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Homélie pour le 4e dimanche de l'Avent Année C (Luc 1, 39-45) «L'attente de deux futures mamans : Marie et Élisabeth»

Homélie par Mgr Hermann Giguère P. H., Séminaire de Québec, pour le 4e dimanche de l'Avent 20 décembre 2015 Année C Textes: Michée 5, 1-4a, Hébreux, 10, 5-10 et Luc 1, 39-45.



Détail du portail royal de Notre-Dame de Chartres où dans la partie droite consacrée à la naissance de Jésus sont représentées l’Annonciation, la Visitation et l’Annonce aux bergers. Ces scènes font preuve d’une grande intensité. Nous avons ici les regards échangés entre Marie et Élisabeth remplis de sérénité.Les futures mères s'étreignent et se serrent la main avec respect. (Reproduction donnée par le cardinal Maurice Roy au Grand Séminaire de Québec Crédits photo - H. Giguère)
Détail du portail royal de Notre-Dame de Chartres où dans la partie droite consacrée à la naissance de Jésus sont représentées l’Annonciation, la Visitation et l’Annonce aux bergers. Ces scènes font preuve d’une grande intensité. Nous avons ici les regards échangés entre Marie et Élisabeth remplis de sérénité.Les futures mères s'étreignent et se serrent la main avec respect. (Reproduction donnée par le cardinal Maurice Roy au Grand Séminaire de Québec Crédits photo - H. Giguère)
Nous sommes à quelques jours de Noël, de la célébration de la naissance de Jésus à Bethléem. Il ne faut pas se surprendre que les textes de la liturgie de ce 4e dimanche de l'Avent fixe notre regard sur deux futures mamans : Marie et sa cousine Élisabeth qui vivent chacune un enfantement et se préparent à une naissance. Cet épisode de la rencontre de Marie et Élisabeth que raconte saint Luc avec une émotion contenue est un des plus beaux de tout son évangile. Il l'a sûrement reçu de Marie elle-même. Et il en a dégagé toute la beauté et la richesse que ces mamans entrevoyaient et que l'avenir allait confirmer.

I- Les récits

Tout avait commencé par le oui d'une jeune fille à l'Envoyé de Dieu, l'Ange Gabriel, exprimé dans cette phrase que vous connaissez bien : "Voici la servante du Seigneur, que tout se passe pour moi selon ta parole" (Luc 1, 38). L'Ange venait de lui communiquer la nouvelle que l'Enfant qu'elle portait était le fruit de l'Esprit Saint et qu'il était appelé à accomplir de grandes choses. Il serait le Sauveur de l'humanité éloignée de Dieu, accablée par les ténèbres. Il serait la Lumière des nations. "Il sera appelé Fils de Dieu", lui dit l'Ange.

La jeune fille était Marie fiancée à Joseph. Celui-ci, comme elle d'ailleurs, ne comprenait pas ce qui leur arrivait. Et pourtant, Marie et Joseph s'en remettaient à Dieu avec confiance.

Dans le récit de l'annonce de la naissance de Jésus, Marie apprend que sa cousine Élisabeth est enceinte elle aussi : "Et voici qu'Élisabeth, ta cousine, a conçu elle aussi, un fils dans sa vieillesse, et elle en est à son sixième mois". Marie n'écoute que son premier mouvement intérieur et part en hâte pour aller la voir. Nous avons dans l'évangile qui vient d'être lu le récit de leur rencontre à nulle autre pareille.

Ces deux futures mamans vont vivre une expérience de rencontre qui les dépasse. Elles découvrent alors ce qui se cache dans leur progéniture, que la lumière de Dieu vient des profondeurs. Marie découvre que l'enfant dans son sein est remplie d'une lumière et d'un puissance qui rayonnent au dehors sur ceux qui s'approchent d'elle. C'est ce que perçoit l'autre enfant qui est dans le sein d'Élisabeth "quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, écrit saint Luc, l'enfant tressaillit en elle". Élisabeth en est toute remuée et elle s'écrie "Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Sauveur vienne jusqu'à moi?"

II- Signification

Le Salut de Dieu n'est plus seulement une annonce d'un temps à venir comme le proclame le prophète Michée, il est là dans ces deux femmes heureuses, habitées par la présence de Dieu en elle.

Le Salut de Dieu se fait chair. Il prend corps dans des êtres fragiles, mais accueillants qui seront le canal humain de la bonté miséricordieuse de Dieu qui apparaîtra dans l'enfant de la crèche de Bethléem, "le jour où enfantera celle qui doit enfanter" (Michée 5, 3).

Élisabeth par sa foi et son accueil donnera au monde le Précurseur de Jésus, Jean-Baptiste, l'ultime prophète, appelé à désigner Celui qui sera le Sauveur. Dès sa naissance, il sera consacré à Dieu par ses parents, il fera le parcours d'un jeune juif, étudiant et vivant la Parole de Dieu donnée à son peuple ( la Torah ). Il se retirera au désert vivant frugalement et prêchant la conversion comme on l'a vu dans les évangiles des deux derniers dimanches.

