James Jacques Joseph TISSOT Parabole du Fils prodigue, un des tableaux de la série de 4 tableaux vers 1880, huile sur toile, chacun de 86,3 x 116,2 cm. exposé au Musée des Beaux-Arts de Nantes (Domaine public Crédit photographique : Gérard Blot/Agence photographique de la Réunion des Musées Nationaux - Grand Palais des Champs Elysées)
Auparavant, cette parabole de l’Évangile de saint Luc que nous venons de lire avait comme titre la parabole de l’Enfant prodigue ou encore du Fils prodigue. Maintenant on préfère la nommer la parabole du Père miséricordieux. L’accent n’est plus mis sur les fautes, le péché, mais sur le pardon et la miséricorde.
Le terme miséricorde se dit en hébreu, la langue principale de la Bible dans l’Ancien Testament, « rahamim » qui est un pluriel qui signifie « entrailles » [Voir à la fin la citation de l’abbé Yves Guillemette]. Être miséricordieux, c’est être ému dans ses entrailles. La miséricorde ainsi est vue comme venant du dedans, comme une émotion remplie de bienveillance et d’amour comme celle d’une mère pour son enfant qu’elle a porté dans ses entrailles.
C’est avec cet arrière-fond qu’il faut entendre aujourd’hui la parabole du Père miséricordieux.
I - Le récit de saint Luc
Cette histoire comme toute parabole n’est pas anodine. Elle est montée avec art pour donner un enseignement, faire comprendre un aspect du message de Jésus.
Jésus a utilisé abondamment ce style des paraboles. Comme celle qui nous occupe, elles sont remplies de détails très visuels. Ici, c’est, entre autres, la demande de son héritage par le fils, le départ pour un pays lointain, le fils dans la soue à cochons, puis le fils rentrant en lui-même, le père embrassant le fils à son retour à la maison, le frère ainé courroucé, le festin préparé par le père.
Et au terme de ce tableau coloré tombe le message que Jésus veut qu’on retienne : « Mon fils que voilà était mort et il est revenu à la vie, il était perdu et il est retrouvé ».
Le même message sera repris par Jésus plusieurs fois dans sa prédication. Dans la parabole de la brebis perdue, par exemple, qui précède immédiatement celle du Père miséricordieux, le récit se termine avec ces mots. « Je vous le dis : C’est ainsi qu’il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit, plus que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de conversion. » (Luc 15, 7)
II – Les deux fils
La phrase du père citée plus haut : « Mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé » est reprise par le père en face de son fils aîné qui rabroue son père devant tant de bonté pour un fils qui l’a abandonné : « Ton frère, dit le père - ce n'est plus mon fils, mais ton frère - que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé ! »
En d’autres termes, le père dit à son fils aîné : « Mon fils prodigue c’est aussi ton frère. Tu ne peux pas, toi comme moi, ne pas laisser tes entrailles être touchées. Ne regarde pas seulement ce qu’il a fait, mais accueille ce qu’il veut devenir en revenant à la maison avec nous. Accueille ce qu'il a désir d'être sans te poser de questions. »
Tout un contrat qui est proposé ainsi au fils aîné. C’est ce qui nous est proposé à nous aussi.
III- Des bras ouverts à tous et à toutes
Vous voyez, la leçon de cette parabole est simple : notre Dieu est là pour nous tous et toutes qui que nous soyons. Il est un Dieu qui pardonne et qui a toujours les bras grand ouverts. En un mot, notre Dieu est miséricorde, il ne fait pas de distinction de personnes.
À l'inverse de cette ouverture miséricordieuse, nous sommes hélas! souvent tentés de cataloguer les gens comme bons ou mauvais. D’un côté, les gens bien, toujours fidèles, comme le fils aîné et, de l’autre, les étourdis, les exploiteurs, les pécheurs de toutes sortes comme le fils prodigue. C’est une tentation récurrente que celle de diviser le monde ainsi.
