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Devenir missionnaires et trouver des chemins nouveaux sur les traces de François de Laval - Homélie du Supérieur général 26 octobre 2012

Lors de la journée de ressourcement annuelle de toute la communauté des prêtres du Séminaire de Québec (agrégés, auxiliaires et associés), après la conférence de monsieur Gilles Bureau, professeur d'histoire à la retraite, sur François de Laval, le Supérieur général du Séminaire de Québec, monsieur le chanoine Jacques Roberge a prolongé celle-ci en développant dans son homélie trois traits du visage spirituel de notre fondateur qui peuvent nous inspirer encore aujourd'hui. Voici le texte de cette homélie donnée à la Chapelle du Pavillon Jean-Olivier-Briand le 26 octobre 2012.



Cerceuil de Mgr de Laval dans lequel il fut enterré en 1708
Cerceuil de Mgr de Laval dans lequel il fut enterré en 1708
Notre conférencier de cet après-midi, monsieur Gilles Bureau, auteur d'un biographie sur François de Laval, nous a parlé de façon éloquente du fondateur de ce Séminaire. Je n’ai pas la prétention de pouvoir ajouter grand-chose aux propos de notre historien.

Toutefois, j’aimerais poursuivre dans la même veine et vous partager quelques réflexions toutes simples sur les qualités de François de Laval comme jeune pasteur de cette église naissante.

Il en fallait du courage pour accepter de quitter sa France natale et venir s’installer au Canada en 1659, et cela, dans des conditions de traversée de l’Atlantique que nous avons peine à imaginer, compte tenu de la facilité avec laquelle nous faisons ce voyage aujourd’hui. On peut se demander ce qui l’animait, ce qui le faisait vivre…

Disons d’abord que François de Laval avait une foi à transporter les montagnes. Né dans une famille très catholique, sa mère a fait le nécessaire pour l’éveiller à la foi et lui faire rencontrer le Seigneur. Par la suite, les maîtres avec qui il a été en contact au collège La Flèche et au collège de Clermont ont continué à façonner la foi du jeune François. De plus, la Providence l’a fait naître à un moment décisif de la vie de l’Église en France. Il a grandi à un moment où une ferveur religieuse intense gagnait toute la France. C’est le Concile de Trente qui portait ses fruits avec quelques années de retard dans ce pays. Cette époque a été marquée aussi par la réforme protestante qui a ébranlé profondément l’Église française et suscité un renouveau spirituel intense chez les catholiques et tout particulièrement le clergé. C’est aussi l’époque d’un élan missionnaire exceptionnel. Les Jésuites ont des missionnaires en Indochine et ils sont également présents depuis 1625 dans la vallée du St-Laurent, aux côtés des Récollets qui les ont précédés 10 ans auparavant. François de Laval a donc grandi dans ce climat de ferveur intense durant toute sa jeunesse. Il a eu l’occasion de lire, sans doute avec curiosité et intérêt, les lettres du Père Le Jeune, le premier rédacteur des Relations des Jésuites, qui racontaient la vie des premiers missionnaires en Nouvelle-France.

C’est donc dans ce climat de foi, de ferveur chrétienne que grandit François de Laval et que naît son désir d’être missionnaire, désir qui va se matérialiser lorsqu’il est nommé vicaire apostolique en Nouvelle-France.

Homme d’une foi inébranlable, doté d’une âme missionnaire, le premier évêque est aussi un homme créatif, inventif. Comme premier évêque, il n’a pas voulu tenter de reproduire en Nouvelle-France le modèle d’organisation ecclésiale qu’il avait connu en France, mais il a su plutôt inventer des solutions nouvelles pour répondre aux besoins de son diocèse.

La division du territoire en paroisses ne correspondait pas aux besoins d’une population clairsemée, et surtout très pauvre, une population qui n’avait pas les moyens de construire des églises et d’assurer la subsistance de ses prêtres. Comment faire alors pour assurer la mission d’évangélisation dans cet immense territoire qu’on lui avait confié?

Le jeune évêque a décidé d’organiser son diocèse d’une façon tout à fait inusitée et originale. Il a organisé son diocèse autour de son séminaire qu’il a fondé en 1663. Il a imaginé un séminaire qui serait à la fois une maison de formation pour les futurs prêtres et un immense presbytère d’où arriveraient et partiraient ses prêtres missionnaires. Ce séminaire était à la fois une résidence, une maison de repos, un lieu de ressourcement, un port d’attache pour tout son clergé paroissial. C’est là une structure diocésaine originale que François de Laval a inventé de toutes pièces.

Pour assurer la pérennité de son Séminaire, il l’a doté de biens importants en lui donnant la Seigneurie de Beaupré qu’il avait acheté avec ses propres deniers. Homme généreux, il s’est montré également un administrateur avisé, prudent et rempli d’audace, un homme de vision.

Homme de foi, missionnaire infatigable, un pasteur qui a su mettre sa créativité au service de la mission, homme d’audace et de vision, François de Laval a contribué largement à implanter l’Église en Amérique du Nord. Cette Église, qui a connu son apogée au siècle dernier, semble aujourd’hui quelque peu essoufflée. Nous nous demandons tous ce qu’il faut faire pour redresser la situation et poursuivre la mission confiée par le Christ.

En contemplant ce pasteur que fut notre fondateur, je crois que nous avons des éléments de réponse. Notre Église diocésaine a un urgent besoin d’hommes de sa trempe. Comme François de Laval, nous devons faire preuve d’une foi inébranlable, tout spécialement en ce moment décisif de l’histoire de notre Église. L’heure présente ne doit pas être à la nostalgie, mais plutôt à l’espérance. C’est le temps de retrousser nos manches et de regarder en avant. Il nous faut accepter de reprendre le bâton de pèlerin, de devenir missionnaire et trouver des chemins nouveaux pour mettre nos contemporains en contact avec le message évangélique.

Demandons au Seigneur, par l’intercession du bienheureux François de Laval, de raffermir notre foi, de raviver notre élan missionnaire et de nous aider à inventer des solutions nouvelles capables de répondre aux problèmes de l’Église d’aujourd’hui.

AMEN.

Monsieur le chanoine Jacques Roberge
Supérieur général du Séminaire de Québec


Le 25 octobre 2012





Mardi 30 Octobre 2012
Jacques Roberge
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