Les Disicples d'Emmaüs est une des plus célèbres œuvres du peintre Rembrandt (1606-1669). Cette œuvre a été peinte en 1648 et se trouve actuellement au Musée du Louvre, à Paris. (Domaine public)
Quelle belle rencontre que celle qui vient de nous être racontée. Regardons-la de plus près, car les disciples d’Emmaüs sont pour nous des modèles qui peuvent nous inspirer encore aujourd’hui.
Leur démarche nous montre comment faire pour rencontrer Jésus à notre tour dans nos vies d’hommes et de femmes. Trois mots pourraient résumer le tout : marcher, écouter et célébrer.
I – Des disciples en marche
Ce qui frappe au premier abord c’est que les disciples sont en marche vers le village d’Emmaüs. Ils devisent entre eux de ce qui s’est passé. Ils essaient de comprendre. Lorsque le visiteur inconnu s’approche d’eux, ils se laissent aller à expliciter leur peine et leur déception. Ils lui partagent leur questionnement.. Ils racontent ce qui vient de se passer : Jésus de Nazareth, le prophète puissant, livré aux autorités juives qui le font condamner à mort d’où s’en suit le crucifiement sur le Calvaire où il meurt abandonné de tous. Ils ajoutent qu’on leur a dit qu’il était toujours vivant. Son corps n’a pas été retrouvé, précisent-ils et le tombeau où il avait été enseveli s’est révélé vide le matin de Pâques.
Quelle leçon retenir de cela pour nous? C’est la suivante : la toute première étape de notre cheminement spirituel pour rencontrer Jésus dans notre vie consiste à nous mettre en marche nous aussi. Pour faire la rencontre de Jésus, il ne suffit pas de désirer cette rencontre. Il faut se donner la peine de revenir sur notre vie courante. Partager avec d’autres nos aspirations et nos craintes, comme le faisaient les disciples d’Emmaüs. C’est la base de tout cheminement spirituel : se donner du temps pour revenir sur ce que nous faisons, ce que nous désirons et ce que nous sommes.
II – Écouter la Parole de Dieu
Ce partage et ce retour sur sa vie seront éclairés non seulement par nos pensées personnelles, mais avant tout par la Parole de Dieu comme le Visiteur inconnu le fait avec les disciples d’Emmaüs en leur disant « Esprits sans intelligence! Comme votre cœur est lent à croire tout ce que les prophètes ont dit! Ne fallait-il pas que le Christ souffrit cela pour enter dans sa gloire ».
Et le récit continue avec ces mots : « Partant de Moïse et de tous les Prophètes, il interpréta, dans toute l’Écriture ce qui le concernait ».
Dans cette deuxième étape du chemin parcouru par les disciples d’Emmaüs, c’est le recours à la Parole de Dieu qui fait tout le travail. Les disciples sont sortis de leurs pensées à courte vue. Ils sont sollicités pour aller plus loin que ce qu’ils ont vu et ce dont ils se souviennent. C’est pour eux un long chemin qui prend plusieurs heures.
Dans cette écoute de la Parole de Dieu guidée par Jésus lui-même, l’Esprit leur fait comprendre ce qui est arrivé. Ils entrent dans le dessein de Dieu pour son peuple, dans le mystère de l’Alliance de Dieu avec l’humanité. Ils sont fascinés et leurs esprits s’éclairent par l’action de l’Esprit. Ils vivent à leur manière une Pentecôte comme celle dont il est question dans la première lecture. Ils reconnaissent déjà que ce Jésus qu’ils ont connu « Dieu l’a ressuscité…qu’il a été élevé par la droite de Dieu, qu’il a reçu du Père l’Esprit Saint qui était promis » comme le dit saint Pierre dans la déclaration rapportée dans la première lecture.
III – Bénédiction, fraction du pain et présence vivante de Jésus
Mais ce n’est pas la fin du cheminement de foi pascale des disciples d'Emmaüs. Ils seront gratifiés de la présence même de Jésus ressuscité.
Comment ? Dans un geste de tous les jours qui symbolise celui de l’Eucharistie que nous célébrons si souvent. Assis à la table pour prendre le repas, leurs yeux s’ouvrent quand ils entendent la bénédiction prononcée par leur Visiteur inconnu jusqu’alors. Celui-ci s’avère être ce Jésus qu’ils ont connu et qu’ils reconnaissaient comme le Messie promis par Dieu, l’Envoyé du Père.
Dans notre cheminement spirituel nous sommes invités, comme les disciples d’Emmaüs, à rompre le pain avec Jésus que nous voyons dans la foi sous les espèces du pain et du vin. À chaque messe, une rencontre particulière avec lui nous est proposée.