Bien sûr, le royaume de lumière et le royaume des ténèbres existent, mais saint Jean qui le rappelle souvent insiste pour nous dire en même temps qu'ils ne sont pas extérieurs à nous (Jean 3, 20-21). Ils coexistent en nous. C'est ce que constatait saint Paul lorsqu'il écrivait aux chrétiens de Rome : « Je ne fais pas le bien que je voudrais, mais je commets le mal que je ne voudrais pas. » (Romains 7, 19)
Mes frères, mes soeurs, marchons avec confiance à la suite de Jésus, car le Père des cieux, symbolisé par le père de la parabole, accueille chacun et chacune, tel qu'il est et telle qu'elle est, malgré ses faiblesses et ses fautes, comme un Père miséricordieux.
Il en est ainsi de notre Église, le Corps du Christ. Comme nous, elle a en elle du bon et du mauvais. Elle est malheureusement parfois infidèle, elle a des erreurs à se faire pardonner, de grandes fautes commises au cours son l’histoire et encore aujourd’hui, mais elle peut se tourner avec confiance vers Dieu qui lui dit « Tu étais perdue, tu es revenue à la vie, faisons un festin ».
Conclusion
Ce matin, cette invitation retentit pour nous ici réunis ensemble dans la foi au même Dieu et autour de la table préparée par son Fils bien-aimé pour nous accueillir malgré nos manques et nos fautes, car ce Fils bien-aimé est venu pour chercher et sauver ce qui était perdu (Luc 19, 10).
Au cours des prochaines semaines qui nous préparent à Pâques, laissons nos entrailles s’émouvoir comme celles du Père de la parabole et faisons place en nous à la miséricorde pour nos frères et sœurs humains, car « la miséricorde peut changer l’histoire » (pape François)
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec
22 mars 2022
Citation de l’abbé Yves Guillemette, ptre tirée du site Interbible, le portail biblique francophone (Montréal, Québec)
http://www.interbible.org/interBible/ecritures/mots/2002/mots_020222.htm
Page visitée le 25 janvier 2022
Le mot hébreux rahamim est un pluriel qui signifie « entrailles ». Les hébreux considéraient que les entrailles, en tant que siège de tous les sentiments, pouvaient s'émouvoir sous le coup de la douleur ou d'une peine. C'est peut-être en ressentant des « papillons dans le ventre », comme on dit, qu'ils en étaient arrivés à considérer la miséricorde, comme un sentiment qui a son origine au sein même de la personne. La miséricorde apparaît alors comme l'attachement d'un être à un autre. Mais le terme rahamim désigne surtout l'attachement qui unit Dieu à l'être humain, comme si les « entrailles de Dieu » frémissaient en pensant à l'homme. Ainsi Dieu s'émeut avec tendresse comme un père ou une mère à l'égard de leurs enfants.
Le terme miséricorde se dit en hébreu, la langue principale de la Bible dans l’Ancien Testament, « rahamim » qui est un pluriel qui signifie « entrailles » [Voir à la fin la citation de l’abbé Yves Guillemette]. Être miséricordieux, c’est être ému dans ses entrailles. La miséricorde ainsi est vue comme venant du dedans, comme une émotion remplie de bienveillance et d’amour comme celle d’une mère pour son enfant qu’elle a porté dans ses entrailles.
C’est avec cet arrière-fond qu’il faut entendre aujourd’hui la parabole du Père miséricordieux.
I - Le récit de saint Luc
Cette histoire comme toute parabole n’est pas anodine. Elle est montée avec art pour donner un enseignement, faire comprendre un aspect du message de Jésus.
Jésus a utilisé abondamment ce style des paraboles. Comme celle qui nous occupe, elles sont remplies de détails très visuels. Ici, c’est, entre autres, la demande de son héritage par le fils, le départ pour un pays lointain, le fils dans la soue à cochons, puis le fils rentrant en lui-même, le père embrassant le fils à son retour à la maison, le frère ainé courroucé, le festin préparé par le père.
Et au terme de ce tableau coloré tombe le message que Jésus veut qu’on retienne : « Mon fils que voilà était mort et il est revenu à la vie, il était perdu et il est retrouvé ».
