« Ils le reconnurent » Le souper d'Emmaüs par le Caravage (1571-1610) peint entre 1601-1602 (Crédits photo : Domaine public Wikimedia Commons)
Marchons, si vous le voulez bien avec les deux disciples qui s’en vont pensifs et remplis des événements des derniers jours qu’ils ont vécus. Ils en font comme la synthèse. Ils se remémorent les évènements. Ce faisant ils cherchent, comme il nous arrive de le faire assez souvent, quel est le sens de ce qui vient de se passer.
I – La route
En marchant sur la route vers Emmaüs, les deux disciples partagent en s’inspirant des Écritures qu’ils connaissent bien. Ils se rappellent aussi les enseignements de Jésus qu’ils ont côtoyé avant sa mort, mais la lumière ne vient pas. Ils se sentent accablés et même perplexes, car ils ne comprennent pas. Survient alors un voyageur comme eux. Il les suit et finalement la conversation s’engage. Les deux disciples se laissent aller à raconter leurs déboires et leurs inquiétudes. Ils partagent même leur désespoir. Car ils avaient mis leur confiance et leur espérance en celui qui est mort sur une croix le vendredi précédent. Leur chemin est un chemin de croix, pourrait-on dire. Ils ne comprennent pas.
Ils ne savent pourquoi, mais ils sentent maintenant que cet étranter s'est joint à eux une présence qui leur fait du bien. Avec la mort de Jésus, ils ont vécu le mystère du deuil et de l’absence. Ce mystère de l’absence les écrase. Ils n'en sortent pas. Ils ont beau parler de lui, se rappeler les moments heureux vécus avec lui, l’absence leur pèse lourd.
Et maintenant à mesure que la route avance leurs cœurs vibrent. Une rencontre à nulle autre comparable se prépare. Écoutons saint Luc qui nous la décrit en détail.
II – La rencontre
Le compagnon qui marche avec eux les apostrophe : « Esprits sans intelligence ! Comme votre cœur est lent à croire tout ce que les prophètes ont dit ! Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? » Par le jeu des retours à l’Écriture et à la Parole de Dieu, leur compagnon donne sens à ce qu’ils ont vécu. « Et, partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur interpréta, dans toute l’Écriture ce qui le concernait ». Les deux disciples perçoivent alors le renversement que Dieu provoque pour son Peuple qui attendait un souverain triomphant et à qui il donné un Serviteur souffrant qui se présente comme l’Agneau sacrifié pour le salut de toutes et de tous. Ces paroles relues dans le prophète Isaïe les éclairent. Elles contribuent à changer leur perspective et leur vision.
Lorsqu’il est l’heure de souper, ils cassent la croûte avec leur compagnon et là tout se dévoile. Lorsque les gestes que Jésus a légués à ses disciples sont reproduits - la fraction du pain - ils perçoivent dans leur foi en la Parole de Dieu que c’est le Christ qui est avec eux. Alors leurs yeux s'ouvrent et ils le reconnaissent. Ils ne seront plus les mêmes. Ils ont rencontré le Seigneur ressuscité.
À mesure qu’ils partageaient avec l’étranger qui les avait rejoints, ils avaient senti en eux non pas seulement des mots qui montaient, mais un je ne sais quoi de plus. « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures ? » constatent-ils alors.
Eh oui! pour eux dans la fraction du pain, les mots laissent place à une relation de personne à personne, à une rencontre inexprimable, mais bien réelle. L’absence physique demeure bien sûr, mais elle n’empêche pas une présence autre de la personne aimée. C’est ce dont ils témoignent aux autres disciples. « Ils racontaient ce qui s’était passé sur la route, et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain ».
Ayant vécu la fin tragique de Jésus qui les a privés d’une présence physique qui soutenait leur attachement à lui : « Nous pensions qu’il était celui qui nous sauverait, qui rétablirait la gloire d’Israël », les deux disciples marchaient sans but. Et maintenant ils reconnaissent Jésus bien vivant et présent par les gestes de la fraction du pain.
