Un couple au moment de l'échange de leurs consentements (Crédits photo : N. Missout)
En écoutant la première lecture et l’évangile, nous voici ce matin amenés dans un sujet discuté, controversé et palpitant cependant puisqu’il touche toute l’Église et toutes les communautés chrétiennes. Il s’agit du rapport de l’homme et de la femme, de leur union dans le mariage et de leur témoignage dans la société.
I – Des discussions vives autrefois et aujourd’hui
Lorsqu’on s’arrête à l’évangile qui vient d’être lu, on voit que, du temps de Jésus, des questions concrètes se posaient. Il est confronté à celles-ci. Dans le cas qui nous occupe, il s’agit des réglementations concernant le divorce où un mari pouvait renvoyer sa femme. La loi juive donnait des précisions qui sont rapportées ici.
Le temps a passé et ce ne sont plus seulement les juifs qui ont établi des règles pour le divorce. Nos états modernes l’ont fait. Ils ont prévu aussi une protection pour les couples qui ne veulent pas s’engager dans un mariage même civil. D'un autre côté, la question des divorcés remariés suscite de nombreuses interrogations dans l’Église. Le pape François a convoqué en 2015 les évêques pour une réunion, un Synode sur la famille, où la question a été discutée. On y a rappelé la doctrine traditionnelle en ouvrant toutefois les décisions de fréquenter ou non l’Eucharistie pour les personnes divorcées et remariées à la conscience bien formée des personnes dans cette situation au cours d’un cheminement de discernement.
Nous avons ici dans les paroles de Jésus, sans les précisions que les cas concrets demandent, le rappel de la doctrine traditionnelle de l’Église catholique.
II – Un héritage à conserver et à valoriser
Dans une société comme la nôtre où les situations de couples sont si diversifiées, où existent même des reconnaissances juridiques de couples de même sexe, les paroles de Jésus paraissent à contre-courant. Pourtant, en reprenant ce qu’on trouve dans le récit du livre de la Genèse que nous a rappelé la première lecture, ces paroles de Jésus font état d'un héritage à conserver.
C’est dire la continuité qu’il y a dans la réponse de Jésus. Celui-ci ne se trouve pas autorisé à dire autre chose que ce qui est déjà et il rappelle, avec à-propos, la parole de Genèse : « Ce que Dieu a uni, que homme ne le sépare pas ». Il s’agit ici de ce qu’on a appelé, dans un terme technique, l’indissolubilité du mariage que les premiers chrétiens ont adopté d’emblée. Saint Paul le dit clairement dans sa lettre aux Corinthiens.
Cet héritage est basé sur une vision de l'être humain dans sa nature d’être sexué, d’homme et de femme, et sur la complémentarité de ceux-ci. Toute cette vision conduit à favoriser le développement d’un amour stable dans le couple chrétien et amène en même temps une richesse très intimement liée à celui-ci dans la famille qui, par les enfants, crée une nouvelle église, pourrait-on dire. En effet les époux chrétiens deviennent comme le dit saint Paul une image des relations du Christ et de l’Église, avec leurs enfants ils forment le noyau d’une église domestique où tous sont accueillis et se soutiennent mutuellement.
Voilà l’héritage et le plan de Dieu pour les époux que les paroles de Jésus nous invitent à proposer.
III- Application
Comme on l’a dit en commençant, les réalisations concrètes souffrent bien des variations et des divergences. Le document final du Synode sur la famille en 2015 le constate lorsqu'il écrit : « Dans la formation à la vie conjugale et familiale, l’approche pastorale devra tenir compte de la pluralité des situations concrètes » (Numéro 34). Il n’est pas dans mon propos ici de juger ces situations, mais j'aimerais toutefois rappeler qu'il y a un principe qui doit toujours être mis de l'avant, c’est celui de respecter les personnes sans les juger.
Ainsi, on peut voir les paroles de Jésus, non pas comme des paroles qui enferment les personnes dans des cadres étouffants, mais plutôt comme des paroles qui rappellent l’héritage et le sens profond de l’union de l’homme et de la femme. Dans les cheminements des couples qui ont la foi, il sera parfois difficile de réaliser pleinement les souhaits des paroles de Jésus,mais il faut toujours être attentif aux valeurs qui, elles, doivent être protégées et développées.