Le même message sera repris par Jésus plusieurs fois dans sa prédication. Dans la parabole de la brebis perdue, par exemple, qui précède immédiatement celle du Père miséricordieux, le récit se termine avec ces mots. « Je vous le dis : C’est ainsi qu’il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit, plus que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de conversion. » (Luc 15, 7)
II – Les deux fils
La phrase du père citée plus haut : « Mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé » est reprise par le père en face de son fils aîné qui rabroue son père devant tant de bonté pour un fils qui l’a abandonné : « Ton frère, dit le père - ce n'est plus mon fils, mais ton frère - que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé ! »
En d’autres termes, le père dit à son fils aîné : « Mon fils prodigue c’est aussi ton frère. Tu ne peux pas, toi comme moi, ne pas laisser tes entrailles être touchées. Ne regarde pas seulement ce qu’il a fait, mais accueille ce qu’il veut devenir en revenant à la maison avec nous. Accueille ce qu'il a désir d'être sans te poser de questions. »
Tout un contrat qui est proposé ainsi au fils aîné. C’est ce qui nous est proposé à nous aussi.
III- Des bras ouverts à tous et à toutes
Vous voyez, la leçon de cette parabole est simple : notre Dieu est là pour nous tous et toutes qui que nous soyons. Il est un Dieu qui pardonne et qui a toujours les bras grand ouverts. En un mot, notre Dieu est miséricorde, il ne fait pas de distinction de personnes.
À l'inverse de cette ouverture miséricordieuse, nous sommes hélas! souvent tentés de cataloguer les gens comme bons ou mauvais. D’un côté, les gens bien, toujours fidèles, comme le fils aîné et, de l’autre, les étourdis, les exploiteurs, les pécheurs de toutes sortes comme le fils prodigue. C’est une tentation récurrente que celle de diviser le monde ainsi.
Bien sûr, le royaume de lumière et le royaume des ténèbres existent, mais saint Jean qui le rappelle souvent insiste pour nous dire en même temps qu'ils ne sont pas extérieurs à nous (Jean 3, 20-21). Ils coexistent en nous. C'est ce que constatait saint Paul lorsqu'il écrivait aux chrétiens de Rome : « Je ne fais pas le bien que je voudrais, mais je commets le mal que je ne voudrais pas. » (Romains 7, 19)
Mes frères, mes soeurs, marchons avec confiance à la suite de Jésus, car le Père des cieux, symbolisé par le père de la parabole, accueille chacun et chacune, tel qu'il est et telle qu'elle est, malgré ses faiblesses et ses fautes, comme un Père miséricordieux.
Il en est ainsi de notre Église, le Corps du Christ. Comme nous, elle a en elle du bon et du mauvais. Elle est malheureusement parfois infidèle, elle a des erreurs à se faire pardonner, de grandes fautes commises au cours son l’histoire et encore aujourd’hui, mais elle peut se tourner avec confiance vers Dieu qui lui dit « Tu étais perdue, tu es revenue à la vie, faisons un festin ».
Conclusion
Ce matin, cette invitation retentit pour nous ici réunis ensemble dans la foi au même Dieu et autour de la table préparée par son Fils bien-aimé pour nous accueillir malgré nos manques et nos fautes, car ce Fils bien-aimé est venu pour chercher et sauver ce qui était perdu (Luc 19, 10).
Au cours des prochaines semaines qui nous préparent à Pâques, laissons nos entrailles s’émouvoir comme celles du Père de la parabole et faisons place en nous à la miséricorde pour nos frères et sœurs humains, car « la miséricorde peut changer l’histoire » (pape François)
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec
22 mars 2022
Citation de l’abbé Yves Guillemette, ptre tirée du site Interbible, le portail biblique francophone (Montréal, Québec)
http://www.interbible.org/interBible/ecritures/mots/2002/mots_020222.htm
Page visitée le 25 janvier 2022
Le mot hébreux rahamim est un pluriel qui signifie « entrailles ». Les hébreux considéraient que les entrailles, en tant que siège de tous les sentiments, pouvaient s'émouvoir sous le coup de la douleur ou d'une peine. C'est peut-être en ressentant des « papillons dans le ventre », comme on dit, qu'ils en étaient arrivés à considérer la miséricorde, comme un sentiment qui a son origine au sein même de la personne. La miséricorde apparaît alors comme l'attachement d'un être à un autre. Mais le terme rahamim désigne surtout l'attachement qui unit Dieu à l'être humain, comme si les « entrailles de Dieu » frémissaient en pensant à l'homme. Ainsi Dieu s'émeut avec tendresse comme un père ou une mère à l'égard de leurs enfants.