Comme les disciples d’Emmaüs, nous apportons nos préoccupations, notre vie avec ses hauts et ses bas. Nous nous laissons enseigner par la Parole de Dieu qui est proclamée par les lectures, l’évangile et l’homélie. Puis nous refaisons les gestes du dernier repas de Jésus où dans la foi il se révèle toujours vivant pour nous et pour le monde entier. Alors, comme les disciples d'Emmaüs, nos yeux s'ouvrent... c'est la rencontre...
Conclusion
Frères et sœurs, soyons sûrs que Jésus est toujours là sur notre chemin, qu’il nous attend, qu’il veut s’asseoir et manger avec nous comme il le fit avec les deux disciples d’Emmaüs. Marcher, écouter, célébrer...
Si nous prenons la peine de suivre le cheminement des disciples d’Emmaüs, nous serons poussés à dire, nous aussi, « Reste avec nous Seigneur ». Cette prière nous pouvons la faire et la refaire avec confiance, car Celui que Dieu a désigné, dès avant la fondation du monde, comme le dit la seconde lecture, est ressuscité d’entre les morts et Dieu lui a donné la gloire qu’il désire partager avec ses frères et sœurs pour qui il a donné sa vie.
En terminant faisons cette prière :
Reste avec nous Seigneur!
Tu nous accompagnes sur nos chemins.
Nos vies et nos projets t’appartiennent.
Tu les illumines et les éclaires de ta présence.
Nous savons que nous pouvons toujours compter sur toi.
Nous t'en remercions.
Reste avec nous, Seigneur!
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec
25 avril 2017
_________________________________
Note sur la peinture de Rembrandt tirée d'une thèse de Doctorat en théologie à l'Université Laval par Robert Bertrand
La version de 1648 des Pèlerins d’Emmaüs de Rembrandt montre ce moment extraordinaire où le Christ ressuscité se révèle à deux de ses disciples. La lumière, à la fois naturelle et surnaturelle, crée une ambiance mystique. Grâce à sa grille d’analyse, Robert Bertrand a découvert que le véritable sens du tableau n’est pas la fraction du pain, comme on a toujours cru, mais bien la rencontre avec Dieu. « Dans ce tableau, soutient-il, les jeux d’ombre et de lumière créent des élans de transcendance. L’attitude de contemplation de Jésus, son regard tourné vers le haut, le décrit en relation avec le Père tout en étant physiquement présent dans l'ici et le maintenant de la vie humaine. C’est là, à mon avis, un véritable tour de force en technique picturale. L’image de Dieu décrit par Rembrandt est donc celle d’un Dieu accessible, au cœur du quotidien. »
Tiré du Fil des événements, le journal de la communauté universitaire de l'Université Laval à Québec,
Volume 43, numéro 18, 24 janvier 2008
Leur démarche nous montre comment faire pour rencontrer Jésus à notre tour dans nos vies d’hommes et de femmes. Trois mots pourraient résumer le tout : marcher, écouter et célébrer.
I – Des disciples en marche
Ce qui frappe au premier abord c’est que les disciples sont en marche vers le village d’Emmaüs. Ils devisent entre eux de ce qui s’est passé. Ils essaient de comprendre. Lorsque le visiteur inconnu s’approche d’eux, ils se laissent aller à expliciter leur peine et leur déception. Ils lui partagent leur questionnement.. Ils racontent ce qui vient de se passer : Jésus de Nazareth, le prophète puissant, livré aux autorités juives qui le font condamner à mort d’où s’en suit le crucifiement sur le Calvaire où il meurt abandonné de tous. Ils ajoutent qu’on leur a dit qu’il était toujours vivant. Son corps n’a pas été retrouvé, précisent-ils et le tombeau où il avait été enseveli s’est révélé vide le matin de Pâques.
Quelle leçon retenir de cela pour nous? C’est la suivante : la toute première étape de notre cheminement spirituel pour rencontrer Jésus dans notre vie consiste à nous mettre en marche nous aussi. Pour faire la rencontre de Jésus, il ne suffit pas de désirer cette rencontre. Il faut se donner la peine de revenir sur notre vie courante. Partager avec d’autres nos aspirations et nos craintes, comme le faisaient les disciples d’Emmaüs. C’est la base de tout cheminement spirituel : se donner du temps pour revenir sur ce que nous faisons, ce que nous désirons et ce que nous sommes.
II – Écouter la Parole de Dieu
Ce partage et ce retour sur sa vie seront éclairés non seulement par nos pensées personnelles, mais avant tout par la Parole de Dieu comme le Visiteur inconnu le fait avec les disciples d’Emmaüs en leur disant « Esprits sans intelligence! Comme votre cœur est lent à croire tout ce que les prophètes ont dit! Ne fallait-il pas que le Christ souffrit cela pour enter dans sa gloire ».
Et le récit continue avec ces mots : « Partant de Moïse et de tous les Prophètes, il interpréta, dans toute l’Écriture ce qui le concernait ».
