Chers confrères, chers parents et chers amis/es de Louis,
Je ne sais si les textes de l’Écriture qui viennent d’être lus auraient inspiré notre confrère et ami Louis. J’aime à le penser, car ils ont été choisis en pensant à lui. En effet, ils nous ouvrent sur un esprit de simplicité, d’accueil, de chaleur, d’amour et d’amitié que Louis a su développer tout au long de sa vie et qu’il a fait rayonner autour de lui.
J’aimerais bien l’entendre commenter ces lectures, lui qui préparait si soigneusement sa prédication, comme vous le savez, mais permettez-moi de me substituer à lui ce matin. Ce sera une façon de vivre la « communion des saints » à laquelle nous croyons, cette union durable et vivante, entre les disciples de Jésus et Lui-même et entre eux, au-delà des limites physiques et temporelles.
I- La scène de l’évangile de saint Marc
La scène de l’évangile nous est familière. Je me souviens d’une image de cette scène qui a enchanté mon enfance. On y voyait Jésus avec un enfant dans ses bras, entouré de plusieurs personnes avec à leurs côtés d’autres enfants de divers âges et dans le lointain en fond de tableau un puits où on s’affairait à tirer l’eau. Chacun et chacune peut se représenter la scène à sa façon et c’est bien ainsi.
Pour nous, dans cette messe, il ne suffit pas de se représenter la scène. Il est important aussi d’écouter le message que Jésus donne en cette occasion.
« Laissez les enfants venir à moi, ne les empêchez pas » commence par dire Jésus aux apôtres.
Un doux reproche qui en dit long sur Jésus. Sa réaction première, son premier réflexe c’est l’accueil. Pour lui, les personnes quelles qu’elles soient sont importantes. Qu’elles soient des enfants, des femmes comme la Samaritaine, des gens moins recommandables comme ceux qu’on appelait les « publicains » en ce temps-là, elles ont toutes une extrême valeur pour Jésus. Il les aime vraiment d’un amour qui vient de Dieu. À travers lui, se manifeste, comme le dit saint Jean dans la lecture qui a précédé celle de l’Évangile, l’amour de Dieu pour nous car « Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde pour que nous vivions par lui. »
Est-ce là tout le message de Jésus à cette occasion? Non, continuons : « Car le Royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent. Vraiment, je vous le dis, celui qui n’accueille pas le Royaume de Dieu comme fait un enfant, n’y entrera pas »
II- Le chemin du Royaume
Faut-il devenir comme des enfants pour suivre Jésus? Hé oui! C’est un chemin incontournable qui est loin d’être une invitation à l’infantilisme cependant.
L’enfance a suscité de nombreuses études et nos observations nous en renvoient diverses images qui vont de l’ « enfant roi » au « petit dragon » comme dirait Louis, du « poupon » qui attend tout de ses parents pour satisfaire ses besoins au petit gars ou à la petite fille qui commence à voler de ses propres ailes à la garderie etc. Et on pourrait continuer.
Je m’arrête, car ce qui nous intéresse ici dans l’image de l’enfant ce sont les qualités qu’on attend du disciple de Jésus et que l’image de l’enfant peut nous faire découvrir?
Tout d’abord la confiance, une confiance qui lui fait se tourner vers son père ou sa mère sans crainte, qui le voit se réfugier sur leurs genoux, les supplier parfois, s’endormir dans leurs bras.
Il en va ainsi de l’accueil du Royaume de Dieu qui est avant tout l’accueil d’une personne, Jésus, en qui on met sa confiance. Les questionnements peuvent venir, bien sûr comme ceux de l’enfant, mais le lien avec cette personne est plus fort que tout.
C’est ce lien personnel avec Jésus que notre ami Louis avait développé et dont il témoignait, en particulier, lorsqu’il participait aux sessions de « Vivre et aimer ».
