C’est la Résurrection de Jésus qui illumine encore notre rassemblement de ce matin. Elle est le fil conducteur de ce temps de Pâques. Ce mystère au cœur de notre foi est un événement incroyable, un événement fondateur. Les témoins nous le racontent. Mais la Résurrection de Jésus est aussi remplie de fruits de toutes sortes qu’on n’a pas fini de découvrir. Ce matin, l’évangile nous permet d’en goûter trois en particulier.
I – Une présence dans la vie ordinaire
Le premier fruit qui nous est montré dans l’évangile d’aujourd’hui est celui de pouvoir partager autour de soi sa rencontre de Jésus-Christ. Cela se voit dans l’attitude des deux disciples d’Emmaüs qui ont croisé Jésus sur leur chemin sans le reconnaître d’abord, puis qui furent gagnés, par la suite, par ses paroles et ses gestes : partage de l’Écriture et partage du Pain. Tout brulants, ils le rencontrent dans la foi.
C’est cette foi en Lui qu’ils viennent partager avec les autres disciples. Ils racontent cette rencontre inouïe. Les mots leur manquent, et pourtant ils l’affirment avec assurance que Jésus était là bien vivant cheminant avec eux et partageant le pain rompu.
Cette foi n’est pas une foi commandée. C’est Jésus qui s’est révélé à eux. Il a fait irruption dans leur vie. Ils le disent simplement aux autres disciples. Vous voyez ici un témoignage au ras de la vie ordinaire. Ils retournent d’où ils sont venus. Ils revoient leurs proches et ils leur partagent leur rencontre.
N’est-ce pas une mission qui est accessible à chacune et à chacun de nous : dans nos milieux de travail, dans nos familles, dans les engagements de toutes sortes, dans les loisirs ?
Pourquoi, lorsqu’une occasion se présente dans la vie de chaque jour, ne pas dire ce qui nous fait vivre comme les disciples d’Emmaüs, car nous aussi nous rencontrons le Seigneur Ressuscité dans les sacrements, dans l’eucharistie, dans la prière, dans le service ?
Pourquoi ne pas le nommer à ceux et à celles que nous côtoyons au jour le jour ? C’est à la portée de tous et de toutes. On pense qu’il faut être inspiré ou qu’il faut avoir une situation spéciale comme celle des prêtres ou des évêques pour parler de Jésus, mais nous, comme les disciples d’Emmaüs, nous l’avons rencontré dans notre vie à diverses occasions et il est bon de le faire connaître autour de nous sans fanfaronnade et sans peur, simplement comme nous l’expérimentons.
II – Le Ressuscité est là : une présence à nulle autre pareille
Dans la deuxième partie de l’évangile, saint Luc revient sur la présence de Jésus qui se manifeste aux disciples. C’est le deuxième fruit de la Résurrection : une présence à nulle autre pareille. Jésus arrive à l’improviste, au moment où les disciples ne s’y attendaient pas : « Il fut présent au milieu d’eux ». C’est souvent comme cela dans notre vie. Il est là. Son souhait retentit : « La paix soit avec vous! ». Il s’agit d’une présence qui n’est pas destinée à inquiéter ou à écraser.
C’est pourquoi, ici saint Luc insiste – peut-être trop même – pour nous en convaincre : Jésus se laisse toucher, regarder. Il montre ses mains et ses pieds. Il en rajoute en mangeant un poisson devant le disciples. Ces détails s’adressent à nous, mais surtout à ceux et celles qui sont tentés de voir Jésus Ressuscité comme une autre personne que celle qui est morte sur la Croix.
Saint Luc est très clair là-dessus, Jésus Ressuscité est bien le même qui a souffert sur la croix et qui y est mort. C’est ce que les disciples ont compris très tôt. C’est ce qu’ils ont annoncé comme nous le dit le texte des Actes des Apôtres que nous avons lu. À ses auditeurs juifs, Pierre proclame : « Vous avez tué le Prince la vie, lui que Dieu a ressuscité d’entre les morts nous en sommes témoins. D'ailleurs, frères je sais bien que vous avec agi dans l’ignorance, vous et vos chefs. Mais Dieu a ainsi accompli ce qu’’il avait d’avance annoncé par la voix de tous les prophètes que le Christ, son Messie, souffrirait ».
La suite de cette annonce que font les disciples ( qu’on appelle le « kérygme » ) est interpellante pour eux et pour nous encore aujourd’hui : « Convertissez-vous donc et tournez-vous vers Dieu pour que vos péchés soient effacés ».