Dans cette deuxième étape du chemin parcouru par les disciples d’Emmaüs, c’est le recours à la Parole de Dieu qui fait tout le travail. Les disciples sont sortis de leurs pensées à courte vue. Ils sont sollicités pour aller plus loin que ce qu’ils ont vu et ce dont ils se souviennent. C’est pour eux un long chemin qui prend plusieurs heures.
Dans cette écoute de la Parole de Dieu guidée par Jésus lui-même, l’Esprit leur fait comprendre ce qui est arrivé. Ils entrent dans le dessein de Dieu pour son peuple, dans le mystère de l’Alliance de Dieu avec l’humanité. Ils sont fascinés et leurs esprits s’éclairent par l’action de l’Esprit. Ils vivent à leur manière une Pentecôte comme celle dont il est question dans la première lecture. Ils reconnaissent déjà que ce Jésus qu’ils ont connu « Dieu l’a ressuscité…qu’il a été élevé par la droite de Dieu, qu’il a reçu du Père l’Esprit Saint qui était promis » comme le dit saint Pierre dans la déclaration rapportée dans la première lecture.
III – Bénédiction, fraction du pain et présence vivante de Jésus
Mais ce n’est pas la fin du cheminement de foi pascale des disciples d'Emmaüs. Ils seront gratifiés de la présence même de Jésus ressuscité.
Comment ? Dans un geste de tous les jours qui symbolise celui de l’Eucharistie que nous célébrons si souvent. Assis à la table pour prendre le repas, leurs yeux s’ouvrent quand ils entendent la bénédiction prononcée par leur Visiteur inconnu jusqu’alors. Celui-ci s’avère être ce Jésus qu’ils ont connu et qu’ils reconnaissaient comme le Messie promis par Dieu, l’Envoyé du Père.
Dans notre cheminement spirituel nous sommes invités, comme les disciples d’Emmaüs, à rompre le pain avec Jésus que nous voyons dans la foi sous les espèces du pain et du vin. À chaque messe, une rencontre particulière avec lui nous est proposée.
Comme les disciples d’Emmaüs, nous apportons nos préoccupations, notre vie avec ses hauts et ses bas. Nous nous laissons enseigner par la Parole de Dieu qui est proclamée par les lectures, l’évangile et l’homélie. Puis nous refaisons les gestes du dernier repas de Jésus où dans la foi il se révèle toujours vivant pour nous et pour le monde entier. Alors, comme les disciples d'Emmaüs, nos yeux s'ouvrent... c'est la rencontre...
Conclusion
Frères et sœurs, soyons sûrs que Jésus est toujours là sur notre chemin, qu’il nous attend, qu’il veut s’asseoir et manger avec nous comme il le fit avec les deux disciples d’Emmaüs. Marcher, écouter, célébrer...
Si nous prenons la peine de suivre le cheminement des disciples d’Emmaüs, nous serons poussés à dire, nous aussi, « Reste avec nous Seigneur ». Cette prière nous pouvons la faire et la refaire avec confiance, car Celui que Dieu a désigné, dès avant la fondation du monde, comme le dit la seconde lecture, est ressuscité d’entre les morts et Dieu lui a donné la gloire qu’il désire partager avec ses frères et sœurs pour qui il a donné sa vie.
En terminant faisons cette prière :
Reste avec nous Seigneur!
Tu nous accompagnes sur nos chemins.
Nos vies et nos projets t’appartiennent.
Tu les illumines et les éclaires de ta présence.
Nous savons que nous pouvons toujours compter sur toi.
Nous t'en remercions.
Reste avec nous, Seigneur!
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec
25 avril 2017
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Note sur la peinture de Rembrandt tirée d'une thèse de Doctorat en théologie à l'Université Laval par Robert Bertrand
La version de 1648 des Pèlerins d’Emmaüs de Rembrandt montre ce moment extraordinaire où le Christ ressuscité se révèle à deux de ses disciples. La lumière, à la fois naturelle et surnaturelle, crée une ambiance mystique. Grâce à sa grille d’analyse, Robert Bertrand a découvert que le véritable sens du tableau n’est pas la fraction du pain, comme on a toujours cru, mais bien la rencontre avec Dieu. « Dans ce tableau, soutient-il, les jeux d’ombre et de lumière créent des élans de transcendance. L’attitude de contemplation de Jésus, son regard tourné vers le haut, le décrit en relation avec le Père tout en étant physiquement présent dans l'ici et le maintenant de la vie humaine. C’est là, à mon avis, un véritable tour de force en technique picturale. L’image de Dieu décrit par Rembrandt est donc celle d’un Dieu accessible, au cœur du quotidien. »
Tiré du Fil des événements, le journal de la communauté universitaire de l'Université Laval à Québec,
Volume 43, numéro 18, 24 janvier 2008
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