Dans le mariage chrétien comme le dit le Synode sur la famille de 2015 les époux cultivent l’amour et l’entraide mutuelle qui est leur premier but. Ils se donnent l’un à l’autre totalement dans une union corps et âmes et ils acceptent que leur amour se prolonge dans des enfants qu’ils reçoivent comme un cadeau du Seigneur. Ils sont ouverts sur la société qui les entoure et sur les autres auxquels ils ne restent jamais étrangers.
Voici un extrait du document final de ce Synode de 2015 qui le dit bien : « L’homme et la femme accueillent ce don [de l'amour] et en prennent soin afin que leur amour puisse durer toujours. Face à la sensibilité de notre temps et aux difficultés effectives à maintenir des engagements définitifs, l’Église est appelée à proposer les exigences et le projet de vie de l’évangile de la famille et du mariage chrétien. » (Numéro 48) Et plus loin, les membres du Synode continuent en disant : « Selon l’ordre de la création, l’amour conjugal entre un homme et une femme et la transmission de la vie sont ordonnés l’un à l’autre (cf. Genèse 1, 27-28). De cette façon, le Créateur a fait participer l’homme et la femme à l’œuvre de sa création et a en même temps fait d’eux des instruments de son amour, leur confiant la responsabilité de l’avenir de l’humanité à travers la transmission de la vie humaine. » (Numéro 63)
Conclusion
Voilà quelques réflexions choisies parmi plusieurs possibilités. Ce qui est le plus important ce ne sont pas mes réflexions, mais la vie des couples chrétiens. Ils sont sur un chemin où ils s’ouvrent aux appels de Dieu. Chaque couple et chaque famille sont appelés à être à leur façon une image de l’amour et de la fidélité de Dieu pour son Peuple.
N’ayons pas peur de les confier au Seigneur dans une prière fréquente. Les difficultés d’aujourd’hui touchent les jeunes en particulier, ils ont besoin de notre soutien et de notre prière.
Que ce repas à la table de la famille de Dieu que forme la communauté chrétienne réunie autour de la Parole de Dieu et du Corps et du Sang du Christ nourrisse tous nos repas familiaux et annonce le repas éternel dans la gloire du ciel auquel nous aspirons toutes et tous et auquel nous sommes toutes et tous appelés.
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec
2 octobre 2018
I – Des discussions vives autrefois et aujourd’hui
Lorsqu’on s’arrête à l’évangile qui vient d’être lu, on voit que, du temps de Jésus, des questions concrètes se posaient. Il est confronté à celles-ci. Dans le cas qui nous occupe, il s’agit des réglementations concernant le divorce où un mari pouvait renvoyer sa femme. La loi juive donnait des précisions qui sont rapportées ici.
Le temps a passé et ce ne sont plus seulement les juifs qui ont établi des règles pour le divorce. Nos états modernes l’ont fait. Ils ont prévu aussi une protection pour les couples qui ne veulent pas s’engager dans un mariage même civil. D'un autre côté, la question des divorcés remariés suscite de nombreuses interrogations dans l’Église. Le pape François a convoqué en 2015 les évêques pour une réunion, un Synode sur la famille, où la question a été discutée. On y a rappelé la doctrine traditionnelle en ouvrant toutefois les décisions de fréquenter ou non l’Eucharistie pour les personnes divorcées et remariées à la conscience bien formée des personnes dans cette situation au cours d’un cheminement de discernement.
Nous avons ici dans les paroles de Jésus, sans les précisions que les cas concrets demandent, le rappel de la doctrine traditionnelle de l’Église catholique.
II – Un héritage à conserver et à valoriser
Dans une société comme la nôtre où les situations de couples sont si diversifiées, où existent même des reconnaissances juridiques de couples de même sexe, les paroles de Jésus paraissent à contre-courant. Pourtant, en reprenant ce qu’on trouve dans le récit du livre de la Genèse que nous a rappelé la première lecture, ces paroles de Jésus font état d'un héritage à conserver.
C’est dire la continuité qu’il y a dans la réponse de Jésus. Celui-ci ne se trouve pas autorisé à dire autre chose que ce qui est déjà et il rappelle, avec à-propos, la parole de Genèse : « Ce que Dieu a uni, que homme ne le sépare pas ». Il s’agit ici de ce qu’on a appelé, dans un terme technique, l’indissolubilité du mariage que les premiers chrétiens ont adopté d’emblée. Saint Paul le dit clairement dans sa lettre aux Corinthiens.
