Marietta et Katia Villeneuve, catéchumènes à l'appel décisif le 1 mars 2004 avec le cardinal Ouellet et l'abbé Michel Fournier, curé de la paroisse bienheureux François de Laval à Québec
Le retour du temps du Carême est une grâce. « Fais-nous revenir à toi, Seigneur » avons-nous chanté dans le psaume d’acclamation (Ps 79, 8). Oui, chers confrères, c’est le Seigneur qui non seulement nous invite à vivre la montée vers Pâques qu’est le carême, mais qui en prend la tête et la direction. « Convertis-moi et je serai converti » pouvons-nous répéter avec foi.
I- Le carême, un chemin baptismal
Dans cette perspective, les textes liturgiques de l’Année liturgique A qui nous accompagneront tout au cours du carême sont des plus intéressants. Ils nous ramènent au 3e dimanche, l’évangile de la Samaritaine, au 4e celui de l’aveugle-né et au 5e celui de la résurrection de Lazare.
Ils sont choisis spécialement pour aider le cheminement des catéchumènes et nous invitent à entrer dans un chemin baptismal qui à travers « l’eau vive » nous fait passer des « ténèbres » à la « lumière du salut » et de la « mort » à la « vie éternelle».
Eau vive, lumière du salut, vie éternelle, quel bel horizon apporte la conversion qui est détournement de ce qui nous lie et nous limite vers ce qui nous libère et nous grandit.
C’est le sens profond de ce chemin baptismal qui nous est proposé cette année dans le carême.
Nous pouvons par la pensée nous associer aux catéchumènes qui sont de plus en plus nombreux chez nous. Le premier dimanche du carême, ils répondront à l'appel décisif qui a lieu le de préférence à la cathédrale. Après un appel nominal des catéchumènes, l'évêque demande aux futurs parrains et marraines s'ils jugent que la personne est prête à recevoir le baptême et il demande à l'assemblée son accord. Après la liturgie de la parole, l’évêque demande aux catéchumènes de confirmer leur décision de recevoir le baptême et les invite à inscrire leur nom sur le registre diocésain.
Puis, au cours du carême, les catéchumènes se prépareront immédiatement au baptême qu’ils recevront durant la Vigile pascale. Ils franchiront trois scrutins où leur parcours sera évalué et enfin on leur remettra le Credo et le Notre-Père. Ces gestes catéchuménaux sont issus d’une longue tradition dont nous pouvons faire notre profit. Ils invitent à la purification et à la conversion.
En effet, ils centrent l’attention sur le fait que le baptême est un passage à la suite du Christ qui est passé de la mort à la vie, qui dans le mystère pascal se remet tout entier entre les mains du Père qui l’exalte et lui donne le Nom au-dessus de tout nom.
Ainsi, dira saint Paul, « Par le baptême, en sa mort, nous avons donc été ensevelis avec lui, afin que, comme Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous menions nous aussi une vie nouvelle » (Romains 6, 4). Ces gestes catéchuménaux n’épuisent pas pour autant la richesse du chemin baptismal qu’est le carême.
II - Deux aspects complémentaires : entraînement spirituel et ouverture à la communauté
Pour compléter notre méditation, j’aimerais souligner deux autres aspects du carême qui sont tirés des lectures que nous venons de faire.
En premier lieu, c’est l’importance de l’entraînement spirituel. Si c’est bien le Seigneur qui convertit, si c’est bien avec le Christ que nous sommes passés de la mort à la vie, il n’en reste pas moins que c’est au baptisé de s’impliquer avec les ressources de son être, avec sa volonté, avec ses efforts, C’est sa décision que celle d’entrer ou non dans la démarche qui le convertira de plus en plus.
Pour le faire, l’évangile et la tradition pointent trois moyens qui sont l’aumône et le partage, la prière, le jeûne et la pénitence.
Ces moyens peuvent prendre des formes renouvelées. L’un ou l’autre peut être privilégié. Cette année, par exemple, le pape Benoît XVI dans son Message du Carême met en évidence l’aumône dont il dit qu’ « elle nous apprend à aller à la rencontre des besoins de notre prochain », qu’ « elle éduque à la générosité de l’amour », qu’elle fait « reconnaître Jésus lui même dans les pauvres ». À chacun de privilégier le moyen qui lui apparaît le plus approprié.
En second lieu, il me semble qu’en cette année où se tiendra à Québec le 49e Congrès eucharistique international, il est plus que pertinent de faire ressortir la dimension eucharistique du chemin baptismal.