III - La foi renouvelée
Jésus est bien vivant, telle est le coeur de la foi chrétienne. Saint Pierre l'explique aux gens de Jérusalem le matin de la Pentecôte dans ce merveilleux texte que nous avons dans la première lecture. Après avoir lui aussi, comme le compagnon des disciples d’Emmaüs, reprit le message des Écritures, il en dégage les mots de David qui annoncent la résurrection de Jésus.
Je vous cite ses paroles : « En effet, c’est de lui que parle David dans le psaume : Je voyais le Seigneur devant moi sans relâche : il a vu d’avance la résurrection du Christ, dont il a parlé ainsi : il n’a pas été abandonné à la mort, et sa chair n’a pas vu la corruption. Ce Jésus, Dieu l’a ressuscité ; nous tous, nous en sommes témoins. Élevé par la droite de Dieu, il a reçu du Père l’Esprit Saint qui était promis, et il l'a répandu sur nous, ainsi que vous le voyez et l’entendez ».
Saint Pierre met le doigt sur le message essentiel de la Bonne Nouvelle qu'il prêche : la résurrection de Jésus. Parce que Jésus est Ressuscité les limites du temps et de l’espace sont tombées. Toute personne peut, en quelque temps et dans n’importe quel lieu, le rencontrer elle aussi comme les disciples d’Emmaüs ont eu la chance de le faire. Cette rencontre avec le Ressuscité se fait par la Parole de Dieu et par le partage du Pain. La Parole et le Pain sont pour nous des signes de la présence du Ressuscité et en même temps un envoi vers nos frères et sœurs. Les disciples d’Emmaüs nous amènent sur un chemin combien stimulant : celui de la foi au Christ Ressuscité.
Le chrétien, sans avoir toutes les réponses, prend le beau risque de la foi. Ce « beau risque » c’est celui de l’attachement à la personne de Jésus que nous reconnaissons toujours vivant et que nous retrouvons de diverses manières : dans l’autre que je regarde comme un frère et une sœur, dans le pain et le vin partagés dans l’Eucharistie, dans le souffle de l’Esprit au cœur du plus petit, dans l’étranger, dans l’enfant qui pleure, dans le jeune qui se cherche etc.
Quel beau risque de chercher Jésus et de le chercher sans se lasser ! La vie d’un chrétien n’est pas une « assurance tous risques ». Elle comporte ses moments d’hésitations, de doutes, de retards, de lenteurs, mais elle est remplie d’une espérance fondée sur la foi en la Résurrection du Jésus.
Conclusion
Pâques se continue et nous avons-nous aussi comme les disciples d’Emmaüs à cheminer avec la Parole de Dieu, ce que nous faisons en particulier à chaque dimanche dans l’Eucharistie dont le souper d’Emmaüs est une belle image.
C’est en partageant les signes de la présence du Ressuscité que les disciples ont pu reprendre, joyeux et rassurés, leur route de tous les jours. C’est en partageant dans l’Eucharistie que nous le ferons nous aussi assurés que le Seigneur Ressuscité est toujours présent avec nous.
N’ayons pas peur de lui redire comme les disciples d'Emmaüs : « Reste avec nous ! »
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec
21 avril 2020
I – La route
En marchant sur la route vers Emmaüs, les deux disciples partagent en s’inspirant des Écritures qu’ils connaissent bien. Ils se rappellent aussi les enseignements de Jésus qu’ils ont côtoyé avant sa mort, mais la lumière ne vient pas. Ils se sentent accablés et même perplexes, car ils ne comprennent pas. Survient alors un voyageur comme eux. Il les suit et finalement la conversation s’engage. Les deux disciples se laissent aller à raconter leurs déboires et leurs inquiétudes. Ils partagent même leur désespoir. Car ils avaient mis leur confiance et leur espérance en celui qui est mort sur une croix le vendredi précédent. Leur chemin est un chemin de croix, pourrait-on dire. Ils ne comprennent pas.
Ils ne savent pourquoi, mais ils sentent maintenant que cet étranter s'est joint à eux une présence qui leur fait du bien. Avec la mort de Jésus, ils ont vécu le mystère du deuil et de l’absence. Ce mystère de l’absence les écrase. Ils n'en sortent pas. Ils ont beau parler de lui, se rappeler les moments heureux vécus avec lui, l’absence leur pèse lourd.
