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Homélie pour le 5e dimanche de Pâques Année B « Moi, je suis la vigne »

Homélies dominicales pour les temps liturgiques. Homélie pour le 5e dimanche de Pâques par Mgr Hermann Giguère P.H., du Séminaire de Québec le 28 avril 2024. Textes: : Actes des Apôtres 9,26-31, I Jean 3, 18-24 et Jean 15, 1-8 .



Domaine public
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L’évangile ce matin nous parle de vigneron, de vigne et de sarments. Ces images sont là pour nous éclairer sur ce que Dieu fait pour nous et pour le monde, comment il le fait et comment nous pouvons répondre. Jésus s’en sert dans ce sens-là.

Pour un québécois, ce sont des images qui ne sont pas familières. Il est plus habitué aux cultures nordiques : patates, tomates, concombres etc. même si actuellement on a réussi à développer des vignes plus résistantes au froid et qui produisent d'excellents vins. Ceci étant dit, j’ai fait une petite recherche pour entrer plus à fond dans les méandres de la culture de la vigne et ainsi mieux comprendre les explications de Jésus qui nous sont proposées dans la Parole de Dieu aujourd'hui.

I –Description du travail d’un vigneron aujourd’hui comme hier

Un connaisseur m’a expliqué que la première chose dont se préoccupe le vigneron c’est la taille des vignes. En effet, les vignes comme les tomates qu’on connaît bien chez nous produisent des repousses des sarments qui ressemblent aux gourmands des tomates. Il est nécessaire d’élaguer ces pousses pour que les meilleurs puissent croître et se développer.

Une autre chose que le vigneron surveille ce sont les conditions dans lesquelles se développent des micro-organismes parfois bénéfiques comme ce qu’il est convenu d’appeler les « pourritures nobles » qui donneront au raisin sa qualité particulière, mais souvent plutôt dévastatrices.

Le vigneron s’intéresse aussi au sol qui entoure la vigne. Il le bêche par moments, il le draine, il l’enrichit au besoin. C’est de lui qui viendra dans le raisin ce petit quelque chose qui fait qu’on identifie les vins à tel clos, à tel domaine ou à telle région.

Voilà trois points que j’ai retrouvés avec plaisir dans les explications de Jésus que nous venons de lire

II - Les explications de Jésus sur le vigneron, la vigne et les sarments

Revoyons-les ensemble : le premier, le besoin d’élaguer, d’aérer les vignes. Jésus en fait l’application en disant dit : « Tout sarment qui est en moi, mais qui ne porte pas de fruit, mon Père l’enlève ; tout sarment qui porte du fruit, il le purifie en le taillant, pour qu’il en porte davantage. » On reconnaît là le soin particulier du vigneron pour sa vigne comme on l’a vu et Jésus l’applique à son Père.

Le second point retenu de l’image du travail du vigneron c’est celui de favoriser les meilleurs conditions pour la croissance de sa vigne. Le comportement du vigneron nous éclaire sur la vocation chrétienne. La personne baptisée qui suit Jésus est branchée sur lui comme le sarment sur la vigne. Cette union avec lui a besoin d’être cultivée et nourrie. Elle ne peut pas être laissée sans aucun soin sinon elle se videra et se dessèchera. Quels sont ces soins : le premier est la prière et les sacrements qui nous rapprochent de Dieu, le second la rencontre de nos frères et sœurs et le troisième le partage de ce que nous vivons. Prière, rencontre et partage sont la nourriture nécessaire pour que les sarments que nous sommes se développent et portent du fruit.

Le troisième point : le sol qui entoure la vigne. Quel est le sol à entretenir pour la personne baptisée disciples de Jésus ? Le sol est constitué des paroles de Jésus. Il en a la diversité et la couleur. Ces paroles sont esprit et vie, ce sont les paroles de vie éternelle. « Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voulez, et cela se réalisera pour vous. » La vigne est bien entourée et elle s’épanouit en fruits précieux pour le vigneron. Jésus souligne fortement le lien des sarments avec la vigne et la vie qui est le fruit de cette union. La vigne qu’est Jésus est remplie de vie. Cette vie ne demande qu’à se transmettre. Heureux seront les disciples qui comme les sarments bien nourris se laisseront remplir de cette vie et de cette sève. Ils deviendront comme de beaux raisins. « Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit. »

On pourrait continuer encore ces réflexions, mais j’aimerais souligner, dans un dernier point, le fil conducteur des trois lectures de ce matin.

