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Homélie pour la fête de la Sainte Trinité Année C : « En intercommunion... »

Homélies dominicales pour les temps liturgiques par Mgr Hermann Giguère P. H., Séminaire de Québec. Homélie pour la fête de la Sainte Trinité Année C le 12 juin 2022. Textes : Proverbes 8, 22-31, Romains 5, 1-5 et Jean 16, 12-15.



La Sainte Trinité, miniature extraite des Grandes Heures d'Anne de Bretagne, Reine de France (1477-1514) illustrées par Jean Bourdichon. (Crédits photo : Domaine public par Wikimedia Commons)
La Sainte Trinité, miniature extraite des Grandes Heures d'Anne de Bretagne, Reine de France (1477-1514) illustrées par Jean Bourdichon. (Crédits photo : Domaine public par Wikimedia Commons)
Nos frères et soeurs d'origine grecque ont un beau mot pour parler de la Trinité. Ce mot, vous le reconnaîtrez, a des allures de chorégraphie qui est l'ensemble des mouvements d'une danse ou d'un ballet, ce mot, c'est le mot « périchorèse ». Il n'est pas nécessaire de le retenir, mais c'est sa signification qui va me guider dans cette homélie.

I- Trois en Un : une révélation progressive

Commençons par mettre les choses en place pour cette divine chorégrahie qu'est la Trinité. Le terme « trinité » le dit. Il s'agit de trois personnes, ces personnes dans notre foi issue des grands conciles de l'Antiquité se nomment le Père, le Fils et l'Esprit. Elles se sont révélées chacune à leur façon au cours de l'histoire du Salut.

Dans l'Ancien Testament, on pourrait dire que c'est le Père qui a occupé toute la place, puis avec la naissance de Jésus a commencé ce qu'on pourrait appeler le temps de la manifestation du Fils, le Verbe de Dieu fait chair et enfin depuis la Pentecôte s'est établi le temps de l'Esprit. Une des strophes de l'hymne traditionnelle Veni Creator Spiritus résume cela admirablement. En voici la traduction française :

Fais que par toi nous connaissions le Père
Et découvrions le Fils,
Et qu'en toi, leur commun Esprit,
Nous croyions en tout temps.


Cette vision qui sépare les trois personnes ne doit pas cependant les isoler. Chacune porte en elle la manifestation des deux autres. Nul ne peut connaître le Père s'il ne connaît le Fils, dit Jésus, et l'Esprit est envoyé par le Père qui le donne pour rappeler tout ce qu'il a révélé sur son Fils : « Il redira tout ce qu'Il a entendu...Il reprendra ce qui vient de moi pour vous le faire connaître » (Jean 16, 13-14). Il est l'Esprit du Père et du Fils.

Peut-on aller plus loin pour parler du mystère de la Trinité toujours présente dans nos prières liturgiques qui se font au nom du Père, du Fils et de l'Esprit?

C'est là que nos frères et soeurs grecques nous ouvrent une porte lumineuse avec la « périchorèse » dont je voudrais maintenant vous entretenir un peu.

II - Intercommunion et interpénétration

Notre vision de la Trinité est celle d'une réalité complexe, bien sûr, mais que la doctrine chrétienne nous décrit avec des mots comme « Trinité une et indivise », « trois personnes mais une seule nature », « relation de filiation entre le Père et le Fils », « relation d'un amour commun entre les trois qui se nomme l'Esprit Saint » etc.

Ces quelques mots sont bien faibles pour nous faire entrer dans le mystère de la Trinité. C'est là que le mot de « périchorèse » vient à notre secours et nous place non plus sur le plan des idées, mais sur celui de la vie trinitaire dont nous sommes participants par notre Baptême fait « Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit ».