Et maintenant à mesure que la route avance leurs cœurs vibrent. Une rencontre à nulle autre comparable se prépare. Écoutons saint Luc qui nous la décrit en détail.
II – La rencontre
Le compagnon qui marche avec eux les apostrophe : « Esprits sans intelligence ! Comme votre cœur est lent à croire tout ce que les prophètes ont dit ! Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? » Par le jeu des retours à l’Écriture et à la Parole de Dieu, leur compagnon donne sens à ce qu’ils ont vécu. « Et, partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur interpréta, dans toute l’Écriture ce qui le concernait ». Les deux disciples perçoivent alors le renversement que Dieu provoque pour son Peuple qui attendait un souverain triomphant et à qui il donné un Serviteur souffrant qui se présente comme l’Agneau sacrifié pour le salut de toutes et de tous. Ces paroles relues dans le prophète Isaïe les éclairent. Elles contribuent à changer leur perspective et leur vision.
Lorsqu’il est l’heure de souper, ils cassent la croûte avec leur compagnon et là tout se dévoile. Lorsque les gestes que Jésus a légués à ses disciples sont reproduits - la fraction du pain - ils perçoivent dans leur foi en la Parole de Dieu que c’est le Christ qui est avec eux. Alors leurs yeux s'ouvrent et ils le reconnaissent. Ils ne seront plus les mêmes. Ils ont rencontré le Seigneur ressuscité.
À mesure qu’ils partageaient avec l’étranger qui les avait rejoints, ils avaient senti en eux non pas seulement des mots qui montaient, mais un je ne sais quoi de plus. « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures ? » constatent-ils alors.
Eh oui! pour eux dans la fraction du pain, les mots laissent place à une relation de personne à personne, à une rencontre inexprimable, mais bien réelle. L’absence physique demeure bien sûr, mais elle n’empêche pas une présence autre de la personne aimée. C’est ce dont ils témoignent aux autres disciples. « Ils racontaient ce qui s’était passé sur la route, et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain ».
Ayant vécu la fin tragique de Jésus qui les a privés d’une présence physique qui soutenait leur attachement à lui : « Nous pensions qu’il était celui qui nous sauverait, qui rétablirait la gloire d’Israël », les deux disciples marchaient sans but. Et maintenant ils reconnaissent Jésus bien vivant et présent par les gestes de la fraction du pain.
III - La foi renouvelée
Jésus est bien vivant, telle est le coeur de la foi chrétienne. Saint Pierre l'explique aux gens de Jérusalem le matin de la Pentecôte dans ce merveilleux texte que nous avons dans la première lecture. Après avoir lui aussi, comme le compagnon des disciples d’Emmaüs, reprit le message des Écritures, il en dégage les mots de David qui annoncent la résurrection de Jésus.
Je vous cite ses paroles : « En effet, c’est de lui que parle David dans le psaume : Je voyais le Seigneur devant moi sans relâche : il a vu d’avance la résurrection du Christ, dont il a parlé ainsi : il n’a pas été abandonné à la mort, et sa chair n’a pas vu la corruption. Ce Jésus, Dieu l’a ressuscité ; nous tous, nous en sommes témoins. Élevé par la droite de Dieu, il a reçu du Père l’Esprit Saint qui était promis, et il l'a répandu sur nous, ainsi que vous le voyez et l’entendez ».
Saint Pierre met le doigt sur le message essentiel de la Bonne Nouvelle qu'il prêche : la résurrection de Jésus. Parce que Jésus est Ressuscité les limites du temps et de l’espace sont tombées. Toute personne peut, en quelque temps et dans n’importe quel lieu, le rencontrer elle aussi comme les disciples d’Emmaüs ont eu la chance de le faire. Cette rencontre avec le Ressuscité se fait par la Parole de Dieu et par le partage du Pain. La Parole et le Pain sont pour nous des signes de la présence du Ressuscité et en même temps un envoi vers nos frères et sœurs. Les disciples d’Emmaüs nous amènent sur un chemin combien stimulant : celui de la foi au Christ Ressuscité.
