Lorsque nous sommes dans le tourbillon de la vie active remplie de toutes sortes d’obligations, le rythme de celle-ci est marqué par des temps forts comme le début d’une nouvelle année scolaire, le début des vacances, etc. Dans une vie de retraité où les activités sont moins nombreuses, le rythme peut manquer de nouveauté apparemment.
Quoiqu’il en soit de notre situation, tous nous nous retrouvons dans un autre rythme plus intérieur marqué par l’année liturgique. En effet, celle-ci est faite de divers temps forts qui nous permettent d’entrer dans le « temps du salut ».
Le carême est un de ces temps forts incontournables de la vie chrétienne dans lequel nous sommes invités à entrer à travers cette célébration et avec le geste de l’imposition des cendres.
I- Le carême revient
Oui le carême revient… encore une fois. Un carême de plus dans nos vies. Il ne vient pas répéter celui de l’an dernier, ni ceux des précédentes années. C’est le premier jour d’une longue marche. Il rappelle celle du peuple hébreu dans le désert pendant 40 ans. Une marche où, tendu vers la Terre Promise, il a découvert la présence toute spéciale de son Dieu qui cheminait à ses côtés, une présence qu’il a parfois oubliée, qu’il a même critiquée, mais qui s’est imposée comme la seule qui puisse le faire vivre pleinement.
Premier jour d’une longue marche aussi pour Jésus qui s’est retiré pendant 40 jours au désert au début de son ministère public. Moment de décision, de tentations, mais aussi triomphe d’une foi et d’une confiance totale en Dieu.
Premier jour d’une longue marche pour chacun de nous qui sommes invités à refaire simplement encore une fois le parcours des ces 40 jours, qui nous permet de pousser plus loin notre marche vers l’ultime Pâques.
C’est le temps de nous laisser poser des questions du genre de que fais-tu de ta vie? Que deviens-tu? Qu’est-ce qui est important pour toi? Comment accueilles-tu la Parole de Dieu aujourd’hui?
Chacun fait évidemment de son carême ce qu’il veut bien. Le geste de l’imposition des cendres qui le commence nous permet ce soir d’entrer en nous et d’ouvrir un espace de réponse personnelle.
II- L’appel à la conversion
Vous vous souvenez de la formule qui accompagnait l’imposition des cendres et qui a été utilisée jusqu’à Vatican : « Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras en poussière».
Elle est toujours dans le Missel et elle rappelle avec justesse la réalité de la mort qui fait partie de la condition humaine. Elle centre l’attention sur cette réalité, et c’est bien d’y penser. Plusieurs ici, en raison de leur âge avancé, se voient dans l’obligation de l’envisager non seulement comme une hypothèse lointaine, mais comme une réalité plus proche. Et c’est bien ainsi.
Le Concile Vatican II a introduit une autre formule pour accompagner l’imposition des cendres que nous utiliserons ce soir : « Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle » tiré de saint Marc (Mc 1, 15) qui la présente comme le cœur de la prédication de Jésus. Cette dernière formule nous fait voir que la mort n’est pas le dernier mot de notre vie. Le dernier mot, c’est la vie, la vie nouvelle annoncée et apportée par Jésus.
Dans la formule de Vatican II, l’accent est mis sur la conversion. « Se convertir » c’est « se tourner vers », « se tourner vers » quelqu’un, le Christ. La conversion n’est jamais complètement acquise. Au contraire, elle est mouvement sans cesse projeté en avant. Elle est « chemin », « route », « pèlerinage ». Elle nous engage à la suite de ces grands chercheurs de Dieu que furent les patriarches et les prophètes.
III- « Croyez à la Bonne Nouvelle »
Sur cette lancée de la « conversion », le « pèlerinage » du carême met devant nous le message de la Bonne Nouvelle. « Se convertir à quoi? ». « Croyez à la Bonne Nouvelle ». Quelle Bonne Nouvelle? Tant et tant de lectures de celle-ci sont faites. Des études scientifiques, des reportages, des travaux d’exégètes ou de théologiens la scrutent de toutes parts.
Cette année, le parcours proposé par la liturgie durant le carême nous entraîne dans un chemin baptismal avec les trois textes bien connus de saint Jean, qui nous présentent l’épisode de la Samaritaine le 3e dimanche du carême, celui de l’aveugle-né le 4e dimanche et celui de la résurrection de Lazare le 4e dimanche.
Ce parcours baptismal complété par les lectures de chaque jour nous permet de revenir aux réalités essentielles de notre vocation de baptisé et de disciple de Jésus.
À travers les symboles de la soif apaisée, de la vue transformée et de la vie retrouvée nous découvrons la richesse de la source d’eau vive qu’est le Christ, la lumière qu’est pour nous sa Parole qui éclaire et la joie de la communion dans sa vie de Ressuscité que Lazare, revenu à la vie, annonce et proclame.
Oui, un autre carême revient… il nous offre un parcours d’initiation catéchuménale dans lequel nous aurons grand profit à entrer puisque nous ne pouvons jamais dire que nous avons été au fond du mystère du Christ car, comme le dit saint Paul : « nul ne connaît la profondeur, la hauteur, la longueur, la largeur de l’amour du Christ ».
Conclusion
Laissons-nous entraîner dans la marche vers Pâques qu’est le carême et profitons-en pour refaire ce chemin d’initiation au mystère du Christ en nous unissant à tous ceux et celles qui se préparent au Baptême dans la nuit de Pâques. Que le geste de l’imposition des cendres nous aide à entrer symboliquement dans cette marche et que ce carême nous permette d’être plus assidus à la prière, à l’aumône et au jeûne, comme la tradition nous y invite.