III – Des disciples sur la route

Ce fil conducteur m’est donné par une phrase qui revient quelques fois dans l’évangile : « Celui qui demeure en moi porte beaucoup de fruit. »

C’est ce que nous voyons dans la première lecture tirée des Actes des Apôtres qui décrit la prédication de Saul qui deviendra saint Paul accompagné de Barnabé . Ils sont deux des premiers disciples qui racontaient leur rencontre de Jésus et qui le faisaient avec assurance, une assurance qui leur venait de cette expérience d’être branchés sur la vigne qu’est Jésus. Ils vivaient leur union avec lui comme celle des sarments sur la vigne. Et leur témoignage portait beaucoup du fruit.

On a quelque chose de semblable dans la description de la vie des premières communautés chrétiennes que nous fournit la deuxième lecture. Ces premiers chrétiens se faisaient un devoir de garder les commandements du Seigneur dont le plus grand est celui de l’amour du prochain comme le rappelle saint Jean dans cette lecture. « Or, voici son commandement, est-il écrit, mettre notre foi dans le nom de son Fils Jésus Christ, et nous aimer les uns les autres comme il nous l’a commandé. Celui qui garde ses commandements demeure en Dieu, et Dieu en lui. »

Vous voyez que ce que saint Jean redit dans ses mots - garder ses commandements, demeurer en Dieu - recoupe ce que nous dit l’évangile où nous sommes invités à rester et demeurer branchés sur la Vigne qu’est Jésus. C’est dans cette union vécue simplement et dans la vie de tous les jours que se réalise la croissance d’une nouvelle vigne qui est l’Église dont nous sommes les membres.

En effet, on compare souvent l’Église à une vigne, car elle est le Corps du Christ. Membres de l’Église nous sommes invités à nous attacher à la vraie Vigne qu’est le Christ comme des sarments pour que sa présence soit manifestée au monde dans la vigne qu’est l’Église, signe et sacrement du salut comme le dit le Concile Vatican II.

Conclusion

Les lectures d’aujourd’hui nous ont permis un parcours des plus intéressants pour notre vie chrétienne. Dans l’Exhortation sur la sainteté du pape François publiée en 2018, celui-ci nous souligne que malgré nos limites et nos faiblesses, la rencontre de Jésus se fait et nous pouvons toutes et tous devenir selon les expressions imagées qu’il utilise des saints et saintes « de la porte d'à côté » ou des saints et des saintes « de  la classe moyenne de la sainteté ».

Que notre célébration par le partage du Corps et du Sang du Christ nous garde toujours de plus en plus unis à Lui, la vraie Vigne, comme de sarments vigoureux des « saints » et des « saintes » comme le souhaite le pape François.

Amen!

Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec


23 avril 2024






LECTURES DE LA MESSE pour le 5e dimanche de Pâques Année B

PREMIÈRE LECTURE
« Barnabé leur raconta comment, sur le chemin, Saul avait vu le Seigneur » (Ac 9, 26-31)
Lecture du livre des Actes des Apôtres

En ces jours-là,
arrivé à Jérusalem,
Saul cherchait à se joindre aux disciples,
mais tous avaient peur de lui,
car ils ne croyaient pas
que lui aussi était un disciple.
Alors Barnabé le prit avec lui
et le présenta aux Apôtres ;
il leur raconta comment, sur le chemin,
Saul avait vu le Seigneur, qui lui avait parlé,
et comment, à Damas, il s’était exprimé avec assurance
au nom de Jésus.
Dès lors, Saul allait et venait dans Jérusalem avec eux,
s’exprimant avec assurance au nom du Seigneur.
Il parlait aux Juifs de langue grecque,
et discutait avec eux.
Mais ceux-ci
cherchaient à le supprimer.
Mis au courant,
les frères l’accompagnèrent jusqu’à Césarée
et le firent partir pour Tarse.