Le chrétien, sans avoir toutes les réponses, prend le beau risque de la foi. Ce « beau risque » c’est celui de l’attachement à la personne de Jésus que nous reconnaissons toujours vivant et que nous retrouvons de diverses manières : dans l’autre que je regarde comme un frère et une sœur, dans le pain et le vin partagés dans l’Eucharistie, dans le souffle de l’Esprit au cœur du plus petit, dans l’étranger, dans l’enfant qui pleure, dans le jeune qui se cherche etc.
Quel beau risque de chercher Jésus et de le chercher sans se lasser ! La vie d’un chrétien n’est pas une « assurance tous risques ». Elle comporte ses moments d’hésitations, de doutes, de retards, de lenteurs, mais elle est remplie d’une espérance fondée sur la foi en la Résurrection du Jésus.
Conclusion
Pâques se continue et nous avons-nous aussi comme les disciples d’Emmaüs à cheminer avec la Parole de Dieu, ce que nous faisons en particulier à chaque dimanche dans l’Eucharistie dont le souper d’Emmaüs est une belle image.
C’est en partageant les signes de la présence du Ressuscité que les disciples ont pu reprendre, joyeux et rassurés, leur route de tous les jours. C’est en partageant dans l’Eucharistie que nous le ferons nous aussi assurés que le Seigneur Ressuscité est toujours présent avec nous.
N’ayons pas peur de lui redire comme les disciples d'Emmaüs : « Reste avec nous ! »
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec
21 avril 2020
Lectures de la messe pour le 3e dimanche de Pâques Année A
Première lecture
« Il n’était pas possible que la mort le retienne en son pouvoir » (Ac 2, 14.22b-33)
Lecture du livre des Actes des Apôtres
Le jour de la Pentecôte,
Pierre, debout avec les onze autres Apôtres,
éleva la voix et leur fit cette déclaration :
« Vous, Juifs,
et vous tous qui résidez à Jérusalem,
sachez bien ceci,
prêtez l’oreille à mes paroles.
Il s’agit de Jésus le Nazaréen,
homme que Dieu a accrédité auprès de vous
en accomplissant par lui des miracles, des prodiges
et des signes au milieu de vous,
comme vous le savez vous-mêmes.
Cet homme, livré selon le dessein bien arrêté et la prescience de Dieu,
vous l’avez supprimé
en le clouant sur le bois par la main des impies.
Mais Dieu l’a ressuscité
en le délivrant des douleurs de la mort,
car il n’était pas possible qu’elle le retienne en son pouvoir.
En effet, c’est de lui que parle David dans le psaume :
Je voyais le Seigneur devant moi sans relâche :
il est à ma droite, je suis inébranlable.
C’est pourquoi mon cœur est en fête,
et ma langue exulte de joie ;
ma chair elle-même reposera dans l’espérance :
tu ne peux m’abandonner au séjour des morts
ni laisser ton fidèle voir la corruption.
Tu m’as appris des chemins de vie,
tu me rempliras d’allégresse par ta présence.
Frères, il est permis de vous dire avec assurance,
au sujet du patriarche David,
qu’il est mort, qu’il a été enseveli,
et que son tombeau est encore aujourd’hui chez nous.
Comme il était prophète, il savait que Dieu lui avait juré
de faire asseoir sur son trône un homme issu de lui.
Il a vu d’avance la résurrection du Christ,
dont il a parlé ainsi :
Il n’a pas été abandonné à la mort,
et sa chair n’a pas vu la corruption.
Ce Jésus, Dieu l’a ressuscité ;
nous tous, nous en sommes témoins.
Élevé par la droite de Dieu,
il a reçu du Père l’Esprit Saint qui était promis,
et il l'a répandu sur nous,
ainsi que vous le voyez et l’entendez.
– Parole du Seigneur.
Psaume
(Ps 15 (16), 1-2a.5, 7-8, 9-10, 11)
R/ Tu m’apprends, Seigneur, le chemin de la vie.
ou : Alléluia ! (Ps 15, 11a)
Garde-moi, mon Dieu : j’ai fait de toi mon refuge.
J’ai dit au Seigneur : « Tu es mon Dieu !