Amen!
Hermann Giguère, prêtre
Supérieur général du Séminaire de Québec
le 9 février 2005
HG/mdb
Dernière mise à jour 9 février 2005
Quoiqu’il en soit de notre situation, tous nous nous retrouvons dans un autre rythme plus intérieur marqué par l’année liturgique. En effet, celle-ci est faite de divers temps forts qui nous permettent d’entrer dans le « temps du salut ».
Le carême est un de ces temps forts incontournables de la vie chrétienne dans lequel nous sommes invités à entrer à travers cette célébration et avec le geste de l’imposition des cendres.
I- Le carême revient
Oui le carême revient… encore une fois. Un carême de plus dans nos vies. Il ne vient pas répéter celui de l’an dernier, ni ceux des précédentes années. C’est le premier jour d’une longue marche. Il rappelle celle du peuple hébreu dans le désert pendant 40 ans. Une marche où, tendu vers la Terre Promise, il a découvert la présence toute spéciale de son Dieu qui cheminait à ses côtés, une présence qu’il a parfois oubliée, qu’il a même critiquée, mais qui s’est imposée comme la seule qui puisse le faire vivre pleinement.
Premier jour d’une longue marche aussi pour Jésus qui s’est retiré pendant 40 jours au désert au début de son ministère public. Moment de décision, de tentations, mais aussi triomphe d’une foi et d’une confiance totale en Dieu.
Premier jour d’une longue marche pour chacun de nous qui sommes invités à refaire simplement encore une fois le parcours des ces 40 jours, qui nous permet de pousser plus loin notre marche vers l’ultime Pâques.
C’est le temps de nous laisser poser des questions du genre de que fais-tu de ta vie? Que deviens-tu? Qu’est-ce qui est important pour toi? Comment accueilles-tu la Parole de Dieu aujourd’hui?
Chacun fait évidemment de son carême ce qu’il veut bien. Le geste de l’imposition des cendres qui le commence nous permet ce soir d’entrer en nous et d’ouvrir un espace de réponse personnelle.
II- L’appel à la conversion
Vous vous souvenez de la formule qui accompagnait l’imposition des cendres et qui a été utilisée jusqu’à Vatican : « Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras en poussière».
Elle est toujours dans le Missel et elle rappelle avec justesse la réalité de la mort qui fait partie de la condition humaine. Elle centre l’attention sur cette réalité, et c’est bien d’y penser. Plusieurs ici, en raison de leur âge avancé, se voient dans l’obligation de l’envisager non seulement comme une hypothèse lointaine, mais comme une réalité plus proche. Et c’est bien ainsi.
Le Concile Vatican II a introduit une autre formule pour accompagner l’imposition des cendres que nous utiliserons ce soir : « Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle » tiré de saint Marc (Mc 1, 15) qui la présente comme le cœur de la prédication de Jésus. Cette dernière formule nous fait voir que la mort n’est pas le dernier mot de notre vie. Le dernier mot, c’est la vie, la vie nouvelle annoncée et apportée par Jésus.
Dans la formule de Vatican II, l’accent est mis sur la conversion. « Se convertir » c’est « se tourner vers », « se tourner vers » quelqu’un, le Christ. La conversion n’est jamais complètement acquise. Au contraire, elle est mouvement sans cesse projeté en avant. Elle est « chemin », « route », « pèlerinage ». Elle nous engage à la suite de ces grands chercheurs de Dieu que furent les patriarches et les prophètes.
III- « Croyez à la Bonne Nouvelle »
Sur cette lancée de la « conversion », le « pèlerinage » du carême met devant nous le message de la Bonne Nouvelle. « Se convertir à quoi? ». « Croyez à la Bonne Nouvelle ». Quelle Bonne Nouvelle? Tant et tant de lectures de celle-ci sont faites. Des études scientifiques, des reportages, des travaux d’exégètes ou de théologiens la scrutent de toutes parts.
Cette année, le parcours proposé par la liturgie durant le carême nous entraîne dans un chemin baptismal avec les trois textes bien connus de saint Jean, qui nous présentent l’épisode de la Samaritaine le 3e dimanche du carême, celui de l’aveugle-né le 4e dimanche et celui de la résurrection de Lazare le 4e dimanche.
Ce parcours baptismal complété par les lectures de chaque jour nous permet de revenir aux réalités essentielles de notre vocation de baptisé et de disciple de Jésus.
À travers les symboles de la soif apaisée, de la vue transformée et de la vie retrouvée nous découvrons la richesse de la source d’eau vive qu’est le Christ, la lumière qu’est pour nous sa Parole qui éclaire et la joie de la communion dans sa vie de Ressuscité que Lazare, revenu à la vie, annonce et proclame.
Oui, un autre carême revient… il nous offre un parcours d’initiation catéchuménale dans lequel nous aurons grand profit à entrer puisque nous ne pouvons jamais dire que nous avons été au fond du mystère du Christ car, comme le dit saint Paul : « nul ne connaît la profondeur, la hauteur, la longueur, la largeur de l’amour du Christ ».
Conclusion
Laissons-nous entraîner dans la marche vers Pâques qu’est le carême et profitons-en pour refaire ce chemin d’initiation au mystère du Christ en nous unissant à tous ceux et celles qui se préparent au Baptême dans la nuit de Pâques. Que le geste de l’imposition des cendres nous aide à entrer symboliquement dans cette marche et que ce carême nous permette d’être plus assidus à la prière, à l’aumône et au jeûne, comme la tradition nous y invite.
Amen!
Hermann Giguère, prêtre
Supérieur général du Séminaire de Québec
le 9 février 2005
HG/mdb
Dernière mise à jour 9 février 2005