Ensuite, la dépendance (j’utilise ce terme que je n’aime pas faute d’un mot meilleur), la dépendance donc, qui est un lien où l’enfant a besoin de ses parents, de ceux et celles qui sont autour de lui, où il attend tout des autres : vêtement, nourriture, amour, affection. Eh! bien, nous sommes un peu dans la même situation. « Ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, c’est lui qui nous a aimés ». N’est-ce pas ce qui arrive à l’enfant? Il dépend, il reçoit, il accueille l’amour de ses parents qui est comme me disait une vieille dame comme « l’eau qui coule et quine remonte pas ».
Une troisième qualité de l’enfant qu’on attend du disciple de Jésus et que l’image de l’enfant peut nous faire découvrir est celle de l’enfant qui s’émerveille de l’adresse de son père à lancer sa ligne à la pêche, qui apprend avec sa mère à jouer d’un instrument, et que sais-je encore, en somme de l’enfant qui se sent touché et comblée qu’on s’intéresse à lui malgré sa petitesse, son jeune âge et qui dira sa reconnaissance en offrant une fleur cueillie maladroitement ou un dessin naïf parfois.
En effet, en face de Dieu, nous sommes comme l’enfant, émerveillés de ce qu’il nous donne, « puisque l’amour vient de Dieu » et qu’il nous permet de nous aimer les uns les autres. Émerveillés et reconnaissants puisque ce don est gratuit, sans mérite de notre part. C’est ce qui faisait dire à sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus : « Nous n’avons pas à devenir des enfants, nous le sommes ».
Voilà trois qualités de l’enfant qui nous invitent à lui ressembler sur ces points pour « entrer » dans le Royaume. Notre confrère et ami, Louis les avait au plus haut point et je suis sûr que les portes du Royaume de Dieu lui ont été grandes ouvertes lorsqu’il nous a quittés.
Conclusion
Que cette messe nous aide à retrouver un cœur d’enfant en nous souvenant de Louis et en refaisant comme il l’a fait si souvent les gestes de Jésus lui-même dans cette Eucharistie qui va se continuer où nous nous souvenons de Jésus mort et ressuscité, toujours vivant hier, aujourd’hui et demain.
Amen!
Hermann Giguère, prêtre
Supérieur général du Séminaire de Québec
Le 26 février 2005
Je ne sais si les textes de l’Écriture qui viennent d’être lus auraient inspiré notre confrère et ami Louis. J’aime à le penser, car ils ont été choisis en pensant à lui. En effet, ils nous ouvrent sur un esprit de simplicité, d’accueil, de chaleur, d’amour et d’amitié que Louis a su développer tout au long de sa vie et qu’il a fait rayonner autour de lui.
J’aimerais bien l’entendre commenter ces lectures, lui qui préparait si soigneusement sa prédication, comme vous le savez, mais permettez-moi de me substituer à lui ce matin. Ce sera une façon de vivre la « communion des saints » à laquelle nous croyons, cette union durable et vivante, entre les disciples de Jésus et Lui-même et entre eux, au-delà des limites physiques et temporelles.
I- La scène de l’évangile de saint Marc
La scène de l’évangile nous est familière. Je me souviens d’une image de cette scène qui a enchanté mon enfance. On y voyait Jésus avec un enfant dans ses bras, entouré de plusieurs personnes avec à leurs côtés d’autres enfants de divers âges et dans le lointain en fond de tableau un puits où on s’affairait à tirer l’eau. Chacun et chacune peut se représenter la scène à sa façon et c’est bien ainsi.
Pour nous, dans cette messe, il ne suffit pas de se représenter la scène. Il est important aussi d’écouter le message que Jésus donne en cette occasion.
« Laissez les enfants venir à moi, ne les empêchez pas » commence par dire Jésus aux apôtres.