Cet héritage est basé sur une vision de l'être humain dans sa nature d’être sexué, d’homme et de femme, et sur la complémentarité de ceux-ci. Toute cette vision conduit à favoriser le développement d’un amour stable dans le couple chrétien et amène en même temps une richesse très intimement liée à celui-ci dans la famille qui, par les enfants, crée une nouvelle église, pourrait-on dire. En effet les époux chrétiens deviennent comme le dit saint Paul une image des relations du Christ et de l’Église, avec leurs enfants ils forment le noyau d’une église domestique où tous sont accueillis et se soutiennent mutuellement.
Voilà l’héritage et le plan de Dieu pour les époux que les paroles de Jésus nous invitent à proposer.
III- Application
Comme on l’a dit en commençant, les réalisations concrètes souffrent bien des variations et des divergences. Le document final du Synode sur la famille en 2015 le constate lorsqu'il écrit : « Dans la formation à la vie conjugale et familiale, l’approche pastorale devra tenir compte de la pluralité des situations concrètes » (Numéro 34). Il n’est pas dans mon propos ici de juger ces situations, mais j'aimerais toutefois rappeler qu'il y a un principe qui doit toujours être mis de l'avant, c’est celui de respecter les personnes sans les juger.
Ainsi, on peut voir les paroles de Jésus, non pas comme des paroles qui enferment les personnes dans des cadres étouffants, mais plutôt comme des paroles qui rappellent l’héritage et le sens profond de l’union de l’homme et de la femme. Dans les cheminements des couples qui ont la foi, il sera parfois difficile de réaliser pleinement les souhaits des paroles de Jésus,mais il faut toujours être attentif aux valeurs qui, elles, doivent être protégées et développées.
Dans le mariage chrétien comme le dit le Synode sur la famille de 2015 les époux cultivent l’amour et l’entraide mutuelle qui est leur premier but. Ils se donnent l’un à l’autre totalement dans une union corps et âmes et ils acceptent que leur amour se prolonge dans des enfants qu’ils reçoivent comme un cadeau du Seigneur. Ils sont ouverts sur la société qui les entoure et sur les autres auxquels ils ne restent jamais étrangers.
Voici un extrait du document final de ce Synode de 2015 qui le dit bien : « L’homme et la femme accueillent ce don [de l'amour] et en prennent soin afin que leur amour puisse durer toujours. Face à la sensibilité de notre temps et aux difficultés effectives à maintenir des engagements définitifs, l’Église est appelée à proposer les exigences et le projet de vie de l’évangile de la famille et du mariage chrétien. » (Numéro 48) Et plus loin, les membres du Synode continuent en disant : « Selon l’ordre de la création, l’amour conjugal entre un homme et une femme et la transmission de la vie sont ordonnés l’un à l’autre (cf. Genèse 1, 27-28). De cette façon, le Créateur a fait participer l’homme et la femme à l’œuvre de sa création et a en même temps fait d’eux des instruments de son amour, leur confiant la responsabilité de l’avenir de l’humanité à travers la transmission de la vie humaine. » (Numéro 63)
Conclusion
Voilà quelques réflexions choisies parmi plusieurs possibilités. Ce qui est le plus important ce ne sont pas mes réflexions, mais la vie des couples chrétiens. Ils sont sur un chemin où ils s’ouvrent aux appels de Dieu. Chaque couple et chaque famille sont appelés à être à leur façon une image de l’amour et de la fidélité de Dieu pour son Peuple.
N’ayons pas peur de les confier au Seigneur dans une prière fréquente. Les difficultés d’aujourd’hui touchent les jeunes en particulier, ils ont besoin de notre soutien et de notre prière.
Que ce repas à la table de la famille de Dieu que forme la communauté chrétienne réunie autour de la Parole de Dieu et du Corps et du Sang du Christ nourrisse tous nos repas familiaux et annonce le repas éternel dans la gloire du ciel auquel nous aspirons toutes et tous et auquel nous sommes toutes et tous appelés.
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec
2 octobre 2018