En effet, l’initiation chrétienne ne sépare pas le Baptême de l’Eucharistie. L’Eucharistie est l’aboutissement du chemin baptismal. Les nouveaux baptisés de la Vigile pascale revêtent un vêtement blanc et ils entrent dans la communauté célébrante du Ressuscité qui est vivant et présent dans la Pain et le Vin partagés. Pour y arriver, ils ont rejeté ce qui les en éloignait. Ils sont « morts au péché et vivants pour Dieu en Jésus-Christ » (Romains 6, 11). Désormais, ils forment le peuple nouveau rassemblé par Dieu lui-même. C’est dans la « Fraction du pain » qu’ils reconnaissent la présence du Ressuscité comme l’ont fait les disciples d’Emmaüs.
Ne sommes-nous pas nous aussi dans la même dynamique ? Une dynamique de cheminement où nous sommes sans cesse en action, une dynamique de reprises et d’avancées, une dynamique de transformation jamais terminée.
À chaque eucharistie, nous devenons ce que nous mangeons, nous reconnaissons le Ressuscité présent dans nos vies et dans son peuple. Le Pain eucharistique, le Corps du Christ, nous transforme en son Corps mystique et nous pouvons reprendre en vérité les paroles de saint Paul « Vous êtes le Corps du Christ ».
Le chemin baptismal du carême ne nous isole pas dans une démarche d’individu replié sur lui-même, au contraire, il nous ouvre à la communauté où nous nous retrouvons avec joie pour nous soutenir mutuellement.
Conclusion
Chers confrères, en avançant recevoir les cendres, entrons avec confiance dans ce chemin baptismal qui nous est proposé cette année.
Les paroles qui accompagneront le geste « Convertissez-vous et croyez à l’Évangile » soulignent avec raison que la grâce du Seigneur s’enracine dans une liberté et une décision qui ne sont jamais forcées.
Que le geste que nous poserons nous aide à entre le cœur léger dans un chemin de transformation où comme le Christ nous mourrons au péché pour vivre pour Dieu.
Amen.
Hermann Giguère, ptre p.h.
Le 6 février 2008.
_______________________________________________
Normes universelles de l'année liturgique
« Le temps de Carême est ordonné à la célébration de Pâques : la liturgie du carême dispose en effet les catéchumènes, par les divers degrés de l'initiation chrétienne, et les fidèles, par la commémoration du baptême et par la pénitence, à célébrer le mystère pascal » (n°27).
I- Le carême, un chemin baptismal
Dans cette perspective, les textes liturgiques de l’Année liturgique A qui nous accompagneront tout au cours du carême sont des plus intéressants. Ils nous ramènent au 3e dimanche, l’évangile de la Samaritaine, au 4e celui de l’aveugle-né et au 5e celui de la résurrection de Lazare.
Ils sont choisis spécialement pour aider le cheminement des catéchumènes et nous invitent à entrer dans un chemin baptismal qui à travers « l’eau vive » nous fait passer des « ténèbres » à la « lumière du salut » et de la « mort » à la « vie éternelle».
Eau vive, lumière du salut, vie éternelle, quel bel horizon apporte la conversion qui est détournement de ce qui nous lie et nous limite vers ce qui nous libère et nous grandit.
C’est le sens profond de ce chemin baptismal qui nous est proposé cette année dans le carême.
Nous pouvons par la pensée nous associer aux catéchumènes qui sont de plus en plus nombreux chez nous. Le premier dimanche du carême, ils répondront à l'appel décisif qui a lieu le de préférence à la cathédrale. Après un appel nominal des catéchumènes, l'évêque demande aux futurs parrains et marraines s'ils jugent que la personne est prête à recevoir le baptême et il demande à l'assemblée son accord. Après la liturgie de la parole, l’évêque demande aux catéchumènes de confirmer leur décision de recevoir le baptême et les invite à inscrire leur nom sur le registre diocésain.
Puis, au cours du carême, les catéchumènes se prépareront immédiatement au baptême qu’ils recevront durant la Vigile pascale. Ils franchiront trois scrutins où leur parcours sera évalué et enfin on leur remettra le Credo et le Notre-Père. Ces gestes catéchuménaux sont issus d’une longue tradition dont nous pouvons faire notre profit. Ils invitent à la purification et à la conversion.