LECTURES DE LA MESSE
PREMIÈRE LECTURE
L’arrivée du peuple de Dieu en Terre Promise et la célébration de la Pâque (Jos 5, 9a.10-12)
Lecture du livre de Josué
En ces jours-là,
le Seigneur dit à Josué :
« Aujourd'hui, j'ai enlevé de vous le déshonneur de l'Égypte. »
Les fils d’Israël campèrent à Guilgal
et célébrèrent la Pâque le quatorzième jour du mois,
vers le soir, dans la plaine de Jéricho.
Le lendemain de la Pâque,
en ce jour même,
ils mangèrent les produits de cette terre :
des pains sans levain et des épis grillés.
À partir de ce jour, la manne cessa de tomber,
puisqu’ils mangeaient des produits de la terre.
Il n’y avait plus de manne pour les fils d’Israël,
qui mangèrent cette année-là
ce qu’ils récoltèrent sur la terre de Canaan.
– Parole du Seigneur.
PSAUME
(Ps 33 (34), 2-3, 4-5, 6-7)
R/ Goûtez et voyez
comme est bon le Seigneur ! (cf. Ps 33, 9a)
Je bénirai le Seigneur en tout temps,
sa louange sans cesse à mes lèvres.
Je me glorifierai dans le Seigneur :
que les pauvres m’entendent et soient en fête !
Magnifiez avec moi le Seigneur,
exaltons tous ensemble son nom.
Je cherche le Seigneur, il me répond :
de toutes mes frayeurs, il me délivre.
Qui regarde vers lui resplendira,
sans ombre ni trouble au visage.
Un pauvre crie ; le Seigneur entend :
il le sauve de toutes ses angoisses.
DEUXIÈME LECTURE
« Dieu nous a réconciliés avec lui par le Christ » (2 Co 5, 17-21)
Lecture de la deuxième lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens
Frères,
si quelqu’un est dans le Christ,
il est une créature nouvelle.
Le monde ancien s’en est allé,
un monde nouveau est déjà né.
Tout cela vient de Dieu :
il nous a réconciliés avec lui par le Christ,
et il nous a donné le ministère de la réconciliation.
Car c’est bien Dieu
qui, dans le Christ, réconciliait le monde avec lui :
il n’a pas tenu compte des fautes,
et il a déposé en nous la parole de la réconciliation.
Nous sommes donc les ambassadeurs du Christ,
et par nous c’est Dieu lui-même qui lance un appel :
nous le demandons au nom du Christ,
laissez-vous réconcilier avec Dieu.
Celui qui n’a pas connu le péché,
Dieu l’a pour nous identifié au péché,
afin qu’en lui nous devenions justes
de la justice même de Dieu.
– Parole du Seigneur.
ÉVANGILE
« Ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie » (Lc 15, 1-3.11-32)
Gloire et louange à toi, Seigneur Jésus.
Je me lèverai, j’irai vers mon père,
et je lui dirai :
Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi.
Gloire et louange à toi, Seigneur Jésus. (Lc 15, 18)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là,
les publicains et les pécheurs
venaient tous à Jésus pour l’écouter.
Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui :
« Cet homme fait bon accueil aux pécheurs,
et il mange avec eux ! »
Alors Jésus leur dit cette parabole :
« Un homme avait deux fils.
Le plus jeune dit à son père :
‘Père, donne-moi la part de fortune qui me revient.’
Et le père leur partagea ses biens.
Peu de jours après,
le plus jeune rassembla tout ce qu’il avait,
et partit pour un pays lointain
où il dilapida sa fortune en menant une vie de désordre.
Il avait tout dépensé,
quand une grande famine survint dans ce pays,
et il commença à se trouver dans le besoin.