Seigneur, mon partage et ma coupe :
de toi dépend mon sort. »
Je bénis le Seigneur qui me conseille :
même la nuit mon cœur m’avertit.
Je garde le Seigneur devant moi sans relâche ;
il est à ma droite : je suis inébranlable.
Mon cœur exulte, mon âme est en fête,
ma chair elle-même repose en confiance :
tu ne peux m’abandonner à la mort
ni laisser ton ami voir la corruption.
Tu m’apprends le chemin de la vie :
devant ta face, débordement de joie !
À ta droite, éternité de délices !
Deuxième lecture
« Vous avez été rachetés par un sang précieux, celui d’un agneau sans tache, le Christ » (1 P 1, 17-21)
Lecture de la première lettre de saint Pierre apôtre
Bien-aimés,
si vous invoquez comme Père
celui qui juge impartialement chacun selon son œuvre,
vivez donc dans la crainte de Dieu,
pendant le temps où vous résidez ici-bas en étrangers.
Vous le savez :
ce n’est pas par des biens corruptibles, l’argent ou l’or,
que vous avez été rachetés de la conduite superficielle héritée de vos pères ;
mais c’est par un sang précieux,
celui d’un agneau sans défaut et sans tache, le Christ.
Dès avant la fondation du monde, Dieu l’avait désigné d’avance
et il l’a manifesté à la fin des temps à cause de vous.
C’est bien par lui que vous croyez en Dieu,
qui l’a ressuscité d’entre les morts
et qui lui a donné la gloire ;
ainsi vous mettez votre foi et votre espérance en Dieu.
– Parole du Seigneur.
Évangile
« Il se fit reconnaître par eux à la fraction du pain » (Lc 24, 13-35)
Alléluia. Alléluia.
Seigneur Jésus, ouvre-nous les Écritures !
Que notre cœur devienne brûlant
tandis que tu nous parles.
Alléluia. (cf. Lc 24, 32)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
Le même jour (c’est-à-dire le premier jour de la semaine),
deux disciples faisaient route
vers un village appelé Emmaüs,
à deux heures de marche de Jérusalem,
et ils parlaient entre eux de tout ce qui s’était passé.
Or, tandis qu’ils s’entretenaient et s’interrogeaient,
Jésus lui-même s’approcha,
et il marchait avec eux.
Mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître.
Jésus leur dit :
« De quoi discutez-vous en marchant ? »
Alors, ils s’arrêtèrent, tout tristes.
L’un des deux, nommé Cléophas, lui répondit :
« Tu es bien le seul étranger résidant à Jérusalem
qui ignore les événements de ces jours-ci. »
Il leur dit :
« Quels événements ? »
Ils lui répondirent :
« Ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth,
cet homme qui était un prophète
puissant par ses actes et ses paroles
devant Dieu et devant tout le peuple :
comment les grands prêtres et nos chefs l’ont livré,
ils l’ont fait condamner à mort et ils l’ont crucifié.
Nous, nous espérions que c’était lui qui allait délivrer Israël.
Mais avec tout cela,
voici déjà le troisième jour qui passe depuis que c’est arrivé.
À vrai dire, des femmes de notre groupe
nous ont remplis de stupeur.
Quand, dès l’aurore, elles sont allées au tombeau,
elles n’ont pas trouvé son corps ;
elles sont venues nous dire
qu’elles avaient même eu une vision :
des anges, qui disaient qu’il est vivant.
Quelques-uns de nos compagnons sont allés au tombeau,
et ils ont trouvé les choses comme les femmes l’avaient dit ;
mais lui, ils ne l’ont pas vu. »
Il leur dit alors :
« Esprits sans intelligence ! Comme votre cœur est lent à croire
tout ce que les prophètes ont dit !
Ne fallait-il pas que le Christ
souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? »
Et, partant de Moïse et de tous les Prophètes,
il leur interpréta, dans toute l’Écriture,
ce qui le concernait.
Quand ils approchèrent du village où ils se rendaient,
Jésus fit semblant d’aller plus loin.
Mais ils s’efforcèrent de le retenir :
« Reste avec nous,
car le soir approche et déjà le jour baisse. »
Il entra donc pour rester avec eux.