De son côté Marie, pleine de grâces, est engagée sur un chemin de foi en Dieu dont elle attend tout et dont elle se fait la servante. Tout son être de mère se remplit de Dieu. Elle devient mère de Dieu dans son corps en portant Jésus, mais elle le deviendra encore plus, si l'on peut dire comme le fait saint Augustin, en le portant dans son coeur par la foi. Elle devient ainsi le canal que Dieu choisit pour manifester au monde son amour miséricordieux. Elle sera la "Mère de miséricorde" comme on aimera à le rappeler souvent dans l'Année jubilaire de la miséricorde que nous vivons et comme nous le chantons dans le "Salve Regina" (voir les paroles à la fin de l'homélie).

III- Application

Comment suivre ces deux mamans si proches de nous, si ce n'est en vivant dans le même esprit de foi, en s'en remettant avec confiance à la Parole de Dieu, en accueillant les appels et les visites de Dieu ?

Ces visites comme celle de la rencontre de Marie et d'Élisabeth, sont des moments où Dieu se fait chair en nous, où il s'incarne dans notre coeur, où il habite notre vie. Et n'est-ce pas ce que nous attendons dans notre préparation à Noël ? Une visite de Dieu pour notre temps et pour nous qui que nous soyons. Petits, pauvres, fragiles nos coeurs comme ceux de Marie et d'Élisabeth peuvent recevoir la visite de Dieu. C'est à nous de dire notre "oui" comme Marie.

C'est ce que le pape François nous aidera à faire dans cette belle prière à la Vierge composée spécialement pour la journée du 8 décembre 2015 lors de la visite traditionnelle du pape à la statue de la Vierge de la Place d'Espagne à Rome que j'aimerais vous partager en terminant.

"Vierge Marie... Sous ton manteau, il y a de la place pour tous, parce que tu es la Mère de la Miséricorde. Ton cœur est plein de tendresse envers tous tes enfants : la tendresse de Dieu, qui a pris chair en toi et qui est devenu notre frère, Jésus, Sauveur de tous les hommes et de toutes les femmes. En te regardant, notre Mère Immaculée, nous reconnaissons la victoire de la divine miséricorde sur le péché et sur toutes ses conséquences ; et se ravive en nous l’espérance d’une vie meilleure, libre des esclavages, des rancœurs et des peurs. Aujourd’hui, ici, nous entendons ta voix maternelle qui appelle chacun à se mettre en chemin vers cette Porte, qui représente le Christ. Tu dis à tous : 'Venez, approchez-vous dans la confiance ; entrez et recevez le don de la miséricorde ; n’ayez pas peur, n’ayez pas honte : le Père vous attend à bras ouverts pour vous donner son pardon et vous accueillir dans sa maison. Venez tous à la source de la paix et de la joie'. Nous te remercions, Mère immaculée, parce que sur ce chemin de réconciliation, tu ne nous laisses pas seuls, mais tu nous accompagnes, tu es proche de nous et tu nous soutiens dans toutes les difficultés. Bénie sois-tu, maintenant et toujours. Amen."

Conclusion

Que cette Eucharistie où la Parole de Dieu se fait chair pour nous dans le Corps et le Sang du Christ, nous engage de plus en plus sur le chemin de la confiance, de la foi et de l'accueil du Salut de Dieu en regardant les deux modèles que sont Marie et Élisabeth. Celles-ci ont cru à l'accomplissement des paroles du Seigneur et elles les ont recueillis dans leur coeur. Que leur exemple nous inspire dans ces derniers jours de préparation à Noël.

Amen!


Mgr Hermann Giguère, P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec


17 décembre 2015





Salve Regina

Salve, Regína, Máter misericórdiæ
Víta, dulcédo, et spes nóstra, sálve.
Ad te clamámus, éxules, fílii Hévæ.
Ad te suspirámus, geméntes et flentes
in hac lacrimárum válle.
Eia ergo, Advocáta nóstra,
íllos túos misericórdes óculos
ad nos convérte.
Et Jésum, benedíctum frúctum véntris túi,
nóbis post hoc exsílium osténde.
O clémens, O pía, O dúlcis Vírgo María.





Traduction française



Je te salue, Ô Reine, Mère de miséricorde,
Toi qui es pour nous vie, douceur, espérance.
Vers Toi, nous les fils d'Ève,nous crions dans notre exil,
Vers Toi nous soupirons, gémissant et pleurant
dans cette vallée de larmes.
Ô Toi, notre Avocate,
tourne vers nous
tes yeux pleins de bonté,
Et Jésus, le fruit béni de ton sein,
montre-le nous au terme de cet exil.
Ô clémente, ô si bonne, ô douce,Vierge Marie.






Jeudi 17 Décembre 2015
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