III - Témoins de la Parole
Le troisième fruit de la Résurrection de Jésus est lié à l’écoute de la Parole de Dieu pour en être des témoins.
À la fin de l’évangile lu, Jésus, avant d’envoyer ses disciples comme témoins, leur enjoint de se laisser pénétrer de la Parole de Dieu. Il le fait lui-même avec eux : « Alors, il ouvrit leur intelligence à la compréhension des Écritures » écrit saint Luc. Puis, il rappelle en quelque mots l’essentiel de son message (le « kérigme ») à savoir que le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts le troisième jour et que la conversion serait proclamée en son nom pour le pardon des péchés à toutes les nations en commençant par Jérusalem. La Parole de Dieu n’a pas perdu sa force. Elle est toujours là pour nous comme pour les disciples auxquels Jésus s'adresse.
« À vous d’en être témoins » conclut Jésus. Cette mission n’est pas réservée aux disciples qui ont rencontré Jésus après sa Résurrection. Elle s’est transmise à tous ceux et celles qui l’ont rencontré, comme vous et moi, dans la foi. Notre monde a besoin d’entendre une parole qui libère et qui lui donne espoir. Soyons convaincus que la rencontre de Jésus Ressuscité est possible pour ceux et celles qui en entendent parler. C’est en devenant témoins de Jésus Ressuscité que nous pouvons ouvrir de nouvelles avenues dans un monde écrasé par les guerres, les divisions et la corruption. Dans la Lettre de saint Jean que nous avons lue dans la deuxième lecture il est écrit : « Par son sacrifice, Jésus obtient la pardon de nos péchés, non seulement des nôtres, mais encore de ceux du monde entier ».
Conclusion
Que cette méditation qui nous a fait entrer dans la lumière de Jésus Ressuscité nous entraîne derrière Lui dans la vie de tous les jours. Que notre vie soit remplie de la lumière du Christ et que nous en soyons des témoins pour ceux et celles qui nous entourent.
Notre foi en la Résurrection de Jésus n’est pas une fuite dans les nuages. Elle est, au contraire, une option pour la vie dès maintenant. Confortés et soutenus par sa présence, nous proclamons notre foi lorsque nous le célébrons dans le Pain et Vin partagés pour le salut du monde comme nous le faisons actuellement avec nos frères et sœurs chrétiens réunis aux quatre coins du monde en ce dimanche, jour de la Résurrection du Seigneur. Bonne célébration!
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec
10 avril 2018
I – Une présence dans la vie ordinaire
Le premier fruit qui nous est montré dans l’évangile d’aujourd’hui est celui de pouvoir partager autour de soi sa rencontre de Jésus-Christ. Cela se voit dans l’attitude des deux disciples d’Emmaüs qui ont croisé Jésus sur leur chemin sans le reconnaître d’abord, puis qui furent gagnés, par la suite, par ses paroles et ses gestes : partage de l’Écriture et partage du Pain. Tout brulants, ils le rencontrent dans la foi.
C’est cette foi en Lui qu’ils viennent partager avec les autres disciples. Ils racontent cette rencontre inouïe. Les mots leur manquent, et pourtant ils l’affirment avec assurance que Jésus était là bien vivant cheminant avec eux et partageant le pain rompu.
Cette foi n’est pas une foi commandée. C’est Jésus qui s’est révélé à eux. Il a fait irruption dans leur vie. Ils le disent simplement aux autres disciples. Vous voyez ici un témoignage au ras de la vie ordinaire. Ils retournent d’où ils sont venus. Ils revoient leurs proches et ils leur partagent leur rencontre.
N’est-ce pas une mission qui est accessible à chacune et à chacun de nous : dans nos milieux de travail, dans nos familles, dans les engagements de toutes sortes, dans les loisirs ?
Pourquoi, lorsqu’une occasion se présente dans la vie de chaque jour, ne pas dire ce qui nous fait vivre comme les disciples d’Emmaüs, car nous aussi nous rencontrons le Seigneur Ressuscité dans les sacrements, dans l’eucharistie, dans la prière, dans le service ?
Pourquoi ne pas le nommer à ceux et à celles que nous côtoyons au jour le jour ? C’est à la portée de tous et de toutes. On pense qu’il faut être inspiré ou qu’il faut avoir une situation spéciale comme celle des prêtres ou des évêques pour parler de Jésus, mais nous, comme les disciples d’Emmaüs, nous l’avons rencontré dans notre vie à diverses occasions et il est bon de le faire connaître autour de nous sans fanfaronnade et sans peur, simplement comme nous l’expérimentons.
