Le jugement dernier de Michel-Ange dans la chapelle Sixtine au Vatican
En entendant la lecture de l'évangile d'aujourd'hui, il n'est pas possible de ne pas penser aux attentats de Paris, de Beyrouth, de Bamako trois capitales francophones touchées en une semaine. Le terrorisme est en expansion. La peur, la crainte et l'inquiétude font désormais partie de la vie de bien des personnes. Placé au début d'une nouvelle année liturgique, le récit de l'Évangile parle de la venue de Jésus dans les mêmes termes. C'est intriguant. Essayons d'y voir plus clair.
I- Se redresser et relever la tête
Commençons par les images de bouleversements. Celles-ci font partie d'un style qu'on retrouve dans la Bible à plusieurs endroits : le style apocalyptique. Dans notre texte, les images mettent en scène non seulement des personnes, mais tout l'univers : "il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles....les nations seront affolées...les hommes mourront". Il ne s'agit pas de descriptions à interpréter au pied de la lettre. Ce sont des paroles qui visent à provoquer et à saisir les auditeurs. On le voit par la suite du texte qui invite à se redresser à relever la tête. Pourquoi? Parce que les bouleversements annoncés ouvrent sur un horizon nouveau qui est celui de la rédemption, libération de tous les esclavages pour accueillir l'amour inconditionnel du Père. "Redressez-vous et relevez la tête parce que votre rédemption approche." Un "Germe de justice" sera donné annonce le prophète Jérémie dans la première lecture. Il délivrera, il instaurera le droit et la justice, il apportera la paix.
Jésus nous invite dans cette exhortation à le reconnaître comme celui qu'annonçaient les prophètes. Il nous invite à le recevoir comme celui qui est le Sauveur que Dieu donne à l'humanité. Un Sauveur qui rassemble tout l'univers dans l'amour du Père. Un Sauveur qui envoie ceux et celles qui le suivent partager cette Bonne Nouvelle qu'il sont aimés de Dieu. Un Sauveur qui continue d'être présent au monde par son Corps et son Sang dans l'Eucharistie.
Mettant devant nos yeux le mystère de la rédemption, la liturgie de ce premier dimanche de l'Avent s'attache à ce qui est à la base de tous les mystères qui seront célébrés au cours de l'année liturgique. Celle-ci en effet déploie plus en détail ce mystère en nous faisant vivre la Nativité de Jésus à Noël, sa manifestation aux nations à l'Épiphanie puis son Baptême, sa Passion et sa Résurrection suivies de l'Ascension et de l'envoi de l'Esprit à la Pentecôte.
Se redresser et relever la tête c'est consentir à sortir de nos courtes vues et à entrer dans le Dessein de Dieu qui nous dépasse, dans une histoire qui est une histoire du Salut commencée avec Abraham et les Prophètes et menée à terme par Jésus vers qui se porteront nos regards durant toute cette nouvelle année liturgique.
II- Restez éveillés et priez
Pour ce faire, Jésus lance un invitation à ne pas laisser sans réponse : "Restez éveillés et priez en tout temps" dit Jésus. En effet, pour voir plus loin, pour aller au-delà des choses qui nous entourent et des événements qui arrivent, pour en découvrir le sens, il faut se tenir debout sans se laisser écraser. La prière permet de rester éveillés. Dans une rencontre intime et personnelle avec la Parole de Dieu et avec Celui que le Père envoie, Jésus son Fils Bien-Aimé, elle fait entrer dans le mystère de la Rédemption, dans le mystère de l'histoire du Salut que nous racontera de nouveau la liturgie au cours de la nouvelle année liturgique qui commence en ce premier dimanche de l'Avent.
Ainsi, le disciple de Jésus pourra se tenir "debout devant le Fils de l'homme" tout en acceptant ses limites et sa petitesse, mais en s'appuyant sur la force et la grâce de Dieu. Il se saura "serviteur inutile", mais en même temps "aimé de Dieu" en qui il mettra toute sa confiance. Quel beau message! Notre société a un énorme besoin de tels "gens debout", car elle cherche dans tous les sens. Le message de l'Évangile y trouve un terrain des plus propices pour y être proclamé comme on le voit par le rayonnement des homélies et des gestes du pape François.