Un doux reproche qui en dit long sur Jésus. Sa réaction première, son premier réflexe c’est l’accueil. Pour lui, les personnes quelles qu’elles soient sont importantes. Qu’elles soient des enfants, des femmes comme la Samaritaine, des gens moins recommandables comme ceux qu’on appelait les « publicains » en ce temps-là, elles ont toutes une extrême valeur pour Jésus. Il les aime vraiment d’un amour qui vient de Dieu. À travers lui, se manifeste, comme le dit saint Jean dans la lecture qui a précédé celle de l’Évangile, l’amour de Dieu pour nous car « Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde pour que nous vivions par lui. »
Est-ce là tout le message de Jésus à cette occasion? Non, continuons : « Car le Royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent. Vraiment, je vous le dis, celui qui n’accueille pas le Royaume de Dieu comme fait un enfant, n’y entrera pas »
II- Le chemin du Royaume
Faut-il devenir comme des enfants pour suivre Jésus? Hé oui! C’est un chemin incontournable qui est loin d’être une invitation à l’infantilisme cependant.
L’enfance a suscité de nombreuses études et nos observations nous en renvoient diverses images qui vont de l’ « enfant roi » au « petit dragon » comme dirait Louis, du « poupon » qui attend tout de ses parents pour satisfaire ses besoins au petit gars ou à la petite fille qui commence à voler de ses propres ailes à la garderie etc. Et on pourrait continuer.
Je m’arrête, car ce qui nous intéresse ici dans l’image de l’enfant ce sont les qualités qu’on attend du disciple de Jésus et que l’image de l’enfant peut nous faire découvrir?
Tout d’abord la confiance, une confiance qui lui fait se tourner vers son père ou sa mère sans crainte, qui le voit se réfugier sur leurs genoux, les supplier parfois, s’endormir dans leurs bras.
Il en va ainsi de l’accueil du Royaume de Dieu qui est avant tout l’accueil d’une personne, Jésus, en qui on met sa confiance. Les questionnements peuvent venir, bien sûr comme ceux de l’enfant, mais le lien avec cette personne est plus fort que tout.
C’est ce lien personnel avec Jésus que notre ami Louis avait développé et dont il témoignait, en particulier, lorsqu’il participait aux sessions de « Vivre et aimer ».
Ensuite, la dépendance (j’utilise ce terme que je n’aime pas faute d’un mot meilleur), la dépendance donc, qui est un lien où l’enfant a besoin de ses parents, de ceux et celles qui sont autour de lui, où il attend tout des autres : vêtement, nourriture, amour, affection. Eh! bien, nous sommes un peu dans la même situation. « Ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, c’est lui qui nous a aimés ». N’est-ce pas ce qui arrive à l’enfant? Il dépend, il reçoit, il accueille l’amour de ses parents qui est comme me disait une vieille dame comme « l’eau qui coule et quine remonte pas ».
Une troisième qualité de l’enfant qu’on attend du disciple de Jésus et que l’image de l’enfant peut nous faire découvrir est celle de l’enfant qui s’émerveille de l’adresse de son père à lancer sa ligne à la pêche, qui apprend avec sa mère à jouer d’un instrument, et que sais-je encore, en somme de l’enfant qui se sent touché et comblée qu’on s’intéresse à lui malgré sa petitesse, son jeune âge et qui dira sa reconnaissance en offrant une fleur cueillie maladroitement ou un dessin naïf parfois.
En effet, en face de Dieu, nous sommes comme l’enfant, émerveillés de ce qu’il nous donne, « puisque l’amour vient de Dieu » et qu’il nous permet de nous aimer les uns les autres. Émerveillés et reconnaissants puisque ce don est gratuit, sans mérite de notre part. C’est ce qui faisait dire à sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus : « Nous n’avons pas à devenir des enfants, nous le sommes ».
Voilà trois qualités de l’enfant qui nous invitent à lui ressembler sur ces points pour « entrer » dans le Royaume. Notre confrère et ami, Louis les avait au plus haut point et je suis sûr que les portes du Royaume de Dieu lui ont été grandes ouvertes lorsqu’il nous a quittés.
Conclusion
Que cette messe nous aide à retrouver un cœur d’enfant en nous souvenant de Louis et en refaisant comme il l’a fait si souvent les gestes de Jésus lui-même dans cette Eucharistie qui va se continuer où nous nous souvenons de Jésus mort et ressuscité, toujours vivant hier, aujourd’hui et demain.
Amen!
Hermann Giguère, prêtre
Supérieur général du Séminaire de Québec
Le 26 février 2005