Quand il fut à table avec eux,
ayant pris le pain,
il prononça la bénédiction
et, l’ayant rompu,
il le leur donna.
Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent,
mais il disparut à leurs regards.
Ils se dirent l’un à l’autre :
« Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous,
tandis qu’il nous parlait sur la route
et nous ouvrait les Écritures ? »
À l’instant même, ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem.
Ils y trouvèrent réunis les onze Apôtres et leurs compagnons,
qui leur dirent :
« Le Seigneur est réellement ressuscité :
il est apparu à Simon-Pierre. »
À leur tour, ils racontaient ce qui s’était passé sur la route,
et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux
à la fraction du pain.
– Acclamons la Parole de Dieu.
Première lecture
« Il n’était pas possible que la mort le retienne en son pouvoir » (Ac 2, 14.22b-33)
Lecture du livre des Actes des Apôtres
Le jour de la Pentecôte,
Pierre, debout avec les onze autres Apôtres,
éleva la voix et leur fit cette déclaration :
« Vous, Juifs,
et vous tous qui résidez à Jérusalem,
sachez bien ceci,
prêtez l’oreille à mes paroles.
Il s’agit de Jésus le Nazaréen,
homme que Dieu a accrédité auprès de vous
en accomplissant par lui des miracles, des prodiges
et des signes au milieu de vous,
comme vous le savez vous-mêmes.
Cet homme, livré selon le dessein bien arrêté et la prescience de Dieu,
vous l’avez supprimé
en le clouant sur le bois par la main des impies.
Mais Dieu l’a ressuscité
en le délivrant des douleurs de la mort,
car il n’était pas possible qu’elle le retienne en son pouvoir.
En effet, c’est de lui que parle David dans le psaume :
Je voyais le Seigneur devant moi sans relâche :
il est à ma droite, je suis inébranlable.
C’est pourquoi mon cœur est en fête,
et ma langue exulte de joie ;
ma chair elle-même reposera dans l’espérance :
tu ne peux m’abandonner au séjour des morts
ni laisser ton fidèle voir la corruption.
Tu m’as appris des chemins de vie,
tu me rempliras d’allégresse par ta présence.
Frères, il est permis de vous dire avec assurance,
au sujet du patriarche David,
qu’il est mort, qu’il a été enseveli,
et que son tombeau est encore aujourd’hui chez nous.
Comme il était prophète, il savait que Dieu lui avait juré
de faire asseoir sur son trône un homme issu de lui.
Il a vu d’avance la résurrection du Christ,
dont il a parlé ainsi :
Il n’a pas été abandonné à la mort,
et sa chair n’a pas vu la corruption.
Ce Jésus, Dieu l’a ressuscité ;
nous tous, nous en sommes témoins.
Élevé par la droite de Dieu,
il a reçu du Père l’Esprit Saint qui était promis,
et il l'a répandu sur nous,
ainsi que vous le voyez et l’entendez.
– Parole du Seigneur.
Psaume
(Ps 15 (16), 1-2a.5, 7-8, 9-10, 11)
R/ Tu m’apprends, Seigneur, le chemin de la vie.
ou : Alléluia ! (Ps 15, 11a)
Garde-moi, mon Dieu : j’ai fait de toi mon refuge.
J’ai dit au Seigneur : « Tu es mon Dieu !
Seigneur, mon partage et ma coupe :
de toi dépend mon sort. »
Je bénis le Seigneur qui me conseille :
même la nuit mon cœur m’avertit.
Je garde le Seigneur devant moi sans relâche ;
il est à ma droite : je suis inébranlable.
Mon cœur exulte, mon âme est en fête,
ma chair elle-même repose en confiance :
tu ne peux m’abandonner à la mort
ni laisser ton ami voir la corruption.
Tu m’apprends le chemin de la vie :
devant ta face, débordement de joie !
À ta droite, éternité de délices !