L’Église était en paix
dans toute la Judée, la Galilée et la Samarie ;
elle se construisait
et elle marchait dans la crainte du Seigneur ;
réconfortée par l’Esprit Saint,
elle se multipliait.

– Parole du Seigneur.

PSAUME
(21 (22), 26b-27, 28-29, 31-32)
R/ Tu seras ma louange, Seigneur,
dans la grande assemblée.
ou : Alléluia ! (cf. 21, 26a)

Devant ceux qui te craignent, je tiendrai mes promesses.
Les pauvres mangeront : ils seront rassasiés ;
ils loueront le Seigneur, ceux qui le cherchent :
« À vous, toujours, la vie et la joie ! »

La terre entière se souviendra et reviendra vers le Seigneur,
chaque famille de nations se prosternera devant lui :
« Oui, au Seigneur la royauté,
le pouvoir sur les nations ! »

Et moi, je vis pour lui : ma descendance le servira ;
on annoncera le Seigneur aux générations à venir.
On proclamera sa justice au peuple qui va naître :
Voilà son œuvre !

DEUXIÈME LECTURE
« Voici son commandement : mettre notre foi dans le nom de Jésus Christ et nous aimer les uns les autres » (1 Jn 3, 18-24)
Lecture de la première lettre de saint Jean

Petits enfants,
n’aimons pas en paroles ni par des discours,
mais par des actes et en vérité.
Voilà comment nous reconnaîtrons
que nous appartenons à la vérité,
et devant Dieu nous apaiserons notre cœur ;
car si notre cœur nous accuse,
Dieu est plus grand que notre cœur,
et il connaît toutes choses.

Bien-aimés,
si notre cœur ne nous accuse pas,
nous avons de l’assurance devant Dieu.
Quoi que nous demandions à Dieu,
nous le recevons de lui,
parce que nous gardons ses commandements,
et que nous faisons ce qui est agréable à ses yeux.
Or, voici son commandement :
mettre notre foi
dans le nom de son Fils Jésus Christ,
et nous aimer les uns les autres
comme il nous l’a commandé.
Celui qui garde ses commandements
demeure en Dieu,
et Dieu en lui ;
et voilà comment nous reconnaissons qu’il demeure en nous,
puisqu’il nous a donné part à son Esprit.

– Parole du Seigneur.

ÉVANGILE
« Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit » (Jn 15, 1-8)
Alléluia. Alléluia.
Demeurez en moi, comme moi en vous,
dit le Seigneur ;
celui qui demeure en moi porte beaucoup de fruit.
Alléluia. (Jn 15, 4a.5b)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Moi, je suis la vraie vigne,
et mon Père est le vigneron.
Tout sarment qui est en moi,
mais qui ne porte pas de fruit,
mon Père l’enlève ;
tout sarment qui porte du fruit,
il le purifie en le taillant,
pour qu’il en porte davantage.
Mais vous, déjà vous voici purifiés
grâce à la parole que je vous ai dite.
Demeurez en moi, comme moi en vous.
De même que le sarment
ne peut pas porter de fruit par lui-même
s’il ne demeure pas sur la vigne,
de même vous non plus,
si vous ne demeurez pas en moi.

Moi, je suis la vigne,
et vous, les sarments.
Celui qui demeure en moi
et en qui je demeure,
celui-là porte beaucoup de fruit,
car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire.
Si quelqu’un ne demeure pas en moi,
il est, comme le sarment, jeté dehors,
et il se dessèche.
Les sarments secs, on les ramasse,
on les jette au feu, et ils brûlent.
Si vous demeurez en moi,
et que mes paroles demeurent en vous,
demandez tout ce que vous voulez,
et cela se réalisera pour vous.
Ce qui fait la gloire de mon Père,
c’est que vous portiez beaucoup de fruit
et que vous soyez pour moi des disciples. »

– Acclamons la Parole de Dieu.



Mardi 23 Avril 2024
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