En effet, ils centrent l’attention sur le fait que le baptême est un passage à la suite du Christ qui est passé de la mort à la vie, qui dans le mystère pascal se remet tout entier entre les mains du Père qui l’exalte et lui donne le Nom au-dessus de tout nom.
Ainsi, dira saint Paul, « Par le baptême, en sa mort, nous avons donc été ensevelis avec lui, afin que, comme Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous menions nous aussi une vie nouvelle » (Romains 6, 4). Ces gestes catéchuménaux n’épuisent pas pour autant la richesse du chemin baptismal qu’est le carême.
II - Deux aspects complémentaires : entraînement spirituel et ouverture à la communauté
Pour compléter notre méditation, j’aimerais souligner deux autres aspects du carême qui sont tirés des lectures que nous venons de faire.
En premier lieu, c’est l’importance de l’entraînement spirituel. Si c’est bien le Seigneur qui convertit, si c’est bien avec le Christ que nous sommes passés de la mort à la vie, il n’en reste pas moins que c’est au baptisé de s’impliquer avec les ressources de son être, avec sa volonté, avec ses efforts, C’est sa décision que celle d’entrer ou non dans la démarche qui le convertira de plus en plus.
Pour le faire, l’évangile et la tradition pointent trois moyens qui sont l’aumône et le partage, la prière, le jeûne et la pénitence.
Ces moyens peuvent prendre des formes renouvelées. L’un ou l’autre peut être privilégié. Cette année, par exemple, le pape Benoît XVI dans son Message du Carême met en évidence l’aumône dont il dit qu’ « elle nous apprend à aller à la rencontre des besoins de notre prochain », qu’ « elle éduque à la générosité de l’amour », qu’elle fait « reconnaître Jésus lui même dans les pauvres ». À chacun de privilégier le moyen qui lui apparaît le plus approprié.
En second lieu, il me semble qu’en cette année où se tiendra à Québec le 49e Congrès eucharistique international, il est plus que pertinent de faire ressortir la dimension eucharistique du chemin baptismal.
En effet, l’initiation chrétienne ne sépare pas le Baptême de l’Eucharistie. L’Eucharistie est l’aboutissement du chemin baptismal. Les nouveaux baptisés de la Vigile pascale revêtent un vêtement blanc et ils entrent dans la communauté célébrante du Ressuscité qui est vivant et présent dans la Pain et le Vin partagés. Pour y arriver, ils ont rejeté ce qui les en éloignait. Ils sont « morts au péché et vivants pour Dieu en Jésus-Christ » (Romains 6, 11). Désormais, ils forment le peuple nouveau rassemblé par Dieu lui-même. C’est dans la « Fraction du pain » qu’ils reconnaissent la présence du Ressuscité comme l’ont fait les disciples d’Emmaüs.
Ne sommes-nous pas nous aussi dans la même dynamique ? Une dynamique de cheminement où nous sommes sans cesse en action, une dynamique de reprises et d’avancées, une dynamique de transformation jamais terminée.
À chaque eucharistie, nous devenons ce que nous mangeons, nous reconnaissons le Ressuscité présent dans nos vies et dans son peuple. Le Pain eucharistique, le Corps du Christ, nous transforme en son Corps mystique et nous pouvons reprendre en vérité les paroles de saint Paul « Vous êtes le Corps du Christ ».
Le chemin baptismal du carême ne nous isole pas dans une démarche d’individu replié sur lui-même, au contraire, il nous ouvre à la communauté où nous nous retrouvons avec joie pour nous soutenir mutuellement.
Conclusion
Chers confrères, en avançant recevoir les cendres, entrons avec confiance dans ce chemin baptismal qui nous est proposé cette année.
Les paroles qui accompagneront le geste « Convertissez-vous et croyez à l’Évangile » soulignent avec raison que la grâce du Seigneur s’enracine dans une liberté et une décision qui ne sont jamais forcées.
Que le geste que nous poserons nous aide à entre le cœur léger dans un chemin de transformation où comme le Christ nous mourrons au péché pour vivre pour Dieu.
Amen.
Hermann Giguère, ptre p.h.
Le 6 février 2008.
_______________________________________________
Normes universelles de l'année liturgique
« Le temps de Carême est ordonné à la célébration de Pâques : la liturgie du carême dispose en effet les catéchumènes, par les divers degrés de l'initiation chrétienne, et les fidèles, par la commémoration du baptême et par la pénitence, à célébrer le mystère pascal » (n°27).
Reproduction d'un tableau du Moyen Âge