III- Application
Comment entrer dans l'Avent cette année? C'est une question que je pose à chacun et à chacune d'entre vous en terminant ces brèves réflexions.
Saint Paul peut nous guider si nous le voulons. Aux Thessaloniciens qui attendaient le retour du Christ avec impatience, il rappelle l'importance des gestes quotidiens et des relations de proximité. Pas de fuite en avant dans un idéal utopique, mais une vie au ras des obligations et des devoirs de son état de vie. Continuez à vous appliquer à vivre comme je vous l'ai enseigné, faites de nouveaux progrès dit saint Paul, ayez un amour de plus en plus intense à l'égard de tous et vivez une sainteté sans reproche.
Demandons au Seigneur au cours de cette Eucharistie qu'il nous accompagne dans cette période de l'Avent pour que la Bonne Nouvelle de notre Salut, de notre Rédemption ne se limite pas à des mots qui nous entendons et que nous répétons, mais qu'elle s'incarne de plus en plus dans nos vies.
Conclusion
Faisons cette prière si vous le voulez bien : " Donne-moi, Seigneur, de croire fermement que s'accomplit aujourd'hui ta promesse de Salut. Donne-moi de croire à ton projet de Salut pour l'humanité tout entière malgré les ténèbres de l'histoire, les guerres, les attentats, les chagrins, les peines, la mort. Donne-moi de me tenir debout, d'espérer et de veiller. Donne-moi, Seigneur, de faire retentir dans le monde avec mes frères et soeurs disciples de Jésus cette Bonne Nouvelle du Salut pour l'humanité en Jésus. Amen! "
Mgr Hermann Giguère P.H.
Séminaire de Québec
Faculté de théologie et de sciences religieuses de l'Université Laval
26 novembre 2015
_________________________
Note sur le style apocalyptique
Le style apocalyptique utilise de nombreux symboles pour produire une émotion et un message. Chaque détail symbolique contribue à la recherche d'une signification d’ensemble sur le plan de la foi. L’apocalyptique aime accumuler les métaphores et les images. Le mot « apocalypse » est la transcription d’un terme grec (ἀποκάλυψις / apokálupsis) qui signifie « dévoilement » ou, sous un aspect religieux, « révélation ». Ce genre littéraire est particulièrement approprié pour décrire les réalités divines transcendantes, en révéler la richesse et la profondeur. Le modèle du genre se trouve dans le livre de Daniel dans l'Ancien Testament et dans le livre de l'Apocalypse du Nouveau Testament.
I- Se redresser et relever la tête
Commençons par les images de bouleversements. Celles-ci font partie d'un style qu'on retrouve dans la Bible à plusieurs endroits : le style apocalyptique. Dans notre texte, les images mettent en scène non seulement des personnes, mais tout l'univers : "il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles....les nations seront affolées...les hommes mourront". Il ne s'agit pas de descriptions à interpréter au pied de la lettre. Ce sont des paroles qui visent à provoquer et à saisir les auditeurs. On le voit par la suite du texte qui invite à se redresser à relever la tête. Pourquoi? Parce que les bouleversements annoncés ouvrent sur un horizon nouveau qui est celui de la rédemption, libération de tous les esclavages pour accueillir l'amour inconditionnel du Père. "Redressez-vous et relevez la tête parce que votre rédemption approche." Un "Germe de justice" sera donné annonce le prophète Jérémie dans la première lecture. Il délivrera, il instaurera le droit et la justice, il apportera la paix.
Jésus nous invite dans cette exhortation à le reconnaître comme celui qu'annonçaient les prophètes. Il nous invite à le recevoir comme celui qui est le Sauveur que Dieu donne à l'humanité. Un Sauveur qui rassemble tout l'univers dans l'amour du Père. Un Sauveur qui envoie ceux et celles qui le suivent partager cette Bonne Nouvelle qu'il sont aimés de Dieu. Un Sauveur qui continue d'être présent au monde par son Corps et son Sang dans l'Eucharistie.
Mettant devant nos yeux le mystère de la rédemption, la liturgie de ce premier dimanche de l'Avent s'attache à ce qui est à la base de tous les mystères qui seront célébrés au cours de l'année liturgique. Celle-ci en effet déploie plus en détail ce mystère en nous faisant vivre la Nativité de Jésus à Noël, sa manifestation aux nations à l'Épiphanie puis son Baptême, sa Passion et sa Résurrection suivies de l'Ascension et de l'envoi de l'Esprit à la Pentecôte.