Au IVe siècle les Pères de l'Église grecque ont inventé ce nouveau mot, intraduisible en français, pour rendre compte de cette réalité qui dépasse totalement nos capacités humaines. Et ce terme qu'ils inventèrent, ils ne l'ont pas emprunté au vocabulaire de la philosophie, mais à celui de la musique et de la danse. Dans ce mot il y a la même racine qui donne le mot « chœur » lorsqu'on parle d'un « choeur de chant » d'une « chorale ». Vous voyez ce que les Pères de l'Église grecque voulaient qu'on retienne de la Trinité. Pour eux, la Trinité est comme un choeur de chant ou une troupe qui danse en choeur où chaque chantre ou chaque danseur se fond dans l'ensemble tout en restant lui-même au maximum, où chacun s'efface pour laisser la place à l'autre, tout en s'élançant pour occuper sa place, ce qui demande un mouvement incessant.

Ainsi, on pourrait dire que l'essentiel de la vie trinitaire est l' « intercommunion » et l' « interpénétration » réciproques des Personnes de la Trinité que les théologiens ont appelées la « cicumincession ». L'une des expressions évangéliques les plus claires de cela se lit en saint Jean: «Je suis dans le Père et le Père est en Moi» (Jean 15,16). Les Personnes sont l'une dans l'autre, l'une pour l'autre, sans rien garder pour elles. « Le Père est en Moi et Je suis dans le Père » (Jean 10, 30; 14, 10.) Nul ne peut connaître le Père s'il ne connaît le Fils dit Jésus et l'Esprit est envoyé par le Père qui le donne pour rappeler tout ce qu'il a révélé sur son Fils. Il est l'Esprit du Père et du Fils (Jean 14, 26).

III - Application

Voilà pour les explications sur la « périchorèse », mais ne nous arrêtons pas là. En cette fête de la Trinité prenons le temps de nous tourner vers le don qui nous est fait de la présence continuelle de la Trinité au fond de nous, de l' « inhabitation » de la Trinité en nous par la grâce. « Demeurez en moi comme moi en vous », dit Jésus. Cette belle réalité de la présence de la Trinité en nous peut nous nourrir à chaque instant comme elle a nourri une sainte carmélite, contemporaine de sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus, qui s’appelle sainte Élisabeth de la Trinité (1880-1906), carmélite de Dijon, qui a été canonisée par le pape Françöis en 2016. Soeur Élisabeth de la Trinité nous a laissé une prière extraordinaire à la Trinité qui a inspiré toute sa vie et sa spiritualité et qui a connu un diffusion mondiale. Nous terminerons en en lisant quelques passages :

O MON DIEU, TRINITÉ QUE J'ADORE,
Aidez-moi à m'oublier entièrement
pour m'établir en vous, immobile et paisible comme si déjà mon âme était dans l'éternité.
Que rien ne puisse troubler ma paix,
ni me faire sortir de vous, ô mon immuable,
mais que chaque minute m'emporte plus loin dans la profondeur de votre mystère.
Pacifiez mon âme, faites-en votre ciel, votre demeure aimée et le lieu de votre repos.
Que je ne vous y laisse jamais seul, mais que je sois là tout entière, tout éveillée en ma foi, tout adorante, toute livrée à votre action créatrice (…)

Ö mes trois, mon Tout, ma Béatitude…
Ensevelissez-vous en moi pour que je m'ensevelisse en vous,
en attendant d'aller contempler en votre lumière l'abîme de vos grandeurs.


Conclusion

Que cette Eucharistie dominicale nous voit ouverts et ouvertes à la présence de la Trinité en nous de telle sorte que nous laissions l'Esprit chanter les louanges du Père qui nous envoie son Fils par qui nous pouvons nous aussi rendre gloire à Dieu et entrer dans le mouvement d'amour sur le monde qui part du cœur de Dieu, Père, Fils et Esprit dont nous serons ainsi des témoins humbles mais resplendissants.

Amen!

Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec


7 juin 2022


LECTURES DE LA MESSE
PREMIÈRE LECTURE
La Sagesse a été conçue avant l’apparition de la terre (Pr 8, 22-31)
Lecture du livre des Proverbes

Écoutez ce que déclare la Sagesse de Dieu :
« Le Seigneur m’a faite pour lui,
principe de son action,
première de ses œuvres, depuis toujours.
Avant les siècles j’ai été formée,
dès le commencement, avant l’apparition de la terre.

Quand les abîmes n’existaient pas encore, je fus enfantée,
quand n’étaient pas les sources jaillissantes.
Avant que les montagnes ne soient fixées,
avant les collines, je fus enfantée,
avant que le Seigneur n’ait fait la terre et l’espace,
les éléments primitifs du monde.

Quand il établissait les cieux, j’étais là,
quand il traçait l’horizon à la surface de l’abîme,
qu’il amassait les nuages dans les hauteurs
et maîtrisait les sources de l’abîme,
quand il imposait à la mer ses limites,
si bien que les eaux ne peuvent enfreindre son ordre,
quand il établissait les fondements de la terre.
Et moi, je grandissais à ses côtés.

Je faisais ses délices jour après jour,
jouant devant lui à tout moment,
jouant dans l’univers, sur sa terre,
et trouvant mes délices avec les fils des hommes. »

– Parole du Seigneur.

PSAUME
(Ps 8, 4-5, 6-7, 8-9)
R/ Ô Seigneur, notre Dieu,
qu’il est grand, ton nom,
par toute la terre ! (Ps 8, 2)

À voir ton ciel, ouvrage de tes doigts,
la lune et les étoiles que tu fixas,
qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui,
le fils d’un homme, que tu en prennes souci ?

Tu l’as voulu un peu moindre qu’un dieu,
le couronnant de gloire et d’honneur ;
tu l’établis sur les œuvres de tes mains,
tu mets toute chose à ses pieds.

Les troupeaux de bœufs et de brebis,
et même les bêtes sauvages,
les oiseaux du ciel et les poissons de la mer,
tout ce qui va son chemin dans les eaux.

DEUXIÈME LECTURE
Vers Dieu par le Christ dans l’amour répandu par l’Esprit (Rm 5, 1-5)
Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains

Frères,
nous qui sommes devenus justes par la foi,
nous voici en paix avec Dieu
par notre Seigneur Jésus Christ,
lui qui nous a donné, par la foi,
l’accès à cette grâce
dans laquelle nous sommes établis ;
et nous mettons notre fierté
dans l’espérance d’avoir part à la gloire de Dieu.
Bien plus, nous mettons notre fierté
dans la détresse elle-même,
puisque la détresse, nous le savons, produit la persévérance ;
la persévérance produit la vertu éprouvée ;
la vertu éprouvée produit l’espérance ;
et l’espérance ne déçoit pas,
puisque l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs
par l’Esprit Saint qui nous a été donné.

– Parole du Seigneur.

ÉVANGILE
« Tout ce que possède le Père est à moi ; l’Esprit reçoit ce qui vient de moi pour vous le faire connaître » (Jn 16, 12-15)
Alléluia. Alléluia.
Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit :
au Dieu qui est, qui était et qui vient !
Alléluia. (Ap 1, 8)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« J’ai encore beaucoup de choses à vous dire,
mais pour l’instant vous ne pouvez pas les porter.
Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité,
il vous conduira dans la vérité tout entière.
En effet, ce qu’il dira ne viendra pas de lui-même :
mais ce qu’il aura entendu, il le dira ;
et ce qui va venir, il vous le fera connaître.
Lui me glorifiera,
car il recevra ce qui vient de moi
pour vous le faire connaître.
Tout ce que possède le Père est à moi ;
voilà pourquoi je vous ai dit :
L’Esprit reçoit ce qui vient de moi
pour vous le faire connaître. »

– Acclamons la Parole de Dieu.


Mardi 7 Juin 2022
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