II – Le Ressuscité est là : une présence à nulle autre pareille
Dans la deuxième partie de l’évangile, saint Luc revient sur la présence de Jésus qui se manifeste aux disciples. C’est le deuxième fruit de la Résurrection : une présence à nulle autre pareille. Jésus arrive à l’improviste, au moment où les disciples ne s’y attendaient pas : « Il fut présent au milieu d’eux ». C’est souvent comme cela dans notre vie. Il est là. Son souhait retentit : « La paix soit avec vous! ». Il s’agit d’une présence qui n’est pas destinée à inquiéter ou à écraser.
C’est pourquoi, ici saint Luc insiste – peut-être trop même – pour nous en convaincre : Jésus se laisse toucher, regarder. Il montre ses mains et ses pieds. Il en rajoute en mangeant un poisson devant le disciples. Ces détails s’adressent à nous, mais surtout à ceux et celles qui sont tentés de voir Jésus Ressuscité comme une autre personne que celle qui est morte sur la Croix.
Saint Luc est très clair là-dessus, Jésus Ressuscité est bien le même qui a souffert sur la croix et qui y est mort. C’est ce que les disciples ont compris très tôt. C’est ce qu’ils ont annoncé comme nous le dit le texte des Actes des Apôtres que nous avons lu. À ses auditeurs juifs, Pierre proclame : « Vous avez tué le Prince la vie, lui que Dieu a ressuscité d’entre les morts nous en sommes témoins. D'ailleurs, frères je sais bien que vous avec agi dans l’ignorance, vous et vos chefs. Mais Dieu a ainsi accompli ce qu’’il avait d’avance annoncé par la voix de tous les prophètes que le Christ, son Messie, souffrirait ».
La suite de cette annonce que font les disciples ( qu’on appelle le « kérygme » ) est interpellante pour eux et pour nous encore aujourd’hui : « Convertissez-vous donc et tournez-vous vers Dieu pour que vos péchés soient effacés ».
III - Témoins de la Parole
Le troisième fruit de la Résurrection de Jésus est lié à l’écoute de la Parole de Dieu pour en être des témoins.
À la fin de l’évangile lu, Jésus, avant d’envoyer ses disciples comme témoins, leur enjoint de se laisser pénétrer de la Parole de Dieu. Il le fait lui-même avec eux : « Alors, il ouvrit leur intelligence à la compréhension des Écritures » écrit saint Luc. Puis, il rappelle en quelque mots l’essentiel de son message (le « kérigme ») à savoir que le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts le troisième jour et que la conversion serait proclamée en son nom pour le pardon des péchés à toutes les nations en commençant par Jérusalem. La Parole de Dieu n’a pas perdu sa force. Elle est toujours là pour nous comme pour les disciples auxquels Jésus s'adresse.
« À vous d’en être témoins » conclut Jésus. Cette mission n’est pas réservée aux disciples qui ont rencontré Jésus après sa Résurrection. Elle s’est transmise à tous ceux et celles qui l’ont rencontré, comme vous et moi, dans la foi. Notre monde a besoin d’entendre une parole qui libère et qui lui donne espoir. Soyons convaincus que la rencontre de Jésus Ressuscité est possible pour ceux et celles qui en entendent parler. C’est en devenant témoins de Jésus Ressuscité que nous pouvons ouvrir de nouvelles avenues dans un monde écrasé par les guerres, les divisions et la corruption. Dans la Lettre de saint Jean que nous avons lue dans la deuxième lecture il est écrit : « Par son sacrifice, Jésus obtient la pardon de nos péchés, non seulement des nôtres, mais encore de ceux du monde entier ».
Conclusion
Que cette méditation qui nous a fait entrer dans la lumière de Jésus Ressuscité nous entraîne derrière Lui dans la vie de tous les jours. Que notre vie soit remplie de la lumière du Christ et que nous en soyons des témoins pour ceux et celles qui nous entourent.
Notre foi en la Résurrection de Jésus n’est pas une fuite dans les nuages. Elle est, au contraire, une option pour la vie dès maintenant. Confortés et soutenus par sa présence, nous proclamons notre foi lorsque nous le célébrons dans le Pain et Vin partagés pour le salut du monde comme nous le faisons actuellement avec nos frères et sœurs chrétiens réunis aux quatre coins du monde en ce dimanche, jour de la Résurrection du Seigneur. Bonne célébration!
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec
10 avril 2018
Cathédrale Notre-Dame de Québec (Crédits photo : Daniel Abel)