun mandat de notre part,
tenir des propos qui ont jeté chez vous le trouble et le désarroi,
nous avons pris la décision, à l’unanimité,
de choisir des hommes que nous envoyons chez vous,
avec nos frères bien-aimés Barnabé et Paul,
eux qui ont fait don de leur vie
pour le nom de notre Seigneur Jésus Christ.
Nous vous envoyons donc Jude et Silas,
qui vous confirmeront de vive voix ce qui suit :
L’Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé
de ne pas faire peser sur vous d’autres obligations
que celles-ci, qui s’imposent :
vous abstenir des viandes offertes en sacrifice aux idoles,
du sang,
des viandes non saignées
et des unions illégitimes.
Vous agirez bien, si vous vous gardez de tout cela.
Bon courage ! »
– Parole du Seigneur.
Psaume
(Ps 66 (67), 2-3, 5, 7-8)
R/ Que les peuples, Dieu, te rendent grâce ;
qu’ils te rendent grâce tous ensemble !
ou : Alléluia. (Ps 66, 4)
Que Dieu nous prenne en grâce et nous bénisse,
que son visage s’illumine pour nous ;
et ton chemin sera connu sur la terre,
ton salut, parmi toutes les nations.
Que les nations chantent leur joie,
car tu gouvernes le monde avec justice ;
tu gouvernes les peuples avec droiture,
sur la terre, tu conduis les nations.
La terre a donné son fruit ;
Dieu, notre Dieu, nous bénit.
Que Dieu nous bénisse,
et que la terre tout entière l’adore !
Deuxième lecture
« Il me montra la Ville sainte qui descendait du ciel » (Ap 21, 10-14.22-23)
Lecture de l’Apocalypse de saint Jean
Moi, Jean, j’ai vu un ange.
En esprit, il m’emporta
sur une grande et haute montagne ;
il me montra la Ville sainte, Jérusalem,
qui descendait du ciel, d’auprès de Dieu :
elle avait en elle la gloire de Dieu ;
son éclat était celui d’une pierre très précieuse,
comme le jaspe cristallin.
Elle avait une grande et haute muraille,
avec douze portes et, sur ces portes, douze anges ;
des noms y étaient inscrits :
ceux des douze tribus des fils d’Israël.
Il y avait trois portes à l’orient,
trois au nord,
trois au midi,
et trois à l’occident.
La muraille de la ville reposait sur douze fondations
portant les douze noms des douze Apôtres de l’Agneau.
Dans la ville, je n’ai pas vu de sanctuaire,
car son sanctuaire,
c’est le Seigneur Dieu, Souverain de l’univers,
et l’Agneau.
La ville n’a pas besoin du soleil ni de la lune pour l’éclairer,
car la gloire de Dieu l’illumine :
son luminaire, c’est l’Agneau.
– Parole du Seigneur.
Évangile
« L’Esprit Saint vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit » (Jn 14, 23-29)
Alléluia. Alléluia.
Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, dit le Seigneur ;
mon Père l’aimera, et nous viendrons vers lui.
Alléluia. (Jn 14, 23)
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Si quelqu’un m’aime,
il gardera ma parole ;
mon Père l’aimera,
nous viendrons vers lui
et, chez lui, nous nous ferons une demeure.
Celui qui ne m’aime pas
ne garde pas mes paroles.
Or, la parole que vous entendez n’est pas de moi :
elle est du Père, qui m’a envoyé.
Je vous parle ainsi,
tant que je demeure avec vous ;
mais le Défenseur,
l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom,
lui, vous enseignera tout,
et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit.
Je vous laisse la paix,
je vous donne ma paix ;
ce n’est pas à la manière du monde
que je vous la donne.
Que votre cœur ne soit pas bouleversé ni effrayé.
Vous avez entendu ce que je vous ai dit :
Je m’en vais,
et je reviens vers vous.
Si vous m’aimiez, vous seriez dans la joie
puisque je pars vers le Père,
car le Père est plus grand que moi.
Je vous ai dit ces choses maintenant,
avant qu’elles n’arrivent ;
ainsi, lorsqu’elles arriveront,
vous croirez. »
– Acclamons la Parole de Dieu.