Il alla s’engager auprès d’un habitant de ce pays,
qui l’envoya dans ses champs garder les porcs.
Il aurait bien voulu se remplir le ventre
avec les gousses que mangeaient les porcs,
mais personne ne lui donnait rien.
Alors il rentra en lui-même et se dit :
‘Combien d’ouvriers de mon père ont du pain en abondance,
et moi, ici, je meurs de faim !
Je me lèverai, j’irai vers mon père,
et je lui dirai :
Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi.
Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils.
Traite-moi comme l’un de tes ouvriers.’
Il se leva et s’en alla vers son père.
Comme il était encore loin,
son père l’aperçut et fut saisi de compassion ;
il courut se jeter à son cou
et le couvrit de baisers.
Le fils lui dit :
‘Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi.
Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils.’
Mais le père dit à ses serviteurs :
‘Vite, apportez le plus beau vêtement pour l’habiller,
mettez-lui une bague au doigt et des sandales aux pieds,
allez chercher le veau gras, tuez-le,
mangeons et festoyons,
car mon fils que voilà était mort,
et il est revenu à la vie ;
il était perdu,
et il est retrouvé.’
Et ils commencèrent à festoyer.
Or le fils aîné était aux champs.
Quand il revint et fut près de la maison,
il entendit la musique et les danses.
Appelant un des serviteurs,
il s’informa de ce qui se passait.
Celui-ci répondit :
‘Ton frère est arrivé,
et ton père a tué le veau gras,
parce qu’il a retrouvé ton frère en bonne santé.’
Alors le fils aîné se mit en colère,
et il refusait d’entrer.
Son père sortit le supplier.
Mais il répliqua à son père :
‘Il y a tant d’années que je suis à ton service
sans avoir jamais transgressé tes ordres,
et jamais tu ne m’as donné un chevreau
pour festoyer avec mes amis.
Mais, quand ton fils que voilà est revenu
après avoir dévoré ton bien avec des prostituées,
tu as fait tuer pour lui le veau gras !’
Le père répondit :
‘Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi,
et tout ce qui est à moi est à toi.
Il fallait festoyer et se réjouir ;
car ton frère que voilà était mort,
et il est revenu à la vie ;
il était perdu,
et il est retrouvé ! »
– Acclamons la Parole de Dieu.
PREMIÈRE LECTURE
L’arrivée du peuple de Dieu en Terre Promise et la célébration de la Pâque (Jos 5, 9a.10-12)
Lecture du livre de Josué
En ces jours-là,
le Seigneur dit à Josué :
« Aujourd'hui, j'ai enlevé de vous le déshonneur de l'Égypte. »
Les fils d’Israël campèrent à Guilgal
et célébrèrent la Pâque le quatorzième jour du mois,
vers le soir, dans la plaine de Jéricho.
Le lendemain de la Pâque,
en ce jour même,
ils mangèrent les produits de cette terre :
des pains sans levain et des épis grillés.
À partir de ce jour, la manne cessa de tomber,
puisqu’ils mangeaient des produits de la terre.
Il n’y avait plus de manne pour les fils d’Israël,
qui mangèrent cette année-là
ce qu’ils récoltèrent sur la terre de Canaan.
– Parole du Seigneur.
PSAUME
(Ps 33 (34), 2-3, 4-5, 6-7)
R/ Goûtez et voyez
comme est bon le Seigneur ! (cf. Ps 33, 9a)
Je bénirai le Seigneur en tout temps,
sa louange sans cesse à mes lèvres.
Je me glorifierai dans le Seigneur :
que les pauvres m’entendent et soient en fête !
Magnifiez avec moi le Seigneur,
exaltons tous ensemble son nom.
Je cherche le Seigneur, il me répond :
de toutes mes frayeurs, il me délivre.
Qui regarde vers lui resplendira,
sans ombre ni trouble au visage.
Un pauvre crie ; le Seigneur entend :
il le sauve de toutes ses angoisses.
DEUXIÈME LECTURE
« Dieu nous a réconciliés avec lui par le Christ » (2 Co 5, 17-21)
Lecture de la deuxième lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens
Frères,
si quelqu’un est dans le Christ,
il est une créature nouvelle.