Se redresser et relever la tête c'est consentir à sortir de nos courtes vues et à entrer dans le Dessein de Dieu qui nous dépasse, dans une histoire qui est une histoire du Salut commencée avec Abraham et les Prophètes et menée à terme par Jésus vers qui se porteront nos regards durant toute cette nouvelle année liturgique.
II- Restez éveillés et priez
Pour ce faire, Jésus lance un invitation à ne pas laisser sans réponse : "Restez éveillés et priez en tout temps" dit Jésus. En effet, pour voir plus loin, pour aller au-delà des choses qui nous entourent et des événements qui arrivent, pour en découvrir le sens, il faut se tenir debout sans se laisser écraser. La prière permet de rester éveillés. Dans une rencontre intime et personnelle avec la Parole de Dieu et avec Celui que le Père envoie, Jésus son Fils Bien-Aimé, elle fait entrer dans le mystère de la Rédemption, dans le mystère de l'histoire du Salut que nous racontera de nouveau la liturgie au cours de la nouvelle année liturgique qui commence en ce premier dimanche de l'Avent.
Ainsi, le disciple de Jésus pourra se tenir "debout devant le Fils de l'homme" tout en acceptant ses limites et sa petitesse, mais en s'appuyant sur la force et la grâce de Dieu. Il se saura "serviteur inutile", mais en même temps "aimé de Dieu" en qui il mettra toute sa confiance. Quel beau message! Notre société a un énorme besoin de tels "gens debout", car elle cherche dans tous les sens. Le message de l'Évangile y trouve un terrain des plus propices pour y être proclamé comme on le voit par le rayonnement des homélies et des gestes du pape François.
III- Application
Comment entrer dans l'Avent cette année? C'est une question que je pose à chacun et à chacune d'entre vous en terminant ces brèves réflexions.
Saint Paul peut nous guider si nous le voulons. Aux Thessaloniciens qui attendaient le retour du Christ avec impatience, il rappelle l'importance des gestes quotidiens et des relations de proximité. Pas de fuite en avant dans un idéal utopique, mais une vie au ras des obligations et des devoirs de son état de vie. Continuez à vous appliquer à vivre comme je vous l'ai enseigné, faites de nouveaux progrès dit saint Paul, ayez un amour de plus en plus intense à l'égard de tous et vivez une sainteté sans reproche.
Demandons au Seigneur au cours de cette Eucharistie qu'il nous accompagne dans cette période de l'Avent pour que la Bonne Nouvelle de notre Salut, de notre Rédemption ne se limite pas à des mots qui nous entendons et que nous répétons, mais qu'elle s'incarne de plus en plus dans nos vies.
Conclusion
Faisons cette prière si vous le voulez bien : " Donne-moi, Seigneur, de croire fermement que s'accomplit aujourd'hui ta promesse de Salut. Donne-moi de croire à ton projet de Salut pour l'humanité tout entière malgré les ténèbres de l'histoire, les guerres, les attentats, les chagrins, les peines, la mort. Donne-moi de me tenir debout, d'espérer et de veiller. Donne-moi, Seigneur, de faire retentir dans le monde avec mes frères et soeurs disciples de Jésus cette Bonne Nouvelle du Salut pour l'humanité en Jésus. Amen! "
Mgr Hermann Giguère P.H.
Séminaire de Québec
Faculté de théologie et de sciences religieuses de l'Université Laval
26 novembre 2015
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Note sur le style apocalyptique
Le style apocalyptique utilise de nombreux symboles pour produire une émotion et un message. Chaque détail symbolique contribue à la recherche d'une signification d’ensemble sur le plan de la foi. L’apocalyptique aime accumuler les métaphores et les images. Le mot « apocalypse » est la transcription d’un terme grec (ἀποκάλυψις / apokálupsis) qui signifie « dévoilement » ou, sous un aspect religieux, « révélation ». Ce genre littéraire est particulièrement approprié pour décrire les réalités divines transcendantes, en révéler la richesse et la profondeur. Le modèle du genre se trouve dans le livre de Daniel dans l'Ancien Testament et dans le livre de l'Apocalypse du Nouveau Testament.