Deuxième lecture
« Vous avez été rachetés par un sang précieux, celui d’un agneau sans tache, le Christ » (1 P 1, 17-21)
Lecture de la première lettre de saint Pierre apôtre
Bien-aimés,
si vous invoquez comme Père
celui qui juge impartialement chacun selon son œuvre,
vivez donc dans la crainte de Dieu,
pendant le temps où vous résidez ici-bas en étrangers.
Vous le savez :
ce n’est pas par des biens corruptibles, l’argent ou l’or,
que vous avez été rachetés de la conduite superficielle héritée de vos pères ;
mais c’est par un sang précieux,
celui d’un agneau sans défaut et sans tache, le Christ.
Dès avant la fondation du monde, Dieu l’avait désigné d’avance
et il l’a manifesté à la fin des temps à cause de vous.
C’est bien par lui que vous croyez en Dieu,
qui l’a ressuscité d’entre les morts
et qui lui a donné la gloire ;
ainsi vous mettez votre foi et votre espérance en Dieu.
– Parole du Seigneur.
Évangile
« Il se fit reconnaître par eux à la fraction du pain » (Lc 24, 13-35)
Alléluia. Alléluia.
Seigneur Jésus, ouvre-nous les Écritures !
Que notre cœur devienne brûlant
tandis que tu nous parles.
Alléluia. (cf. Lc 24, 32)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
Le même jour (c’est-à-dire le premier jour de la semaine),
deux disciples faisaient route
vers un village appelé Emmaüs,
à deux heures de marche de Jérusalem,
et ils parlaient entre eux de tout ce qui s’était passé.
Or, tandis qu’ils s’entretenaient et s’interrogeaient,
Jésus lui-même s’approcha,
et il marchait avec eux.
Mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître.
Jésus leur dit :
« De quoi discutez-vous en marchant ? »
Alors, ils s’arrêtèrent, tout tristes.
L’un des deux, nommé Cléophas, lui répondit :
« Tu es bien le seul étranger résidant à Jérusalem
qui ignore les événements de ces jours-ci. »
Il leur dit :
« Quels événements ? »
Ils lui répondirent :
« Ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth,
cet homme qui était un prophète
puissant par ses actes et ses paroles
devant Dieu et devant tout le peuple :
comment les grands prêtres et nos chefs l’ont livré,
ils l’ont fait condamner à mort et ils l’ont crucifié.
Nous, nous espérions que c’était lui qui allait délivrer Israël.
Mais avec tout cela,
voici déjà le troisième jour qui passe depuis que c’est arrivé.
À vrai dire, des femmes de notre groupe
nous ont remplis de stupeur.
Quand, dès l’aurore, elles sont allées au tombeau,
elles n’ont pas trouvé son corps ;
elles sont venues nous dire
qu’elles avaient même eu une vision :
des anges, qui disaient qu’il est vivant.
Quelques-uns de nos compagnons sont allés au tombeau,
et ils ont trouvé les choses comme les femmes l’avaient dit ;
mais lui, ils ne l’ont pas vu. »
Il leur dit alors :
« Esprits sans intelligence ! Comme votre cœur est lent à croire
tout ce que les prophètes ont dit !
Ne fallait-il pas que le Christ
souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? »
Et, partant de Moïse et de tous les Prophètes,
il leur interpréta, dans toute l’Écriture,
ce qui le concernait.
Quand ils approchèrent du village où ils se rendaient,
Jésus fit semblant d’aller plus loin.
Mais ils s’efforcèrent de le retenir :
« Reste avec nous,
car le soir approche et déjà le jour baisse. »
Il entra donc pour rester avec eux.
Quand il fut à table avec eux,
ayant pris le pain,
il prononça la bénédiction
et, l’ayant rompu,
il le leur donna.
Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent,
mais il disparut à leurs regards.
Ils se dirent l’un à l’autre :
« Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous,
tandis qu’il nous parlait sur la route
et nous ouvrait les Écritures ? »
À l’instant même, ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem.
Ils y trouvèrent réunis les onze Apôtres et leurs compagnons,
qui leur dirent :
« Le Seigneur est réellement ressuscité :
il est apparu à Simon-Pierre. »
À leur tour, ils racontaient ce qui s’était passé sur la route,
et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux
à la fraction du pain.
– Acclamons la Parole de Dieu.