Le monde ancien s’en est allé,
un monde nouveau est déjà né.
Tout cela vient de Dieu :
il nous a réconciliés avec lui par le Christ,
et il nous a donné le ministère de la réconciliation.
Car c’est bien Dieu
qui, dans le Christ, réconciliait le monde avec lui :
il n’a pas tenu compte des fautes,
et il a déposé en nous la parole de la réconciliation.
Nous sommes donc les ambassadeurs du Christ,
et par nous c’est Dieu lui-même qui lance un appel :
nous le demandons au nom du Christ,
laissez-vous réconcilier avec Dieu.
Celui qui n’a pas connu le péché,
Dieu l’a pour nous identifié au péché,
afin qu’en lui nous devenions justes
de la justice même de Dieu.
– Parole du Seigneur.
ÉVANGILE
« Ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie » (Lc 15, 1-3.11-32)
Gloire et louange à toi, Seigneur Jésus.
Je me lèverai, j’irai vers mon père,
et je lui dirai :
Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi.
Gloire et louange à toi, Seigneur Jésus. (Lc 15, 18)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là,
les publicains et les pécheurs
venaient tous à Jésus pour l’écouter.
Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui :
« Cet homme fait bon accueil aux pécheurs,
et il mange avec eux ! »
Alors Jésus leur dit cette parabole :
« Un homme avait deux fils.
Le plus jeune dit à son père :
‘Père, donne-moi la part de fortune qui me revient.’
Et le père leur partagea ses biens.
Peu de jours après,
le plus jeune rassembla tout ce qu’il avait,
et partit pour un pays lointain
où il dilapida sa fortune en menant une vie de désordre.
Il avait tout dépensé,
quand une grande famine survint dans ce pays,
et il commença à se trouver dans le besoin.
Il alla s’engager auprès d’un habitant de ce pays,
qui l’envoya dans ses champs garder les porcs.
Il aurait bien voulu se remplir le ventre
avec les gousses que mangeaient les porcs,
mais personne ne lui donnait rien.
Alors il rentra en lui-même et se dit :
‘Combien d’ouvriers de mon père ont du pain en abondance,
et moi, ici, je meurs de faim !
Je me lèverai, j’irai vers mon père,
et je lui dirai :
Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi.
Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils.
Traite-moi comme l’un de tes ouvriers.’
Il se leva et s’en alla vers son père.
Comme il était encore loin,
son père l’aperçut et fut saisi de compassion ;
il courut se jeter à son cou
et le couvrit de baisers.
Le fils lui dit :
‘Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi.
Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils.’
Mais le père dit à ses serviteurs :
‘Vite, apportez le plus beau vêtement pour l’habiller,
mettez-lui une bague au doigt et des sandales aux pieds,
allez chercher le veau gras, tuez-le,
mangeons et festoyons,
car mon fils que voilà était mort,
et il est revenu à la vie ;
il était perdu,
et il est retrouvé.’
Et ils commencèrent à festoyer.
Or le fils aîné était aux champs.
Quand il revint et fut près de la maison,
il entendit la musique et les danses.
Appelant un des serviteurs,
il s’informa de ce qui se passait.
Celui-ci répondit :
‘Ton frère est arrivé,
et ton père a tué le veau gras,
parce qu’il a retrouvé ton frère en bonne santé.’
Alors le fils aîné se mit en colère,
et il refusait d’entrer.
Son père sortit le supplier.
Mais il répliqua à son père :
‘Il y a tant d’années que je suis à ton service
sans avoir jamais transgressé tes ordres,
et jamais tu ne m’as donné un chevreau
pour festoyer avec mes amis.
Mais, quand ton fils que voilà est revenu
après avoir dévoré ton bien avec des prostituées,
tu as fait tuer pour lui le veau gras !’
Le père répondit :
‘Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi,
et tout ce qui est à moi est à toi.
Il fallait festoyer et se réjouir ;
car ton frère que voilà était mort,
et il est revenu à la vie ;
il était perdu,
et il est retrouvé ! »
– Acclamons la Parole de Dieu.